8.Hurlement

Des cris effrayés emplissaient l'air, une odeur métallique régnait dans l'air, mais plus que tout une lumière brûlait mes yeux. Une lueur coruscante ressemblant au soleil à la seule différence que celle-ci était rouge comme le sang décorant les terres en contrebas. Mes doigts d'enfant de huit ans tremblaient alors qu'ils s'approchèrent de ce phénomène divin et au moment où mon majeur caressa du bout cette chose, je me réveillai. Les hurlements s'étaient tus pour être remplacés par le monotone bruit de pas lointain. La senteur s'était dissipée pour ne laisser qu'un parfum de mort derrière elle. Toutefois, l'éclairage continuait d'irriter ma rétine. Malgré mon envie de les refermer, je me forçai à inspecter ce drap sur lequel on m'avait négligemment posée. Du sang séché tachait le tissu blanc et une douleur résidait dans mon dos. Ignorant les protestes de mon corps, je me relevai pour analyser la situation. D'autres couchettes comme la mienne avaient été installées tout le long du couloir de l'hôpital afin d'économiser chaque mètre carré. Des personnes ou plutôt des cadavres si je me fiais aux draps tirés sur leurs visages étaient mes seuls voisins. Je réalisai rapidement que j'étais probablement la seule en vie à travers ce cimetière. Également que je n'avais rien à faire ici.

Mes pieds nus, car on m'avait enlevé mes sandales pour les fournir à ceux dans le besoin, martelaient silencieusement le sol. Contrairement à d'habitude, aucune poche d'outils ne claquait sur mes cuisses. Je n'avais sur moi que mon chandail, mes sous-vêtements et mon short. Vêtue ainsi, j'avançai dans ce nécropole telle l'ombre de la mort.

Je franchis finalement la porte qui séparait les vivants des morts. Des voix s'exclamaient contrastant durement avec l'absence de bruit qui m'avait enveloppée quelques secondes plus tôt. Une civière poussée par des infirmières et un médecin passa en trombe devant mon corps fatigué. Trop occupé, le personnel ne me vit pas. Passant une main sur mon visage couvert de sueur par l'effort qu'était de me déplacer, je repris mon avancée vers la sortie. Je me fichais d'être blessée ou même de mourir, je devais combattre. J'en avais besoin pour fuir ces pensées que j'occultais depuis plusieurs temps déjà. Sans même m'en rendre compte, j'avais sombré plus profond qu'auparavant. Je n'étais plus addicte à ce vide émotionnel, j'étais dépendante de la sensation d'une épée entre mes mains. Alors comme une boussole suivant le nord, je me dirigeai vers le mien.

Une voix familière me fit arrêter. Un ton doux et léger que j'étais sûre de connaître. Pourtant, je ne pouvais mettre le doigt sur le nom ou même le visage de la jeune fille. Curieuse, je m'avançai vers cette chanceuse qui avait eu le droit à une chambre en pleine guerre. Ouvrant, sans me soucier des convenances, le panneau, je tombai des nues. Au milieu de la literie nacre, la frêle silhouette de Hinata Hyûga parlait avec son équipe. Des traces de larmes ombrageait les joues de la brunette tandis que ses yeux étaient perdus dans le vide. Elle ne m'adressa pas un regard lorsque je fis glisser la porte. Personne ne le fit sauf Kurenaï qui gardait ses instincts. Ses yeux s'écarquillèrent. 

-Sakura.

Sa voix était confuse. Son ton confirma mes suspicions. J'avais été déclarée comme morte. Je soupirai alors que toutes les têtes se tournèrent vers moi.

-C'est la mauvaise blague de qui ? grogna Kiba.

J'entendis des Kai murmurés à travers la pièce. 

-Il n'y a pas de genjutsu, souffla presque effrayée la fille au Byakugan. 

Soudain tout me revint. Comment j'avais couru pour la sauver, comment j'avais pu la sentir s'affaiblir, comment j'avais été désespérée de secourir mon amie.

-Comment tu vas ? demandai-je en me frayant un chemin jusqu'à elle.

Sans attendre sa réponse, je pris un élastique traînant sur une table. J'attachai mes cheveux en queue de cheval avant de puiser dans le peu de chakra que j'avais récupéré. Ma main brilla d'un vert doux. Je me concentrai tout en faisant un bilan de la condition d'Hinata. Je soufflai de soulagement lorsque je ne détectai aucune substance dangereuse dans son système.

-Qu'est-ce que vous faites ici ? questionnai-je d'une voix dure en vérifiant le soluté de mon amie.

-On venait voir Hinata et aussi parler de ton décès, répliqua sans délicatesse Kiba, pas que je m'en souciai.

-On pleure après la bataille, pas pendant, dis-je en fixant mes prunelles dans celle du dresseur canin.

-Et c'est toi qui dis ça, Sakura ? se moqua t-il.

Je passai outre son commentaire. 

-Tu as raison, mais ils étaient trop fatigués pour se battre. Comme la plupart des troupes, ajouta Kurenaï.

Déjà ? Depuis combien de temps avais-je été déclarée morte ? 

-Une semaine...

Hinata, qui avait semblé lire dans mes pensées, fut coupée par l'entrée de Genma.

-Hey, Pinky. À moins que ce ne soit Zombie, maintenant ?

Je roulai des yeux.

-Sérieux, Genma ? laissai-je échapper.

Il me sourit en m'ébouriffant.

-Tu devrais combattre et moi aussi.

Il soupira en jouant avec un senbon.

-Toujours aussi sérieuse. Yugao a senti ta signature et l'Hokage m'a envoyé te chercher. Une escorte formidable pour un retour formidable.

-Bien sûr, approuvai-je avec sarcasme.

Je baissai mes yeux sur mon amie qui semblait se fondre dans ce décor morne. Son visage affichait sa fatigue, mais aussi un certain apaisement. Ses prunelles n'étaient plus aussi hantées que lorsque j'étais entrée. Il y avait toujours une part d'ombre qui ne disparaîtrait jamais cependant. Je serrai sa main.

-Je reviendrai quand je pourrai. À plus, Hinata. Kurenaï, Shino et Kiba, saluai-je avant de disparaître dans un écran de fumée.

Ibiki, Yugao, Anko, l'Hokage, Shikaku étaient dans la pièce lorsque mon corps scarifié apparut. Le Nara s'entretenait avec l'Hokage et Ibiki, parlant de stratégie militaire. Anko observait le tout avec attention se permettant une remarque sarcastique ça ou là. Yugao se tenait dans un coin habillée de son costume d'ANBU. Son masque était sur le côté de son visage ce qui me permit de voir ses yeux briller alors que je me matérialisais. Une lueur qui s'assombrit quand elle prit en considération mon état. Mes points de suture de la semaine dernière n'avaient pas été retirés, mon chandail était déchiré sur toute la longueur mettant en lumière la balafre à moitié guérie me traversant le dos et une cicatrice qui ressemblait à un neurone couvrait ma nuque s'arrêtant peu avant mes omoplates, une marque causée par les chocs électriques. Ma professeure détourna le regard pour le plonger dans la vue qu'offrait la fenêtre. 

-Si ce n'est ma stagiaire préférée et en vie en plus, cette fois-ci, s'exclama Anko.

Tous les têtes se tournèrent vers moi sauf celle de l'ANBU aux cheveux violets. Tsunade sembla soulagée, Ibiki m'adressa un hochement et Shikaku, un sourire.

-Des explications seraient appréciées, m'ordonna la Senju.

-Je me rappelle d'être tombée et de m'être réveillée aujourd'hui. C'est tout.

Je passai sous silence mon étrange rêve. Il n'y avait rien à en tirer. 

-Avec les détails, résonna le baryton de mon supérieur.

-Je venais de perdre de vue Hinata quand j'ai voulu trouver un médecin pour ma blessure, mais avant que je le fasse, je suis tombée. Après c'est le noir, jusqu'à ce que je me réveille dans ce couloir.

-Aucune idée de comment tu es revenue d'entre les morts ? demanda Ibiki.

Je secouai la tête.

-J'ai probablement heurté un point de pression en tombant. Les médecins ont en conclu que j'étais morte et à cause de la folie, ont classé rapidement mon cas. J'ai été dans une phase d'inconscience pour le reste de la semaine afin de laisser récupérer mon corps et maintenant, me voilà.

Tsunade se pinça l'arête du nez en concluant que j'avais probablement raison. Genma popa au moment où l'Hokage finissait sa phrase. Dans sa main droite, il faisait tourner mon Tachi. Sa garde noire autour de laquelle ma propre main s'était tant de fois enroulée, brillait. La longue lame courbée avait été nettoyée. Le fourreau était dans l'autre main du ninja. Il fit glisser mon épée dans sa protection avant de me la donner. 

-Merci. 

 Je la mis sur mon dos faisant fi de la douleur que cela m'apporta. Juste à la pensée de courir sur des toits avec mon épée tapant sur mon dos, l'adrénaline coulait dans mes veines effaçant cette sensation d'inconfort. Mes espoirs se crashèrent lorsque Genma me retint d'avancer en saisissant la bretelle de mon fourreau. 

-Où tu penses aller comme ça, Pinky ? 

-Là où tu devrais être, répliquai-je, agacée.

-Tant mieux puisqu'on va au même endroit. Aux galeries souterraines. On doit remplacer les ANBU qui protègent présentement les civils.

Je soupirai, mais en voyant le regard de la Sannin, je m'empressai de me vêtir mon habit d'ANBU et mon masque de lapin que Yugao m'avait fourni. D'un hochement, Genma et moi partîmes d'un bond. Le vent porta les paroles de Yugao alors que nous étions déjà loin.

«Fais que ce ne soit pas notre dernier au revoir, Sakura.»


Le changement d'ANBU se fit silencieusement et invisiblement aux yeux de tous. Perchée sur une pierre en hauteur, je me concentrais sur chaque fluctuation de chakra aux alentours. Mon but personnel, outre surveiller, était de m'assurer qu'aucune menace n'arrivait en maintenant tout le temps ma détection de chakra au maximum. Je percevais toutes les présences que ça aille du corbeau volant au ninja ennemi. Sans m'en rendre compte, je me mis à faire le compte de toutes les forces ennemies et des nôtres. Je sentis plusieurs forces vaciller avant de s'éteindre. La plupart m'étant inconnue jusqu'à ce que j'en repérai une vaguement similaire mourir. Elle avait été accompagnée d'une plus faible, probablement un enfant et deux fortes électriques criant ninjas de Kumo. Je me concentrai plus fort inconsciemment. Un paysage se dessina devant mes yeux. Des ruines fumantes étaient tout ce qu'il restait du carnage. Un corps aux prunelles vides écrasait un bambin. Les pleurs du petit être résonnait à l'infini dans ce silence perturbant. Une touffe de cheveux brune apparaissait entre les bras du cadavre. Des orbes vertes qui étaient désespérées sachant que la fin était proche. Des yeux que j'avais déjà vu à quelque part. Mon attention fut déviée de ces prunelles expressives par l'avancée de deux hommes de Kumo. Chacun ayant une arme blanche souillée de sang.

-Fais-le taire.

Je sus ce qui allait se passer avant même qu'un des deux shinobis ne souleva le bébé et lui planta un kunaï dans la gorge. Sans considération, le meurtrier laissa tomber le pauvre enfant. Son corps se retrouva face à moi. Le sang continuait de ruisseler malgré l'état définitif dans lequel le bambin était. Sa bouche était ouverte sur des cris muets et ses joues affichaient des larmes fraîches. Ses yeux verts vides, quant à eux, me transperçaient, m'accusant de n'avoir pu le sauver, lui, Aiko. 

Je fixai la paroi rocheuse sans réellement la voir. Je ne pouvais observer que les prunelles de cet enfant auquel je m'étais si vite attachée, de ce bambin que j'avais promis de protéger. Et pourtant, le moment venu, je n'avais pu que regarder. J'avais été aussi utile que la Sakura d'avant. Je voulais hurler la frustration que je sentais monter en moi, détruire cette caverne dans le vain but de me prouver que mes efforts n'avaient pas servis à rien, mais plus que tout, je voulais m'écrouler et m'excuser au près de cet enfant qui avait été le premier pas sur le chemin de ma guérison. Simplement, j'étais en fonction. Un ninja ne peut jamais se permettre d'être faible. Alors, j'inspirai doucement et recommençai mon travail.


Environ huit heures après que nous ayons pris le relai, des exclamations fusèrent quelques mètres plus bas.

-Je veux parler à un de tes supérieurs cachés dans l'ombre. Je le sais qu'ils sont là haut.

-Madame... tenta de calmer le jeu un genin.

À travers de nombreux signes, Genma me désigna pour aller parler à la dame. Je me laissai glisser en douceur sur le sol devant la femme. Elle avait des cheveux gris tirés dans un chignon, des yeux perçants et des lèvres fines. 

-Ah voilà enfin. Ça fait une semaine qu'on est ici. Pour encore combien de temps allez-vous nous retenir prisonnier ?

Je n'avais vraiment pas les nerfs pour gérer ce genre de problème futile. 

-Mais vous n'êtes pas prisonnière. Vous pouvez sortir quand vous voulez et laissez votre place à d'autres, madame, dis-je d'un ton rigide.

Ses traits se durcirent encore plus si c'était possible.

-Vous voulez ma mort ?

-Non, mais vous voulez-vous la vôtre, car en faisant tout ce raffut...

Elle me coupa ce qui ajouta à mon irritation.

-Je n'aurais peut-être pas besoin de faire autant de bruit si on me donnait une foutue date.

Je soufflai du nez. Il fallait que je gardais mon calme. 

-Ce n'est pas de ma faute si vous n'êtes que des bons à rien, ajouta t-elle en balayant sa main.

-Bien puisque je ne suis qu'une bonne à rien, il est inutile pour vous de discuter avec moi, n'est-ce pas ? Sur ce bonne journée madame et évitez de faire trop de bruit, car cela pourrait compromettre notre position. Je suis sûre que l'Hokage ne verrait pas de problème à sacrifier une vie pour en sauver des centaines d'autres. 

Je retrouvai mon poste d'observation d'un bond. Tous les masqués signèrent en même temps dans ma direction. Six personnes qui signaient, tous de différents points pensaient que j'allais tous les suivre. 

[Dialogue suivant en langage des signes ANBU]

-Tu n'es pas supposée menacer les civils, Lapin, lança un camarade au masque de lion, découragé.

J'haussai les épaules.

-Ça a marché, non ? Elle s'est tue, me défendis-je.

J'entendis des bas soupirs de découragement. 

-Au moins, ne sois pas si hautaine la prochaine fois, ajouta irrité, selon ses mains, un homme au masque de serpent.

-Ok.

[Fin du dialogue en langage des signes ANBU]


Dix heures avaient passé depuis l'incident avec la femme. Quatre de notre équipe de six dormaient ne laissant que Genma et moi, debout. La plupart des civils en bas faisaient leurs nuits aussi. Il n'y avait que trois genins inconnus et une dizaine de personnes éveillées. Ce qui expliqua peut-être l'absence de chaos lorsque la caverne explosa. Le perchoir où j'étais trembla avant de tomber. J'en sautai pour aller aider les civils sur lesquels des débris pleuvaient. Des cris de douleur commencèrent à bercer ce spectacle. Je ne pouvais me concentrer sur ce futile détail. De la roche pleuvait de n'importe où et partout. Il n'y avait presque qu'aucune chance que nous sortions de ce traquenard vivants. Du coin de l'oeil, j'aperçus le logo symbolique d'Iwa. Encore moins si les ninjas d'Iwa étaient impliqués. C'est à ce moment que je réalisai que les seuls bruits audibles étaient les roches percutants le sol. Une observation qui me glaça le sang. Toujours en évitant de finir écrasée comme une crêpe, je fis un rapide décompte des chakras fluctuants. Six. Six chakras amis. En moins de quelques minutes, des centaines d'innocents avaient été annihilés pour quoi ? Pour mettre la main sur du pouvoir. Autant de vies sacrifiées pour un but débile, pour ne laisser que trois genins, deux ANBU excluant moi et deux civils en vie. Et ça, c'est si l'ANBU au masque de lion arrivait à amener en sécurité les genins et les civils. La colère bouillait en moins. Comment osaient-ils ? En quoi tuer ces humains allait-il les aider ? J'en avais marre de respirer par le nez pour tenter de contrôler une rage qui n'avait jamais pu être contenue. Alors j'hurlais pour toutes ces vies perdues sans une once de remords. J'hurlais pour toutes ces innocences arrachées à ces enfants. J'hurlais pour tous ceux qui avaient été au mauvais endroit au mauvais moment et finalement, j'hurlais pour ce bambin aux yeux verts que j'avais regardé mourir. Ma voix se répercutait sur les parois cherchant des tympans prêts à recevoir cette souffrance. Le vent vibrait, saturé d'ondes. Les particules s'entrechoquaient, remplies d'énergie. Des vagues de pouvoir sortaient de mon être, mais je m'en fichais. Je ne voyais que tous ces cadavres et dans cette cacophonie régnait un silence mortel parce que sur les parois, la mort dansait au rythme de mon agonie.


***Un chapitre plus court que d'habitude et probablement avec plus d'erreurs, je vais le revérifier. Bonne journée ou autre.***

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