C H A P I T R E 1 6
Ce rythme banal et classique qui s'est installé entre nous, ce rythme de tournée, Louis étant comme devenu un membre à part entière de l'équipe, a juste continué durant toute la durée de celle-ci. Personne ne se demandait pourquoi il était là ; enfin, je reformule, personne ne demandait à haute voix pourquoi Louis était là, mais en réalité ce n'était pas un secret. Non, nous ne nous affichions toujours pas, nous étions très pudiques et intimes dans cette espèce de relation secrète et inédite que nous vivions, mais il fallait tout de même être sacrément aveugles pour ne pas le voir. C'était un secret sans vraiment en être un auprès de mon équipe, et par contre un secret total auprès du public et des fans, qui n'avaient aucune idée de ce qui se passait entre Louis et moi. Ils avaient tendance à rendre notre relation actuelle très belle, ou très triste. En l'occurrence, elle était... Bon, je reconnais, je ne sais pas trop ce qu'elle était. Tristement belle, sûrement.
Cela a duré, toute ma tournée. Celle-ci ne s'est pas non plus étendue sur des années, évidemment que non ; juste plusieurs semaines, constituant des mois. C'était épuisant, mais il y avait un côté addictif et au final, avec le recul, c'est passé vite. Ma première tournée en tant que chanteur solo touchait à sa fin le 13 juillet. J'étais à trois semaines de cette fin, touché par cela quand même. Je m'étais rapproché de mon public comme jamais, c'était inédit, terrifiant au début, mais au final c'était génial. Et oui, cela me déprimait un peu ; comme les fans, j'en ai conscience.
La fin approchait alors, le jour où je me produisis à New-York. Trois semaines avant la fin. Le décompte était proche du zéro. C'était impressionnant.
« Je vais chanter à Madison Square Garden... »
Je regardai la grande salle d'où j'étais, un peu en hauteur par rapport à tout ça. C'était fou. Il n'y a pas d'autres mots. C'était juste dingue, réellement. J'avais des étoiles dans les yeux, je me sentais fier de moi-même et c'était une sensation impressionnante. Car j'avais déjà chanté sur cette scène, oui, et j'avais été bien heureux également ; mais cela remontait à quelques années et surtout, ce n'était pas moi seul. C'était avec mon groupe, ce boy-band qui a eu un succès dingue, mais j'aurais pu ne pas avoir la même chose en tant qu'artiste solitaire. Et pourtant... J'en étais là. A regarder mon équipe tout mettre en place car quelques heures plus tard, j'allais me produire devant plus de 20 000 personnes. Parce que oui, en plus, c'était complet. Wow.
« C'est merveilleux, dit Louis, à mes côtés.
- C'est plus que ça encore. »
Je ne le regardai pas, je fixai devant moi. Il n'y avait pas grand chose à voir pour le moment, mais c'était comme si j'avais besoin de regarder encore et encore cette salle pour le moment vide, pour m'imprimer cette image en tête, pour en garder un souvenir éternel.
« Je suis fier de toi, Harry. »
Je tournai la tête vers Louis. C'était des mots que je n'avais plus entendu de sa bouche depuis un long moment. Il n'avait pas nécessairement de le dire pour que je le sache, c'était évident ; nous étions tous fiers du parcours des uns et des autres depuis la mise en pause du groupe, et cela s'appliquait également à Louis et moi, peu importe si nous étions des ex, enfin pas tant ex que ça. Nous étions fiers l'un de l'autre et cela n'avait rien à voir avec l'amour je pense. Cependant, j'aimais Louis. Et l'entendre me dire qu'il était fier de moi me fit du bien, presque autant que cela me fit mal.
« Tu rempliras cette salle aussi, je lui répondis en le regardant.
- Oh Harry, rit-il nerveusement. Ne raconte pas de conneries pareilles.
- Tu la rempliras », j'insistai.
Ça aussi, cela n'avait rien à voir avec l'amour. Évidemment, cela jouait un peu mais vraiment d'un faible pourcentage. Ce n'était pas mon amour pour Louis qui me faisait dire qu'il allait remplir une si emblématique salle, c'était juste ma confiance en lui et en sa voix, dont il manquait cruellement.
« Tu ne peux pas savoir, reprit-il doucement, ses yeux toujours dans les miens.
- Et toi non plus.
- J'étais sûr que tu allais dire ça.
- Je m'en doute. En attendant, c'est la vérité. Ni toi ni moi ne pouvons savoir, alors autant être positif. »
Je pensais et continue de penser que c'est extrêmement important, d'être un minimum positif ; même si à l'époque je me penchai plus sur le négatif. Mais, vous savez quoi ? Louis l'a rempli cette gigantesque salle, quelques années plus tard. Mais en attendant il demeurait peu confiant.
« Peu importe, rétorqua Louis en regardant désormais en face.
- Non. Ne fais pas ça. »
Louis me regarda, un sourcil arqué. Il n'eut pas besoin de parler et de m'exprimer son questionnement, je pus le lire. Je tournai non pas seulement ma tête vers lui mais mon corps entier, de manière à être totalement face à lui. J'expliquai alors :
« Tu te braques. Tu te braques parce que c'est un sujet que tu juges sensible, parce que tu n'as pas confiance en toi. Et ce n'est pas... Ce n'est pas grave. Du tout. C'est ok, de ne pas croire totalement en toi. Mais ne te braque pas quand je te dis que tu es talentueux et qu'en groupe ou en solo, tu as ta place dans le monde de la musique. Tu peux ne pas aimer ce sujet, mais ne te braque pas comme ça parce que tu es talentueux Louis, et je ne le dis pas juste parce que je... Parce que je te connais depuis des années. Fais-moi confiance, et ne te braque pas avec moi. »
Louis était quelqu'un de très dramatique, de très taquin, de très piquant. Il était difficile à cerner et quand on le connaissait pas, on avait tendance à penser qu'il était "méchant". Non, en réalité, qu'a t-il de méchant ? Bon, il n'est pas très diplomate une fois énervé, mais c'est un homme profondément intelligent et cultivé. Cependant, il avait cette espèce de carapace, ce masque d'acier ; dont il se servait quand on appuyait sur un point sensible, son manque de confiance en soi en étant un assez gros. Mais avec moi... Avec moi il avait perdu cette carapace, et malgré tout ce qu'on avait traversé de négatif, elle ne s'était pas remise en place. C'était agréable, de savoir qu'on avait passé cette barre, le fait que peu importe ce qu'il pouvait se passer, j'aurais toujours une haute place dans sa vie, car on avait passé depuis bien longtemps un point de non retour.
« Peu importe », répondit finalement Louis, plus fragilement, en se mordillant nerveusement la lèvre.
Ça, c'était le Louis que moi, et moi seul, pouvait voir. Et qu'est-ce que je l'aimais.
« Si je pouvais, là, maintenant, je t'embrasserai, si mes lèvres pouvaient te faire comprendre que tu es d'un talent indéniable », soufflai-je.
Louis se tourna vers moi.
« Mais on n'est pas dans ta loge, et on ne s'embrasse pas quand quelqu'un peut nous voir, parce que nous ne sommes plus... Pas, en couple... Pas vrai ?
- Ouais, rétorquai-je en cachant ce que je ressentais ; soit de la déception vive. Ouais. »
Je baissai les yeux en même temps que Louis. Je n'avais pas la force d'affronter son regard et de laisser transparaître le fait que je mourrais d'envie qu'on en soit un, à nouveau, un couple. Même si c'était naïf de ma part, de me donner autant à lui après ce qu'il avait pu me faire. A ce moment-là j'avais juste envie de le retrouver totalement mais cela n'aurait pas été une bonne idée, car je n'étais pas encore assez fort pour lui faire comprendre qu'il devrait se battre pour avoir à nouveau ma confiance. Alors c'est une bonne chose que cette relation secrète ait mal fini ; car plus tard, même si cela a été bien plus tard, nous avons pu repartir sur des bases totalement saines, et s'aimer correctement.
▬
« Il va y avoir une chanson en plus pour vous ce soir, parlai-je au public qui réagit immédiatement en hurlant sa joie. Et pour cela... Veuillez accueillir comme il se doit mademoiselle Kacey Musgraves. »
Les milliers de personnes présentes en fosse et en gradins m'écoutèrent et firent une entrée digne de ce nom à mon amie chanteuse, qui monta sur scène. Elle était vêtue d'une robe de toutes les couleurs, et elle était très belle, je m'en souviens comme si c'était hier. On se prit dans les bras, comme pour se saluer même si nous nous étions déjà vus dans les coulisses plus tôt, et elle se plaça devant moi, tenant dans sa main un micro mobile alors que je restai devant l'appui du mien.
Kacey était une chanteuse - bien talentueuse - que je côtoyai depuis quelques temps déjà, et peut-être même une amie. Je ne sais pas exactement comment définir quelqu'un étant un ami ou non, mais j'ose dire que Kacey l'était, oui. Mon critère ultime était ma relation avec Louis : ceux qui en avaient connaissance - quand elle était d'actualité, car une fois terminée je n'en ai plus parlé à quiconque, pas même les individus de confiance, comme par exemple mon équipe de carrière solo - étaient des gens en qui j'avais extrêmement confiance, et par conséquent des amis. Kacey savait, alors je la considérai comme une amie.
« Nous allons chanter une de mes chansons favorites, ajoutai-je et encore une fois, le public devint fou. Et si vous connaissez les paroles, s'il vous plaît, joignez vous à nous. »
La mélodie de début commença et je rejoignis celle-ci, me mettant à gratter sur ma nouvelle et magnifique guitare les premières notes de cette chanson, cette chanson que j'aimais tant, en laquelle je me reconnaissais tellement. Still The One, de Shania Twain.
Je regardai Kacey, un sourire tirant mes lèvres. J'avais la tête vidée, l'impression de planer alors que je n'avais rien consommé d'illégal ; j'avais juste cette adrénaline causée par la scène et ses effets. La brune en face de moi amena le micro à sa bouche. Elle débuta la chanson.
Looks like they've made it
Look how far they've come my baby
They might have took the long way
They knew they'd get here someday
Sa voix harmonieuse était plaisante à entendre, mais ce n'était pas la raison des petits sourires incontrôlés qui avait tirés mes lèvres pendant ce premier solo. Je perdis le contrôle de mes zygomatiques pour la simple et bonne raison que Kacey changea les paroles, qui originellement étaient "We", donc, "Nous" ; mais elle modifia pour "They", et en l'occurrence "Ils". J'avais pertinemment conscience que cela faisait référence à Louis et moi, d'où mes petits sourires que j'essayai cependant de reprendre et chasser.
They said "I bet they'll never make it"
But just look at them holding on
They're still together still going strong
Continua Kacey puis, le refrain vint. Ma bouche s'approcha du micro, et nous chantâmes ensemble, nous regardant dans les yeux. Nous ne chantions pas l'un pour l'autre ces paroles d'un sens très fort, mais en tant que chanteurs nous vivions le moment et c'était beau. La voix de Kacey et la mienne s'harmonisaient, tandis que mes pensées n'appartenaient qu'à un mécheux châtain avec de beaux yeux bleus.
You're still the one I run to
The on that I belong to
You're still the one I want for life
You're still the one I love
The only one I dream of
You're still the one I kiss good night
Et là, ce fut mon solo. La foule s'excita et je fermai les yeux pour commencer à chanter seul. Cette chanson était extrêmement significative pour moi.
Ain't nothing better
We beat the odds together
I'm glad we didn't listen
Look at what we would be missing
They said "I bet they'll never make it"
But just look at us still holding on
We're still together still going strong
Et à nouveau le moment en duo avec Kacey.
You're still the one I run to
The one that I belong to
You're still the one I want for life
You're still the one I love
The only one I dream of
You're still the one I kiss good night
« Kacey Musgraves ! criai-je au public.
- Harry Styles ! » Répondit-elle.
Je souris et continuai à gratter les notes sur ma guitare, continuant la mélodie uniquement instrumentale. Je souriais, je me sentais bien, sincèrement.
Louis était toujours celui vers lequel je me dirigeais, Louis était toujours celui auquel j'appartenais, Louis était toujours celui que je voulais pour la vie. Il était toujours celui que j'aimais, le seul dont je rêvais, le seul que j'embrassais le soir en lui souhaitant bonne nuit. Je l'aimais. Dieu que je l'aimais. Et aujourd'hui, au moment où je raconte tout ça, Dieu que je l'aime encore plus fort.
▬
Je quittai la scène, le corps encore sonné par un tel show. Cela avait sincèrement été intense. Ma tournée, cette tournée qui avait tant signifié pour moi touchait à sa fin. J'avais connu tellement de choses pendant cette période, certaines belles, certaines absolument terrifiantes, d'autres inattendues, malsaines. En quelques semaines, des tas de problèmes et aventures s'étaient accumulés. Et avec le recul, je peux presque en rire. Mais sur le coup, j'étais dépassé. Juste dépassé. Comme ce soir, où je quittai la scène pour rejoindre les coulisses, mes mains bougeant sans mon contrôle.
Je rejoignis ma loge en soufflant un bon coup, et j'allai m'asseoir sur mon canapé, pour me poser et remettre mes idées en place, ne pas laisser la faiblesse se montrer (pas prendre le dessus, car elle l'avait prit depuis longtemps. Je le cachai juste).
Mais, Jeff était là. Assis sur le siège où je passais mon temps pour me faire coiffer et maquiller. Mon ami et agent était assis là, la chaise retournée de manière à être face à moi. Et sur son visage ne vivait pas la joie. Juste de l'émotion, du sérieux. Peut-être même un peu de tristesse. Et il me fixait.
« Quoi ? Commençai-je.
- Tu vois l'état dans lequel ça te met ? »
Je fronçai les sourcils et me redressai sur le canapé.
« De quoi est-ce que tu parles ? »
Je devinai le sujet auquel il pensait mais je jouai l'incompréhension totale. Qu'est-ce que j'ai pu mentir durant cette période de ma vie - mentir aux autres, à mes plus proches, à des gens qui ne méritaient même pas d'être embarqués dans toute cette situation loufoque, et par dessus tout je mentais à moi-même.
« Still The One, reprit Jeff. Tu l'as chanté.
- Oui, et alors ?
- Oh, tu veux qu'on joue à H ? Aux devinettes ? Un coup tu étais tout souriant à la chanter, et la seconde d'après ton visage renfermait toute la misère du monde. Tu vas me faire croire que tu as chanté cette chanson si symbolique, et que tu pensais pas à lui ? »
Jeff n'eut nul besoin de préciser le prénom sur ce pronom, lui ; j'avais parfaitement compris.
« Tu ne sais pas à quoi je pensais en chantant, me défendis-je même si mon ami savait exactement.
- Tu pensais à Louis. Comme à chaque fois, chaque minute, depuis qu'il a débarqué dans la salle de concert à Amsterdam. Et même peut-être avant son retour. »
Sur le coup, je détestai - presque - Jeff d'autant me connaître et lire en moi sans que j'ai besoin de dire un seul mot. Mais peut-être que mon amour pour Louis se voyait juste dans mes yeux et sur mon visage et qu'il ne fallait pas me connaître si bien personnellement pour le voir.
« Peu importe, rétorquai-je finalement.
- Peu importe ? Jeff rit jaune. Tu trembles littéralement, Harry. »
Je regardai furtivement mes mains toujours tremblantes et les posai à plat sur mes cuisses, pour essayer d'arrêter cette réaction. En vain.
« Tu peux toujours les cacher, j'ai vu, ajouta Jeff. Sérieusement, tu trembles. Tu trouves ça normal ?
- Ne me fais pas la morale sur ce qui est normal ou non.
- Et si je ne le fais pas, qui le fera ? »
J'évitai son regard, comme si c'était la solution pour qu'il arrête de parler et que cette discussion n'aille pas plus loin. Évidemment, cette stratégie ne fonctionna pas.
« Personne ne le fera, Jeff répondit à sa propre question, sachant pertinemment que je ne l'aurais pas fait. On sait tous, Mitch, Clare, Sarah, Adam, Helene et moi. On sait. Je ne sais pas qui a su en premier mais peu importe. On le sait juste. Louis passe tellement de temps avec nous depuis Amsterdam, et personne ne met de mot dessus, on n'en parle même pas entre nous si tu veux tout savoir. Mais on sait. Ils savent. Et je suis le seul à venir t'affronter et te dire la vérité. Méprise moi si tu veux mais je me dois de te dire tout ça, c'est mon rôle. Je ne me pardonnerai pas de te laisser avoir mal sans avoir tenté de te raisonner. Les autres sont tes amis aussi, ils t'aiment. Mais ils vont tous te laisser foncer dans le mur. Parce que personne n'ose te dire la vérité en te regardant dans les yeux. »
Louis et moi ne nous cachions pas, c'est vrai. Enfin, il n'était jamais publiquement vu avec moi ; mais devant mon équipe, il était à mes côtés sans problème. Nous rigolions et passions du temps ensemble, normalement.
Je n'avais jamais dit que nous passions notre temps à lécher le corps de l'autre, et personne n'avait jamais abordé le sujet. Louis et moi n'avions aucun signe d'affection ni rien, nous n'étions vraiment pas un couple. Juste... des gens qui se faisaient plaisir corporellement. Et apparemment, selon les dires de Jeff, cela paraissait évident, pour eux. Et il était là, en face de moi, en train de me dire la vérité.
« Et quelle vérité au juste ?
- La vérité sur votre relation... Que dis-je, ce semblant de relation.
- Tu ne sais rien sur notre relation, pestai-je.
- Alors éclaire-moi. Qu'est-ce que c'est, votre relation ? » Demanda Jeff, le ton plus haut.
Évidemment, je n'eus nulle réponse. Je me terrai dans un silence.
« Exactement, reprit mon ami. Toi-même ne détient pas la réponse. Ça en dit long. Ce n'est pas sain, Harry. J'adore Louis, tu le sais. Mais ça, là... Ça n'a rien de sain.
- Tu te mêles de ce qui ne te regarde pas.
- Tu es mon ami. Et je te vois t'embarquer dans quelque chose de pas sain. Quelque chose qui ne te ressemble pas, quelque chose qui te fait souffrir. »
Je maintins le contact visuel avec Jeff. Il était si précis dans ses mots, comme s'il avait imaginé cette conversation plusieurs fois avant de s'y retrouver. Je me pris à penser que cela faisait un moment déjà qu'il voulait me parler de son ressenti.
« Tu ne sais pas ce qui me ressemble, répondis-je durement. Personne ne sait au final. Moi-même je ne sais pas. Je me découvre même en ce moment.
- N'as-tu pas pensé au fait que tu ne te découvres pas actuellement mais que tu te perds au point de ne plus te reconnaître ? »
Ma mâchoire se contracta et je ne rétorquai pas à l'homme en face de moi. Je me contentai de tourner les yeux ; pas les baisser, non, juste regarder sur le côté. Jeff poursuivit alors son argumentation :
« Tu fais des choses qui ne te ressemblent pas. Ces derniers temps, je ne te reconnais plus et tu ne te reconnais plus toi-même. Tromper Camille ? Sérieusement, Harry ? »
Aussitôt, mes yeux retrouvèrent les siens.
« Ne la mêle pas à cela.
- Ne pas mêler ta copine à tes histoires de cul actuelles ? S'insurgea t-il. C'est quand même hyper paradoxal !
- Elle n'est pas ma copine, annonçai-je dans le plus dans des calme. Elle ne l'est plus. »
Jeff fronça les sourcils, l'incompréhension traversant son visage que je ne quittai pas des yeux. Il lui fallut plusieurs secondes mais finalement, il lâcha un rire nerveux en secouant la tête, l'air de dire que tout cela n'était pas croyable.
« Depuis quand ?
- Peu importe.
- Depuis quand ? Insista t-il tandis que je soupirai.
- Deux semaines.
- Et Louis ? Tu lui as dit ?
- Non, il ne le sait pas. »
Évidemment qu'il ne le savait pas. Évidemment qu'il ne devait pas savoir. Et même si Jeff et moi étions en désaccord sur certaines choses durant cette délicate conversation, je savais qu'il n'irait jamais annoncer une telle chose à ma place. C'était, réellement, un ami. D'où sa venue dans ma loge ce soir-là, je crois ; même s'il pouvait paraître dur dans ses propos, c'était une intention purement amicale et bienveillante.
« Cela me conforte encore plus dans l'idée d'à quel point cette situation est malsaine pour toi Harry ! Reprit mon ami, la voix haute. Tu as quitté ta copine pour du sexe. Pour du simple sexe, parce que tu sais que ça n'ira pas plus loin. Et tu l'as quitté pour ça.
- C'est mieux que de coucher avec Louis dans son dos.
- C'est mieux de ne pas coucher avec Louis tout court ! »
Jeff semblait réellement dépassé et atteint par tout ça. C'était à la fois touchant, et douloureux. Je n'aimais pas savoir mon ami mal par ma faute mais je ne voulais en même temps pas que l'on se mêle de ma vie. Je n'ai aucun problème à dire que sur certains points, je pouvais être un réel petit effronté - pour rester poli.
« Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu t'enfermes là-dedans ? Je ne comprends pas... Tu sais que ce que vous avez actuellement c'est que du sexe. Alors pourquoi tu t'accroches à ça, pourquoi tu t'attaches autant alors que tu sais ? Cria Jeff, désormais levé.
- Parce que c'est la seule chose à laquelle je peux m'accrocher, rétorquai-je alors que je restai calme.
- Et ne serait-ce pas juste plus simple de lâcher prise ? »
Je me crispai à l'entente des mots de Jeff, mais je savais qu'il avait raison. Louis et moi ne parlions aucunement d'avenir, c'était juste du sexe consenti, entre personnes majeures et vaccinées. Et peut-être que lâcher prise directement était plus simple... Que la chute aurait été de moins haut...
« Tu souffres Harry », continua t-il.
Mes mains serrèrent le tissu de mon pantalon.
« Et tu souffres stupidement. Comment tu peux espérer l'oublier si tu fais tout pour t'en empêcher ? »
Et c'est là que j'explosai tout en me levant ; mon regard dans celui de Jeff, ma voix extrêmement grave et haussée, mon visage probablement un peu rouge et colère et souffrance faisant en moi un mélange difficile à dompter.
« Parce que je peux pas l'oublier Jeff putain ! Je peux pas ! »
Ma voix était si forte que ma gorge tremblait. Jeff me fixa, stoïque, alors que je continuai sur la même lancée de colère et de tristesse :
« Je ne peux pas l'oublier. Et pas parce que j'ai des dizaines de chansons écrites sur lui, ou à cause de ses beaux yeux, ni même parce que mon album crie son prénom, pas pour toutes ces raisons. Il est juste ancré en moi, à chaque putain de battement de mon cœur j'ai l'impression de le sentir, chaque objet, lieu, personne que je vois me font penser à lui, tout est en rapport avec lui, tout est juste lui ! Sans ça, sans lui, c'est si fade, et je sais ce que je dis, j'ai passé deux ans et demi sans le voir réellement, et je suis juste mort à l'intérieur pendant cette période. Tu y as assisté, tu as vu les feuilles de mon cœur tomber à l'automne de ma vie. Tu as vu ça. N'essaie même pas de le nier. »
Effectivement, Jeff ne le fit pas ; soit parce que j'avais raison et il le savait, soit parce qu'il était trop estomaqué par la manière dont je m'exprimais d'un coup, si fort, si vite, si sincèrement. Je crois que c'était un mélange des deux. En tout cas je lâchai tout, enfin. Et c'était aussi douloureux que libérateur ; je parlai enfin à quelqu'un de tout ça, et peu importe si ce n'était pas réellement calmement. C'était déjà ça.
« Je sais que ce qu'on a actuellement ce n'est pas sain, continuai-je sur ma lancée, que ça va déboucher sur rien. Je sais qu'on n'est pas faits pour être ensemble dans cette société de merde et à cause de la capacité de Louis à être refoulé comme personne, ce qui l'a d'ailleurs amené à me tromper, je sais tout ça et à défaut de l'accepter, je le sais juste. Mais ce qu'on a actuellement, ce putain de plaisir que je prends quand il me baise, ce putain de plaisir que je ressens dès qu'il me touche, ou juste quand on discute après l'acte ou qu'il passe du temps à mes salles de concerts avec toi, et le reste de l'équipe, ou ces moments que personne ne voit, quand il me dit que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivée... Le simple fait de le voir de mes propres yeux après toute cette merde, c'est tout ce que je peux avoir. C'est tout, et j'en ai conscience. Mais tu vois, Jeff, je ne fais pas le pourri gâté, je me contente très bien de cela, de ce qui m'est donné, pour une durée limitée. Je m'en contente à chaque instant parce que j'ai aucune idée de quand ça va s'arrêter et me laisser anéanti, pour de bon. »
Au fur et à mesure, mon ton et ma voix s'étaient calmés pour laisser place à une voix tremblante et des yeux rouges.
« Je sais que ça n'a rien de sain, et je ne dis pas que je suis heureux. Mais c'est le plus proche du bonheur que je peux être, le plus proche que je peux atteindre. Alors s'il te plaît... Juste s'il te plaît... Laisse moi au moins atteindre ce palier et en profiter le plus longtemps possible. Et si tu ne veux pas être là pour ma chute, pour le désastre que je serai... C'est ok. Je ne t'en demande pas tant mon ami. »
Je m'assis assez brutalement, ma main tremblante au niveau de mon menton, le regard dans le vide, encombré par quelques larmes. C'était dur, j'étais frappé par beaucoup de choses, beaucoup trop de choses. Et pendant ce temps, Jeff demeura silencieux. Il m'observa, simplement, il m'observa être dans un triste état, un état que je n'avais probablement jamais atteint, étant dans une situation inédite et tellement difficile à cerner et surtout gérer.
« Qu'est-ce que tu attends de lui Harry ? Reprit finalement mon ami, doucement. Qu'est-ce que tu oses espérer ?
- Mes espérances ne sont pas bien hautes... Je profite au maximum de ce qu'il me donne. Je me nourris de ce qu'il me donne.
- Et on en revient toujours au même point, le fait que ce n'est pas du tout sain. »
J'en avais conscience, vraiment, je le savais. Jeff essayait simplement d'être un parfait ami, à essayer de me sortir de tout cela, mais on sort d'une situation fâcheuse quelqu'un qui le veut, et uniquement quelqu'un qui le veut. Dire qu'on sauve quelqu'un, c'est faux. La personne ayant besoin d'aide se laisse sauver, toujours. Et moi... À ce moment-là, j'étais un désastre. Et ce n'était pas spécialement la faute de Louis. Je m'accrochais à lui avec une force très puissante, mais il n'était pas fautif. Je n'avais aucune idée de ce qu'il ressentait lui, de toute manière.
« Je l'aime, murmurai-je. Je n'ai jamais cessé de l'aimer.
- Je sais Harry. Je sais. Je l'ai toujours su. »
Je tournai la tête vers Jeff, faisant passer mon regard d'un point flou au visage net de Jeff.
« Tu l'aimes, ajouta t-il. Tu l'as aimé dès que tu l'as rencontré, tu l'as aimé à chaque épreuve, tu l'as aimé quand il t'a trompé, tu l'as aimé quand vous avez passé des mois, années, à ne pas vous parler. Et là, maintenant, tu l'aimes. Tu es prisonnier de cet amour.
- Je veux juste le retrouver. J'envoie valser les principes de ne pas se remettre avec ses ex.
- Harry... »
Jeff soupira. Il était en train de se mordiller la lèvre, geste signe de nervosité, et je le détaillai. Je savais que lorsqu'il faisait cela, c'est qu'il allait dire quelque chose de délicat à entendre, à accepter. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert car il était mon ami, mais j'étais son ami également, tout autant.
« J'adore Louis, tu sais à quel point je l'adore. J'ai été votre ami dans toutes les merdes que vous avez dû traverser, j'ai été présent pour toi quand il t'a fait du mal, pour lui quand il allait mal à cause d'une dispute. J'ai toujours, toujours été présent, et j'ai la prétention de dire que je le serai toujours. Je n'ai jamais pris de parti, vous étiez mes amis, vous êtes mes amis. Vous étiez un beau couple, vous étiez heureux... Mais tout ça, c'est révolu. Il t'a offert plus de choses que n'importe qui, il t'a donné tellement, et tu lui as rendu tous ces actes. C'était une vraie relation, du vrai amour, le pur, le fort, le brut, le beau, celui qui conduit au bonheur, malgré les problèmes, les emmerdes, les disputes, les malentendus. Aujourd'hui, ce n'est plus cela qui vous englobe. C'est le sexe, et la tristesse. Parce que tu n'es pas heureux, Harry. Tu n'es pas heureux. Tu aimes le retrouver, avoir la possibilité de le voir, tu te contentes de ce que tu as, mais ce n'est pas ça, le bonheur. Ce n'est pas se contenter de quelque chose de passé, quelque chose de mort. Parce que je t'aime mon ami, j'aime Louis, j'ai aimé votre histoire et je l'ai vécu comme des milliers de fans avec des théories parfois farfelues, parfois vraies. Puis Louis t'a trompé, il t'a brisé. Il ne réparera jamais ça. L'histoire d'amour était merveilleuse, digne des meilleurs films, j'aurais aimé que certains voient le jour d'ailleurs, ça aurait fait un carton, j'en suis persuadé. Mais aujourd'hui, cette belle histoire, elle n'existe plus. Elle est morte. Et tu n'as pas encore fait ton deuil. »
Je ne rétorquai pas.
▬
« Plus vite ! »
Je gémis en appuyant sur mes mouvements de bassin, demandant à Louis d'aller plus vite. Il s'exécuta alors. Il savait exactement comment faire, quel angle adopter pour me faire gémir plus fort, plus haut, où taper précisément pour que mon point G soit touché et que je perde la tête. Je n'étais probablement pas très objectif mais j'avais l'impression que Louis me donnait un orgasme très puissant à chaque fois que nous couchions ensemble. Enfin, peut-être que je ne suis toujours pas objectif à l'heure actuelle, mais je continue de penser qu'il ait le meilleur coup que je n'ai jamais eu ; sûrement car se connaître par cœur et avoir des sentiments aident à passer un moment intime des plus intense.
Finalement, je sentis une chaleur familière prendre place dans mon bas ventre, puis mes yeux se fermèrent, sentant le plaisir me ravager. Je serrai les orteils, gémissement plus distinctement, et voilà ; le plaisir ultime prit possession de mon corps, et Louis suivit une bonne minute après.
C'était bon, c'était parfait. Comme à chaque fois. Oh, qu'est-ce que c'était bon, et qu'est-ce que c'était parfait. Sur plein de niveaux, nous péchions, par nos actes, ou nos simples personnes. Mais même si j'avais une croix tatouée sur la main, que j'étais attaché à la religion, je ne me concentrai que sur le fait que c'était parfaitement bon, et parfaitement parfait. Et pas que le sexe, évidemment.
« Wow, souffla Louis en tombant sur le matelas.
- Wow », répétai-je.
Ce n'était pas pour le flatter que j'avais une telle réaction. Il maîtrisait l'art de me faire grimper aux rideaux et j'estimai qu'il avait le droit de le savoir, même s'il pouvait le constater autrement.
Louis se tourna vers moi, sa bouche traçant ma mâchoire, mon cou, mon menton, tandis que je repris mes esprits. C'était puissant, et il me fallait généralement un petit temps.
« Ça va ? » Demanda t-il.
Je tournai la tête vers lui, son visage étant très proche du mien. Je ne le voyais même pas nettement, tellement il était près.
« Ça va, confirmai-je. C'était bon.
- C'était bon. »
Mon amant sourit et passa sa jambe entre les miennes. Nos peaux étaient brûlantes et être collés ainsi me donnait encore plus chaud, et avoir trop chaud n'est pas spécialement agréable ; mais je n'avais pas pour autant envie de me décaler.
Les doigts de Louis caressaient mes cheveux, les extrémités de mon visage aussi, au passage. Il était extrêmement doux, bien plus que les gens avaient tendance à le penser ; et pas que dans les paroles, mais aussi dans les actes, et pas uniquement après le partage d'un moment intime. Il était juste tendre.
« Je pense que j'ai quelque chose à te dire... Commença Louis.
- Non, je le coupai. Ne le fais pas. »
Je n'avais pas envie d'entendre de sa bouche à lui que notre relation devait se terminer, que ce n'était pas sain, qu'on n'y gagnait pas, qu'on n'y gagnait rien ; je n'en avais pas envie. Et peut-être pas la force non plus. Je savais que l'issue était inévitable mais je la repoussais.
« Ok, murmura Louis. Je ne dis rien. »
Je m'approchai pour l'embrasser. Il faisait sombre mais pas totalement, je le voyais un minimum et dans cette obscurité, les yeux bleus de Louis pétillaient encore plus. Il avait les yeux d'un clair magnifique, et quand la lumière leur était favorable, ils étaient à tomber par terre. J'aurais tué, pour ses yeux. J'aurais tout fait, pour ceux-ci. Et seulement pour eux.
« On pourrait s'enfuir, je murmure en le regardant dans les yeux. Je ne sais pas pourquoi je murmure mais je crois que c'est propice au moment. On pourrait juste s'enfuir, maintenant. Partir en Jamaïque, là où les paparazzis sont illégaux. On pourrait.
- Tout le monde se demanderait où on est parti, répond Louis en parlant doucement aussi.
- On s'en fout des autres.
- Peut-être qu'on s'en fout au final, oui. »
Louis ne me pensait pas sérieux dans cette idée de partir loin, et je ne l'étais pas foncièrement, enfin... Si, un peu en réalité, à quelques pourcents. J'offris juste à mon esprit un rêve momentané, de nous imaginer partir, comme si cela était suffisant et disposé à tout réparer entre nous. Des morceaux étaient cassés et il allait falloir de la colle bien solide pour remédier à ce phénomène, il allait falloir que Louis me serre fort, si fort que tous les morceaux brisés allaient pouvoir se rassembler et ne plus jamais se détacher. Et je me sens assez généreux pour offrir un petit spoiler sur la suite, alors je préviens, ne lisez pas les mots qui vont suivre si vous ne voulez pas savoir. Sûr(e)s de vouloir ? Vraiment ? Très bien. Alors, voilà : Louis a fini par me serrer suffisamment fort. De toutes ses forces, même. Mais pas tout de suite, pas tout de suite du tout.
Sa bouche dériva sur la peau fine de mon cou et je pouvais sentir qu'il souriait. Un frisson me parcourut intégralement, ma zone érogène étant sollicitée.
« Qu'est-ce que Camille penserait si elle savait ça... » Souffla t-il alors de m'embrasser la peau.
Elle n'était plus de la partie, mais il ne le savait pas, et ne devait pas le savoir. Je devinai que cela le ferait probablement fuir, de savoir que j'avais quitté ma petite amie sérieuse (car nous étions ensemble depuis un moment quand même) pour nous. Je ne voulais pas le faire fuir.
« Peut-être que je devrais te marquer, continua t-il et je sentis ses dents, pour lui montrer à qui tu es. »
Louis ne m'objectivait pas, pas du tout ; il n'était pas question de ça. Quand on disait "tu es à moi", par le passé, c'était juste une preuve d'amour, d'appartenance, qu'on était exclusifs et qu'on ne se partageait pas. Ce n'était rien de grave ni un comportement trop possessif à dénoncer, non, clairement pas. C'était juste notre amour. Mais là Louis avait utilisé ces mots... Sous-entendant que j'étais à lui. Et je préférai ignorer, me concentrer sur autre chose, me disant et répétant qu'il s'était trompé de mots, trop habitué à les utiliser dans le passé ; que c'était une erreur d'inattention, que cela ne voulait rien dire et que je ne devais pas me faire de faux espoir.
« Arrête, rétorquai-je en le décalant. Ne me fais pas de suçons. On serait grillés.
- Kacey semblait savoir quand vous chantiez.
- Non, elle ne savait pas. Elle pense juste qu'on ne s'est jamais séparés. Elle ne sait pas qu'on a... Ça, maintenant.
- Et personne ne doit savoir, ouais... Laisse tomber. »
Ne pas se faire de faux espoir Harry, ne pas se faire d'idées, ne pas se faire de faux espoir, ni d'idées. C'est ce que je me répétai.
« On devrait dormir, suggérai-je. On prend l'avion demain, je ne veux pas être épuisé pendant le concert de demain soir.
- Tu as raison. Dormons, dit-il en m'embrassant une dernière fois. Tourne toi. »
Je m'exécutai, me mettant dos à Louis, de manière à ce qu'il colla son torse contre cette partie de mon corps. J'étais la petite cuillère, toujours ; même si je faisais 10 centimètres de plus que lui. Peut-être que cela venait du fait que quand nous nous étions rencontrés et tombés amoureux, j'étais plus petit, et ayant deux ans de moins que lui, il a juste prit soin de moi, et on a développé cette position pour dormir à l'époque. Cela ne nous a jamais quitté et garder ces habitudes du passé me faisait un bien fou, cela me permettait de me rappeler que notre histoire n'était pas que ce qu'on avait à ce moment-là ; il y avait eu tellement plus et sans que je le sache à ce moment-là, il y allait avoir encore davantage.
« Tu crois que ça peut exister des gens qui s'aiment toute la vie ? » Demandai-je après un silence.
Louis ne répondit pas. J'en conclus qu'il dormait déjà, ou simplement qu'il n'avait pas envie de répondre à cela, pour ne pas me faire rêver alors qu'il n'y avait pas de raisons de le faire.
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