Coucou petite soeur,

Tu vas bien ? Oui, je sais, c'est nul comme entrée en matière mais ça fait cinq fois que je recommence cette lettre. Je dois me rendre à l'évidence, elle ne sera jamais parfaite...

Tu as bien changé depuis la dernière fois que je t'ai vue...

Je m'en souviens comme si c'était hier. Ton visage de petite fille de cinq ans strié par les larmes quand nos parents m'ont mis dehors, Mickael en train de bouder dans sa chambre parce qu'il pensait que je partais volontairement.

Je me suis battu à ses côtés pendant la bataille de Poudlard, il ne m'a même pas reconnu... Si j'avais su ce qui lui arriverait, je ne l'aurais jamais laissé seul... C'est de ma faute, je suis désolé.

Je regrette de ne pas être venu le jour de l'enterrement, tu n'aurais jamais dû avoir à affronter cette épreuve seule... J'aurais dû être là pour toi, pour vous, bien avant, au lieu de demander des nouvelles de vous deux à Dumbledore toutes les semaines...

Je suis vraiment nul comme frère...

Tu dois te demander pourquoi je reprends contact avec toi maintenant ? Je te l'expliquerai plus tard... Je ne peux rien te révéler pour le moment, tu sauras tout en temps et en heure

Pour l'instant, je veux juste que tu saches que je t'aime et que même si tu ne me vois pas, je veille sur toi.

Je sais que tu vas mal en ce moment, j'espère pouvoir bientôt te tenir dans mes bras.

Sois forte petite sœur, je sais que tu peux y arriver.

Je sais que tu ne m'écouteras sûrement pas mais je t'en supplie, ne renoue pas avec Draco.

Debout devant la porte de l'appartement des préfets, Maeve regardait la lettre qu'elle tenait dans les mains comme le plus précieux des trésors. Elle la relut. Une fois, deux fois, trois fois. Elle n'en revenait pas. Son grand frère qui n'avait plus donné signe de vie venait de lui écrire.

Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Alors que Mickael n'était plus et qu'elle allait quitter l'école pour ne plus y revenir ? Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour reprendre contact ? Pourquoi attendre qu'elle veuille partir ? Et surtout, pourquoi revenir alors qu'il l'avait, les avait abandonnés ?

Un nuage voila son regard lorsqu'elle se posa cette question. Non, il ne les avait pas abandonnés. Leurs parents l'avaient obligé à partir et à ne plus leur donner de nouvelles dès le jour où il avait reçu sa lettre de Poudlard. Même s'il aurait pu reprendre contact avec eux plus tôt, il avait sûrement eu des raisons de ne pas le faire. Il avait écrit avoir combattu pendant la guerre, Mickael ne l'avait-il réellement pas reconnu ou avait-il fait semblant pour attendre la fin de la guerre avant de fêter les retrouvailles ? Elle ne le saurait jamais.

Devant le silence de sa cousine, Hermione se pinça les lèvres. Draco mettait déjà les sentiments de Maeve à rude épreuve, elle n'était pas sûre que le retour inopportun de son frère aîné soit une bonne chose. Quand elle avait vu la lettre posée sur le lit de sa cousine, elle n'avait pas pu s'empêcher de la lire. Quand elle avait vu que le mot venait de Marc, le frère aîné de Maeve, elle n'avait pas réfléchi. Elle avait couru pour retrouver l'ancienne Serdaigle et lui donner le bout de papier. Elle était sûre que cela remonterait le moral de la jeune fille. Après tout, les jumeaux pensaient leur grand frère mort. Savoir qu'elle n'était plus le seul membre de sa famille vivant hormis ses parents aurait dû la réjouir.

Désormais, elle n'était plus certaine que ce soit une bonne idée. Elle n'avait pensé qu'à une chose, la joie de sa cousine qui pourrait lui faire oublier Draco. Elle n'avait pas pensé que cela pourrait rendre sa cousine triste, surtout que Marc n'avait pas l'air décidé à reprendre contact par un autre moyen que des lettres.

— Tout va bien, Maeve ? demanda-t-elle quand le silence devint pesant.

— Je ne sais pas, avoua celle-ci. Je m'étais résolue à ne plus avoir de nouvelles de lui. À ce qu'il se trouve quelque part dans le monde sorcier, loin d'ici depuis la fin de sa scolarité à Poudlard. Qu'il s'était enfin rendu compte que notre famille était nulle et qu'il avait tourné la page. Mickael était même persuadé qu'il était mort. Finalement, qu'est-ce que je viens d'apprendre ? Qu'il demandait des nouvelles à Dumbledore toutes les semaines et qu'il est encore dans le coin. Qu'il a combattu pendant la bataille de Poudlard et que je l'ai peut-être croisé sans même le reconnaître. Je ne sais pas ce que je dois en penser. Je ne sais pas ce que je dois penser de tout ça.

— C'est ton frère, Maeve. Même si vous ne vous êtes pas vus pendant quatorze ans, il t'aime. Je t'ai toujours dit que s'il était vivant il finirait par essayer de reprendre contact avec vous.

Maeve soupira. C'était trop pour elle. Draco qui refusait de lui pardonner juste à cause de sa fierté de Serpentard et maintenant ça ?

Il ne manquerait plus que Mickael se soit réincarné en fantôme, pensa-t-elle.

L'ancienne Serdaigle se tourna vers le tableau masquant l'entrée des appartements des préfets en chefs. Elle ne vit pas qu'il était légèrement entrouvert. Pourquoi tous les fantômes de son passé s'étaient-ils donnés rendez-vous en même temps pour la torturer ? Ses sourcils se froncèrent quand elle se rendit compte d'un détail d'importance.

— Hermione ? Comment a-t-il pu entrer dans Poudlard et dans les dortoirs des filles de Gryffondor sans se faire repérer ?

La brune ouvrit de grands yeux quand elle entendit la question de sa cousine. Elle n'avait pas pensé à ce détail. Mais la réponse était évidente.

— Il n'a pas pu le faire. Pour ça, il doit connaître le mot de passe de Gryffondor.

— Il était à Gryffondor quand il était à l'école.

— Tu ne le sais pas parce que tu n'étais pas là et que tu étais à Serdaigle avant, mais McGonagall a changé tous les mots de passe en début d'année. Même s'il était à Gryffondor, le mot de passe a changé entre-temps.

Les sourcils de la jeune fille se froncèrent encore plus pendant qu'Hermione réfléchissait à la question. Elle ne voyait qu'une option.

— Toutes les personnes extérieures à Poudlard passent par le bureau de McGonagall, dit Hermione. Tu devrais aller la voir.

Maeve hocha la tête, la directrice savait forcément quelque chose. Quelqu'un avait forcément laissé entrer son frère dans l'école. Elle relut une dernière fois sa lettre. Il l'avait vue, il l'avait explicitement écrit.

— Ce que je ne comprends pas, ajouta Hermione, c'est pourquoi il te demande de ne pas renouer avec Draco.

— Et moi j'aimerais bien savoir comment il peut être au courant, soupira Maeve. Tu viens voir McGonagall avec moi ?

Sa cousine acquiesça et elles partirent toutes deux en direction du bureau de la directrice sans se rendre compte que leur conversation avait été épiée par deux personnes. Le tableau de l'appartement des préfets se ferma tandis qu'un corbeau s'envolait du rebord de la fenêtre.