11. Harry

Je traverse la boîte tranquillement, à la recherche de mes amis quand je sens une main se coller à mes fesses. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec un gars plutôt pas mal, plus âgé que moi, qui me sourit de toutes ses dents. Je le considère deux secondes en fronçant les sourcils.

- Il y a mieux pour draguer, je crois.

- Désolé, mais tu es passé sans même me regarder une seule seconde alors... j'ai tenté.

- Au risque de te prendre une baffe ?

- Visiblement, je ne me suis rien pris dans la figure. Ni baffe, ni rien.

Je souris. Il a de la chance d'être vraiment beau gosse.

- Tu prends un verre avec moi ? me propose-t-il.

- Je suis avec des amis, désolé.

- D'accord, j'aurais essayé.

Il me décoche un petit sourire en biais, comme s'il me disait on verra plus tard. Je lui lance un dernier sourire et repars à la recherche de mes amis.

La soirée a bien avancé et je suis un peu trop ivre. J'ai revu le gars plusieurs fois, j'ai même l'impression qu'il me cherche, mais ça me fait plus rire qu'autre chose. J'aime plaire, c'est agréable et je lui plais, c'est certain. Alors que mes deux potes sont en train de danser et de draguer sévèrement, je commence à envisager de le rejoindre pour passer la fin de soirée avec lui quand il arrive vers moi, deux verres à la main.

- Un mojito, ça te dit ? chantonne-t-il, un regard explicite au visage.

- Avec plaisir, je lui réponds en riant.

J'apporte directement le verre qu'il me donne à mes lèvres.

J'ouvre les yeux difficilement, un mal de tête astronomique me vrillant le cerveau. J'ai mal partout. Partout. Mon corps est tellement lourd, j'ai tellement de mal à ouvrir les yeux, j'ai l'impression d'être passé sous un camion. Je finis, au bout de longues minutes, par me redresser doucement et j'essuie un peu de la salive qui coulait le long de mon menton. Je ne bave jamais quand je dors, normalement. Seulement là, j'ai l'impression de ne pas avoir dormi. J'ai la sensation d'avoir été assommé. Je ne me souviens de rien.

Je fournis des efforts impressionnants juste pour me soulever et m'asseoir, mais là, une douleur sourde m'en empêche. Cette douleur, mais en pire. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je regarde autour de moi.

Je suis dans un lit, dans une chambre que je ne connais pas, seul.

Il y a un peu de sang dans les draps.

*

De Harry à Louis - 3 h 27

Louis ?

De Louis à Harry - 3 h 35

Harry, ça va ? Il s'est passé quelque chose ?

De Harry à Louis - 3 h 40

J'ai fait un cauchemar. Je n'arrive plus à dormir.

De Louis à Harry - 3 h 40

Tu veux qu'on se voie quelque part ?

De Harry à Louis - 3 h 41

Non...

De Louis à Harry - 3 h 41

OK. Tu veux qu'on en parle ? Tu veux me raconter ton cauchemar ?

De Harry à Louis - 3 h 55

Non plus. C'est trop dur.

De Louis à Harry - 3 h 55

D'accord, je comprends. Est-ce que je peux te téléphoner ? Promis, on ne parlera pas de ton cauchemar.

De Harry à Louis - 3 h 59

On n'en parlera pas ?

De Louis à Harry - 3 h 59

Promis.

De Harry à Louis - 4 h

Alors je veux bien.

De Louis à Harry - 4 h

Je t'appelle tout de suite.

*

- Allô, Harry ?

La voix de Louis semble étouffée dans le téléphone. Je m'en veux de l'avoir réveillé.

- Oui, je réponds, gêné.

- Comment te sens-tu ?

- Mal.

- D'accord. Où es-tu là ?

- Chez moi. Dans mon salon.

- Très bien. OK, alors on va faire quelque chose. Tu es d'accord ?

- Oui... je lui réponds après un temps d'hésitation.

- Bien. Vas dans ta cuisine et fais-toi chauffer de l'eau. Nous allons prendre le thé.

- Vraiment ?

Je suis étonné. Il veut reproduire les conditions de notre entretien ?

- Oui. C'est notre truc, non ? Prendre le thé...

- Oui.

L'angoisse qui entravait mon estomac commence à se débloquer en entendant ces mots. Je me lève difficilement du canapé dans lequel je m'étais réfugié en me réveillant. J'ai les muscles douloureux d'avoir été trop contractés ces dernières heures.

Je me suis réveillé en sursaut vers une heure du matin. J'ai fui ma chambre et j'ai éclaté en sanglots une fois arrivé dans le salon. J'ai pleuré pendant un temps indéterminé avant de me rendre compte qu'il fallait absolument que je parle à quelqu'un, mon esprit ne pouvant se défaire de ces souvenirs. Je commence à réaliser que si je ne m'ouvre pas, je risque de devenir fou.

Je rentre dans ma cuisine, je mets de l'eau dans la bouilloire et appuie sur le bouton pour commencer à la faire chauffer. Je sors un mug de mon placard et le pose à côté de la bouilloire. Pendant un instant, mon regard se perd dans le fond de ma tasse.

- Tu es toujours là ? me demande Louis, me faisant revenir à moi.

- Oui, l'eau chauffe.

- OK, chez moi aussi elle chauffe.

- Je suis désolé de t'avoir réveillé.

- Ne le sois pas. Moi j'en suis heureux.

Il fait une pause.

- Je ne suis pas heureux que tu aies dû me réveiller, mais je suis content que tu aies osé le faire, que tu aies eu envie de me parler.

- Tu m'avais dit de ne pas hésiter, alors...

- Tu as bien fait, Harry, vraiment.

- J'espère ne pas avoir réveillé quelqu'un d'autre chez toi.

- Non, je vis seul, ne t'inquiète pas.

- D'accord.

Ma bouilloire émet le son significatif m'avertissant que mon eau est prête. Je remplis ma tasse et cherche un thé dans ma boîte.

- Mon eau est chaude, m'indique Louis. Tu as quoi comme thé ?

- Je n'ai pas les thés du monde. J'ai agrumes, fruits rouges ou de l'Earl Grey.

- Va pour l'Earl Grey alors.

Je prends le sachet et le fais infuser en retournant dans mon salon. Je reprends place sur le canapé, au milieu des coussins. Je pose la tasse sur la table basse et m'enveloppe dans un gros plaid.

- Tu es installé ?

- Oui, dans le salon.

- Moi aussi. Mon plaid en pilou me réchauffe les pieds. C'est top !

Je ne peux m'empêcher de sourire doucement en l'entendant me dire ça. S'ensuit un léger silence pendant lequel je prends le temps de touiller mon thé pour que le miel que j'y ai mis fonde bien, puis je sors le sachet et le dépose sur le plateau qui traîne sur la table.

- Bon... tu as fait quelque chose en particulier aujourd'hui ?

- Heu... j'ai étudié.

- Tu es étudiant ?

- Oui. Par correspondance. J'étudie la littérature.

- Oh. Je suis nul à ça. Je n'ai jamais vraiment aimé lire.

- Pourtant... tu dois en avoir besoin dans tes études, non ?

- Oui, hélas, me répond-il en riant. C'est dur d'ailleurs, mais bon, on fait avec. Tu es en quelle année ?

- Deuxième.

- C'est intéressant ?

- Oui, j'aime beaucoup. En parallèle, je travaille un peu, pour une boîte de cours par correspondance pour les collèges et lycées.

- Oh ! C'est chouette ça !

- Oui, ça met du beurre dans les épinards. Du coup, mes parents m'aident pour le loyer, mais c'est tout.

- Tu as une sœur aussi.

- Oui, Gemma. Elle est plus âgée. Et... toi ? Tu as des frères et sœurs ?

Il ne répond pas tout de suite, comme s'il réfléchissait à la manière de me le dire. J'en profite pour boire une ou deux gorgées de mon thé. Sentir le liquide chaud couler dans ma gorge et le parfum à la bergamote sur mes papilles me fait un bien fou.

- Oui, répond-il finalement. J'ai cinq sœurs et un frère.

- Cinq... oh... wouah ! Ça fait du monde !

- Oui, c'est ce qu'on me répond en général, s'exclame-t-il en riant.

- Oh... je suis désolé... heu...

Je suis confus, je bois encore un peu de ma boisson alors qu'il continue à rire doucement.

- Hey, ça n'est pas grave, vraiment. Je trouve que ça fait beaucoup moi aussi.

- Ah... Hum... et ils sont plus âgés ou plus jeunes ?

- Plus jeunes. L'aînée à 19 ans et les plus jeunes 4.

- Wouah et bien... ça doit être bruyant.

- Oui, mais c'est très cool. Et toi, tu es proche de ta sœur ?

- Oui, très. Mais nous ne nous voyons pas trop, elle ne vit pas à Londres. Et toi ?

- Très également. Je les vois souvent, le plus que je peux.

Un autre silence, mais cette fois je me sens mieux, vraiment mieux.

Puis sa voix retentit à nouveau à mon oreille. La discussion reste en surface, il ne creuse pas plus sur mes relations familiales. Il fait comme l'autre jour, il me laisse venir. J'avoue que j'apprécie vraiment. Je commence à avoir confiance en lui, c'est quelque chose d'inexplicable. Je finis ma tasse de thé en l'écoutant me parler de ses groupes de musique préférés, que j'aime aussi beaucoup, et nous voilà en train d'échanger sur les paroles de certaines de leurs chansons.

J'aime bien sa voix, je m'endormirais bien en l'écoutant et d'ailleurs mes yeux se ferment doucement, la fatigue reprenant le pas sur la peur et gagnant doucement contre elle.

La voix de Louis est de plus en plus douce et lente et je sens que lui aussi est en train de s'endormir. Après tout, je l'ai réveillé à trois heures du matin, il a des raisons de somnoler.

- Tu... tu veux aller dormir ? je lui demande avant de me laisser emporter dans un long bâillement.

- Seulement si toi tu peux retourner te coucher aussi.

- Je crois que je vais rester au salon, mais je vais dormir.

- D'accord. Tu me rappelles si ça ne va pas ?

- Oui, je le ferai.

- Je l'espère, Harry.

- C'est promis.

- D'accord. Alors bonne nuit ?

- Oui... bonne nuit.

Un autre silence pendant lequel je l'entends respirer doucement, puis je raccroche. Je crois que c'est ce qu'il voulait, que je raccroche en premier.

Je me lève pour poser ma tasse dans l'évier et jeter le sachet de thé à la poubelle, puis je retourne au salon. Je branche mon téléphone qui est bien déchargé après cette conversation, puis lance ma playlist pour écouter les chansons sur lesquelles nous venons de débattre.

C'est sur les notes de Fix You de Coldplay que je finis par m'endormir, pour un sommeil, je l'espère, réparateur et vide de tout rêve.

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Hello tout le monde 👋👋

Voici un nouveau chapitre dans la tête d'Harry... Surtout dans ses souvenirs... 😔😔

Les choses se précisent un peu avec ce cauchemar. Heureusement, Louis est là pour le soutenir et l'aider 😊😊

Un chapitre difficile, mais là relation entre Harry et Louis, s'étoffe encore un peu, c'est important pour la suite ❤️❤️

J'espère que ça vous plaît toujours 🙈🙈

Je vous embrasse fort 😘😘

💙💚

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