Chapitre 8
Meredyce refusait de se retourner. Il ne fallait pas. Ses mains, devinrent moites. Son cœur tambourinait si fort si vite qu'elle le sentait se répandre partout en elle. Il battait contre son ventre, ses doigts...
Cette voix...brûlante, virile...elle l'aurait reconnue n'importe où. Même dans une foule bondée de monde. Seigneur ! Songea-t-elle en fermant les yeux. Une terreur sans nom s'empara d'elle. Pour être honnête, Klaus Kreighton était bien plus terrifiant que celui qui avait tué ce banquier. Elle pouvait le sentir. Elle avait même l'impression qu'il était là, contre sa nuque. Et pourtant, lorsqu'elle osa baisser les yeux...il était toujours au même endroit. Elle tourna alors ses hanches pour le confronter. Lorsqu'elle croisa son regard elle suffoqua. Il sortait de prison...cinq longues années de prison. Meredyce devait se montrer prudente car sa menace émise lors de leur dernier et bref entretien semblait être une promesse qu'il s'apprêtait à tenir. Allait-il lui faire du mal ? La gorge nouée, elle s'efforça de ne pas s'étendre sur son profil inquiétant et viril. Il portait une chemise immaculé de blanc, une veste noir, enfermant difficilement sa puissante carrure démesurée et presque irréelle. Son nez aquilin, sa bouche dure et tordue ne présageaient rien de bon. Son ventre surchauffa à la vue de sa barbe noire et longue qui représentait bien le prisonnier à peine sorti de prison.
- Que faite-vous ici ? Parvint-elle à demander en se tenant à l'échelle comme si cette dernière tenait sa vie.
Il demeura sans réponse. Il se contentait de l'observer silencieusement avec cette paire d'yeux bleus terrifiante.
- Votre cahier...
Il lui montra puis le rabaissa tout en s'approchant de l'échelle. Meredyce sentit sa lèvre trembler. Il sentait l'after-shave. L'allée semblait se rétrécir autour d'elle comme s'il allait l'engloutir dans les ténèbres.
- Je vous ai dit que...
- Vous m'avez dit beaucoup de choses jeune fille, coupa-t-il sans trait d'humour ; Reste à savoir lesquelles sonnaient vraies.
Meredyce ne pouvait plus respirer. Elle ignorait où il voulait en venir.
- Allons ! S'impatienta celui-ci en courbant son index ; Descendez, je ne vais pas vous faire du mal.
Comme aspirée pas son ton dictatorial, Meredyce s'exécuta mais s'empara tout de même d'une encyclopédie assez épaisse dans l'intention de l'assommer avec si la discussion tournait mal.
Elle trébucha sur l'une des marches en réalisant qu'il n'y avait plus de barreaux entre eux. Il était grand, disons un mètre quatre-vingt-dix. Elle agrippa l'encyclopédie maladroitement, il le remarqua et leva un sourcil.
- M'assommer est une idée que vous venez d'avoir ou vous en rêvez depuis notre première rencontre ? Demanda-t-il sur un ton nonchalant.
Elle serra ses lèvres pour s'empêcher de rétorquer.
- Qu'est-ce que vous voulez monsieur Kreighton ? Demanda-t-elle d'une voix aimable ; Vous êtes sorti de prison, vous avez sûrement des tas de choses à faire plus importantes qu'un cahier.
Sans le moindre sourire il lui tandis son cahier en jetant un coup d'œil par terre. Il la pressait pour qu'elle descende complètement de l'échelle. Les jambes en coton, Meredyce dévala les dernières marches pour se retrouver face contre terre honteuse et en colère contre elle-même.
Une paume brûlante, large et ferme emprisonna son menton et l'inclina en arrière pour qu'elle le regarde. Dans cette position humiliante et improbable, Meredyce songea à se relever et partir en courant. Il pressa ses doigts plus fort sans un mot. Avec la force du désespoir elle se releva et se dégagea avec difficulté. Mais aussitôt sa paume renversée reprit son menton l'obligeant à le regarder, tête rejetée en arrière.
- Vous êtes la jeune fille que j'ai cachée il y a cinq ans, déclara-t-il gravement ; Hier, vous m'avez rendu ma liberté, la seule question que je me pose c'est pourquoi avoir fait ce petit numéro d'étudiante aux questions farfelues ?
Meredyce sentit son sang se glacer.
- Comment vous savez ? Souffla-t-elle tandis qu'il ôtait lentement sa main pour la libérer ; C'était confidentiel ! Comment vous...
- J'obtiens toujours ce que je veux mademoiselle Farella ; Peu importe comment je les obtiens, il se trouve que je désirais connaître un peu de cette jeune fille sans me douter un seul instant que c'était vous.
Il semblait furieux. Meredyce agrippa sa jupe avec ses poings.
- Et alors ? S'emporta-t-elle en se reculant pour ramasser le livre.
- Et alors j'aimerais comprendre pourquoi avoir menti, insista-t-il en s'approchant d'elle comme un fauve chassant sa proie en prenant plaisir à jouer avec avant de la dévorer.
- Il me fallait un moyen de vous voir, commença-t-elle avec des trémolos dans la voix ; Le soir du meurtre vous êtes resté longtemps devant moi, vos mains n'étaient pas celles qui tenaient l'arme.
Elle se retourna et poussa son chariot dans une autre allée pour gagner de la distance...une distance qu'il combla aussitôt.
- Ensuite, il n'y avait plus doute possible lorsque j'ai vu vos mains, celle qui tenait l'arme était imberbe, dépourvu de poils.
Elle s'arrêta pour baisser les yeux sur les siennes alors qu'elle avait l'impression que l'une d'entre elles était toujours posée sur son menton.
- Les vôtres sont rêches, abîmées et poilues, commenta-t-elle avec bravache.
Elle reprit son chemin avant qu'il ne la stoppe en lui barrant le passage.
- Ainsi je dois ma liberté à une comparaison de mains, murmura-t-il avec un sourire égale à la froideur de ses yeux.
- C'est mieux que rien, dit-elle en essayant de passer.
Mais il l'en empêcha en posant son pied au niveau des roulettes. Un éclat de colère pigmentait ses iris. Elle se mordit la lèvre essayant vainement de soutenir son regard.
- Maintenant que vous savez la raison de mes mensonges, puis-je passer ? Demanda-t-elle en feignant l'indifférence à son égard en regardant madame Allen qui continuait de farfouiller dans les livres érotiques.
- Je suis sûre que vous avez des tas de choses à faire aujourd'hui, rajouta-t-elle dans l'espoir qu'il se dégage de son passage.
En vain. L'homme ne bougeait pas. Il la dévorait du regard. Meredyce avait l'impression d'être mise à nue.
- Vous aviez toutes les raisons de me haïr après notre entrevue, dit-il enfin ; Pourquoi avoir tenu à témoigner.
Prenant une grande respiration, Meredyce profita qu'il ait retiré sa jambe musclée pour pousser le chariot.
- J'ai la conviction que nous sommes tous destiné à faire du bien autour de nous, murmura-t-elle tristement ; Je n'aurais pas réussi à me regarder dans le miroir si je vous avez laissé derrière ces barreaux seulement parce que vous m'avez traitée comme une enfant idiote.
- Je réitère mes dires, murmura-t-il menaçant, vous n'auriez pas du venir dans cette prison.
Il était si proche...qu'elle sentit son sang se glacer. Elle se demandait même comment elle parvenait à ouvrir la bouche sans bafouiller.
- Le principal c'est la vérité, le reste n'a aucune important monsieur Kreighton.
Meredyce revint à son point départ et se mit derrière le comptoir pour se protéger de cet homme au regard animal.
- Je souhaite trouvé une vie correcte maintenant, pouvoir regarder de l'avant, vous devriez en faire autant.
- Mais c'est bien mon attention, dit-il en posant son cahier sur le comptoir.
Elle porta sa main vers lui avant que celle-ci soit écrasée par la sienne. Meredyce hoqueta.
- Bien qu'effrayant et dénué de chaleur, commença-t-il d'une voix rauque ; Sachez que je suis vous très reconnaissant pour m'avoir fait libérer.
Nerveusement, elle serra sa main sur sa jupe en parvenant difficilement à soutenir son regard qui lui semblait sincère...
- Ça y est miss Farella, intervint Madame Allen en posant les bouquins sur le comptoir.
Kreighton retira sa main de la sienne et se redressa pour dominer celle qui venait de les couper.
La main brûlante, Meredyce fit tomber son regard sur les livres les joues en feu.
- Merci pour vos conseils ça m'a été très utile ! Reprit Allen alors que Klaus Kreighton venait de faire tomber ses yeux sur les livres en questions.
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