C H A P I T R E 1 4


Barcelone. J'avais toujours plus ou moins aimé cet endroit, je ne sais pas pourquoi. Enfin, en vérité, j'étais plus fan de l'idée de voyager pour mon travail (étant au passage ma passion) que des villes en elles-mêmes, mais j'ai fait d'immenses découvertes grâce à cette opportunité.

Alors on y était, à Barcelone ; six jours après le concert à Oberhausen. (Entre temps, il y avait eu deux autres concerts, tous deux en Allemagne ; alors ça n'avait pas été six jours de repos).

J'étais heureux d'être en Espagne, j'étais heureux d'être à Barcelone. Il ne faisait pas froid, mais pas trop chaud non plus étant donné que c'était juste la fin du mois de mars ; la salle dans laquelle nous allions nous produire était belle et l'hôtel était agréable aussi. Tout était super. Mais la vérité, que je n'avouais pas à haute voix mais dont j'avais parfaitement conscience, c'était que je n'étais pas ravi d'être à Barcelone pour son côté rital accueillant ; mais car cela signifiait Louis. On s'était donnés rendez-vous à Barcelone, le 30 mars ; et nous y étions.

Étant sur la scène avec tous mes musiciens, j'attendis que Sarah règle sa batterie et en attendant, consultai mes messages.

     Louis : Je serai là dans une heure environ . J'aurai ma capuche , tu viendras vite m'ouvrir

Effectivement, il ne fallait pas que des gens du monde extérieur - les fans plus précisément - sachent que Louis était là.
Mes doigts retrouvèrent le clavier.

     Tu m'appelles dès que tu arrives. J'enverrai un agent de sécurité t'ouvrir le portail arrière, et il t'amènera jusqu'au couloir où je t'attendrai.

« Harry ? »

J'envoyai rapidement le message et relevai les yeux vers Adam.

« Oui ?

- On t'attend, me dit Sarah qui avait visiblement sa batterie de prête depuis je ne sais combien de secondes déjà. Tu dois passer un appel important ?

- Non, non c'est bon, dis-je en allant poser mon appareil ailleurs pour ne pas créer d'interférences avec les micros. Je répondais juste à Louis qui me disait qu'il sera là dans environ une heure. »

Tout en parlant, je regardai Jeff, qui se tenait un peu plus loin sur la scène. Il pouvait rester tranquillement dans les loges, posé sur un canapé à se détendre ou faire une sieste, mais non, il restait tout de même avec nous, à chaque fois, à chaque répétitions. C'était un peu notre œil extérieur ; même si pour cela il y avait les régisseurs.

Il n'eut pas vraiment de réactions. Il ne savait pas que Louis devait venir mais cela ne le choqua pas ; et pareil pour mes quatre musiciens. Ils furent même contents, surtout Clare et Sarah, qui l'avaient adoré à la journée Amsterdam. Elles ne le savaient pas encore mais Louis allait faire partie de leur quotidien de tournée maintenant, pour la simple et bonne raison qu'il faisait partie du mien, et que ce n'était que le début.





« Alors, Louis vient ? »

Je me tournai vers Jeff, qui marchait à mes côtés alors que je me dirigeai vers l'accès arrière de la grande salle. Il y avait des infinités de couloirs se ressemblant tous alors je ne m'y retrouvai pas, c'était normal et c'est pour ça qu'il y avait des gens dont le métier était spécialement de guider les chanteurs et leur équipe. Le jeune homme chargé de cette tâche était donc juste devant nous, il marchait à environ deux mètres ; alors Jeff et moi chuchotions.

« Oui, Louis vient, rétorquai-je. Il est même déjà arrivé.

- Et en quel honneur ?

- Il a un rendez-vous professionnel à Barcelone.

- Tout comme il en avait un à Oberhausen ? »

Je m'arrêtai soudainement et regardai mon ami avec les sourcils froncés, tandis que lui me fixait juste avec un air normal, les bras croisés sur son torse. Notre "guide" continua à marcher quelques mètres avant de finalement se rendre compte que nous étions à l'arrêt alors il s'arrêta et nous attendit, plus loin. Nous pouvions donc parler plus fort même si le ton resta très bas. "Les murs ont des oreilles" peut être une expression très véridique et je ne voulais pas m'y risquer ; Jeff ne voulait pas me faire prendre le risque non plus.

« Jeff, il a vraiment des rendez-vous professionnels, repris-je. Il me l'a dit.

- Oh donc c'est vrai ?

- Il est en train de faire des choses pour lancer sa carrière solo, pour ensuite faire une tournée internationale, comme moi je suis en train de faire. Tu sais que Louis a toujours été très différent de moi et qu'il n'a pas confiance en sa voix. Tu es son ami, tu devrais être content qu'il ose se lancer malgré la séparation du groupe. »

Jeff soupira et acquiesça finalement. En effet, aussi triste que cela soit, Louis n'avait aucune confiance en lui et sa voix. Lorsque le groupe avait été formé, il était, avec Niall, celui qui n'avait aucun solo et qui était à peine entendu en fond. Pourtant, sa voix était angélique et absolument agréable à entendre - elle avait ses défauts oui, il avait parfois du mal à la gérer, mais la voix est un instrument et c'est impossible de la maîtriser à 100 pourcents. Louis s'était pourtant beaucoup amélioré, il avait travaillé sur son problème de confiance en lui même si tout n'était pas réglé, et en tant que proche j'étais fier ; je voulais simplement que Jeff fasse de même. Même si, pour le coup, je voulais plus éviter la conversation qu'autre chose.

« Tu as raison, soupira mon agent. Je suis content pour lui. Il mérite de sortir un album.

- Oui, c'est ce que je pense. Il ne m'en parle pas trop, mais je sais qu'il est stressé comme pas possible. »

C'est clair que nos bouches ne servaient pas à communiquer dès qu'on se retrouvait dans la même pièce. Mais je le connaissais par cœur, je savais que cette histoire d'album solo le stressait. C'est normal ; passer d'un groupe de quatre garçons à ça, c'était une source d'angoisse immense. J'en savais quelque chose.

« Alors soutenons-le », ajoutai-je.

Jeff hocha la tête et notre marche reprit. Le jeune homme nous guida dans différents couloirs, par différentes salles, jusqu'à arriver au bon endroit. Il partit alors et peu de temps après, un homme d'un mètre 70 arriva, une capuche de sweat-shirt bien enfoncée sur la tête, un agent de sécurité à sa droite. C'était Louis, évidemment, je le savais ; et cela se confirma définitivement lorsqu'il retira la capuche, affichant ses cheveux châtains un peu ébouriffés. Depuis quelques temps il avait cette nouvelle coupe, celle où il rasait sur les côtés et coupait un peu sa mèche. Cela lui allait bien - en même temps, étais-je vraiment objectif ?

« Hey, dit-il en soufflant.

- Hey, je répondis. Tu as été vu ?

- Normalement non. J'étais en van noir et il s'est garé juste en face, je suis sorti avec la capuche sur la tête et je suis entré ici directement. Si on m'a vu, c'est juste une petite seconde avec la capuche. Pas de risque. »

J'hochai la tête en même temps que mon ami à côté de moi. Même si Jeff ne savait pas officiellement ce qu'il se tramait entre Louis et moi à ce moment-là, il savait qu'il ne fallait pas qu'il soit vu avec moi. Les rumeurs enflaient et cela devenait rapidement de la folie, alors que les personnes à l'origine de tout ça ne savaient rien à la situation entre Louis et moi. C'était ingérable, et douloureux.

« Salut Jeff, reprit Louis en tendant la main au concerné.

- Salut Louis, répondit-il en la serrant. Tu as un rendez-vous professionnel à Barcelone alors ? »

Louis acquiesça avec la tête et avant de répondre, il me regarda du coin des yeux :

« Ouais, un truc du genre. »

Ouais... Un truc du genre.





« Si tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ! Rit Louis.

- On dirait bien que je suis en train de gagner pourtant, rétorqua Mitch.

- Ce n'est qu'une illusion. Je te donne l'impression que tu es en train de gagner, mais c'est un leurre. »

Je rigolai en même temps Clare. Nous regardions Mitch et Louis se défier au ping-pong. Il y avait deux tables alors à côté jouaient Adam et Jeff. Sarah et Helene n'étaient pas dans la pièce ; elles étaient dans l'autre, celle de méditation, en train de faire... Eh bien, de la méditation. Certains chanteurs et leur équipe avaient des exigences assez strictes pour les endroits où ils se produisaient en concert, moi je demandais simplement une salle avec deux tables de ping-pong et une salle au calme pour faire du yoga. Il y a pire.

Mitch relança le jeu en faisant le service, et ils étaient repartis pour un tour, étant pour le moment à égalité. A ce rythme là, ils allaient louper le dîner. Mais cela m'amusai.

« De toute manière, c'est moi qui a la coupe, repris-je. Aucun de vous ne pourra la récupérer.

- Dans tes rêves, répondit Louis. Je vais gagner, et je te prendrai ensuite pour récupérer la coupe. »

Je compris qu'il voulait dire prendre au jeu, comme on utilise l'expression "Je prends le vainqueur" après une partie de quelque chose, mais intérieurement, je toussai. En ayant conscience de notre situation, c'était assez ironique et tendancieux d'utiliser une telle expression.

« Tu ne gagneras pas, rétorquai-je en riant.

- Je confirme, ajouta Clare. Même si je suis dans ton équipe Louis, Harry a la coupe depuis des semaines, il en est hyper fier et il l'a pas perdue une seule fois.

- Eh, comment ça tu es dans son équipe ? M'offusquai-je.

- Désolé Harry, il nous a promit de payer la nourriture libanaise ce soir, c'est ma préférée, je suis faible. »

Je roulai des yeux, amusé. Cela faisait du bien de passer un moment comme ça avec mon équipe, et avec Louis ; cela me rappelai la journée touristique à Amsterdam, qui s'était vraiment bien déroulée, dans une ambiance agréable et une bonne humeur. Et puis, la finalité pour Louis et moi avait été chaude. Mais cela, personne ne le savait. Enfin, si ; mais naïvement, je pensai que personne était au courant.

Je sortis un livre pour commencer à lire un peu. Cette bataille de tennis de table entre mon bassiste et mon amant (Ce n'est pas le terme qui m'est venu de suite, mais je pense qu'avec le recul je peux dire que Louis était mon amant, étant donné que j'avais des relations sexuelles avec lui alors que j'étais encore en couple avec Camille Rowe) était susceptible de durer des heures, les deux concernés étant bien têtus. Donc, un peu de lecture n'était pas de refus ; Clare avait déjà opté pour cette option depuis un moment de toute manière.

Je restai à tourner les pages de mon livre intéressant - l'histoire du grand génie Alan Turing - pendant un moment, riant de temps à autre aux jurons de Louis, aux plaintes de Mitch, aux cris de victoires et aux soupirs de défaites. Ils n'arrêtaient pas de rester à égalité, de faire des coups spéciaux, d'empêcher le jeu de continuer. C'était assez comique de laisser s'affronter deux mauvais joueurs.

Ce fut mon téléphone qui me sortit de cette occupation, car il sonna. Je le sortis de ma poche, prêt à décliner l'appel parce que j'étais bien posé et je n'avais pas trop envie de parler travail ou de parler niaiserie avec ma sensée petite-amie, mais je vis le nom de ma mère sur l'écran et cela changea mon jugement. Je me levai, m'excusai auprès de mes collègues et sortis de la pièce, avant de décrocher une fois dans le couloir.

« Salut Maman, commençai-je. Tu vas bien ?

- Hey chéri. Oui, oui moi ça va... Mais toi ? »

J'haussai un sourcil. La voix de ma mère sonnait inquiète, je le remarquai dans la seconde. C'était assez étrange, je ne compris pas tout sur le coup, et je paniquai légèrement. Je n'aimais pas savoir ma mère dans une émotion négative ; et encore moins inquiète pour moi, car cela voulait dire que j'avais fait quelque chose.

« Oui, je vais bien, répondis-je. Pourquoi ? Il se passe quelque chose ?

- Non, mais... J'ai appris que... J'ai appris que tu voyais Louis chéri. »

Mes yeux s'écarquillèrent dans la seconde et je sentis mon cœur s'alourdir. Je n'avais plus entendu le prénom de Louis sortir de la bouche de ma mère depuis un long moment, et encore moins pour qu'elle me dise quelque chose comme ça. C'était la panique ; sincèrement. Mon flux sanguin n'était plus très bon, j'avais l'impression que le malaise était proche.

« Tu as vu des photos ? Demandai-je.

- Quoi ? Non, non, pas de photos. »

Je soufflai de soulagement. C'était déjà une très bonne chose, car cela voulait dire que le monde entier n'était pas au courant de sa présence à mes côtés, et que l'organisation de sa venue discrète avait été réussie. Mais une question brûla mes lèvres :

« Alors comment tu sais ?

- Camille, dit-elle en soupirant. Elle était de passage sur Londres alors tu sais, j'ai fait un effort, je l'ai invité à boire un café, et on a parlé de toi évidemment, et elle m'a parlé de ce jour, où elle a vu que Louis était avec toi et... Et je ne lui ai rien dit, Harry ! Je ne lui ai rien dit sur lui et toi, mais je n'ai pas compris, j'ai été surprise. Tu me dis d'accepter ta petite-amie, mais tu vois encore ton ex-mari ? »

Le fait que ma mère apprenne que Louis m'avait rendu visite était inévitable, car Camille le savait pour Amsterdam et je ne pouvais juste pas lui demander de ne rien dire, car cela aurait exigé des explications plus approfondies et c'était non, c'était impensable selon moi. Elle se serait mise à s'inquiéter, à remettre plein de choses en question, à être choquée et avoir peur ; et le plus triste dans tout ça est qu'elle aurait eu raison. J'étais un petit-ami monstrueux, je savais que cela ne pouvait plus durer.

Évidemment, je mentis à ma mère. Je n'allais pas lui dire que Louis et moi satisfaisions nos pulsions charnelles l'un avec l'autre alors que oui, j'étais en couple avec une mannequin qui m'aimait profondément. Et de toute manière, je n'avais rien à dire à ma mère, je n'avais pas de relation ou de remise ensemble à lui annoncer ; juste du sexe entre adultes consentis. Alors, non ; je ne lui ai pas dit.

« On s'est vus à Amsterdam parce qu'il était bourré, expliquai-je. Je l'ai ramené à l'hôtel, pour qu'il se repose. Et c'est tout. On a parlé rapidement, on essaie de se voir en tant qu'amis même si ça prend du temps, on y arrive. C'est super important de pouvoir se fréquenter juste en étant amis, et on veut enfin s'y mettre. »

J'étais le pire menteur pouvant exister sur Terre, mais j'avais tellement, tellement envie de cacher cette histoire que je fus convaincant auprès de ma propre mère, la personne me connaissant le mieux (Louis ou elle, c'était discutable).

« Oh, s'étonna t-elle, et son ton n'était plus inquiet mais ravi. Alors... Vous pouvez doucement vous voir tranquillement, en étant juste amis ?

- Oui. Exactement.

- Mais c'est... C'est génial chéri ! »

Elle était heureuse. Sincèrement. Et cela ne m'étonnait pas, parce qu'elle aimait réellement Louis profondément. Je me souviens le moi de 16 ans, totalement paniqué à l'idée de dire que j'étais amoureux d'un garçon et que je voulais emménager avec lui au bout de quelques mois à le connaître et le fréquenter, et je me souviens aussi ma mère qui a réagi de la manière la plus tendre du monde. Cela a prit du temps pour qu'une réelle complicité s'installe entre Louis et elle, mais elle s'est installée. Elle a même prit une place très importante, ce qui me rajoutait un bonheur quotidien.

« Merci Maman », dis-je simplement.

Que dire de plus ? Je la remerciai pour un mensonge, en plus.

« De rien Harry. On pourrait peut-être l'inviter à dîner un de ces jours ? Ça me ferait vraiment plaisir de le revoir, dans cette optique d'amitié nouvelle. »

Je me pinçai les lèvres et hésitai un moment.

« Maman, c'est délicat... Comme tu dis, c'est nouveau, on prend encore le temps...

- Oh, je comprends chéri, me coupa t-elle. N'en dis pas plus, je comprends.

- Merci Maman.

- Prenez le temps qu'il vous faut pour tout ça, c'était pas facile pour moi non plus de devenir totalement amie avec ton père, ça prend du temps j'en ai conscience. Tu me diras quand tout ira mieux.

- Oui... Merci Maman. »

Le sujet dériva ensuite sur des petites anecdotes que ma mère me raconta, sur ses chats et son jardin. Pour une fois, l'appel dura un moment et pas uniquement une trentaine de secondes. Cela me faisait plaisir, évidemment, et je savais que le sentiment était partagé par ma mère ; mais malgré cela, mes pensées restaient brouillées et emmêlées, car je n'arrêtai pas de penser à toute cette histoire et à quel point je m'embarquai dans quelque chose qui ne semblait pas avoir de fin heureuse.





Je quittai ma loge (où je m'étais isolé pour continuer l'appel avec ma mère, qui dura définitivement longtemps) pour retourner dans la salle spécial ping-pong. J'entrai, essayant de ne plus penser au début de l'appel et la conversation en question, et m'arrêtai quand je remarquai que la salle était vide - presque, pour être précis. Il n'y avait que Louis.

« Où ils sont tous ? Demandai-je.

- Ils sont partis dans la salle commune pour manger, il y a vingt minutes déjà. Tu faisais quoi ?

- Oh, répondis-je en fronçant les sourcil. Je ne pensais pas avoir été si long. J'étais... J'étais juste au téléphone avec ma mère. Ça s'est un peu éternisé. »

Tout en parlant, je m'approchai et m'appuyai contre la table de ping-pong. Louis était à quelques mètres devant moi et il s'approcha.

« Elle va bien ? Ta mère.

- Oui, super. »

Je ne lui dis pas que j'avais menti à ma mère en parlant d'une nouvelle amitié et toutes ces absurdités qui avaient pu sortir de ma bouche. Je m'enfermai dans les secrets alors que de base, cette relation physique que nous entretenions en était un à elle seule.

Louis s'approcha et m'embrassa, me faisant m'asseoir sur la table de ping-pong, calant son bassin entre mes jambes. Il m'embrassa plus profondément, sa langue s'offrant un accès à la mienne, et il me fit pencher une arrière, jusqu'à ce que mon dos atteigne la substance froide où la balle de ping-pong tapait régulièrement.

C'était un baiser profond, Louis me surplombait, nos bassins étaient collés et je savais la suite qu'annonçait cette scène. Je soufflai d'aise tandis que Louis commença à embrasser mon cou, prenant évidemment le soin de ne laisser aucune marque, juste des petits baisers me procurant des frissons. De sa main, il me caressait l'entrejambe par dessus mon jean, et ce genre de contact me donnaient chaud. Habituellement il ne m'en fallait pas si peu pour sentir l'excitation s'emparer de mon corps, mais avec Louis j'avais clairement la nette sensation de retourner à l'époque de l'adolescence et du désordre hormonal.

Cependant, j'étais pensif. Malgré ce moment intime que l'on s'apprêtait à partager, j'étais incapable de totalement me concentrer sur celui-ci et les mots de ma mère raisonnaient encore dans ma tête. Pas très glamour vu la situation, je sais.

« Louis, soufflai-je.

- J'arrive, j'arrive, je vais te satisfaire Harry.

- Non - enfin, oui, mais non. Louis, repris-je en saisissant son visage entre mes mains, pour reculer son visage et le mettre à hauteur du mien, afin d'avoir un contact visuel.

- Qu'est-ce qu'il y a Harry ? »

Il avait tout à coup un air concerné, et cela faisait plaisir de constater qu'il semblait sérieusement inquiet et pas juste vexé parce que je stoppais la tension sexuelle. Et je sais, c'était malsain de sans cesse comparer Camille et Louis, je sais. Je le sais maintenant, et à l'époque, je m'en étais rendu compte. J'allais remédier à tout ça ; ou au moins à un problème parmi l'océan de ceux-ci.

« Tu n'as plus envie ? Tu veux qu'on arrête ? Enfin, qu'on ne commence pas ?

- Non, Louis, ce n'est pas ça... J'en ai envie, c'est juste que... Je soupirai et ancrai mon regard dans le sien. Tu es mon ex-mari. »

Louis fronça un peu les sourcils. Il était évident qu'il ne voyait pas où je venais en venir, et...

« Oui, je sais, je m'en souviens quand même, répondit-il. Pourquoi tu dis ça maintenant ? »

... Moi non plus. La vérité était que je n'avais aucune idée de pourquoi je lâchai ça d'un coup, pourquoi je disais à haute voix ce fait. Il n'y avait aucune raison et ce n'était pas comme si ces mots allaient changer quelque chose. Il était mon ex-mari, c'était un fait, rien d'autre.

« Je ne sais pas, avouai-je en soupirant. Je ne sais pas.

- Harry... Tu es sûr que tu as envie qu'on couche ensemble sur cette table de ping-pong maintenant ?

- Oui, oui, je suis sûr. Ce n'est pas ça...

- Est-ce que tu essaies de me faire passer un message sur tout ça ? Sur la situation, notre relation actuelle ? Est-ce que... tu n'en veux pas ? »

Je ressentis cette peur soudaine de le perdre à nouveau. Je ne l'avais pas retrouvé totalement, c'était juste sur le plan physique mais c'était Louis et je m'en contentai.

Je passai mes jambes sur son bassin et les croisai, enfermant ainsi Louis, son bassin contre le mien. Je le regardai dans les yeux.

« Oui, j'en suis sûr. »

Un sourire prit possession de ses lèvres et on commença à faire tout ce qu'il fallait avant un acte de ce genre : se déshabiller, s'embrasser, se toucher, faire monter la tension, et encore s'embrasser. Alors que Louis me déshabillait, je soufflai en une sorte de gémissement :

« On enlève juste le strict minimum. On n'a pas trop le temps, et l'endroit est risqué.

- Oui chef », rit Louis.

Alors il se contenta d'enlever son bas et de m'enlever le mien, ainsi que de relever mon t-shirt parce qu'il avait une obsession avec mon torse, il adorait embrasser tous ses recoins ; chose dont je ne me plaignais vraiment pas, cela me procurait un effet fou. Il savait exactement ce qui me rendait fou, ce qui me faisait plus crier ; même si pour le coup, ce jour-là sur cette table de ping-pong, la discrétion était essentielle.

Je me retrouvai alors plaqué contre cette table de ping-pong, le poids de Louis sur moi, mes mains se baladant dans son dos et le serrant, alors que j'étais en train de gémir en me contrôlant, tandis que les hanches de Louis tapaient les miennes.

En effet, il était mon ex-mari, tout comme j'étais le sien, même si cette information était connue de très peu de personnes. Pourtant, nous étions là, nos corps unis sur une place pour jouer au tennis de table. Je ne sais pas si pathétique est le bon mot, parce que je me suis senti pathétique par rapport à tout ça, mais avec le recul je pense juste que c'était de l'amour, ingérable, incontrôlable. Nous n'avions aucune idée de comment nous retrouver, alors nous faisons n'importe quoi. Car l'amour est un fort sentiment, qui a besoin d'être dompté. Parce que oui, j'aimais Louis, de tout mon cœur, de toute ma force et mes ailes ; j'étais amoureux de lui. Mais parfois, être amoureux ne suffit pas. On a alors besoin d'un petit coup de pouce, que l'on appelle le retour à zéro. Mais nous étions encore loin de ce moment ; même s'il allait arriver.

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