Chapitre 54
Meredyce retint son souffle alors qu'il attendait patiemment qu'elle lui parle. Son index faisait des petits cercles sur le haut de son épaule, son regard n'avait jamais été aussi ardent. Vide de mots, incapable de prononcer ce qui pour elle était une excellente nouvelle, Meredyce plongea sa main dans la poche de sa robe et lui tendit le test. Attentive, Meredyce observa l'expression qui se dessinait sur son visage.
- Qu'est-ce que ça signifie ? Je...tu es enceinte ?
Meredyce acquiesça silencieusement et déglutit péniblement.
- Je suis désolé je...j'ai fait le test dans l'avion, je voulais tant que tu sois là Klaus.
Un sourire se plaqua sur les lèvres de son compagnon. Le test disparut dans sa main fermée en poing. Ses yeux bleus se mirent à briller d'une lueur indéchiffrable.
- Tu n'as pas à t'excuser cara mia, souffla-t-il de bonheur ; C'est moi qui est tout fait de travers.
Choquée, Meredyce réprima un soupir tremblant. Il n'avait pas l'air furieux et encore moins contre l'idée d'être père. Envahie par un soulagement indicible, elle se glissa sur le banc pour se rapprocher de lui.
- Un bébé c'est une étape important dans une vie de couple tu le sais n'est-ce pas ?
Impassible, il posa sa paume de main sur sa joue pour y glisser tendrement son pouce.
- Je te l'ai dit querida, commença-t-il d'une voix étrangement émue ; Avant de te rencontrer je ne voulais pas d'enfant, mais aujourd'hui j'en veux. Je veux pouvoir lui transmettre tout ce que je n'ai pas eu.
Meredyce esquissa un sourire et posa sa main sur la sienne.
- Et toi ? S'enquit-il inquiet ; Tu veux un enfant ?
- Je veux tout avec toi, je t'aime tant, murmura-t-elle les larmes aux yeux ; Je ne regrette rien Klaus. Tu m'as sauvé.
- Oh mon amour viens par-là.
Ses lèvres s'écrasèrent sur les siennes si puissamment qu'elle gémit. Passionnément, il l'embrassa longuement avant qu'elle s'écarte en posant ses doigts sur ses lèvres.
- Tout le monde nous regarde, lui fit-elle remarquer.
Ses iris brûlaient sous les lueurs fascinantes du soleil.
- Et bientôt tout le monde saura qui tu es querida.
Il porta sa main sur son ventre, appuyant ses doigts contre le tissu de sa robe.
- Toi et notre bébé...je vais vous rendre heureux, lui promit-il la gorge serrée.
Si Klaus ne donnait pas l'impression de souffrir, Meredyce lui aurait sauté dans les bras.
- Ta blessure a l'air importante Klaus, dit-elle sérieusement.
Il grimaça en essayant de faire rouler son épaule engourdie.
- Je dois parler à Tara, tu veux bien m'attendre.
- Oui bien-sûr, elle a besoin de toi, vas-y je t'attends.
Klaus se leva avec le reste de ses forces et se dirigea vers le corps de ferme. Meredyce était persuadée que ce voyage apporterait un tournant dans la vie de Tara. Meredyce ne s'était jamais trompée. Chaque décision qu'elle prenait la rendait plus forte et plus combative. Tara avait confié à Meredyce vouloir y aller alors il ne pouvait pas aller contre cette décision. Il devait seulement lui montrer son soutien et la rassurer. Réprimant un gémissements de douleur il monta à l'étage supérieur et croisa la directrice qui toute penaude, baissa la tête.
- C'est d'accord j'accepte, lâcha-t-il avant de ne plus pouvoir le dire.
Étonnée, celle-ci écarquilla les yeux.
- Vous êtes sûr monsieur Kreighton ? Insista-t-elle doucement.
Klaus expira pour les narines pour toute réponse.
- J'ai confiance en ma femme et si ma femme dit que c'est une bonne solution, alors j'accepte.
La directrice lui exprima son respect d'une inclinaison de tête et pivota les talons pour disparaître derrière les portes de son bureau. Klaus ferma brièvement les yeux et poursuivit son chemin jusqu'à l'étage supérieur tout en prenant soin de remettre son manteau. Il ne voulait surtout pas alarmer Tara sur sa récente blessure. Puis tout à coup, Klaus s'arrêta brusquement, réalisant seulement à cet instant que Meredyce portait son enfant. Un bouffée de désirs s'empara de lui. Il voulait à tout prix la protéger farouchement. Sentir entre ses mains son enfant grandir en elle.
- Klaus ? L'appela Tara en le voyant dans l'encadrement de la porte.
Klaus quitta sa torpeur et entra dans la chambre avec un sourire aux lèvres. Tara, accourut vers lui pour se blottir contre lui. Silencieusement, il remercia le ciel qu'elle ne lui ait pas sauté au cou.
- Meredyce avait l'air vraiment inquiète pour toi est-ce que tout va bien ?
Une profonde inquiétude voila ses yeux bleus. Klaus lui sourit immédiatement et planta un baiser sur son front.
- Tout va bien Tara, assura Klaus en s'installant sur l'une des chaises qui constituait l'univers de Tara ; Comment ça s'est passé avec Meredyce ?
- C'était très agréable, murmura-t-elle en tortillant ses doigts nerveusement ; Meredyce a passé la nuit avec moi et j'ai bien dormi, je...ne me suis pas réveillé.
Il lui fallut un certain temps pour réagir. Car dès l'instant où son acceptation franchirait le barrage tenace de ses lèvres, Tara serait livré à l'extérieur.
- La directrice t'a parlé du voyage ?
- Oui, dit-elle en s'installant à son tour.
- Et qu'en penses-tu ?
Tara baissa les yeux sur son puzzle.
- Meredyce pense que c'est peut-être une bonne idée, se contenta-t-elle de dire en tirant sur ses doigts.
Klaus garda le silence.
- Et toi ?
- Je ne sais pas, avoua-t-elle en s'agitant sur la chaise ; Je ne sais pas si c'est une bonne décision.
Klaus serra les lèvres par peur que son arrogance parle pour lui. S'il s'écoutait, Klaus l'emmènerait avec lui dans sa villa sur la côte. Mais il savait que ce n'était pas la solution. Tara avait besoin d'un suivi intense et aussi se libérer de ce mal qui la rongeait.
- La seule chose que tu dois savoir c'est que si jamais tu voulais rentrer, mon jet est âpreté pour ça.
Tara hocha de la tête comme pour s'en persuader.
- À n'importe quel moment, n'importe quelle heure mon ange, je viendrais te chercher avec Meredyce.
Il prit sa main dans la sienne pour apaiser ses tremblements
- Mais je suis convaincu que cette nouvelle expérience pour être bénéfique, ajouta-t-il sérieusement.
Un film transparent se posa sur ses yeux bleus océans. Des larmes jaillirent sur ses joues alors qu'elle acquiesçait machinalement.
- C'est au moment où tu reviens t'installer en Italie que je dois partir, murmura-t-elle pince-sans-rire.
- Ça serait égoïste de ma part de vouloir te garder ici, expliqua Klaus en secouant de la tête ; Je ne t'aiderais pas en faisant ça.
Il lut de la peur dans son regard. Le même regard que lui lançait souvent Meredyce.
- J'ai peur tu sais, confia-t-elle d'une voix si brisée qu'il crut mourir d'être aussi impuissant.
- Fais-moi confiance petite sœur, chuchota-t-il doucement en portant ses doigts à ses lèvres.
Le regard de Tara devint plus apaisé, moins craintif.
Plusieurs heures suivant leur échange, Klaus signa les papiers qui autorisait Tara à partir. Dire qu'il en était heureux serait un mensonge. Mais il se voulait confiant pour la suite.
- Viens t'asseoir chérie, ordonna Klaus lorsqu'ils franchirent le seuil de la villa.
- Ça ne serait pas plutôt le contraire ? C'est toi qui devrait t'asseoir, rectifia Meredyce avec un sourire enjoué.
Klaus roula des yeux et ôta sa veste. Dès que son épaule fut visible, Meredyce s'approcha pour effleurer sa blessure de l'index.
- Si j'avais su que tu avais traversé une vitre je ne n'aurais pas été aussi odieuse avec toi, s'excusa-t-elle avec regrets.
- Je serais prêt à tout pour te protéger Meredyce.
Il scella cette promesse en l'embrassant fougueusement. Meredyce sentit battre son coeur si fort qu'elle crut vaciller. Subitement elle s'arracha de ses lèvres pour regarder son épaule en constatant avec effroi que le bandage saignait.
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