40. Joyeux anniversaire (2ème partie)
Lys devant moi, je regagne le salon, le cœur de la fête. De ma fête. Sans vraiment le vouloir, mon regard est automatiquement attiré par Eden, qui se tient toujours accoudé à la fenêtre du balcon, un verre à la main. Mais contrairement à tout à l'heure, il n'est pas seul. Danny l'a rejoint. Il a une main posée contre ses côtes et lui parle à l'oreille. Mais Eden garde les yeux rivés devant lui, jusqu'à ce que son regard accroche le mien. Une lumière pâle traverse ses yeux sombres et il détourne la tête, apportant son verre à ses lèvres, sans répondre à Danny mais en haussant simplement les épaules. Danny éloigne son visage du sien, cherche à croiser son regard, mais sa main ne quitte pas ses hanches.
Je prends une grande inspiration et me force à regarder ailleurs, moi-aussi. Lys a raison, Danny ne viendra jamais me chercher si je ne l'embête pas. Après tout, la dernière fois, je lui ai passé le flambeau, n'est-ce pas ? Je lui ai donné ce qu'il voulait, je l'ai appelé alors qu'Eden n'allait pas bien, et je l'ai laissé prendre soin de lui pendant que j'encaissais de mon côté. Depuis, j'ai agi dans son dos, je le lui ai repris, j'ai posé mes mains là où se sont posées les siennes. Mais comment savoir si c'est ce qu'Eden voulait ? Nous avons jouer les voleurs, derrière des rideaux baissés, nous nous sommes embrassés, tendrement et passionnément, ignorant le monde autour de nous qui continuait sa course. Nous n'avons jamais parlé de ces deux êtres qui gravitent autour de nous, et maintenant que je les vois, là, tous les deux, face à moi, je n'arrive pas à savoir ce que pense Eden. A-t-il besoin de moi, ou de Danny ?
Je me dirige vers la cuisine. Je sais que me soûler n'est pas la solution, mais j'ai bien besoin d'un verre. Sans surprise, je trouve Anton le nez dans le frigo. Lys est allée rejoindre Joly, que Shelly a décidé d'accaparer, pour une raison que j'ignore. Mais en regardant autour de moi, je remarque que les gens qui sont là sont avant tout des amis d'Anton, nous ne sommes qu'une petite vingtaine en tout, et peut-être que Shelly ne connaît pas plus de monde que moi.
Je donne une tape sur les fesses d'Anton qui dépassent du frigo, et je l'entends grogner d'une façon peu catholique avant qu'il ne jette un regard derrière son épaule et prenne conscience que ce n'est que moi.
- Désolé, ce n'est pas ta petite amie cachée officielle... souris-je.
Anton sort du frigo et le referme d'un coup de hanche, les bras chargés d'assiettes sur lesquelles trônent petites tartines en triangle.
- Chut... me sermonne-t-il.
- Eden est loin.
Anton regarde par dessus mon épaule, et je sais qu'il cherche Eden des yeux, et le trouve, sûrement à la même place, puisque son visage s'assombrit légèrement.
- Je me suis occupé des invitations, m'explique Anton, mais pas toutes, certaines sont le fruit de ta copine.
Il appuie sur le mot « copine » avec un petit air narquois, mais je laisse couler.
- Elle a insisté pour que tous ceux du Nouvel An soient là, et elle m'a laissé gérer le reste. J'ai invité que des gens sympas, je te promets. Elle voulait qu'on soit beaucoup.
Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres et je m'accoude au comptoir, laissant Anton poser ses assiettes sur le plan de travail.
- S'il n'y avait eu que vous, ça m'allait aussi... soufflé-je.
Anton coule un regard entendu dans ma direction avant de placer les tartines sur des plats plus grands.
- Elle avait envie de marquer le coup.
Je hoche la tête. Anton attrape une tartine et me la tend, mais quand je veux m'en emparer, il me fait signe d'ouvrir la bouche. Je lève les yeux au ciel en reculant.
- C'est du chèvre, m'informe-t-il.
Je ne peux m'empêcher de rigoler.
- Je comprends mieux pourquoi tu m'as demandé quel était mon plat préféré.
J'ouvre la bouche sous son regard insistant, et il fourre la tartine dedans sans aucune délicatesse.
- Tout ce que tu vas manger ce soir est au chèvre, continue Anton. Sauf le gâteau, parce que ça aurait été franchement dégueu...
Je mâche en fermant les yeux. Je ne sais pas d'où vient ce fromage de chèvre, mais c'est le meilleur que j'ai mangé de toute ma vie. Anton est vraiment un cordon bleu, même pour faire des tartines.
- Sur lesquelles tu as craché, histoire que je sache lesquelles éviter ?
Anton se retient de sourire avant de brandir son plateau sous mes yeux, bien garni, m'invitant à me servir.
- Aucun, je les ai tous préparés avec amour.
Je souris, ne sachant pas quoi répondre, parce que je lis dans les yeux d'Anton qu'il est on ne peut plus sérieux. Je prends deux tartines – les plus grosses – une dans chaque main, et je fais signe de trinquer. Un immense sourire barre le visage d'Anton, et il ramène le plateau vers lui.
- Tu m'excuseras, mon ami, mais je vais aller flirter en cachette avec ma copine officiellement secrète.
Il me fait un clin d'œil lourd de sens avant de s'en aller en fanfaronnant, prenant un autre plateau au passage, et se frayant un chemin agilement jusqu'au cœur de la pièce, où Joly, Shelly et Lys discutent.
Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la table haute qui sépare le salon et la cuisine. Les bouteilles vides s'entassent déjà, mais je parviens à en trouver une pleine de promesse. Il me faut chercher pendant plusieurs minutes avant de trouver un verre en plastique utilisable, et je me verse une grande rasade d'alcool, que je m'empresse aussi vite de boire. L'alcool brûle ma gorge et détend un peu mes muscles.
Une musique rythmée au son des guitares électriques résonne dans l'appartement, et en observant les visages devant moi, je croise les yeux de Shelly posés sur moi. Elle me sourit, et je lui souris en retour, espérant vraiment que d'où elle est, elle ne remarque pas que je grimace.
Je passe une main dans mes cheveux et les ramène sur mon front, comme s'ils pouvaient cacher la direction nouvelle que prend mon regard. Vers la fenêtre qui donne sur le balcon. Mais elle est ouverte, et personne ne se tient devant. Par contre, la silhouette que je discerne à l'extérieur m'est tout aussi familière.
Jonas.
J'aimerais que l'alcool dans mon sang me donne du courage, mais mes pieds restent bloqués au sol, malgré le verre que je viens de boire. Je comprends que ce courage, je dois aller le puiser ailleurs. Mes doigts agrippent le bord de la table, alors, que, d'une main, je ressers mon verre posé sur le bois. Je regarde le vin rouge couler jusqu'au bord, jusqu'à la limite. Une petite voix dans ma tête me dit que c'est le bon moment, que Jonas est seul sur le balcon, et que, peut-être, il va bientôt le quitter, et alors, il n'y aura plus de bon moment. Mes doigts encerclent le bord de mon verre, mais je finis par l'abandonner là, plein.
Je traverse la foule de personnes entassées dans le salon en gardant les yeux baissés, jusqu'à atteindre la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Dès que je pose un pied à l'extérieur, le froid s'engouffre dans ma chemise, et je suis bien content que mon précédent verre ait au moins servi à quelque chose si ce n'est me donner du courage, mais me réchauffer un peu.
Jonas me voit arriver, les coudes posés sur la rambarde, les yeux rivés sur les toits de Paris. Il ne se tourne cependant pas vers moi et me laisse me placer à côté de lui, dans la même position, sans un mot. J'observe le ciel noir contraster avec les lumières de la ville, le son des rues et de la musique dans mon dos. Je finis par baisser la tête, mon visage caché derrière mes cheveux, et j'expire longuement, le cœur battant à mille à l'heure.
Ça ne devrait pas être aussi difficile de parler à son meilleur ami. Mais alors que je fais ce constat, je me demande depuis combien de temps nous ne parlons plus vraiment, tous les deux. Depuis que je lui ai présenté Lys ? Depuis que j'ai quitté ma famille ? Ou depuis bien plus longtemps encore ? Depuis cette fameuse soirée, une autre nuit, un autre anniversaire ?
- Salut, finis-je par dire.
Ma voix est loin d'être aussi assurée que je ne l'aurais voulu, mais il est trop tard pour faire machine arrière.
- Salut, répond-t-il simplement.
Mes doigts s'agrippent à la rambarde gelée, et mon regard se fixe sur la rue au bas de l'immeuble. Des voix enraillées reprennent en cœur la chanson qui passe dans la chaîne stéréo dernier de cri d'Anton, dont le son est si fort qu'il en fait trembler les murs et le sol. Je ne sais pas comment font les voisins pour supporter, mais ça doit faire déjà plusieurs dizaine de minutes que je suis là et personne ne semble vouloir venir se plaindre.
- Merci d'être venu.
- Normal, t'es mon pote.
Son pote. Pas son meilleur ami. De la buée s'extirpe d'entre mes lèvres alors que je laisse sortir tout l'air qui bloque mes poumons.
- Ça n'a pas été trop dur, d'accepter l'invitation de ma copine que tu détestes ?
Je le regarde du coin de l'œil, ne voulant pas manquer sa réaction à ma pique. Mais Jonas, qui a décidé de s'habiller entièrement en violet, dans un smoking impeccable, avec ses cheveux blonds qui commencent à être assez longs pour boucler au dessus de ses oreilles, et sa barbe de trois jours, se contente de hocher plusieurs fois la tête en se pinçant les lèvres.
- Ce n'est pas ta copine que je déteste, c'est ton couple... souffle-t-il. Mais on pourrait faire comme si de rien n'était ?
Il se tourne finalement vers moi, et je croise alors ses yeux d'un bleu calme, brillants et provocateurs à la fois. Faire comme si de rien n'était, c'est à dire ? Revenir à ce temps où nous ne nous disions plus rien, avant que je ne sache ce qu'il pense de mon couple, ou continuer à agir comme si notre amitié n'existait plus, ni sa force, ni sa confiance ?
C'est hors de question. Aucune de ces solutions ne me va.
Mon corps se contracte et se tourne vers lui en un même mouvement. Mes mains quittent la rambarde glaciale et forment deux poings contre mes cuisses. Je cherche en moi l'oxygène nécessaire pour parler sans m'écrouler, mais l'air, comme les mots, ont du mal à se frayer un chemin jusqu'à ma gorge.
Mais ils y parviennent finalement, décousus, mais prononcés :
- Jonas, je suis... Je... J'aime un garçon, dis-je finalement. Je ne sais pas si ça veut dire que j'aime tous les garçons, ou seulement celui-là en particulier, mais...
J'ai fermé les yeux, fortement. Je ne sais pas si j'arriverai à affronter son regard. Je l'ai avoué à Lys, mais notre amitié n'est pas aussi vieille que celle que je partage – partageais ? – avec Jonas. Anton l'a su par un concours de circonstance, mais il était plus facile de le savoir au courant, puisqu'il acceptait déjà Eden. Jonas et moi n'avons jamais parlé de ça, de l'orientation sexuelle des uns et des autres, comme si ça ne nous regardait pas – et dans le fond, c'est le cas – mais je n'ai jamais su son opinion sur le sujet.
- Je sais.
Deux mots qui sifflent l'air à mes oreilles. Mon corps s'écroule avant même que je n'en comprenne le sens et il cogne contre la rambarde. J'y laisse aller tout mon poids et ouvre enfin les yeux. Jonas me regarde, et je ne lis plus aucune provocation dans son regard, juste... du soulagement.
- Je vous ai vus, il y a deux ans.
L'air vient à me manquer, je porte une main fébrile à mon cœur qui bat bien trop fort contre ma poitrine.
- Qu... quoi ? parvins-je à articuler.
- Le soir de l'anniversaire d'Anton, quand tu es allé dans le jardin avec Eden, j'étais à la fenêtre de sa chambre, avec... Zut, je ne me souviens plus de son prénom, peut-être Alice ? Ou Sophie ?
- Jonas...
- Oui, pardon, ça n'a plus d'importance de toute façon, maintenant, reprit-il après un mouvement évasif de la main. J'étais à la fenêtre, et je vous ai vus vous embrasser.
Je cache mon visage derrière mes mains, mes joues me brûlent si fortement que j'ai presque envie de les coller à la rambarde.
- Je t'ai aussi vu t'enfuir la queue entre les jambes, sort-il soudainement en s'esclaffant.
Je me redresse légèrement, et doucement, j'attends que le rouge quitte mes joues. Je n'arrive pas à y croire. Pendant tout ce temps, j'ai cru que ce baiser ne persistait que dans nos mémoires, à Eden et moi, avec ses problèmes, ses causes, ses conséquences. Mais cela allait plus loin que ça, il n'a pas changé qu'Eden et moi, notre relation, il a aussi changé celle que je partageais avec Jonas.
- Mais... Mais pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
Jonas coule un regard moralisateur sur moi, avant de croiser les bras et d'expirer longuement. Il lève les yeux vers la ville et son visage s'assombrit.
- Je voulais que tu m'en parles de toi-même.
Je lève les yeux vers lui, le cœur battant.
- Mais tu ne l'as jamais fait, conclut-il. Jusqu'à aujourd'hui.
Je comprends alors pourquoi, lorsque nous nous sommes disputés, ce jour-là, il a été aussi évasif sur la raison pour laquelle il m'en voulait. Pourquoi il me demandait si je n'avais pas quelque chose à lui. Il essayait de me tendre la perche, sans me le demander directement. Mais je ne l'ai pas fait.
- Je t'ai déçu...
Jonas secoue la tête.
- J'ai juste cru... J'ai juste cru que tu ne m'estimais pas assez pour me le dire.
Mon cœur se serre. Je quitte la rambarde dans mon dos et je m'approche de lui. Je sais que pendant deux ans, je n'ai pas osé avouer ce que je ressens à mon meilleur ami par peur de sa réaction, ou qu'il se méprenne sur les tenants de notre amitié, mais alors que je l'attire contre moi et enfouis ma tête entre ses épaules, je n'ai pas peur.
- J'ai été lâche, j'avais juste peur que tu me rejettes...
Je sens les larmes monter jusqu'à mes yeux, mais ce sont les sanglots de Jonas que je perçois en premier, alors qu'il serre ses bras autour de mon corps comme un étau.
- T'es mon meilleur ami, Solly, jamais je te laisserai tomber. T'es comme un frère.
Nous pleurnichons dans les bras l'un de l'autre pendant un long moment, énonçant encore de nombreuses excuses, et explications sur nos comportements. Dire ce qu'on a sur le cœur, ça peut vraiment vous libérer. Nos paroles s'emmêlent et montent dans la nuit, elles ne pèsent plus sur nous, notre relation, notre lien, notre amitié. Quand Jonas commence à énumérer tout ce que je représente pour lui – je suis comme les bulles de son coca-cola, ou les lacets de sa chaussure, ou bien encore la batterie de son téléphone – nous éclatons de rire en reculant.
Ses yeux sont aussi rouges que les miens, mais les traces des larmes n'ont laissé aucune marque sur nos joues. Elles étaient trop pures pour ça.
Je l'observe, avec un mélange de soulagement et de joie, fouiller dans la poche de son pantalon de smoking, pour en sortir un petit objet emballé maladroitement dans du papier cadeau.
- Joyeux anniversaire !
Je suis à deux doigts de fondre de nouveau en larmes. Il me tend le petit paquet, qui tient dans le creux de ma paume.
- On a un cadeau commun, mais je ne pouvais pas ne pas t'offrir quelque chose de plus personnel.
Son sourire illumine son visage et je le remercie avant même d'ouvrir le paquet. C'est sans aucun doute un magnet pour mon frigo, mais tenir ce si petit objet dans mes mains rempli mon cœur de bonheur. Je me si rassuré maintenant que les choses se sont éclaircies entre nous. Quelques heures auparavant, je ne m'en serais jamais cru capable, et pourtant, je viens de dire mon plus grand secret à mon meilleur ami, à cette personne que j'ai redouté faire fuir pendant toutes ces années, et je me sens prêt à affronter des montagnes.
Je déchire le papier entre mes doigts, mais Jonas s'éclaircit la gorge avant de demander timidement :
- Alors, toi et Eden, vous en êtes où ?
Mes gestes cessent le temps d'une seconde, le temps de laisser mon cœur recommencer sa course. Je déplie plus soigneusement le papier cadeau, tout en haussant une épaule.
- C'est compliqué.
- J'imagine.
Je marque une pause, juste avant d'enlever complètement le papier cadeau de ce qu'il cache, et je lève le nez vers Jonas, pour le découvrir en train de m'observer avec intérêt et attendrissement.
- On... on est proche, si c'est ce que tu veux savoir... tenté-je avec désinvolture.
- Ça se voit... souligne Jonas.
Devant mon air déconfis, il s'empresse d'ajouter :
- Parce que je te connais par cœur, et que je me doutais qu'il y avait quelque chose entre vous.
Mes doigts caressent distraitement le paquet dans ma main, et je laisse l'air emplir mes poumons jusqu'à la garde, puis tout laisser file jusqu'à ce qu'ils soient entièrement vides.
- Écoute, Solly, je ne te dirai pas ce que tu dois faire, mais est-ce qu'il le sait, au moins ?
- Est-ce qu'il sait quoi ?
- Que tu l'aimes.
Je baisse le menton et frotte ma joue contre mon épaule haussée. J'ouvre finalement le cadeau que m'a offert Jonas pour tomber sans surprise sur un magnet, et sa face polie par l'aimant. Je le retourne et ne peut m'empêcher de sourire. Rectangulaire, une photo de Jonas et moi, enlacés pour un selfie, est imprimée dessus, et en bas à droite, en lettres rouges « BBF pour toujours ».
- C'est tellement niais... fis-je remarquer.
Jonas pose sa main sur mon épaule et éclate d'un rire franc.
- Je l'adore, me contenté-je d'ajouter.
Jonas me donne une petite claque sur la joue, et pendant un moment, nous nous contentons de nous regarder dans les yeux, des yeux toujours brillants et rouges.
- Les gars !
Nous sursautons tous les deux, et nous écartons chacun d'un pas en arrière, mal à l'aise. Lys s'avance sur le petit balcon, et son regard passe de Jonas à moi, avant de revenir sur Jonas. Alors que leurs regards se croisent, un petit sourire fier apparaît sur les lèvres de mon amie, et elle croise les bras sur sa poitrine.
- Ça caille, ici...
Je range avec précaution le magnet dans la poche de mon jean, et alors que le jeu de regard entre Lys et Jonas continue, je me sens presque de trop. Je me racle la gorge en passant ma main gelée dans ma nuque, ce lui a le don de commencer à me faire trembler.
- Alors, vous avez réglé vos comptes ? demande Lys avec innocence.
Jonas et moi haussons des épaules en cœur, et Lys se contente de pouffer de rire.
- J'ai beaucoup trop froid, je vais retourner à l'intérieur, leur dis-je.
Lysa un petit sourire mystérieux tout en se tournant vers moi, Jonas juste derrière elle.
- On va bientôt amener le gâteau, alors ne t'éloigne pas trop ! m'informe-t-elle.
- Super ! minaudé-je.
Je plisse les yeux en les observant, et je leur tourne le dos pour retourner à l'intérieur. Une fois passé la porte-fenêtre, je glisse un regard par dessus mon épaule, et je vois Jonas, une main posée dans le bas du dos de la jeune fille, lui dire quelque à l'oreille. Elle garde ses bras croisés contre elle, mais sourit, détendue et apaisée. Quelque chose, dans mon esprit, me souffle que je ne devrais pas les épier de cette façon, comme si ce moment faisait partie de leur intimité, rien qu'à eux, alors, les joues en feu, je me détourne.
L'état du salon n'a pas vraiment changé, depuis mon passage sur le balcon avec Jonas. Anton est assis dans le canapé, son smoking blanc ouvert négligemment sur sa chemise où quelques boutons ont déjà sauté. Joly, habillée tout en jaune , des collants, à la jupe courte et au t-shirt qu'elle porte, se tient sur l'accoudoir du canapé, à quelques centimètres à peine d'Anton. Je n'arrive pas à savoir si elle ressemble à un tournesol vivant ou un soleil éclatant, ou encore un poussin géant. Henrik est assis sur la table basse et semble leur raconter la plus grande aventure de sa vie. En tournant la tête, je remarque Danny qui discute avec des amis d'Anton, dans la cuisine, un cigarette coincée à son oreille, et un verre presque vide dans les mains. Aucune trace d'Eden.
Mon cœur léger se serre à cette constatation. Mais je n'ai pas le temps d'y penser plus que Shelly me tombe dessus :
- Allez, viens souffler les bougies et ouvrir ton cadeau !!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top