| Chapitre 5




ALLY

Comme je l'avais envisagé, j'arrive sur le campus après quinze minutes. J'ai essayé de comprendre qui était le destinataire du message durant tout le trajet, mais personne de mon entourage ne s'aventurerait à me faire une telle blague, mais qui d'autre pouvait être au courant de cette histoire? Et pourquoi attendre que je sois à Princeton pour la faire ressortir? Cette personne attend forcément quelque chose de moi, mais quoi?

    Je gare ma voiture dans un des stationnements et quand j'arrête le moteur, le silence me glace le sang. Dans quoi me suis-je embarqué? Le campus est désert et sombre. Seuls les réverbères éclairent le terrain, la lune étant cachée derrière d'épais nuages.

    Pas très loin de ma voiture, j'aperçois une moto dissimulée sous un grand arbre, mais personne aux alentours. J'hésite à aller me garer plus loin, mais je comprends rapidement que si quelqu'un est ici à une heure pareille, c'est qu'il s'agit de celui ou celle qui m'a donné rendez-vous et donc, en l'occurrence, que je suis au bon endroit. 

    Je me tâte à partir quelques secondes, mais je décide finalement de rester ne sachant pas à quoi m'attendre. Je commence à chercher quelque chose pour me défendre au cas où cette personne me voudrait du mal. Je regarde dans les portières et dans le coffre à gants et je trouve un petit couteau suisse laissé par Jeremy. Je remercie silencieusement mon frère d'être si protecteur et je sors de l'habitacle. Je retiens ma respiration de peur que ce bruit, aussi simple soit-il, puisse alerter quelqu'un de ma présence et je commence à marcher.  Je remonte ma capuche sur ma tête en prenant soin d'y dissimuler mes mèches blondes dans l'espoir de cacher ma féminité. Je sers le couteau dans ma main, à la hauteur de mes hanches, craignant de le laisser tomber, et je continue d'avancer dans l'obscurité, le cœur battant à toute allure.

Ma respiration est courte et une petite voix s'élève en moi. Qu'est-ce que je fais?  Je m'efforce de garder mon souffle le plus discret possible. Le silence ambiant n'est rompu que par mes pas lents et par le sang qui bat dans mes tympans. Qu'est-ce qui m'a pris de venir ici toute seule? Mon cœur bat de plus en plus rapidement alors que mes jambes avancent de plus en plus lentement. Personne ne sait où je suis. Mon corps tremble alors que je continue d'avancer vers la moto. Je dois faire demi-tour et m'enfuir le plus loin possible. Maintenant!

Des pas. Quelqu'un me suit.

Je m'arrête subitement de marcher quand un long frisson me parcourt l'échine. Au bord de la crise, je rassemble mes forces et je me retourne, mon couteau pointé dans la direction de mon poursuivant.

À peine me suis-je retournée qu'une grande silhouette masculine se jette sur moi et dégage mon arme. Le couteau tombe à quelques mètres de nous et deux bras puissants m'enserrent m'empêchant de me débattre. L'homme se penche à mon oreille et son souffle chaud s'abat contre ma peau alors qu'il me murmure d'un ton menaçant:

«Fais gaffe avec les couteaux Princesse, tu risquerais de te blesser.»

J'essaie de me défaire de son étreinte, mais ses bras se resserrent autour de mon corps ce qui me fait gémir de douleur. Les larmes me montent aux yeux et je suis secouée d'un sanglot. Je commence à me débattre et à le griffer, priant pour qu'il me laisse tomber par mégarde, mais l'inconnu raffermit sa prise. 

Sans que je ne puisse le retenir, un sanglot s'échappe de ma gorge et je m'effondre au sol. En moins de deux secondes, je me rue sur le couteau et je le pointe dans sa direction, restant toujours au sol.

Mon regard est embrouillé par les larmes qui ne cessent de couler, mais je crois voir l'homme reculer les bras levés à côté de sa tête.

— Woah... du calme, du calme! Ce n'est qu'un malentendu, je ne vous veux aucun mal.

J'ignore ce qu'il venait de dire et je lui crie d'une voix rauque:

«Qu- Qui êtes-vous? Que me voulez-vous?»

L'homme s'approche de moi et je peux désormais un peu mieux distinguer ses traits. Je reconnais immédiatement le garçon brun de la soirée, celui qui était assis juste en face de moi. Son regard vide quand je l'ai vu pour la première fois trahissait désormais son incompréhension.  Les sourcils froncés, il me fixait, immobile à deux mètres de moi.

Je gardais mon regard braqué dans le sien en même temps que je me levais lentement, à l'affût du moindre geste brusque.

— Toi? Que fais-tu ici! je lui demande les mâchoires serrées. Alors c'était toi ce message?

Ma voix tremble toujours un peu et mon cœur menace de sortir de ma poitrine à tout moment, mais les larmes ont cessé de couler.

— Moi? j'allais te poser la même question. C'est quoi cette connerie?

— Si tu n'as rien à voir avec ce message, pourquoi m'as-tu attaqué? je lui demande sur la défensive.

— Tu te fous de ma gueule? C'est toi qui as pointé ton couteau vers moi. Je n'ai fait que de me défendre!

    Je le jaugeais un moment. Il semblait aussi à cran que moi et alors qu'il allait ajouter quelque chose, nous entendîmes des voix. Je me retournai vers lui en attendant des explications.

— Tu as vu quelqu'un en arrivant? il me demande en s'engageant vers la provenance des voix.

Je secoue la tête négativement et il me fait signe de garder le silence.

Il commence à s'éloigner, alors que moi, je reste immobile. Il s'en rendit rapidement compte et me dit à voix basse:

«Reste là tant que tu veux, mais ce n'est pas avec un canif que tu vas t'en sortir si quelqu'un te trouve.

Voyant que je ne bouge toujours pas, il me dit plus gentiment:

«Écoute, j'ai reçu un message aussi donc pour ce que j'en sais, on est dans la même merde pour le moment. En plus, à deux on aura plus de chance de se défendre si ça tourne mal.»

Je le regarde longuement avant d'avancer vers lui. Il m'offre un sourire en coin et pointe dans la direction des voix:

«Je crois que c'est d'autres étudiants. Ils ont peut-être vu quelqu'un, on devrait aller les voir.»

Alors que nous approchons, je distingue deux voix féminines, mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'elles disent, bien que leurs tons semblent monter.

Je suivis le garçon jusqu'à ce qu'au tournant d'un mur nous tombions face à face avec trois autres étudiants. Deux filles se faisaient face, debout au centre des tables de pique-niques alors qu'un garçon qui était assis sur un muret les écoutait exaspéré.

— Et alors, demanda l'une des deux filles. Si, comme tu t'affirmes, je suis celle qui ait envoyé ces messages, explique-moi pour quelle raison je t'en aurais envoyé un à toi, miss parfaite?

La rouquine en face d'elle croisa les bras contre sa poitrine et se mit à rougir. Satisfaite, la grande brune qui s'était adressée à elle se retourna et alla s'asseoir sur une des tables à pique-nique dans un grand geste théâtral.

Le garçon à mes côtés se racla la gorge pour attirer sur nous l'attention du petit groupe.

— Ah bah super! s'exclame ironiquement le garçon sur le muret. En voilà deux de plus. Eux aussi vous allez les embrouiller les filles?

Les deux concernées l'ignorent en nous regardant de la tête aux pieds. La brune affiche un grand sourire sarcastique avant de s'écrier:

«Mais ne soyez pas timides, venez vous joindre à nous. Eva allait justement nous raconter ce qui l'amène par ici! Installez-vous confortablement, ça promet d'être sensationnel.»

— C'est Eve pas Eva. Et pour ce que j'en sais, je ne suis pas la seule à avoir reçu un message.

Elle posa son regard sur nous tour à tour.

— Pourquoi êtes-vous ici tous les deux?

J'allais bafouiller une excuse bidon, mais une voix provenant de derrière moi retentit me faisant sursauter.

— Je suis heureux de vous voir tous réunis. Si vous saviez depuis combien de temps j'attends ce moment!

Je recule instinctivement en laissant le garçon qui était avec moi seul au premier rang. L'homme qui venait de prendre la parole est légèrement plus petit que moi et porte un ensemble veston et cravate probablement trop cher pour l'occasion.

— N'ais pas peur Ally, dit-il en faisant une grimace qui se voulait probablement amicale. Je ne te ferai aucun mal. Ce n'est pourtant pas le cas de chacun d'entre vous n'est-ce pas?

Je me sentis blêmir. Il me visait tout particulièrement, j'en suis certaine. Les autres s'en sont-ils rendus compte? Il me fit un clin d'œil avant de poursuivre.

— Allons, installez-vous confortablement, la nuit risque d'être longue.

Aucun d'entre nous ne bougea dans un esprit de résistance ou peut-être de peur. Cet homme est inévitablement celui qui a envoyé les messages et je ne suis pas la seule à l'avoir compris. Il s'ensuivit un moment de silence avant que l'homme répète en haussant le ton sur nous:

— J'ai dit, installez-vous! Vous ne voudriez pas que vos petits secrets soient révélés tout de même? Je crois que certains ne peuvent pas se le permettre. N'est-ce pas Haven?

La grande brune se raidit et retourne s'asseoir à la table à laquelle elle était installée peu de temps avant.

Je m'y installe aussi, sous son regard étonné.

Les autres firent de même tour à tour et nous nous retrouvâmes tous à faire face à l'homme en costard.

Il s'approcha de nous. Maintenant qu'il était éclairé par la lumière d'un réverbère, je parvenais à mieux distinguer ses traits. Ce n'était pas un homme, c'était un adolescent probablement plus jeune que moi de quelques années. Il avait des cheveux noirs bien peignés et un sourire malsain éclairait son visage. Malgré ses airs de dur à cuire, je pouvais aisément distinguer la peur et la détresse dans ses yeux cernés.

À ma droite, je sentis le garçon qui m'avait accompagné se tendre avant de se lever d'un bond.

— Shay? il cria me faisant sursauter. Où est Mariam, il lui est arrivé quelque chose?

Bouche bée, j'observai les deux garçons tour à tour. Ils se connaissent c'est évident, mais ce que j'ai hâte de comprendre c'est ce que nous faisons tous ici. Ça m'a l'air beaucoup plus important qu'une simple demande d'argent, ce Shay attend visiblement quelque chose de nous.

— Jayden, assieds-toi, dit Shay.

Il obéit et se réinstalle à la table, les poings serrés. Comme nous, il attend d'avoir des informations le regard braqué sur Shay. Ou peut-être est-il dans le coup lui aussi? Je ne sais qu'en penser.

— Tu vas nous dire pourquoi est ici, à la fin? Qu'est-ce que tu veux? Nous faire peur, parce que si oui, c'est bon. Tu as réussi. Peut-on partir maintenant?

Je n'aurais pas pu mieux dire qu'Eve à ce moment précis. J'étais figée et attentive comme un accusé attendant sa sentence.

— Je ne cherche pas à vous effrayer, mais plutôt à obtenir votre aide.

Notre aide? Je fronce les sourcils en essayant d'assimiler ce qu'il nous dit.

— Chacun d'entre vous a une force qui me sera utile et qui facilitera la réalisation de mon plan. Je ne vous ai pas choisi au hasard, vous avez toutes les ressources pour réussir là où ils ont échoué.

Son discours semble préparé à l'avance et est vidé d'émotions. Ce qui rend la situation dans laquelle nous nous trouvons encore plus effrayantes.

D'un point de vue extérieur nous devons sembler être qu'un groupe de jeunes étudiants profitant d'une soirée banale entre amis. Personne ne pourrait se douter que l'un de ces jeunes détenait des informations compromettantes sur les 5 autres.

— Un plan pourquoi? je demandais.

Ma voix était rauque et je m'étonnais moi-même d'avoir posé cette question de peur d'entendre la réponse.

— Pour retrouver l'assassin de ma sœur, Mariam.


•~~~•

Voilà (finalement) le cinquième chapitre!

J'ai pris plus de temps à le poster puisque je voulais vraiment qu'il soit à la hauteur de mes attentes et qu'il soit agréable à lire.

Je suis passé par plusieurs versions, mais c'est finalement celle-ci que je préfère.

Je voulais commencé par mettre les bases en place, mais nous somme maintenant prêt à laisser place à l'action.

J'espère avoir su susciter votre curiosité jusqu'à maintenant et que ce chapitre vous à plu autant qu'à moi.

Merci à ceux qui me font confiance dès le début et j'espère que vous m'accompagnerez jusqu'à la fin de cette histoire!

Tiny

xxx

P.S.: Je ne sais pas ce qui m'a pris d'écrire une NDA aussi longue, mais j'en ressentais le besoin ;)

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