Chapitre 16: Le roi Jehan

Voilà un chapitre un peu plus spécial, j'espère qu'il vous plaira. Et désolée pour cette longue attente, je n'arrivais pas à écrire la fin du chapitre et j'avais besoin d'une pause.
Sur ce, bonne lecture
***

Léon

Le jeune homme avance dans le couloir d'un pas rapide malgré son handicap. Sa tête lui fait atrocement souffrir et cela dure depuis deux jours déjà, l'attaque dont il a été victime ne cesse de lui revenir à l'esprit et il se maudit de son inattention. Pourquoi diable n'avait-il pas été sur ses gardes ce soir-là ?! Un simple soldat aurait été plus vigilant, voilà ce qui le dérange vraiment, c'est la certitude de ne pas avoir été à la hauteur de son rang. Sa mauvaise humeur est évidente, toute cette histoire le tourmente, l'empêchant même de pouvoir se reposer comme il devrait le faire.

Envoyé par le roi pour s'enquérir des nouvelles du château du Louvre, Léon s'est également proposé d'accueillir le chef militaire Philippe du Guesclin qu'il considère comme un exemple de bravoure et de force et que Sa Majesté a fait demander au plus vite. Même avec son bras encore douloureux malgré les soins du guérisseur, c'est avec honneur et une grande fierté que Léon s'est mis en route accompagné de quelques hommes pour l'accueillir comme il se doit en vue de son titre. Tout s'est très bien déroulé, à tel point que l'arrivée de Philippe du Guesclin et de son fils a endormis sa vigilance. Cependant, une chose étrange a alerté Léon après qu'il se soit réveillé le lendemain de la tentative d'assassinat avec à son chevet, un médecin. Peu avant la fin de la réunion souterraine, avant l'attaque, Léon a commencé à se sentir mal, nauséeux, et il en est sûr, ce n'était pas une coïncidence, loin de là. Et c'est bien là la chose la plus inquiétante, pas qu'un assassin puisse s'être infiltré dans la forteresse carrée, mais bien que la forteresse elle-même contienne déjà l'ennemi. L'ennemi venait donc de l'intérieur, mais comment le prouver ?

Depuis l'attaque, Léon est obligé de porter un bandage qui lui entoure la tête et l'œil droit, il est plus déstabilisé que jamais. Sans son œil droit, sa vision est réduite et pour un général tel que lui, c'est une situation plus que dangereuse, car les ennemies ne manquent pas en ces temps de guerre.

Au début, le jeune homme a eu du mal à marcher convenablement, il était énervé de devoir ralentir son allure habituelle pour ne pas tomber. Cela fait des années qu'il ne s'est pas senti aussi faible, il a même été sauvé par une femme avant ça, lui, un général et désormais, il se voit enlever son œil droit. Certes, il n'a plus aussi mal qu'il y a quelques jours, il arrive à dissimuler sa faiblesse, mais avec cette blessure en plus, cela devient difficile. Son côté droit est sans protection.

Dans le long couloir qui mène à la salle d'audience du roi où le jeune homme a été demandé, Léon ne cesse de réfléchir, d'essayer d'assembler les pièces manquantes. Que lui avait-il échappé ? Qui pourrait s'en prendre à lui ? Et pourquoi ! Pourquoi avoir agi seulement maintenant ? Une lettre lui est parvenue le jour même de son attaque, le roi Jehan voulait le voir personnellement accompagné de Guesclin, après tout, c'était bien là la raison de sa présence au château du Louvre. Et même blessé comme il l'est, Léon est toujours prêt à servir son roi, la preuve est sa présence aujourd'hui.

Il est dur d'expliquer ce qu'il s'est passé durant l'attaque, les souvenirs qui lui reviennent ne sont pas très limpide puisqu'il a été grièvement touché à la tête. La flèche qui devait l'empaler l'a raté de peu, elle n'a fait que frôler le côté droit de son visage, mais le choc lui a fait perdre l'équilibre et il a dégringolé les quelques marches qui lui restaient à parcourir lors de sa promenade du soir. Il se rappelle être sorti pour respirer un coup après la réunion qu'avait eu lieu dans les souterrains du château avec le plus prestigieux des hommes du roi et son fils qui doit prendre sa succession dans les années à venir et que la présence n'était pas prévue au départ. Un honneur d'avoir pu lui parler tout de même. Leon s'est juré à plusieurs reprises de devenir comme lui, il sauvera à son tour son roi, au prix de sa vie si cela est nécessaire. Pourtant, cette soirée si promettante en émotions est devenue bien moins agréable. Le pire, c'est que l'assassin a réussi à s'enfuir, les gardes n'ont pu que récupérer les flèches qu'il a dû se résoudre à abandonner lorsqu'un groupe de soldats l'ayant entouré, l'ont déstabilisé et fait tombé dans l'herbe en dehors des murs de la forteresse. Des hommes sont en ce moment même à sa recherche, mais son visage étant dissimulé, les espoirs de le retrouver sont infimes. Cependant, Léon ne compte pas abandonner, quelqu'un semble en vouloir à sa vie, il n'a donc pas le droit à l'erreur : s'il a tenté d'y porter atteinte une fois, cette personne recommencera.

Léon soupire d'exaspération pour évacuer la fatigue qui commence à s'accumuler dans son corps, il ne doit paraître nullement épuisé devant sa majesté, il en va de son honneur et de sa réputation. Il deviendrait un jour le meilleur général qui soit et ainsi, fera honneur à son père.

Qu'il repose en paix.

Arrivé devant une porte qu'il ne connaît que trop bien, il soupire encore, mais avant de s'avancer pour que les gardes ouvrent la porte, il lève la main droite et la pose sur son œil bandé. Comme il hait cet assassin.

Léon fait un signe de tête à l'un des deux gardes et l'immense porte en bois massif orné d'or s'ouvre devant lui.

- Majesté, s'exclame Léon en s'inclinant une fois arrivé devant le trône.

Le silence se fait dans la pièce et les regards convergent vers le général.

Il reste incliné devant le roi jusqu'à ce que celui-ci lui donne ordre de se relever pour qu'il puisse l'analyser de son regard perçant.

Le roi Jehan est un homme pas plus grand que la moyenne, possédant un long nez Valois, ses traits fins sont soulignés par sa barbe assez pauvre et sa bouche épaisse. Mais ses grands yeux bruns ne sont pas vifs comme à l'accoutume, ils sont songeurs. Sa chevelure d'un blond roux retombe au-dessus de ses épaules. C'est un bel homme à l'allure d'un noble prince, il ne se débarrasse habituellement presque jamais de son sourire parfaitement courtois où son humour ouvert, mais aujourd'hui il semble différent, ailleurs, son regard donne une impression d'amertume.

- Quel est donc votre état général ?

- Une attaque, Votre Majesté, un assassin a pénétré l'enceinte du château du Louvre et tenté de me tuer. Il se pourrait qu'il ait été envoyé pour le faire, trois gardes sont morts et j'ai demandé à ce qu'on interroge les hommes qui étaient de garde, mais rien pour le moment. Votre lettre m'est bien parvenue, je suis venu dès que j'ai été en état de le faire.

Le roi a la tête tournée dans sa direction, mais ses yeux regardent dans le vague.

Que peut-il bien le troubler à ce point ? Je ne pense pas que ce soit mon état, je suis toujours en vie et capable de me battre. Le roi est étrange, il n'a pas encore fait de remarque, il m'a seulement posé poliment la question.

- Mon roi ?

Une voix grave et douce résonne derrière Léon, l'homme qui s'avance vers le trône semble vêtu humblement, mais la qualité de ses tissus dément l'image qu'il tente de se donner, celui d'un homme simple et honnête.

- Le château du Louvre a été infiltré par un assassin, tonne l'arrivant d'une voix pressée.

Le comte de Blois est le conseiller le plus proche de Sa Majesté, adorateur de l'astrologie, il se plaît à prétendre pouvoir présenter les meilleurs astrologues au roi. Son influence est presque aussi grande que celui du Dauphin et il n'hésite pas à l'utiliser si la situation peut tourner en sa faveur. Il a toute la confiance du monarque.

Se reculant d'un pas pour le laisser passer, Léon ne s'offusque pas en remarquant que le conseiller ne lui accorde pas même un regard avant de se placer devant le trône, menton dressé en avant, contrastant une fois de plus avec l'image d'un homme du peuple qu'il s'entête à vouloir garder, Dieu seul sait pourquoi.

Le comte est un homme de grande stature, ses cheveux sont blonds légèrement ondulés et ses yeux noisette. Il porte trois bagues à sa main gauche, des rides creusent sont front et sa mâchoire est carrée sans barbe. C'est un homme vigoureux et son âge bien avancé ne fait qu'accentuer ses traits puissants qui plait tant à la gente féminine. Il n'a rien perdu de la beauté de sa jeunesse dont il use encore, bien au contraire.

- On m'a déjà informé de l'attaque, déclare le roi, l'air toujours ailleurs.

Le conseiller pâli d'un coup, demandant d'une voix d'où il est difficilement perceptible sa réticence.

"Qui l'a mis au courant !" Voilà ce qu'exprime sa posture tendue. Le roi désigne Léon d'un geste lasse de la main et le compte se crispe, continuant tout de même de regarder le roi, un sourire de bien séance sur les lèvres.

L'atmosphère de la salle du trône devient un peu tendue, tous ici savent la haine que le comte porte à l'égard du jeune général et celui-ci lui rend bien. Seul le roi ne semble pas remarquer les regards que tous les nobles se lancent et ceux qui vont du général au conseiller.

Vêtus de leurs beaux affublements, les hommes bombent le torse pour se donner une contenance dans leurs atours d'une couleur flamboyante alors que les femmes se murmurent à l'oreille dans leur robe qui mettent leur taille en valeurs, la nouvelle mode paraît-il.

- Philippe du Guesclin a pris du retard, je suis revenu avec son fils ... Votre Majesté ?

La voix insistante de Leon semble le sortir de sa rêverie, car il sursaute légèrement, mais il garde tout de même un ton assuré quand il lui répond, ne montrant pas son inquiétude.

- Oui, bien, vous pouvez disposer, j'enverrais des hommes pour interroger les habitants aux alentours, nous attraperons l'assassin, soyez sans crainte. Je m'entretiendrais avec le chef militaire dès son arrivée.

Léon salue le roi avec respect en ne mentionnant pas le fait qu'il est inutile de les faire interroger puisqu'ils l'on déjà été, il ne veut pas le contrarier plus qu'il ne l'est déjà. Quelques rides apparaissent sur son front et il décide de congédier tout le monde sauf son précieux conseillé.

Le jeune homme sort le premier de la salle, suivi par une petite foule de nobles contrariés, outrés de s'être fait jeter dehors par le roi, mais n'osant pas lui en faire la remarque, c'est le roi tout de même.

Léon s'avance dans les couloirs sans montrer son inquiétude. Le roi se comporte étrangement, il ne l'a presque jamais vu aussi perdu dans ses pensées, même quand il s'agit de la menace que représentent ces bâtards d'Anglais. Les couloirs s'enchaînent et ses pas le mènent dehors. Oui, marcher le calmera et l'aidera à réfléchir, sauf que cette fois, son rituel habituel ne pourra plus autant l'apaiser, car c'est de cette manière qu'il s'est fait attaquer. Il a baissé sa garde comme un moins-que-rien et il a failli y perdre la vie. De quoi constater que son havre de paix n'en est plus un et que la prudence est de mise.

Secouant la tête de gauche à droite, Léon se force à reprendre ses esprits. Mais que lui arrive-t-il ? Ce n'est que la fatigue, se dit-il. Il soupire et fait demi-tour pour se diriger vers la salle des Gens d'Armes, la jeune rousse doit sûrement se trouver là-bas, Catherine lui avait communiqué son choix de la placer à ce service avant qu'il parte pour le château du Louvre sur ordre de Sa Majesté.

Je me demande bien ce qu'elle me veut, n'est-elle pas satisfaite de sa place ? Si ce n'est que cela, ce n'est pas à moi qu'elle doit s'adresser.

À suivre...

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Bien, voilà une bonne chose de faite.

Qu'en dites-vous ?

Et sinon, vous aimez la nouvelle couverture ? Elle fait moins "amateur" je trouve 😉

Nda: Le roi Jehan est en réalité le roi Jean II le Bon (voir média), seulement, j'ai préféré l'appeler Jehan comme il l'était à l'époque.

Je suis au courant que je devrais respecter la réalité de l'époque et je m'efforce de le faire, mais par soucis de compréhension, je fais parler les personnages comme nous le ferons aujourd'hui (en évitant tout de même d'utiliser des mots trop flagrante comme "cool", "chips", etc.).

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