9. Fin
***Premièrement, je tiens à m'excuser à ceux qui lisaient cette histoire pour du Shikasaku. Je n'en inclurais pas parce que ça ne colle pas avec ce que je veux écrire au final. J'en avais écrit, mais ça semblait hors contexte. Alors, désolée. Aussi mention d'abus sexuel et de violence dans ce chapite.***
Mes cris de désespoir n'atteignirent jamais d'autres oreilles que les miennes, car ces hurlements résidaient seulement dans ma tête et dans les sifflements du vent alors que l'air vibrait. Des particules lumineuses dansaient devant mes yeux. Elles s'agitaient aux mouvements de mon corps massacrant la chair à portée de vue. Des molécules qui se collèrent à ma figure lorsque mon poing détruit le dernier crâne de mes ennemis. Une chaleur m'étreignit et une lumière me rappelant celle de mon rêve aveugla les alentours. Deux visages se dessinèrent dans cette surbrillance. Deux faces que je ne connaissais que trop bien. Une au menton pointu et aux prunelles arrogantes et une autre, aux joues décorées de moustaches et aux orbes bleutées chaleureuses. Une personne que j'avais adulée et son inverse, une personne que j'avais maltraitée. Leurs reflets se superposèrent à deux visages de garçon, un possédant le Sharingan. Les quatre paires d'yeux s'écarquillèrent alors qu'un rire ne m'appartenant pas s'échappa de ma bouche, un esclaffement velouté. Deux voix retentirent pendant que cette présence étrangère me quitta.
«Serrulata...»
Cette aura qui m'avait habitée me laissa seule avec une infinie fatigue. Mon énergie était passée à la trappe. Aucune pensée ne virevoltait dans mon esprit contrairement à quelques instants plus tôt. Je voulais juste m'allonger au milieu des cadavres et laisser la mort caresser ma joue d'un geste réconfortant. Seulement la voix inquiète de Genma vrilla mes tympans. Je vérifiai que c'était bien lui avant de le rejoindre. Du sang colorait mes cheveux et de la poussière formait un mélange sur mon corps avec le liquide carmin. Rangeant mon épée dans son fourreau, des éclats dorés nageant au milieu du vert de mes prunelles attirèrent mon attention sur le reflet métallique. Des fragments qui durcissaient mon regard neutre. Un rire bas froid résonna au loin, mais je sus que j'étais la seule à l'entendre. Ce bruit en fond, j'allais rejoindre mon coéquipier.
Mon coeur lourd battait fortement dans mon torse tandis que mes pieds flottaient sur les toits de Konoha. Mes lèvres étaient déjà prêtes pour la nouvelle que j'apportais à l'Hokage. Dès que j'arrivai à destination, le silence se fit dans le bureau où Shizune, Tsunade et Shikaku discutaient. Mon genou droit s'appuya sur le sol afin que je m'agenouillai. Ma tête se baissa en submission alors que les mots répétés dans mon esprit sortirent de ma bouche.
-Comment se fait-il que tu n'aies pas détecté ces ninjas, Sakura ? me questionna froidement Tsunade.
-Je ne sais pas, Hokage-sama.
Elle regarda à travers la fenêtre, me tournant le dos. Sa posture était trop droite pour annoncer quelque chose de bon. Pour la première fois, je voyais la dûreté que les guerres lui avaient procuré. Pour la première fois, je n'avais plus affaire à l'Hokage compatissante, mais à la vétérante stratégique où l'erreur n'était pas une option.
-Tu as conscience qu'à cause de ton manque de vigilance un tiers de la population civile est morte, n'est-ce pas ?
-Oui.
Un silence pesant régnait. Shikaku avait fixé ses prunelles au loin, Shizune n'osait pas me regarder dans les yeux et Tsunade serrait ses poings toujours en me faisant dos. Un Hyuga pénétra dans cette atmosphère de tension en rapportant une nouvelle qui ne fit qu'augmenter ce climat.
-Hanabi Hyuga a été kidnappée par les forces ennemies, Hokage-sama. Hiashi est déjà en route pour la récupérer, mais le clan juge qu'il...
-Envoyez des vôtres pour la récupérer, mais évitez au maximum les batailles. Lapin-san s'en occupera.
La voix de ma mentore était rigide, le ninja n'argumenta pas. Il ne me fit qu'un signe. Je me levai en gardant le menton haut. Personne dans la pièce, à part le Hyuga, n'osait me regarder, car ils savaient tous que cet ordre signait mon arrêt de mort. En temps de guerre, personne ne pouvait se permettre un maillon faible.
Environ deux centaines de ninjas de Kumo me faisaient face. Quelques-uns tentèrent de poursuivre le père d'Hinata qui avait retrouvé sa deuxième fille, mais je lançai des senbons empoisonnés qui les firent tomber raides morts. Sans plus attendre, des armes toxiques filaient vers le groupe. Certains disparurent derrière les portes de leur village afin d'aller avertir le Raikage. Je souris alors que la bataille commença réellement. Je ne rentrerais jamais chez moi. Je ne reverrais jamais ce pour quoi je m'étais battue et ce pourquoi, je me battais encore. Un combat qui ne dura pas très longtemps. J'avais beau esquiver, je me prenais une épée électrifiée pour chaque coups évité. Rapidement, je m'écroulai sur mon dos. À travers les visages penchés sur moi, une main se tendit vers le mien pour retirer ma dernière attache à mon village. J'entendis le son de mon masque tomber à côté de moi tandis que mes yeux observèrent les plus beaux nuages que j'ai vue. Cette seule vision me rappela Shikamaru et j'espérai qu'il ait survécu à l'invasion. Une lame transperça mes flancs. La douleur se propagea dans mon système nerveux et automatiquement, je soignai au fur à mesure la blessure. Enfin, j'essayai. La personne s'amusait à agiter le couteau dans la plaie, littéralement. Un jeune homme aux cheveux blancs tenait l'arme. Mes prunelles pailletées se fixèrent dans ses propres yeux bruns. Une curiosité apparut dans ceux-ci. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de me poignarder une deuxième fois. Un rire familier résonna dans ma tête et je l'accompagnai dans les derniers moments de ma vie. Nos deux esclaffements se mélangèrent pour créer un son harmonieux. Des vibrations qui se propagèrent jusqu'aux oreilles du Raikage qui se dirigeait vers ma forme pitoyable.
Le parfum de l'humidité et de l'urine emplit mes narines. La froideur des pierres sous moi réveilla ma figure courbaturée. L'air frais me donnait la chair de poule alors que je remarquais que je n'avais sur moi qu'un short et un top de sport. Les points de suture sur mes bras et mes jambes avaient été retirés, mes cheveux nettoyés et mon dos désinfecté. J'étais en meilleur état que lors de mes derniers souvenirs. Une chose que je ne comprenais pas puisque les intentions de mes kidnappeurs n'étaient pas bienveillantes, se basant sur le fait que j'étais dans une cellule. Des pas discrets se firent entendre tandis que je tirais sur mes liens anti-chakra. Je renonçai en constatant que ça ne servait à rien. Je posai mon crâne sur le mur derrière moi. L'eau suante colla à ma tignasse. Je n'y portai pas attention. Pas quand un garçon de mon âge s'arrêta devant ma nouvelle habitation. Il avait une sucette dans la bouche, un bandeau noué autour du front et une épée au manche rouge et blanc.
-Je n'aurais jamais dû venir. Qu'est-ce que je vais dire à Darui maintenant ? Qu'est-ce que Karui va dire lorsqu'elle va réaliser que je suis venue sans elle ? Oh, elle va être en colère. Tellement qu'elle risque de me tuer avant que le Raikage ait pu posé une main sur mon pauvre petit corps d'enfant trop curieux. J'aurais dû écouter maman lorsqu'elle me disait que ma curiosité allait me tuer.
Ses incessants marmonnements furent interrompus par l'homme qui m'avait poignardée.
-Omoï, va rejoindre Karui.
Sa voix était lasse comme s'il n'attendait plus rien de ce monde. Il se tourna vers moi lorsque sa brebis égarée eut déguerpie.
-Quelle était ta position à Konoha ?
Son ton restait le même. Cependant, je savais ce qui m'attendait alors que je ne répondais pas. Il passa une main fatiguée sur son visage.
-Pourquoi l'Hokage t'a envoyée seule contre autant de troupes ennemies ?
Sa question resta suspendue dans l'air.
-Ton nom ?
Le silence rencontra ses paroles. Voyant que je n'étais pas réceptive, il disparut pour réapparaître avec une chaise et une personne cagoulée. Une mallette claquait sur les jambes de mon futur tortionnaire. Mes paupières se baissèrent tandis que la porte de ma cellule s'ouvrit. Les ouvertures de la valise clappèrent. Des pas sourds s'approchaient. Mes yeux papillonnèrent. Un sourire et une scie circulaire se mit à ronronner.
Des mains farfouillaient dans mes tissus biologiques, des doigts s'enfonçaient dans une coupure à la recherche de réponses, des membres étrangers se faufilaient entre mes cuisses, tentant de saisir la clé qui ouvrirait la boîte de Pandore, des illusions jouaient avec la réalité sans relâche. Des tourments qui ne me laissaient que muette avec des yeux vides.
Entre deux sessions, un blond venait soigner les plus graves de mes blessures. La première fois qu'il avait approché sa main près de mon entrejambe, j'avais tressailli. Je n'en avais plus la force maintenant. C'est à peine si je pouvais regarder le plafond. Observer ces dalles qui gouttaient sur moi à longueur de journée tandis que la notion du temps m'échappait.
Je ne pris conscience que le temps filait quand Omoï vint me porter à manger. Il avait grandi de plusieurs centimètres. Ses traits enfantins s'étaient effacés pour afficher des traits neutres. Une chose n'avait pas changé, le ninja avait toujours une sucette dans sa bouche. Il déposa mon plateau violemment et quitta. J'enfouis ma tête dans mes genoux. Cet idiot avait placé la nourriture hors de ma portée. Mon ventre gargouilla. Toutefois, ce devint le dernier de mes problèmes le moment où l'ombre de mon cauchemar apparut.
Lorsqu'on m'habilla de mon short et de mon top, je sus que quelque chose avait changé. On ne prenait plus la peine de me revêtir, je finissais toujours nue par la suite. Un homme pénétra ma cellule. Il s'agenouilla devant moi en jouant après mes menottes. Je continuai de fixer le vide. Ce n'était qu'un autre de leurs genjutsu. La liberté n'était plus une option. Mes chaînes tombèrent. Le ninja me tendit une main que j'ignorai. Devant mon refus, il me souleva de terre. Ça recommençait. D'un instant à l'autre, il allait me plaquer au mur. Un mouvement qu'il ne fit jamais. L'homme me mit sur son épaule comme un sac de patates et me traîna hors de cette pièce. Il monta des marches que je n'avais jamais vu, bifurqua dans des couloirs sombres avant d'enchaîner d'autres escaliers. Après une bonne vingtaine de minutes, j'aperçus de la lumière naturelle. Dès que nous allions nous en approcher, elle disparaîtrait, je le savais. Cependant, ce n'est pas ce qui arriva. Le soleil brûla mes rétines à la place. Une fois que mes yeux se furent accoutumés, j'analysai les rues vides. Soudain, tout devint flou. Je compris qu'on venait de faire un shunshin. Sans ménagement, il me laissa tomber sur un sol sec. Darui me fixait, s'attendant à ce que je me levais. Ce que je fis. Mon équilibre était bancal. Mes jambes tremblaient, peu habituées à supporter mon poids. Le ninja me parlait, mais j'étais absorbée par les nuages et le ciel bleu. Des phénomènes que je ne pensais jamais revoir. Au moins, dans leur illusion, ils m'avaient fait gracieuseté de ceci. Deux voix me sortirent de ma contemplation.
-Je préviendrai l'Hokage qu'elle est à Konoha, dit Kakashi.
-Parfait, répliqua Gaara.
Première erreur qui prouvait que j'étais bel et bien dans un genjutsu. L'Hokage m'avait envoyé vers une mort certaine, elle n'allait certainement pas me sauver. Tout à coup, des reflets bleutés se mirent à bouger à travers la foule. Je discernai un visage doux avec des yeux nacres. Hinata. Je savais que ce n'étais qu'un mirage. J'ignorai cette figure de mon passé tandis qu'on me télétransporta vers mon ancien village. J'atterris dans le cimetière. Je passai devant d'innombrables tombes. Ma certitude que tout était un genjutsu vacilla dû à la précision. Elle éclata lorsque le nom d'Aiko captura mon attention. La réalisation de ma liberté me donna le tournis. D'un pas chancelant, je me dirigeai vers chez moi. Comme le village de Kumo, les rues étaient vides. Cela me mit la puce à l'oreille que quelque chose d'inhabituel se préparait. Encore plus quand une vague de pouvoir malsaine provint de l'emplacement du clan des Uchiha. Sollicitant des muscles que je n'avais plus l'habitude d'utiliser, je courais vers l'endroit.
Silencieusement, je descendis dans cette cave. Les murs verdâtres recouverts d'enseignes d'Uchiha m'accompagnaient dans ce périple. Lorsque mon pied toucha le plancher, une lame se retrouva sous ma gorge. Je regardai, morne, Sasuke qui était le propriétaire de l'arme.
-Sakura...
D'un mouvement rapide, je me défis de la sensation du métal sur ma peau. Je m'avançai en faisant fi de mes membres tremblants. Je me retrouvai face à face avec les quatre précédents Hokage, Orochimaru, un grand garçon aux cheveux oranges, un garçon mince avec une tignasse argenté et une jeune fille avec des cheveux rouges. Des traces de morsure couvraient la peau exposée chez cette dernière. D'une certaine façon, cela nous faisait un point commun. Mes jambes, mes bras, mon ventre et mon dos étaient parcourues de cicatrices. Mon visage devenu anguleux à cause de la malnutrition portait un oeil au beurre noir et mes joues n'étaient qu'un seul hématome.
-Elle n'a pas l'air en forme, ta copine, Uchiha, hissa Tobirama.
Sasuke l'ignora.
-Si ce n'est pas la petite ninja que Tsunade a envoyé se battre seule contre les troupes de Kumo, siffla le Sannin.
Je me mis en garde au son de sa voix. Mes longs cheveux tapèrent dans mon dos alors que je positionnais mes pieds.
-Je dois te reconnaître que tu as survécu.
Le serpent éclata de rire.
-Sasuke, qui est cette fille ? cria quasiment la seule autre fille de la pièce.
-Sakura, mon ancienne coéquipière, répondit-il froidement.
-Pas que vos retrouvailles sont ennuyantes, mais l'Uchiha doit faire son choix, intervint sérieusement Tobirama.
-Tobi, laisse. C'est tellement émouvant !
Les questions fusaient dans ma tête. J'éclaircis ma gorge. Cependant, je ne pus rien en sortir. Récoltant du chakra, j'appliquai ma main sur ma trachée. Une lumière verte brilla tandis que je soignai mes cordes vocales.
-Pourquoi sont-ils là, Orochimaru ?
Mon ton était bas, désillusionné.
-Tutute, ma chère. Tu n'es pas en position de poser les questions.
Me déplaçant plus vite que ses yeux le pouvaient, je me tins devant le Shodai. Mon pouce était enduit de mon propre sang et traçait un sceau sur le front de celui-ci. Suspendant mon geste, j'élevai la voix.
-Oh vraiment ?
Sasuke et le jeune homme avec la grosse épée se précipitèrent vers moi.
-Un pas de plus et je le scelle, Sasuke-kun, je prononçai le dernier mot moqueusement.
-Je reprends, donc. Pourquoi sont-ils là ?
-Pour aider les cinq nations, répondit Sasuke.
Hashirama claqua dans ses mains.
-Parfait, allons-y, dit-il en me contournant.
-Aider les cinq nations à s'entretuer ?
-Non, idiote. Les aider à combattre Madara. C'est la quatrième grande guerre ninja. Tu vis dans une grotte ou quoi ?
Je dévisageai le garçon aux dents de requin.
-On peut dire ça.
-On devrait peut-être y aller maintenant, intervint Minato en se grattant la tête.
-C'est qui déjà ? murmura le plus vieux des Senju à son frère.
-Le quatrième, répondis-je.
Nous atterrîmes au milieu des corps après un jour de voyage. L'air empestait le sang. Des cris retentissaient. Je ne pouvais m'en foutre plus. Me penchant sur un des morts, je saisis son fourreau et son katana. J'observais les quatre puissantes figures s'éloigner, Orochimaru et sa bande minus Sasuke battre en retraite et ce dernier se diriger vers l'attroupement des Konoha 12. J'enfilai le fourreau sur mon dos et le suivis.
-Et après, je deviendrai Hokage, entendis-je Sasuke annoncer.
J'éclatai de rire en me postant à côté de lui.
-Et moi, je vais devenir Raikage, me moquais-je.
Il me jeta un regard noir tandis que des bras entourèrent mes épaules. Une certaine panique m'envahit. J'étais supposée être libre, plus dans ce trou. Avais-je espéré alors que mon calvaire n'avait jamais eu de fin ? Ses mains dans mon dos allaient-elles descendre plus bas dans le malsain but de me détruire ? Je me raidis. J'étais encore tombée dans le piège. Comment avais-je pu laisser une telle chose arriver ?
-Lâche-la, retentit la voix stricte de Shikamaru.
-Pourquoi ? questionna Naruto avec indignité tout en me débarrassant de la sensation d'inconfort.
-Laisse-tomber. Évite juste de la toucher, répliqua t-il avec une once d'irritation.
Adressant un hochement de tête reconnaissant au Nara, j'analysais la situation. Une balle d'énergie pure se formait de la bouche d'une créature ignoble. Le pouvoir radiait du monstre semblable à celui d'un bijuu. Pendant que je continuais mon bilan, la voix de mon équipier blond monta.
-Allons botter le cul à ce jubi !
Akamaru aboya en contentement. Sur ce signe, Naruto et Sasuke me dépassèrent à la course. Ne jetant pas un regard en arrière, je me lançai à leurs trousses.
Madara en biju mode nous menait par le bout du nez depuis de longues minutes déjà. Je sentais la frustration grandir en moi. Une frustration pas seulement dirigée envers l'Uchiha, mais envers ces paroles qui avaient du sens. Une frustration contre le système ninja, une frustration contre tout ce bordel qui ne devrait même pas exister. Une frustration contre cette fausse paix où je n'étais qu'un dommage collatéral. Une frustration envers la naïveté de Naruto. Une frustration envers l'égoïsme de Sasuke. Une frustration envers l'hypocrisie de Kakashi. Pourtant, la plus grande partie de ma colère était dirigée envers moi. Une frustration d'encore ne pas être à la hauteur. D'un mouvement enfantin, je frappai du pied le sol. La terre se fissura et le tonnerre gronda. Je ne le remarquai pas. J'étais frustrée d'avoir montré des signes de faiblesse en plein champs de bataille. J'étais enragée envers moi-même pour avoir laisser toutes ces personnes mourir et j'étais enragée de ne pas réussir à contrôler mes sentiments encore en ce moment. Le vent se leva. J'étais frustrée envers cette partie de moi-même qui se nourrissait de ma douleur pour mûrir. Une pluie commença à tomber. Et au plus profond de moi, j'étais en colère de vivre alors que d'autres ne pouvaient plus. Des gens qui méritaient cent fois plus que moi de vivre. Une rage qui se transforma en désespoir lorsque mes deux coéquipiers furent transpercés par des bâtons noirs. C'est peut-être ce désespoir qui me poussa à libérer toute la rage accumulée. Ou peut-être était-ce cette voix colérique qui me disait de tout détruire pour les protéger, car c'est ce que je fis. La terre sous nos pieds explosa, le tonnerre s'abattit sur ce terrain ravagé, le feu serpentait vers ses prochaines victimes, le vent emportait le souffle des morts et la pluie lavait ces âmes noircies. L'enfer se déchaînait et je me tenais au milieu des bras de Satan.
Quand le chaos se calma, seuls Sasuke et Naruto se tenaient debout. Madara gisait inconscient. Ce qui était le cas pour tous ceux nous entourant. Les deux garçons me fixaient avec des yeux interrogateurs. Leurs regards furent vite détournés à chacune de nos mains droites respectives. Un soleil brillait sur celle de Naruto, un croissant de lune teintait la peau de Sasuke et la mienne était gravée d'un croissant de lune entourant un soleil. Tout d'un coup, la lumière de nos paumes nous aveugla. Ce n'est qu'au moment où on rouvrit les yeux que nous remarquâmes que le paysage avait changé. Une maison de style japonais entouré d'un jardin fleuri nous faisait face. Les rayons du soleil berçait cette paisible atmosphère. Au milieu de ce tableau, trois enfants jouaient. Le plus vieux aux longs cheveux bruns tentait bien que mal de se séparer de l'emprise des deux autres, la fillette aux cheveux bleus geignait et le plus jeune essayait tant bien que mal d'attirer l'attention de la fille.
-Indra, apprends-moi ! Papa a dit qu'en tant que l'aîné, tu devais nous apprendre, se plaignait sa soeur.
-Serrulata, laisse-moi tranquille. Je t'enseignerai quand je reviendrais.
La dénommé Serrulata bouda tandis que son frère ne tarda pas à disparaître.
-Je peux te montrer moi, soeurette. Tu verras, un jour, je serais plus fort que ce rabat-joie ! cria le dernier de la fratrie.
Sa soeur le regarda sceptique avant de sourire.
-Mais bien sûr, Ashura.
Elle le poussa gentiment en s'époussetant.
L'image changea pour afficher une nuit noire. Les paroles d'un homme mourant résonnaient.
-Tu dois prendre soin d'eux, Serrulata. Ils auront besoin de ton pouvoir pour leur faire voir de nouveaux chemins.
-Oui, papa, répondit la voix d'une jeune fille de pas plus de 12 ans.
Le paysage se transforma encore. La silhouette de la soeur d'environ 14 ans lavait la vaisselle. La noirceur était de mise et les ronflements d'un de ses frères brisaient le silence de la nuit. Des cernes étaient visibles sous ses yeux fatigués, mais cela ne les empêcha pas de briller d'exaspération quand Indra entra dans la maison.
-C'est bon de savoir que tu te rappelles encore de qui on est.
-Hn.
Irritée par son comportement, elle claqua ses mains sur le comptoir.
-On était inquiet pour toi. Où étais-tu ?
Sa voix contenait difficilement sa colère.
-Je ne vous ai jamais demandé de vous inquiéter. C'était votre choix.
Elle rigola sèchement.
-Excuse-nous de nous inquiéter pour notre frère, messire.
-Hn. Sinon, où en sont tes préparatifs pour le mariage ?
Elle soupira.
-Au point mort. Je ne me marierai pas. La vie de femme à la maison n'est pas faite pour moi. J'ai réussi à convaincre Ashura de me laisser être une ninja, d'ailleurs.
Un rare sourire épousa ses lèvres. Ce qui fut le contraire de la réaction d'Indra qui relâcha une vague de chakra menaçante. Leur frère en fut réveillé.
-Oh, Indra, c'est gentil de passer...
Ashura fut coupé par un coup de poing dans le ventre de son frère. Le plus jeune répliqua avec une boule bleue. Cette dernière ne toucha jamais son destinataire. Les deux garçons s'agitaient contre des forces invisibles dans les airs. Leur soeur les regardait, accotée sur le comptoir avec les bras croisés. Ses yeux lançaient des éclairs, mais au fond, elle était effrayée. Ces disputes arrivaient de plus en plus fréquemment. Que se passerait-il le jour où elle ne serait pas là pour les séparer ?
Pour la dernière fois, l'arrière-plan changea. Deux figures au sol. Deux flaques de sang les entourait. Un cri déchirant traversa l'air alors que la version âgée de 17 ans de la fillette courait vers ce qui était probablement ses deux frères. Des larmes coulaient sur ses joues et sa bouche répétait en boucle le mot non. Elle prit les deux corps pour les serrer dans ses bras avant de les redéposer gentiment. Soudain, sous nos yeux de spectateur, son visage changea du tout au tout. Il n'y a avait plus de tristesse dans ses yeux. Il n'y avait qu'une colère envers ce monde. Elle se leva. Le sol craqua sous ses pieds. De l'énergie scintillantes tourbillonnait autour de sa silhouette. Ses prunelles se fixèrent dans les miennes et j'y vis le miroir des miennes. Des orbes vertes pailletées de doré à la froideur immensurable. Dans celles-ci, j'y lus la même soif de destruction qui m'avait habitée et je compris qu'elle m'avait maudite. Maudite à protéger les réincarnations de ses deux frères parce que j'étais la sienne. Une réincarnation d'une sœur désespérée dont le seul but n'avait jamais atteint. Je sus que si j'échouais, nous ne laisserions rien de ce cruel univers. Elle s'avança vers moi et me tapa le front de deux doigts. Un simple contact qui me transmit son pouvoir. Une ultime fois, ses prunelles s'adoucirent. Cette vision m'accompagnait au moment où nous revînmes à notre époque.
Une transmission qui avait eu lieu aussi chez mes coéquipiers. Tous les trois, nous émanions d'un pouvoir inconnu et familier. Nos corps rayonnants se dirigèrent vers l'ennemi commun, chacun en paix temporaire avec les autres jusqu'à la fin du combat.
J'observai avec fascination Zestu noir poignarder Madara afin de ramener sa mère à la vie. Une chance qu'il avait saisi dès le moment où nous avions été absorbés par le passé. La terre trembla. Une colonne de chakra surgit devant moi. Je l'évitai. L'énergie se dirigea vers Madara. Il absorbait le chakra. Une essence que son corps ne pouvait supporter puisqu'il débuta à se difformer. Nous nous élançâmes pour arrêter le phénomène, mais les cheveux de Madara nous emprisonnèrent. Le concerné continua de grossir jusqu'à ce qu'il explosa pour ne laisser qu'une femme flotter dans les airs. Ses Byuakugan s'ouvrirent pour nous fixer. La même dureté que dans le regard de Serrulata y vivait, une autre âme trahie par la vie. Elle vola jusqu'à mes coéquipiers. D'un geste affectueux, la déesse caressa leurs joues.
-Votre détermination me rappelle mes fils, prononça t-elle doucement.
Elle se déplaça, ensuite, vers moi. Face à face, je vis les larmes couler librement. Tendrement, la femme posa son front contre le mien. Ses perles d'eau humidifièrent mes fossettes. Je pleurais sa propre douleur sans qu'aucune larme ne me vienne.
-Mais toi, tu me rappelles moi.
Son souffle glacé heurta mon menton. Malgré son lien avec Zetsu, je ne ressentais aucun danger de sa part. Je ne sentais qu'une fatigue de sa part. Un éreintement que je pouvais soulager, une torture qu'elle me demandait d'arrêter. Je posai ma main tatouée sur sa joue. Le motif se mit à me brûler alors qu'il se gravait dans la chair de la déesse.
-C'est fini.
-Kaguya.
-C'est fini, Kaguya.
Elle se désintégra en cendres que le vent emporta. Les restes d'une vieille femme en ayant trop vu, en ayant trop endossé. Une situation que Madara avait essayé de régler, mais il n'y avait pas de solution pour la paix. Ce concept n'existerait jamais qu'on l'accepta ou non. Il ne pouvait y avoir que des moments plus calmes avant que la tempête ne frappa à nouveau. J'observai le ciel lumineux. Oui, la tempête reviendrait toujours. Il fallait juste savoir se trouver dans l'oeil de la tornade.
Je détaillai la marque sur ma paume et je compris pourquoi, contrairement aux garçons, elle ne disparaissait pas.
-Ne fais pas la même erreur que moi. N'essaie pas de devenir forte pour les surpasser, fais-le pour les protéger, résonna la voix de Serrulata.
Je regardai une dernière fois ma paume et murmurai:
«Pour ne jamais oublier.»
FIN
*** Voilà, c'est fini. Merci beaucoup si vous avez lu cette histoire. Sur ce, bonne journée.***
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top