Chapitre 9: Intervention
Mes yeux s'ouvrent doucement, je tourne lentement la tête de droite à gauche sans vraiment faire attention à ce qui m'entoure. Je cligne des yeux, toujours à moitié endormi. J'essaye de me lever, mais mes muscles endoloris me font mal, alors je me laisse retomber au sol en grimaçant. Je soupire.
Où est-ce que je suis ?
L'endroit est mal éclairé, mais quelques vaisseaux de lumière transpercent la paroi par-ci par-là et je réussis à distinguer approximativement ce qui m'entoure.
Je sursaute en me rappelant ce qu'il s'est passé la veille et me redresse brusquement en ignorant les plaintes de mon corps. Je pivote sur moi-même à la recherche de Mariana, mais elle n'est pas là.
La petite cabane est minuscule, il y a seulement la place suffisante pour que deux personnes adultes s'y allongent côte à côte. Je me relève, mais je dois rester penchée en avant, le plafond est bien trop bas. L'angoisse monte en moi, j'ai l'impression d'étouffer, c'est pourquoi je me précipite vers l'espèce de porte composée de planches irrégulières de bois qu'on avait ligoté ensemble pour que ça tienne. Je l'ouvre à la volée et sors, j'inspire un bon coup et je me sens mieux. Pourtant, quelque chose ne va pas, où est Mariana ? Je jette un coup d'œil circulaire tout autour de moi, mais je ne la trouve nulle part.
M'a-t-elle abandonné ? Ce n'est pas possible, pourquoi l'aurait-elle fait ? L'ai-je agacé ?
L'angoisse ne me quitte pas, une boule se forme dans mon estomac et elle ne me lâche plus, je suis en train de paniquer.
Comment est-ce que je vais faire pour retrouver mon chemin ?!
Je porte une main à ma bouche et mords un ongle en réfléchissant.
Non, c'est une catastrophe !
Je n'arrive pas à croire qu'elle m'a fait ça ! Je pensais pouvoir lui faire confiance, mais il suffit d'un soir pour qu'elle m'abandonne comme si j'étais un vieux chiffon usé. Et je fais quoi moi maintenant ? Je fronce les sourcils et fais les cent pas quand l'idée de l'appeler me vient. Pourquoi ne l'avais-je pas fait avant ?
- Mariana ?, demandé-je d'une voix rauque.
Décidément, ce n'est pas comme ça qu'elle va m'entendre. Je me racle la gorge et m'apprête à crier le nom de la femme qui m'a subitement lâché lorsqu'un bruit furtif me fait faire volte-face. Une silhouette passe entre les arbres et s'approche de moi.
- Oh ! Vous êtes déjà réveillée ?, constate une Mariana un peu surprise.
Je porte une main à mon cœur et respire bruyamment. Mariana porte sur sa hanche, un panier rempli de plantes dont j'ignore même jusqu'au nom. Elle s'approche de moi, le sourire aux lèvres.
- J'espère que vous ne vous êtes pas inquiété, je n'ai fait que cueillir des plantes.
Je lui souris alors qu'au fond de moi, j'ai envie de la trucider tellement elle m'a fait flipper.
- Non, c'est bon, je n'étais pas inquiète.
Mariana hoche la tête, me sourit et entre dans la cabane en se penchant en avant. Je fais de même.
Elle s'installe par terre et soupire. Je la regarde attentivement.
- Ne vous en faites pas petite, nous prendrons bientôt la route dès que nous aurons mangé un peu, déclare Mariana en m'indiquant de prendre place à ces côtés.
La femme dépose son panier à double compartiment devant elle et en sort un morceau de pain sec et de fromage.
Oh non..., me plaigné-je intérieurement.
Elle me les tend et je me force à tout avaler, la gourde d'eau m'y aide bien évidemment. Mariana chipote un peu dans le panier, sort un chiffon et le dépose devant moi. Je le regarde attentivement puis porte mon regard vers Mariana qui me sourit chaleureusement. Elle défait la petite serviette en dévoilant un gros poignet de myrtilles et de groseilles.
- Prenez-en, je viens de les cueillir, elles sont très bonnes et je pense que vous les aimerez bien plus que mon fromage...
Je lui fais un petit sourire gêné, mais elle ne semble pas vexée par mon manque de discrétion.
- Désolé, je ne voulais pas être impoli, je...
Elle me coupe la parole en souriant.
- Sachez que je ne vous en tiens pas rigueur. Toutefois, vous devriez vous forcer à manger un peu plus, vous n'aviez pas vraiment bonne mine.
Je grimace. Bien sûr que je ne dois pas avoir "bonne mine ", elle sait bien par quoi j'ai dû passer ses derniers jours.
Une fois notre petit-déjeuner terminé, j'aide Mariana à tout ranger. Je la regarde se lever et sortir de la cabane puis je fais de même. Une fois à l'air libre, j'inspire un bon coup.
Je ne l'avais pas constaté avant, mais il fait bien plus chaud qu'hier. Je suis contente qu'il fasse chaud, car je n'ai rien pour me couvrir. Avec un simple t-shirt, je ne pourrai rien faire si les températures viennent à chuter ou pire, s'il commence à pleuvoir. Je m'étire doucement avant de rattraper Mariana s'est mise à marcher sans m'attendre. Décidément, cette bonne femme se fout de tout, elle avance, toujours égale à elle-même. À ce rythme, je vais finir par la perdre.
Pendant la marche, mes muscles me font souffrir, mon dos est ankylosé par l'inconfort du sol de la cabane et les températures plutôt élevées commencent à assécher ma gorge.
Tout compte fait, ce n'est pas une si bonne chose.
Je demande la gourde d'eau à Mariana, elle me la tend en me mettant en garde.
- Faites attention, nous devons garder l'eau le plus longtemps possible.
Je la remercie et lui promets de l'économiser. Elle me regarde d'un œil septique, mais fini par acquiescer.
Mais qu'est-ce qu'elle a, j'ai l'impression qu'elle ne comprend pas tout ce que je dis. Je parle bien français non ? Au pire, ce n'est pas grave. J'espère qu'on arrivera vite à Paris pour que je puisse enfin rentrer chez moi.
La marche silencieuse laisse du temps à mon cerveau pour tourner à plein régime. J'essaye de me souvenir de ce qu'il s'est passé avant que l'accident n'arrive, mais je n'arrive pas. Zen avait dit, si je m'en souviens bien, qu'on m'a maudite...
Bah, c'est n'importe quoi. Ce sont juste des fanatiques fous qui kidnappent des enfants. Hmmm... Il faudrait que j'avertisse les flics quand je rentrerai chez moi. Il ne faut surtout pas laisser des psychopathes pareils en liberté.
Je déglutit péniblement. Je sais que je ne fais que chercher des excuses là où il n'y a pas d'explication logique. Quelque chose ne va pas. Sommes-nous vraiment en France ? Je n'en suis pas vraiment sûre, les paysages ont quelque chose d'étrangement frais.
- Ahhhhhhr !
Un cri terrifiant me fait sursauter. Je pivot sur moi-même pour trouver la provenance du cri, mais la forêt est beaucoup trop épaisse, je ne vois rien. Je reste immobile et guette les alentours en silence, Mariana me regarde inquiète quand un autre cri retentit sur ma droite. Sans hésitation, je me précipite entre les arbres et commence à courir comme si ma vie en dépend. Les bruits de métal qu'on entrechoque se font de plus en plus proches. Je saute au-dessus d'une branche et évite de justesse un arbre sur ma route. Je ne ralentis même pas pour voir si Mariana me suit. Mes pas ne font qu'accélérer à chaque foulée et plus j'avance, plus les arbres se raréfient pour laisser place à une petite clairière. Devant moi, le combat fait rage. Trois hommes contre un. Un cri retenti de nouveau avant qu'un autre corps rejoigne celui déjà au sol.
Oh putain !
Je n'ose pas bouger. Les deux hommes restant continuent de s'attaquer à un type qui a l'air blessé et clairement en position d'infériorité. Mon cerveau analyse rapidement la situation et j'accours pour me jeter dans la mêlée.
Je me précipite vers un homme de petite taille avec une épée à la main. Celui-ci est prêt à enfoncer l'objet pointu dans la poitrine du blessé qui évite maladroitement une autre attaque. Je cours et lui donne un coup de pied dans le dos, ce qui le déstabilise pour le fait tomber. Mon geste sauve la vie du blessé qui pare maladroitement le coup de son adversaire. J'assomme l'homme à terre d'un violent coup de pied.
Mon arrivée a perturbé le deuxième agresseur et le blessé en profite pour l'attaquer avec son arme, le forçant à reculer.
- Que faites vous ?!, me crie le blessé, entre les dents, les yeux rivés sur son adversaire.
Il est essoufflé par l'effort que lui demande le combat. Je peux lire de la douleur sur son visage couvert de sueurs, douleur visiblement provoquée par sa blessure au bras droit.
- Je te sauve la vie, ça ne se voit pas ?
Les deux hommes semblent à bout de forces, leur respiration est saccadée et leurs mouvements sont de moins en moins précis. L'homme blessé arrive à mettre une nouvelle distance de sécurité entre eux, le repoussant violemment avec son arme, mais je vois bien qu'il ne tiendra plus longtemps. L'agresseur remonte à la charge et lance une sorte de cris de guerre avant de se lancer avec violence sur son adversaire.
Mon cœur bat très vite et l'adrénaline coule dans toutes les veines de mon corps. Sans attendre davantage, je m'abaisse, ramasse l'épée de mon ex-adversaire inconscient et me jette devant le blessé pour parer le coup qui aurait pu lui être fatale. Mais je ne sais pas comment me battre à l'épée alors j'utilise celle-ci comme un bâton et essaye de tenir l'homme en respect.
Merde, je ne sais pas comment utiliser une épée, moi ! Je ne suis bonne qu'au corps-à-corps !
J'impose une distante de sécurité entre nous en secouant l'épée dans tous les sens, ce qui n'est pas vraiment facile compte tenu du poids de l'objet. C'est une assez vieille rouillée.
- N'essaye même pas d'approcher, connard !
Mon vis-à-vis me fusille du regard, mais je n'y prête pas attention. Je fais un rapide pas vers lui, tout en continuant de le menacer de mon épée et d'un mouvement vif et calculé, je m'abaisse rapidement, ramasse une grosse pierre que j'ai repérée un peu avant. Je la lance vers l'homme avec toute la force que je possède. Le caillou percute son épaule blessée, trajectoire tout à fait calculée puisque je sais très bien viser. L'homme fait un pas en arrière sous l'effet de la douleur. Il se tient l'épaule, lâche son épée en grognant et je profite de ce moment de distraction pour jeter mon épée au loin et sauter sur mon adversaire en le plaquant violemment au sol.
Une fois sur lui, je lui cogner la tête par terre à plusieurs reprises. Il ne reste pas longtemps au sol qu'il essaye déjà de me repousser. Je tiens bon et le sert fort pour qu'il ne réussisse pas à me frapper. Il m'attrape par les cheveux et nous roulons sur le sol.
Je lâche un cri de douleur sous son assaut violent. Je me débats sauvagement et réussi à lui mordre la main qui me tire toujours les cheveux. L'homme cri et me lâche pour me donner un gros coup de poing dans la mâchoire. Ma tête tourne et il me saisit par la gorge.
J'étouffe. Je me débats, je veux me libérer les jambes pour pouvoir lui donner un coup de genou dans les cotes, mais la pression sur mon cou se relâche subitement et le poids lourd s'effondre sur moi.
Avec moins de difficulté que je ne l'aurai crue, je réussis à faire rouler le corps inerte sur le côté. Le type de tout à l'heure m'a aidé à le soulever.
J'essaye de reprendre ma respiratoire.
- Vous allez bien ?
Une main se tend vers moi pour m'aider à me relever et je l'accepte.
- J'ai connu des jours meilleurs, répondis-je en grimaçant.
À suivre...
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