Le temps semblait arrêté par une puissance supérieure qui, omniprésente et omnipotente, cherchait encore à décider vers laquelle des deux balances il allait faire son choix. Le ciel noir était zébré d'un orage violent et destructeur dont la source n'était que Thor, armé de son célèbre et puissant marteau Mjölnir et la cape rouge volant dans son dos.

Le chevalier Fandral se tenait droit, la main gauche dans son dos et l'autre tenant fermement sa rapière devant lui. Pose de majesté s'il avait pu naître ainsi mais c'était une attitude qui le caractérisait et qu'il lui plaisait d'adopter. Impression renforcée par la beauté de son armure argentée ciselée de motifs floraux réhaussée d'or à certains endroits, rappel de sa toison or.

Le jeune et nouveau roi de la planète de glace, Jotunheim, faisait front commun avec les deux asgardiens. Helblindi Plus grand, musclé et trapu que les autres, sa peau bleu parcourue de lignes claniques, ses canines dépassant de ses lèvres fines et ses pupilles grenat et ses deux courtes cornes lui assuraient cette prestance et cette aura de prédateur. Son pagne de lin noir à bord doré était son unique protection avec sa fine couronne, qui plantée dans sa toison brune, menaçait les ennemis de deux piques de vingt centimètres. La masse de glace qu'il fit apparaître était robuste et mesuré deux bons mètres. Dimension qui ne le dérangeait en rien au vu de sa force.

Anthony, enfin, se tenait au centre de ce divin et majestueux trio. Bien qu'entièrement humain, il n'était pas en reste. Les muscles de son corps étaient bandés au maximum et cela décuplait sa masse musculaire. Il se tenait campé sur ses deux jambes, le couteau ensanglanté dans la main droite marquée des stigmates de l'explosion du gantelet. Son pantalon noir était poussiéreux et son pull gris était teinté d'un liquide brun et poisseux : du sang, mais pas le sien. Ses cheveux ébouriffés lui donnait l'allure d'une bête et un sourire démoniaque balafrait son visage d'ordinaire si sérieux. Son visage était trempé de sueur et ses yeux n'avait plus rien d'humain. La pupille chocolat et le blanc s'étaient teinté d'un noir brillant et profond dans lequel il aurait été facile de se perdre si on les regardait trop longtemps.

Le combat était imminent, chacun des hommes étaient armés et farouchement convaincu qu'il gagnerait la bataille. Du trois contre un qui ne semblait pas si inégal compte tenu de la puissance de la Chose qui possédait leur ami et du handicap qu'il leur incombait de mesurer leurs coups. Car chacun des trois hommes avaient en tête le corps brisé du Captaine et le corps mutilé de Loki dont l'inquiétude première était la survie de l'être qu'il hébergeait.

Pour autant, il se trouvait qu'un quatrième homme se trouvait également sur cette terrasse. Un homme qui ne possédait plus rien que sa conscience de ne plus maîtriser quoi que ce soit, même son propre corps. Le véritable Anthony Stark.

XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Qu'ai-je fait ...

Comment cela a-t-il pu se produire ...

J'ai fait du mal à tellement de gens ...

Ce que j'ai fait à Steve ... mon ami ...

Ce que j'ai fait à Loki ... mon tendre aimé ...

Ce que je lui ai fait ... mon bébé ... ma petite fille ...

Anthony se trouvait dans le noir, assis sur un sol aussi noir que l'étaient le plafond ou les murs. Était-ce seulement une pièce ? Cela aurait très bien pu être un univers sans étoiles, sans planètes, sans rien qu'il n'aurait pas fait la différence. Il se tenait la tête dans les mains et se balançait d'avant en arrière. Son bras gauche le lançait affreusement mais il s'en fichait. Il voyait tout ce qui se passait mais il ne pouvait rien faire.

Quand Laufey et Steve l'avait laissé aux mains des guérisseurs, il avait sincèrement cru qu'il ressortirait de cette gigantesque chapelle souterraine complètement guéri, prêt à faire l'amour à son compagnon et à préparer la venue son petit bébé. Le rituel avait semblait démarrer comme il devait l'être. Il l'avait fait s'allonger sur ce lit de pierre, cette espèce d'autel inconfortable et froid, puis il lui avait fait boire un liquide blanc, laiteux et légèrement épais. Il s'était retenu de faire un parallèle avec ce qu'il avait bu de Loki quelques heures auparavant. De toute façon, les mages présents étaient peu emprunt à apprécier l'humour salace du grand Tony Stark.

Puis il s'était senti étrangement relaxé. Comme si toutes ses peurs s'étaient envolées d'un coup. Il flottait sur un petit nuage qui ne lui donnait pas vraiment envie de redescendre. Les psaumes ont ensuite commencé, comme un chant qui s'élevait du néant. Tantôt ressemblant à un bruissement de feuilles ou d'ailes, tantôt ressemblant aux graves et assourdissant pas d'une armée. Jamais Tony n'aurait imaginé chant si beau. Sauf celui de Loki. Il se souvint de Loki qui chantonnait sur le toit de la tour peu de temps après son arrivée et à la suite d'une confrontation avec les habitants de la tour. Qu'il était beau, les cheveux flottants au vent, le visage à la peau cristalline dessiné par un ciel bleu d'une belle journée ensoleillé. C'était à ce moment précis qu'Anthony était tombé amoureux de lui. Même si les premiers temps de leur relation ne relevait que d'un jeu, il ne l'avouerait pas à Loki mais il pensait déjà faire sa vie avec lui. Et tout s'était passé très vite. Tel un prédateur, la chose qui le terrorisait s'était approchée prudemment, se cachant dans ses pas.

La première fois qu'il avait ressenti cette peur, ce besoin naturel de se défendre et de protéger sa vie, c'était lorsqu'il flottait dans l'espace. Regardant impuissant la terre dévastée par les Chitorii. Impuissant mais pourtant il devint un héro national car s'il se trouvait dans l'espace à ce moment précis, c'était qu'il y avait amené une ogive nucléaire lancée par le gouvernement. Un sacrifice qu'il avait fait pour protéger le futur de l'humanité.

Son armure s'était rapidement retrouvée sans énergie, le laissant flotter dans le vide intersidéral. Puis son oxygène diminua à vitesse grand V. C'est ici que la chose arriva. La Peur. Peur arriva comme pour l'accompagner dans son sommeil définitif. Il lui avait murmuré des mots doux, susurrant des paroles réconfortantes à son triste sort. C'était fait. Peur avait fait germer en Tony les graine de la survie. Et c'est ce qui arriva, il avait survécu.

Il vécu de cette façon les deux années qui suivirent. La peur et l'amertume de s'être sacrifié pour un pays qui ne le comprenait pas. Elle avait dicté ses actes tout ce temps, provoquant la colère de Steve la plupart du temps qui, ayant vécu les affres de la Seconde Guerre Mondiale, tendait à la liberté des peuples, de conscience et des actes. Avec Peur vint la colère et Colère était omniprésente. Pendant deux années, le grand Anthony Stark avait vécu avec pour seul mot d'ordre protection. Car s'il avait pu mourir une fois, il pourrait l'être définitivement dans un futur proche.

Mais quand Thor arriva accompagné de Loki. Tous ces maux disparurent. Dans ses bras, il se sentait protégé. Entouré de son amour. Il aimait lui confier sa vie comme il prendrait soin de la sienne. Ils étaient semblables, deux êtres blessés par la vie, perdant les êtres qu'ils aimaient et se cherchant. Et ils s'étaient trouvés. Ils s'étaient réconfortés et soutenus. Et rapidement, Peur et Colère avaient été relégué au subconscient de Tony. Il n'avait plus besoin d'eux. Même si parfois Peur et Colère revenaient pour qu'il ne les oublie pas. La vie lui convenait. Puis il était mort. Enfin presque mort de la main de Byleist pour sauver la vie de la femme qu'aimait l'homme de sa vie : sa mère. Peur et Colère y avait vu une ouverture et étaient revenues à la charge. Depuis, Anthony éprouvait les crises de l'angoisse, et Dieu qu'Angoisse était forte. Il avait lutté. Ah ça oui. Mais comme il le disait souvent, il n'était qu'un homme. Séduisant, intelligent et riche. Mais un simple mortel. Alors Peur, Colère et Angoisse s'installèrent. D'autant plus surement que Tony était heureux d'apprendre qu'il allait être père d'une petite fille que portait Loki dans l'antre rassurant qu'était son ventre. S'il avait peur pour lui, puis qu'il avait peur l'amour de sa vie ... Dorénavant, il aurait peur pour la petite vie qui s'épanouissait.

Anthony se sentait bien pour la première fois depuis longtemps. Comme apaisé. La Chose qu'avait fait naître Peur, Colère et Angoisse se cachait dans son ombre, prêt à s'abattre sur lui. Les mages s'en rendirent comptent et la deuxième partie du rituel débuta. Les chants s'intensifièrent et changèrent de rythme. Une lueur bleu pâle émanait du corps des magiciens et flotta progressivement jusqu'au corps à présent inerte de Tony. Il sentit le froid se répandre en lui.

« - Seigneur Stark. »

Anthony regarda autour de lui. Il avait reconnu la voix du vieux géant.

« - Je ne vous vois pas ... se plaignit-il.

- Vous ne pouvez le faire. Lui expliqua le vieux géant. Vous et moi avons atteint votre conscience profonde. En temps normal, ceux de votre espèce à l'exception de quelques individus n'y parviennent jamais. Le Mal qui vous ronge est ici, avec vous. Il guette la moindre ouverture. »

Il sentit du mouvement dans son dos mais quand il se retourna, il ne vit rien. Pourtant, il savait qu'elle était là. Il plissa les yeux et enfin, il l'aperçut. Une forme sombre, tellement sombre qu'elle ne se démarquait pas de l'environnement.

« - Bonjour Anthony. Je dois t'avouer que je ne m'attendais pas à ce que tu arrives jusqu'à moi.

- Qui es-tu ?! cria le concerné.

- Qui je suis ? Tu le sais. »

Anthony était perplexe. Il savait qui il était ? Cette histoire n'avait ni queue ni tête.

« - Anthony ? lui rappela le vieux sage. Vous êtes plus fort. Faites-le disparaître. C'est vous qui l'avait créé. Vous seul avait le pouvoir de le renvoyer d'où il vient. »

La chose rigola à s'en faire exploser le ventre. Anthony avait cette étrange impression de savoir qui se cachait sous cette part d'ombre. Une impression étrangement familière.

« - Tu ne peux pas me vaincre, Anthony, et tu le sais aussi bien que moi. »

Cette fois, c'est la fierté du philanthrope qui était touché.

« - Tu n'en sais rien ! lui hurla-t-il. »

De toute façon, que pouvait-il bien faire d'autre ...

« - Je le sais, Anthony. Et toi aussi. Viens, je vais te faire souvenir.

- Anthony ! Ne le suivais pas ! Je ne pourrais pas vous guider s'il vous emmène plus en profondeur de votre conscience ! »

Mais c'était trop tard. Anthony n'avait pas vraiment voulu le suivre. Mais il sentit comme si on le tirait en avant d'un coup sec. Pendant une fraction de seconde, il avait l'impression d'être aspiré. Puis la présence du vieux géant disparut totalement. Le laissant seul avec la Chose qui le hantait.

Tout d'un coup, il ne se trouvait plus dans l'obscurité. Seul le ciel en était teinté, parsemé d'étoiles plus ou moins scintillantes. Il était de retour sur cet immense astéroïde. Celui qu'il voyait en rêve lors de ses crises. Il portait son armure et son corps était recouvert de blessure en tout genre. Son arcade sourcilière était ouverte et du sang s'écoulait sur son visage. Il savait ce qui se trouvait dans son dos.

« - Allons bon, Anthony. Plus de ça entre nous. Ricana une voix sinistre qu'il reconnut. »

Il savait à qui elle appartenait. Mais il devait se retourner pour en avoir le cœur net. Il déglutit péniblement. Son rythme cardiaque s'accéléra en se calquant sur le rire grave. Puis il pivota lentement. Cela lui parut un temps incroyablement long. Et ils apparurent. Les corps. Les cadavres. Celui de Natasha, complètement brulé. Elle qui d'ordinaire resplendissait d'une beauté fraiche et dangereuse, n'était plus que charpie à l'odeur âcre de la peau calcinée. Bruce, enfin Hulk était décapité. Leur ennemi devait incroyablement puissant pour qu'il ait réussit à détacher la tête de son corps. Vanda et Vision se tenaient enlacés dans la mort. Clint reposait contre un rocher, le corps criblé de ses propres flèches. Pas une seule ne transperçait son coeur, pour une lente agonie. Le corps de Sam et des autres gisaient ça et là au fur et à mesure que Tony avançait entre les décombres de sa vie. Puis il les vit. Steve et Thor demeuraient cote à cote. Le premier avait reçu son propre bouclier dans le ventre qui menaçait de le couper de part en part. Et Thor avait le crâne fracassé. Mjölnir se trouvait un peu plus loin recouvert de sang et de chair, probablement de son propriétaire.

Enfin, Loki. Il était là. Lui aussi. Il reposait assis contre l'immense rocher qui servait de promontoire à la Chose. Il était mort, le corps d'ordinaire froid était glacé, de ce froid synonyme de mort. Il avait une apparence humaine mais sa peau était bleue et les lignes claniques étaient visible. Ses dents pointues étaient légèrement visibles entre ses lèvres figées.

« - Mon amour ... couina Tony. »

Puis son regard tomba sur le ventre ouvert du dieu. Ouverte et vide. Il avait été éviscéré et baignait dans son sang froid et figé. Il le regardait avec son regard grenat à présent terne. D'un air accusateur. Pourquoi n'as-tu rien fait ? Pourquoi l'as-tu laissé faire ? Tu avais juré de m'aider à le protéger.

Puis le corps sans vie d'un petit bébé dont le corps était presque formé tomba à ses pieds dans un bruit sourd. Tony gémit d'une douleur indescriptible, celle de la perte d'un être cher. De son enfant. De la chair de sa chair. Du fruit de son amour et de celui de Loki.

« - C'est bien ça que tu cherchais ! »

La colère gronda dans les tripes de l'ingénieur. La peine l'accompagnait. Les larmes dévalèrent ses joues sales, créant des sillons nets.

« - pourquoi as-tu fait ça ! hurla-t-il en relevant la tête pour voir le criminel. »

Ses yeux s'agrandirent et sa hargne redoubla.

« - Pourquoi as-tu fait ça ! répéta la Chose. »

Les cadavres se mirent debout et se tenaient à présent dans le dos de l'Iron Man. Puis la chose qui se tenait à contrejour dans la lumière d'un petit soleil s'avança et sauta du promontoire pour atterrir devant Tony.

« - Parce que je suis toi. Dirent la Chose et les cadavres en cœur ».

C'était ici qu'Anthony avait lâché prise. Il voyait un autre lui juste devant. Les mêmes cheveux bruns, les mêmes yeux chocolat, les mêmes lèvres ourlées, la même barbe taillée.

Ce n'était autre que lui. Une part de lui-même qui était née quand il avait frôlé la mort et qui perdurait au fond de lui. Puis il se rendit compte qu'il ne pouvait plus reprendre le contrôle de son corps. La Chose l'avait pris à sa place. Il essaya de le reprendre mais il était coincé son astéroïde seul. Seul avec ses regrets et ses peines.

Il assista impuissant au massacre des mages. Seul le vieux géants et trois apprentis avaient survécut grâce à l'intervention de Laufey qui en guerrier aguerri avait réussi à défaire Anthony mais il fut blessé dans la confrontation.

Puis Anthony assista impuissant à la confrontation avec Steve, se maudissant pour chaque blessure qu'il lui infligea.

Puis ce fut l'enfer. Il se vit violenter Loki qui essayait tant bien que mal de se défendre ainsi que leur enfant sans lui faire de mal. Anthony pleurait. Il hurlait de tristesse quand son autre lui écrasa le ventre arrondi de Loki et que la lame se planta dans son flan.

Et maintenant, il allait devoir affronter son ami et beau-frère, Thor son autre beau-frère, Helblindi et le premier compagnon de Loki, le détestable Fandral. Mais même là, il ne désirait pas sa mort. Il avait honte car il savait qu'en cet instant, il se savait de loin inferieur au chevalier. Il allait les affronter et sa seule crainte était de remporter le combat.

XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Loki trainant de plus en plus de la jambe, un garde prit l'initiative de le porter dans ses bras. Bien sûr, il protesta mais le garde lui fit rapidement comprendre que la vie de son enfant en dépendait. Le sang coulait moins mais la douleur était lancinante. Le pire était qu'il ne pouvait rien dire en ce qui concernait son bébé. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était en vie, il pouvait sentir son cœur battre, faiblement, mais il se sentait légèrement désynchronisé que d'ordinaire. Et cela était possible uniquement parce qu'il s'était tourné au moment où le couteau s'abaissait.

L'autre garde portait Steve qui ressemblait un peu à une poupée désarticulée. Son visage était tendu mais n'exprimait pas la douleur. Il regardait Loki d'un œil attentif et semblait hésiter à parler. Le regard compatissant du super soldat aurait énervé Loki dans une situation normale mais tout était sans dessus dessous.

Ils arrivèrent dans la chambre du Prince. La chapelle était trop loin et dans un sale état. Quel ne fut pas la surprise de Loki quand il vit le vieux géant accompagné de Bruce et du Docteur Meining.

« - Que faites-vous là ? demanda faiblement Loki en apercevant les deux midgardiens.

- Thor a débarqué dans mon labo me disant que vous aviez besoin d'aide sans savoir exactement quel genre de soin. J'ai émis l'hypothèse que cela vienne du bébé, d'où la présence de Karl.

- Mais comment êtes-vous ...murmura le dieu d'une voix tellement las que Bruce compris la gravité de la situation.

- Par un tube multicolore qui est apparu et qui nous aspiré. Compléta la voix douce de Karl. C'était à fois beau et affreusement dérangeant comme moyen de transport. »

Loki ricana doucement. Le garde l'avait posé sur son lit situé en haut des marches de pierre sombre. Le sang qui coulait faiblement teintait déjà les draps blancs d'une couleur carmin. Le vieux géant s'approcha. Il avait une blessure à l'épaule et son était erratique. Il ausculta Loki en lui dégageant la poitrine et le bas du ventre.

« - La plaie est propre et net. Commenta-t-il. »

Ses doigts parcoururent la peau bleue suivant la tache sombre d'un hématome interne qui s'étendait jusqu'au-dessous de sa poitrine et recouvrait une bonne partie de son ventre y compris le bébé. Loki papillonnait des yeux. Il se sentait de plus en plus faible.

« - Il fait une hémorragie interne. Clamèrent les deux médecins midgardiens simultanément. »

Ils se jetèrent sur Loki armé de leurs trousses d'outils médicaux sous les yeux étonnés des géants. Le vieux géant avait très vite reconnu le mal et comprit que l'inévitable allait devoir être fait.

« - Loki ... Loki ... l'interpella Bruce en lui tapotant la joue. Restez avec moi. Je vous en prie. »

Loki luttait avec un lourd sommeil qui le tourmentait. Il voulait juste se reposer un peu même s'il savait que ce n'était pas sans risque.

« - Avez-vous mal quelque part ? demanda Karl en examinant à son tour le ventre bleu avec quelques outils chirurgicaux. »

Loki ouvrit lentement les yeux sous les encouragements de Bruce. Il marmonna mais les mots devenaient lourds sur sa langue. Il leva difficilement un bras et porta sa main à son ventre poisseux. Bruce nota qu'il n'avait pas désigné la plaie du couteau sur son flanc mais bien son ventre, où se trouvait son bébé.

« - Karl, l'épanchement sanguin a diminué mais le pouls du bébé est faible et « anormal ». Chuchota-t-il pour ne pas affoler Loki.

Le vieux géant héla un de ses disciples pour qu'il lui amène un liquide blanc dans un bol de pierre.

« - Qu'est-ce que c'est ? se méfia Bruce quand la coupelle fut portée aux lèvres du demi-dieux. »

Le vieux géant ne se formalisa pas d'une telle méfiance, appréciant au contraire l'amitié qui liait le midgardien à Loki.

« - N'ayez pas peur, il s'agit d'un breuvage aux effets calmants.

- Un sédatif. Commenta Karl. C'est notre meilleure option, on ne peut pas lui en injecter par intraveineuse sinon cela nuirait au bébé. »

Le vieux géant leur sourit et fit lentement couler le liquide opalin dans la bouche pâle du jotün. Le médicament sembla faire de l'effet, détendant les muscles de Loki jusqu'à son ventre effectue des convulsions.

« - Que se passe-t-il ?! cria presque Bruce peu habitué à cette branche de la médecine. »

Karl remuait tout autour du corps presque tiède. Il effectua rapidement quelques analyses. Sa température corporelle avait légèrement augmentée teintant ses joues bleues d'une légère couleur rosée.

« - Il a un peu de fièvre. Dit-il en palpant le ventre qui tressautait. »

Il palpa encore quelques minutes puis ses yeux s'agrandirent.

« - Bruce, ce n'est pas une hémorragie interne. C'est la poche des eaux qui s'est rompue. Son ventre convulse comme le ferait le vagin d'une femme, à la différence qu'il ne peut l'expulser par voie basse. On va devoir intervenir.

- Mais ce n'est pas possible ?! cria presque l'autre scientifique.

- Bruce, tout est possible. I peine quelques jours, je ne pensais pas qu'il existait d'autres peuples dans l'espace et encore moins des hommes qui pouvaient donner la vie. »

Cette simple répartie suffit à Bruce pour le calmer. Mais pourquoi avait-il paniqué ? La réponse s'imposait d'elle-même : parce que, bien malgré lui, Loki était devenu un ami. Il se rua sur les mallettes et sorti toute la panoplie de pédiatrie. Il tendit une paire de gant de chirurgie à Karl et en enfilant les siens :

« - Mettons cet enfant au monde. »

XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Le combat faisait rage sur l'immense terrasse qui surplombait la cité de pierre et de glace. Le soleil avait beau baigner ce côté de la planète de ses rayons chauds, l'air ambiant n'en demeurait que plus glacial. Helblindi n'en souffrait pas mais Thor et Fandral commençait à en ressentir la morsure du froid. Quant à Tony qui ne ressentait plus la douleur, il ne faisait même pas attention aux gerçures produites par le froid au niveau des résidus de métal de son gant.

Helblindi se jeta à nouveau sur l'humain. Tony évita le gourdin de justesse qui s'écrasa sur la pierre de la terrasse, explosant en un millier de morceaux. Thor enchaina, ne laissant pas de répit à leur ennemi. Il frappa de son marteau le poignet de l'homme qui sous le coup lâcha le poignard. Au moment où il se pencha pour le ramasser malgré son poignet fracturé, Thor lança une décharge électrique dessus, envoyant la lame dans les airs puis qui tomba dans le vide. Ce fut au tour de Fandral d'intervenir. Il attaqua avec sa rapière, fendant l'air de coup puissant mais précis. Tony les évita tous jusqu'à ce que le chevalier effectue une rotation qui le fit tomber. Le blond se jeta sur son corps, l'écrasant de tout son poids et lui plantant la lame fine et aiguisé dans l'épaule droite. La tête de Tony dépassait presque du bord de la terrasse. Il pouvait presque sentir le vide dans sa promiscuité.

« - Ne bouge plus. Grogna le chevalier. Cela vaut mieux pour toi.

- Fandral ! s'emporta Thor en se rapprochant. Ménage-le, il reste notre ami.

- Mais en attendant, il ne bouge pas. Rajouta Helblindi. »

Thor ouvrit ses yeux en grand. Il ne s'attendait pas à trouver une connivence entre son ami chevalier et le jeune roi de Jotunheim. Le résultat était néanmoins prometteur. S'il avait s'agit d'une arme lambda, nul doute qu'il se serait dégagé facilement. Mais la rapière de Fandral n'était pas n'importe quelle arme. Elle était faite d'un métal particulièrement pur et le pommeau finement travaillé intégrait des runes de protections et de défenses contre les démons, les êtres impurs. Son arme correspondait parfaitement à sa personnalité. Voilà exactement pourquoi Anthony se retrouvait cloué au sol.

« - Que doit-on faire ? demanda Helblindi faisant disparaitre son gourdin. Pour qu'il reprenne ses esprits. »

Thor et Fandral se tournèrent vers lui mal à l'aise.

« - Je n'en sais rien. Lui répondit Thor.

- Puisque que vos guérisseurs, expert dans le domaine du psychisme, ont échoué. Je pense que c'est à Anthony de reprendre les rênes de son corps. »

Puis sans prévenir, il se repencha sur Anthony et lui saisit les cheveux. Il rapprocha son visage jusqu'à ce que le bout de leurs nez se touchent. Ses yeux bleus plongèrent dans ceux complètement obsidiennes.

« - Anthony ! Je sais que vous pouvez m'entendre. »

Thor était étonné que ce soit Fandral qui prenne l'initiative. Il le laissa faire car la seule chose qui pouvait ramener Tony était un choc émotionnel et qui de mieux que Fandral pour provoquer ce choc. Le premier compagnon et ex-amant de Loki et son nouveau compagnon et père de son enfant à naître. Ils étaient aussi différents qu'ils étaient semblables. Ils aimaient le même homme, un feu ardent coulait dans leurs veines et une fougue intense les animait.

« - Parles autant que tu le veux, freluquet. Il ne t'entendra pas. Ricana la chose dans un sourire torve. »

La gifle que lui retourna Fandral fit craquer la nuque de Tony sans toutefois la briser. La chose se mordit la langue sous la puissance du coup.

« - Toi, tu la fermes. Ce n'est pas à toi que je m'adresse. »

Thor leva un bras vers eux mais le laissa retomber aussitôt. Soudain, un garde arriva le souffle court. Visiblement, il avait gravit les étages quatre à quatre. Les trois hommes se tournèrent vers lui attendant une réponse néfaste.

« - Que ce passe-t-il ? demanda Helblindi d'air grave.

- Mon Seigneur ! Le Prince Loki ... s'exclama le garde.

- Parle ! s'emporta le jeune roi soucieux de l'état de santé de son jeune frère. »

Thor et Fandral frémirent en entendant le nom. La blessure était sévère. Dans son état, aurait-il succombé ? Et son enfant ? Si Tony s'en sortais, il s'en voudrais à jamais. Il ne s'en remettrais pas. Thor ne s'imaginait pas perdre son frère ENCORE une fois (et pour de vrai !). Quant à Fandral, cette idée l'horrifiait tout simplement.

« - L'état du Prince Loki a provoqué l'accouchement de son enfant. Les deux soigneurs de Midgard sont en train de s'en occuper. Ils m'ont chargé de vous transmettre le message.

- Mais va-t-il s'en sortir ? demanda prestement Thor. »

Le garde réfléchit quelques secondes comme si la dernière information avait prit l'entière place dans son esprit. Mais la vérité était qu'il ne parlait que très peu le midgardien et encore, il avait fallut que le vieux géant le lui répète dans sa langue natale. Helblindi sembla comprendre et lui réitéra la question en parlé jotun. Le garde lui répondit alors de sa voix grave et gutturale.

« - Il est sauf. Traduisit Helblindi. Les guérisseurs ont pensé à une hémorragie mais il s'agissait de la poche des eaux qui s'était déchiré. »

En parlant, Helblindi ne put contrôler le sourire qui s'afficha sur ses lèvres, tout comme Thor. Ils allaient être oncles. Et même Fandral ne put contrôler son rictus de joie. L'homme qu'il aimait était en vie et s'il devait être honnête avec lui-même, jamais il n'aurait fait de mal à cet enfant qui n'y pouvait absolument rien. Et s'il avait compris une chose, c'était que Loki était lié à cet humain, qu'il l'aimait jusqu'à lui donner son corps pour façonner la vie, jusqu'à mourir pour lui et Anthony avait fait la même chose, il était mort pour Loki. Alors que lui, qu'avait-il fait ? Il lui avait fait découvrir le plaisir de la chair, du désir, le sortant de sa cage de solitude. Il y avait eu de la tendresse et de la passion au sein de leur couple. Il l'avait aimé et il l'aimait toujours actuellement. Mais l'amour de Loki était pluriel. S'il lui réservait une place particulière dans son cœur de premier et d'ami, celle du compagnon et de l'amant était dévoué à un autre que lui.

La rage lui vrilla les tripes. Anthony devait se battre pour ce que Loki lui avait offert et qu'il lui avait refusé. S'il avait su que Loki pouvait donner la vie quand il lui dédiait sa tendresse et son corps, il aurait tout donné pour avoir la chance d'être la deuxième moitié de l'équation. Mais c'était Stark qui avait eu ce droit.

Il se saisit des épaules de l'humain possédé et le secoua faisant tressauter la rapière qui abima davantage la chair.

« - Anthony ! rugit-il. Je sais que vous nous entendez ! »

Oui, je t'entends Casanova ... railla Anthony au bord des larmes. Mais ni Fandral ni personne ne pouvait l'entendre.

« - Vous avez entendu ! Loki est en train d'accoucher ! Vous allez être père ! »

Mon amour ... Je peux sentir comme tu as mal. Mais je t'en prie ... N'abandonne pas comme je l'ai fait. Vis pour notre enfant.

« - Le lien ?! s'exclama Helblindi. Il faut qu'il se serve du lien ! »

Le géant fit sursauter les deux asgardiens tant sa réaction était étonnante de la part d'un homme au naturel calme et posé.

« - Le lien ? répéta bêtement Thor dubitatif.

- Mais oui ! continua Helblindi. Anthony est le totlan de Loki. »

Il marmonna quelque chose dans sa barbe inexistante avant de reprendre pour qu'ils comprennent un peu mieux.

« - Dans vos cultures, on parle « d'âmes -sœurs ». Quand ils se sont connus, un lien s'est tissé entre leurs deux cœurs et s'est renforcé en même temps que leur amour. »

Le géant se jeta sur Anthony et s'agenouilla près de Fandral. Sa couronne lui donnait mal à la tête, il s'en saisit et la jeta doucement au loin vers la porte.

« - Anthony, continua Helblindi. Il faut que vous vous accrochiez au lien qui vous uni à Loki. »

Notre lien ? C'est vrai. Loki m'en a souvent parlé. Il était limpide pour lui. Il disait ressentir mes émotions. Alors que moi ... Je ne l'ai jamais trouvé. Mon amour ... Je ne te mérite pas.

La chose grogna et essaya de frapper le géant qui retint son bras et le bloqua au sol avec néanmoins quelques difficultés. Ce monstre possédait une telle force. Le regard grenat du roi fut attiré par quelque chose. Une tache sombre sur le poignet de Tony. Il lui retourna la main et vit avec horreur sa peau qui pourrissait.

« - Il faut qu'il se batte au plus vite. S'étrangla Thor en regardant la tâche. Le monstre qui le possède est en train de le consumer.

- Anthony ! Concentrez-vous ! Ressentez la présence de Loki ! «

J'ai tout gâché. Je ne me suis pas assez battu. Pour lui. Pour moi. Pour elle. Je ne mérite pas de vivre.

[- On ne peut pas l'anesthésier.

- Loki, écoutez-moi. Je vais ouvrir votre ventre pour avoir accès à l'organe qui protège le fœtus. »]

La voix de Bruce et du docteur Karl.

Loki, mon amour. Tu souffres tellement et je ne suis pas avec toi.

Anthony était dans un brouillard total. Il entendait ces voix sans savoir d'où elles venaient.

[« - Voilà, c'est fait ! s'exclama le Docteur Karl.

- Argh ! S'étrangla Loki en hurlant.

- Les contractions continuent. Constata la voix étonnée de Bruce.

- C'est tout à fait normal. Expliqua Karl. Son corps est programmé pour accoucher par voix basse puisque son peuple est hermaphrodite. Maintenant, on va devoir travailler de concert avec les réactions de son corps. »]

Anthony frémissait. L'homme de sa vie était en train d'accoucher. Son bébé allait vivre et il n'était pas près de lui pour l'aider et le supporter dans l'épreuve. Il serra les poings et hurla.

[« - Anthony ! hurla Loki. »]

Anthony sursauta et se retourna vers là où il pensait que la voix venait. Il s'avança de quelques pas.

Loki ? Mon aimé ? Je t'entends !

[« - Je l'entends ... pleura Loki. Il est là, Anthony est avec moi.

- La douleur le fait divaguer ... dit Karl. On doit se dépêcher. Bruce placer vos mains ici, la contraction ne va tarder. »]

Le hurlement de Loki déchira le calme qui entourait Anthony. Il ne pouvait pas rester là. Il avait besoin de lui. Il ne se laisserait pas faire sans se battre.

« - Mais il est trop tard, Anthony. Ton corps est à moi. Tu ne peux rien faire. »

Anthony se retourna et fit face à son lui démoniaque vêtu de son costume gris anthracite et armé de ses lunettes fumées. Ses lèvres affichaient un sourire de victoire.

« - Quoi que tu fasses, tu ne pourrais jamais sortir d'ici. »

Le cerveau d'Anthony bouillonnait de rage. Cette chose, la Peur, existait uniquement parce qu'il lui avait donné vie après l'attaque de New York et que sa présence l'avait rassuré par la suite. Mais une fois que Loki était entré dans sa vie, sa présence n'avait plus lieu d'être et la simple raison pour laquelle elle se trouvait encore là, dans un coin de la tête de Tony, c'était simplement qu'il n'avait pas eu le courage de faire face à ce qui l'attendait. Il avait été un lâche et c'était Loki et Steve ainsi que le peuple de Jotunheim qui en avaient subi les conséquences.

« - La seule et unique raison pour laquelle tu es ici, c'est que j'ai été un putain de lâche. Cracha Antony hargneux.

- Tu t'en rends enfin compte. Ricana la Peur. Ta véritable nature. »

Anthony s'avança lentement.

« - A cause de toi. A cause de moi. Je l'ai blessé. Mon enfant né prématurément. Commença Anthony. »

Il accéléra le pas puis se mit à courir.

« - C'est la fin ! hurla-t-il quand son corps heurta celui de la chose. Du sais-je rester ici avec toi pour l'éternité. Mais tu ne feras plus de mal. Tu ne feras plus blesser ceux que j'aime pour tes plaisirs malsains. Pour prouver ton existence. Sans moi, tu n'es rien ! »

Il martela son double de coups de poing, il le griffa et il le mordit. Il ne s'arrêta que quand il devint de la charpie. Il était couvert de sang mais progressivement son esprit fut plus clair. Libéré d'un étau destructeur. Son vrai corps convulsa tout du long sous les yeux ébahis des trois hommes. Ses yeux retrouvèrent presque une couleur normale.

« - Fandral, ôte ta rapière, il va se blesser. Claqua Thor. »

Le chevalier s'exécuta et se releva pour libérer le corps de l'ingénieur qui d'un coup se mit de côté pour cracher du sang noirâtre. Il toussa longtemps.

« - Ami Tony ! s'exclama Thor en s'agenouillant près de l'homme.

- Je ne peux pas garder le contrôle longtemps. Mais Je sais ce que je dois faire. Dit-il entre deux tressautements.

- Anthony ? lui demanda Helblindi. »

Les doigts du milliardaire tenait fermement le bord de la terrasse. Son regard coula dans le vide et Thor le suivit. Quand il comprit, c'était trop tard. Anthony se jeta dans le vide. Sa peur de mourir, et sa courte mort, avait donné naissance à la Peur qui l'avait peu à peu contrôlé jusqu'à ce qu'il perde toute notion. Il n'avait plus été lui-même, jusqu'à vouloir tuer celui qu'il aimait. Celui pour qui il donnerait sa vie. Thor allait intervenir mais Fandral le retint par le bras. Le Prince d'Asgard le regarda horrifier. Le corps mou d'Anthony tombait dans le vide.

« - Il a fait son choix. Lui seul sait ce qui est bon pour Loki. »

Loki. Mon tendre amour. Homme de ma vie. Mon compagnon, mon ami. Je suis sincèrement désolé pour ce que je t'ai fait. Ce que je vous ai fait, à toi et à notre bébé. C'est impardonnable. C'est parce que je t'ai entendu, au fond de mon cœur que j'ai compris comment me délivrer. Nous délivrer de cet enfer. C'est ma peur de mourir qui l'a fait naître. Alors je dois mourir pour qu'elle disparaisse. Ne me pleure pas, mon amour. Je serais toujours avec toi. A jamais.

Le vent fouettait son visage. Ses larmes se noyèrent dans sa barbe avant de voler et de disparaitre. Il ferma les yeux face au sol qui se rapprochait dangereusement. Il sentait le mal quitter son corps. La solution avait été évidente. Sa mort entrainerait la sienne. Alors soit. Il se concentra sur le lien qui l'unissait à Loki. Il y envoya tout l'amour qu'il avait pour lui.

[« - Ouin, Ouin, Ouin .... »]

Le cœur de Tony fit un bond. Le fruit de leur amour était né. Sa petite fille. Mais il se mit à pleurer quand un autre pleure, plus grave retentit.

[« - Loki ! s'exclama Karl. Vous avez deux beaux enfants. Regardez ...

- Comment est-ce possible ? lâcha la voix faible de Loki. Vous n'en aviez vu qu'un ...

- Je me suis trompé. Dit Bruce dont la voix tremblait. La poche de votre fille camouflait celui de votre garçon. »]

Une fille et un garçon ?! Anthony ne pouvait pas être plus heureux. Il sentit la chaleur de ses enfants contre sa propre poitrine quand ils furent déposés sur celui de Loki.

[- Comment allez-vous les nourrir ? demanda Bruce curieux.

- Je sais qu'un autre Jotun a donné naissance, il y a peu. Il acceptera de les nourrir le temps que vous retourniez sur Midgard. Annonça le vieux géant.

- Alors, dit doucement Karl en nettoyant les sutures du ventre de Loki. Vous avez réfléchit à des noms avec Anthony. Tout du moins pour la demoiselle ? »]

Anthony pouvait ressentir la joie dans la voix de Karl, l'épuisement dans celle du vieux jotun qu'il avait blessé, l'émotion dans celle de Bruce. Et celle de Loki. Parfaite. Gravé dans son cerveau, dans son âme et dans son corps.

[« - Anthony ne savait pas. Il disait qu'il ne voulait pas que son enfant lui reproche un jour d'avoir un prénom qu'il déteste. »]

Le rire cristallin de Loki fit se vriller le ventre de Tony. Il allait mourir sans le revoir, sans le toucher à nouveau. Il ne connaitrait pas ses enfants. Sa petite fille et son petit garçon. Ses enfants.

[« - Mais je sais qu'il adorait sa mère. Maria. Notre fille se nommera Maria. Comme sa grand-mère. »]

Le visage de sa mère et de son père apparurent devant ses yeux. Il avait eut une vie plus courte que la leur. Mais il avait trouvé l'amour de sa vie qui lui avait donné deux beaux enfants. Et sa mère aurait été incroyablement heureuse de savoir que sa petite fille porterait le même prénom qu'elle. Même son père aurait trouvé cela adorable. Bien sûre, il ne l'aurait jamais dit. Mais le léger tressaillement de sa moustache blanche aurait indiqué un sourire.

[« - Et pour notre petit garçon. Ce sera ... »]

Alexandre ! Pensa Anthony. La riche, la beauté et la puissance. Il n'avait pas eu le temps d'en discuter mais il y avait sérieusement pensé.

[« - Ce sera Alexandre. Oui. Anthony adorerait, j'en suis certain. »]

Anthony avait enfin trouvé leur lien. Il pouvait sentir le cœur de Loki, il pouvait l'entendre comme s'il était avec lui. Et alors que sa mort approchait, la dernière chose à laquelle il pensa fut le petit boitier qui se trouvait dans la poche droite de sa veste de costume dans sa valise. Il voulait demander l'homme de sa vie en mariage. Le père de ses enfants. Il avait prévu de le faire le jour de la naissance de leur enfant. Mais il ne pourrait jamais le faire. Et son seul regret était que cette bague était beaucoup trop simple pour être destiné à la personne qui lui avait offert non pas une merveilleuse petite fille mais deux beaux enfants.

Je vous aime, mon amour. Toi et nos enfants.

Loki ferma les yeux pour retenir les larmes qui lui montèrent aux yeux. Il savait.