Chapitre 6: Fuite

DOUM!

La porte claque derrière moi avant qu'on ne la ferme à clé.

Me revoilà au point de départ.

Inspectant de nouveau ma cellule, je constate que l'on a emporté mes affaires. Par contre, on m'a apporté une bougie qui illumine péniblement, certes, mais illumine quand même.

Au moins, j'ai de la lumière cette fois-ci.

Mais qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai du mal à comprendre ce qui m'arrive, ce n'est pas logique. C'est de la pure folie. En repensant à l'expression démoniaque de Zen, l'inquiétude du vieux Patrick, j'ai la chair de poule. Disent-ils la vérité ou font-ils partie de je ne sais quelle secte qui compte me sacrifier pour satisfaire un dieu mythologique ? Car si j'ai bien compris quelque chose, c'est qu'ils ne comptent pas me laisser en vie.

Et merde ! Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour atterrir chez ces fous ?, pensé-je de plus en plus frustrée.

Un plan, il me faut un plan pour m'échapper. Ils veulent me tuer, je ne vais quand même pas rester les bras croisés sans rien faire. En réfléchissant, je me surprend à faire les cent pas dans ma petite cellule, tel un lion en gage. En m'arrêtant, je repense à ce que Patrick m'a confié. Il va bientôt venir pour m'expliquer ce qu'il n'a pas pu et puis il m'emmènera pour me juger. Je n'ai plus beaucoup de temps, il faut que je m'échappe et vite. C'est peut-être ma dernière chance, car qui sait ce qu'ils comptent faire de moi, surtout si c'est pour me sacrifier à leur dieu. Je m'assois sur le lit qui grince sous mon poids et l'inconfort des ressorts me force à me déplacer sur le rebord du lit pour épargner mon fessier.

- Réfléchi, réfléchi, réfléchi ...

La tête entre les mains, je tente de trouver une solution, mais la panique m'empêche de réfléchir convenablement.

Respire, tu n'arrives à rien comme ça ! Il ne faut pas paniquer.

D'accord, je ne connais pas les lieux, il m'est donc impossible de faire un plan d'évasion qui tient la route, il faut que je tente le tout pour le tout, me débarrasser d'abord du garde, s'il y en a un et sinon, me débrouiller pour crocheter la serrure avec, je regarde autour de moi, rien !

Mais comment faire pour vérifier si on a placé un garde devant ma porte ?

Je retourne dans ma tête les idées de plus en plus farfelues en matière déviation quand tout à coup : illumination.

- Ah ! Mon ventre !, gémis-je très fort. Y-as quelqu'un ? Ah, ça fait mal !

Une oreille collée à la porte, j'essaye de distinguer le moindre mouvement provenant de l'extérieur, malheureusement la porte est beaucoup trop épaisse. Malgré tout, je crois percevoir un frottement de tissus et un bruit métallique. Alors, je m'applique davantage dans mon rôle de souffrante en m'éloignant un peu de la porte.

- Ahhhhh ! Putain, ça fait trop mal ! Quelqu'un ? Y-a quelqu'un ? Et merde ! Arhh...

Mes gémissements sont très réalistes, j'ai plus de talent que je ne l'aurais cru pour feindre la douleur. J'y mets aussi quelques mots vulgaires, de quoi espérer le convaincre définitivement.

Après un long silence où je commence à douter de ce que j'ai entendu, un bruit métallique se fait entendre. La porte s'ouvre doucement, mais s'arrête afin de laisser uniquement l'espace nécessaire pour voir à travers la pièce.

Ils se sont donnés le mot ou quoi ? Comment est-ce que je suis sensée l'assommer dans ces conditions ?!

- Qu'y a-t-il mademoiselle, demande une voix grave, sceptique de ma petite mascarade.

- J'ai ... mal AÏE ! Mon ventre !

Je tombe à genoux en me tenant le vendre.

D'accord Éloïse, c'est le moment de montrer tes talents de comédienne, ta vie en dépend !

Le cœur qui bat la charade, je fronce les sourcils, plisse les yeux, laisse ma joue droite tressaillir. Je fais un peu tremblé les bras autour de mon ventre, je crispe les épaules, je serre les muscles de ma mâchoire et de mes jambes. Je courbe le dos. Tout dans ma position doit montrer que j'ai mal, mais que j'essaie de résister, et même le cacher. Il me croira plus facilement comme ça. Ma respiration n'est plus régulière, elle est ponctuée de légers gémissements presque imperceptibles. S'il est très observateur, il verra que mon corps ne me trahit pas.

La porte finit par s'ouvrir sur mon garde, il la renferme derrière lui. J'ai bien fait, il est très observateur. Je lève les yeux vers lui pour lui lancer un regard qui veut dire : << pitié, faites quelque chose, vite, j'ai trop mal...>>

Je rabaisse ma tête, les cheveux me cachent le visage et je le sens se pencher vers moi. Une main compatissante vient se poser sur mon dos et je l'entends me dire doucement :

- Ça va aller, ne vous en faites pas. Dites-moi ce qu'il vous arrive.

Vite, vite, une excuse !

- La .... la bou.. gie. Elle ....arh !, continué-je en gémissement, tout mon corps se crispe d'un coup.

Sérieux ?! La bougie ? Tu n'as pas trouvé mieux comme excuse ?! me sermonné-je mentalement.

Mon cerveau tourne à plein régime.

Et s'il ne me croit pas ? Qui croira qu'une bougie peut me faire du mal. Vite, il me faut trouver une solution.

Je fais mine de vouloir me relever et retomba à terre aussitôt. Je relève une main tremblante que je pointe dans la direction de la bougie. J'espére ainsi lui faire comprendre que je suis tellement mal au point que je ne pourrai pas m'enfuir d'ici même avec la porte grande ouverte. Son regard se pose sur la bougie, perplexe. Il finit tout de même par se redresser et s'y diriger.

Voilà ma chance.

Alors qu'il s'approche de la source de mon mal imaginaire, les sourcils froncés, je me lève le plus discrètement possible. Une fois son inspection terminée, toujours aussi perplexe qu'au début, il se tourne vers moi, mais je lui donne un violent coup de poing à la tempe, l'envoyant à terre, KO.

Merci la boxe !

Je m'accroupis près de l'homme qui vient de tomber lourdement au sol et fouille sa robe de moine avant de trouver ce que je cherche : son trousseau de clés.

Il devrait m'être utile.

Je me relève vivement. Je sais que je dois l'attacher avec quelque chose, mais un regard alentour et je me rends vite compte que la pièce est vide. Pas moyen. Je me demande même s'il faut que je le déshabille et enfile sa robe pour pouvoir me déplacer sans attirer l'attention, mais peine perdue, on n'est pas dans les films et puis il fait trois fois ma taille, j'attirerai encore plus les regards.

Il faut que je me dépêche de fuir avant qu'il ne se réveille ou que quelqu'un ne vienne me chercher. J'entreprends donc de découvrir quelle clef est celle qui permet d'ouvrir ma porte. Il y a toujours le risque qu'un garde passe devant ma cellule et me découvre à essayer de m'échapper. Alors, je colle mon oreille contre la porte. Elle est peut-être trop épaisse, mais je n'ai aucun autre moyen de vérification. En jugeant que la voie est libre, j'insère la clé dans la serrure en faisant le moins de bruit possible.

Une fois la porte ouverte, je passe la tête à l'extérieur. Le passage est libre. Je regarde une nouvelle fois le garde qui, sans le savoir, m'a aidé à m'enfuir. Il me fait de la peine, j'ai réussi à m'enfuir en utilisant sa gentillesse.

- Désolé... Mais je ne peux pas mourir ici, chuchoté-je doucement en refermant la porte derrière moi, à clé.

Bien, maintenant quelle direction prendre ?

En regardant attentivement je découvre le couloir par lequel j'ai essayé de m'enfuir et c'est avec un sourire au coin des lèvres que je prends la direction opposée.

Maintenant, tout va se jouer sur la chance... Il faut juste que je fasse attention au garde et à ne pas foncer tête baissée. Mais les minutes me sont comptées, le vieil homme ne doit pas tarder à venir me chercher, je ne peux pas prendre le risque de me faire attraper.

Courant le long d'un couloir gris, je prends garde à vérifier que le chemin est bien libre avant de bifurquer dans un croisement. Je choisis mon chemin au hasard, changeant de direction à chaque fois que je vois un de ces moines.

Le couloir dans lequel je m'introduit finit par se séparer en quatre galeries. Pas le temps de réfléchir, je prends celui tout à fait à gauche et débauche dans une salle remplie de portes.

Merde, laquelle choisir ?

Ma respiration est saccadée, je suis essoufflée, j'ai couru dans ces couloirs interminables pendant un bon moment. Ils doivent sûrement être déjà sur mes trousses.

Je me dirige vers la porte la plus proche et essaye de l'ouvrir, mais elle résiste. J'essaye celle sur ma droite, la suivante, celle d'à côté, mais rien n'y fait, elles sont toutes fermées.

Réfléchit, réfléchit, réfléchit Éloïse, vite ! Ils vont t'attraper si ça continue.

Je fais les cent pas en essayant de réfléchir. Revenir en arrière ? Ça me semble l'idée la plus logique, mais si toutes les portes sont fermées à clé ? Et si ses types sont derrière moi ?! Je m'assois par terre pour essayer de trouver une idée. Ma tête commence à me faire mal, un début de migraine menace de faire son apparition si je continue à me prendre la tête.

Dans un réflexe de colère, je ressers les points. Je sens que quelque chose me rentre dans la peau de ma main gauche. En baissant le regard vers celle-ci, je constate avec surprise que je tiens toujours le trousseau de clés que j'ai subtilisé à mon garde.

Le trousseau de clés ?

Je me tape le front d'une main, exaspérée par ma stupidité.

Mais quelle idiote, je l'avais depuis le début !

Des bruits de pas résonnent dans l'un des couloirs que j'ai traversé il y a peu.

Non, non, NON! Pas maintenant ! Comment est-ce qu'ils m'ont trouvé ?

La panique me gagne, pourtant, je n'ai pas le temps de traîner, il faut se dépêcher ! Je saute sur mes pieds et entreprend d'essayer d'ouvrir l'une de ces portes avec mes clefs.

Allez...allez... Vite...

- Par ici ! Je sens que cette sale petite est par là.

C'est la voix de Zen ! Ils approchent. De là où je suis, je peux entendre le bruit de pas d'au moins cinq personnes, les renforts sont arrivés.

Au troisième essaie une des portes s'ouvre enfin et je m'y engouffre de justesse lorsqu'ils font irruption dans la pièce. Je me plaque à la porte que j'ai refermée à clé en soupirant de soulagement.

- Où est-elle ?!, fait une voix haute perchée.

- Je ne sais pas, déclare Zen, il me semble l'avoir senti par ici, mais elle a disparu, je n'arrive plus à capter sa présence. Bordel ! Elle a volé le trousseau de son garde et s'est enfoui par l'une de ses portes.

- À l'heure qu'il est, elle pourrait être n'importe où dans le passé, il est impossible de la retrouver, explique un autre. On doit abandonner, nous pouvons sentir sa présence seulement entre les murs du temple, la chercher dans le passé serait une folie.

-AHHHH !, hurle Zen, hors de lui. Lors de son jugement final, je me vengerai, je la traînerais personnellement en enfer, elle va me payer cette garce ! ELLE ME LE PAYERA !

Zen hurle comme s'il sais que je suis toujours cachée derrière l'une de ses portes, mais qu'il ne peut pas m'atteindre.

- Impossible, elle ne peut pas s'échapper comme ça, fouiller les autres pièces ! Elle a peut-être pris un autre couloir.

- Je la sentirai si c'était le cas ! renchérit Zen avec une animosité non dissimulée.

Un grognement de frustration résonne dans la pièce et une discussion animée se déroule à voix basse avant que Zen ne reprenne à voix haute :

- Retrouvez-la, elle possède l'une des cinq clefs qui permettent d'ouvrir le temps...

Je les entends faire demi-tour et m'autorise seulement alors à me laisser aller. Avec un regard alentour, je me rends compte que je ne vois même pas le bout de mon nez, le noir règne en maître et une odeur immonde emplit mes narines. Je réussis à me mettre debout, je pose un pied devant l'autre pour avancer, mais l'oxygène se fait subitement rare, la tête me tourne et je finis par tomber au sol, inconscient.

À suivre...

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Ça prend un sens vachement étrange, vous ne trouvez pas ?

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