Chapitre 48
Le ciel n'avait jamais été aussi gris que quand Klaus s'était approché de l'énorme bâtisse grise et terne. Immédiatement, il fut assailli de souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Mains enfoncées dans les poches, il observa les grilles du centre pénitencier s'ouvrir lentement sur Edouardo. Le revoir lui provoqua un petit tressaillement. Les cinq ans passés à ses côtés lui avaient appris à se construire un self-control implacable pour parvenir à canaliser la colère qui rugissait en lui. Un sourire se plaqua sur les lèvres de son ami lorsqu'il le vit.
- Moi qui m'attendais à sortir sans comité d'accueil, lança-t-il en posant son sac sur le béton opaque et fissuré.
- Tu croyais que j'avais oublié ta sortie ?
Edouardo grimaça.
- Pour être honnête oui, avoua-t-il d'une voix étrangement émue.
- Je t'avais promis d'être là et je suis là.
Edouardo combla l'espace qui les séparait et lui offrit une accolade amicale.
- Que c'est bon de te revoir mon ami, murmura Edouardo en lui tapotant le dos.
- Où est ta femme ? Ton fils ?
- J'ai préféré qu'ils restent à Rome, je préfère retrouver mon fils dans un décor plus harmonieux que celui-ci.
Edouardo avait pris sept ans de prison après avoir été piégé dans une affaires de drogue. C'était bien le seul à pouvoir comprendre son ressentiment envers les traîtres. Gérant d'un garage automobile, un ami proche s'était servi de lui pour planquer quarante-huit kilos de drogues dans son garage. Klaus le sentait sincère lorsqu'il répétait sans cesse qu'il n'était pas au courant. Edouardo avait raté les premiers pas de son fils, les premiers mots de son fils. Entrepreneur accompli, mari dévoué, Edouardo n'avait pas le profil d'un dealer. La seule chose qu'on pouvait lui reprocher c'était sa démarche insolente et son regard dur. Voilà pourquoi les enquêteurs n'avaient pas voulu le croire. Une nonchalance naturelle émanait de lui constamment.
- Il va falloir que je reprenne tout de zéro maintenant.
- Et c'est pour cette raison que je suis ici mon ami.
Confus, ce dernier haussa un sourcil. Klaus lui indiqua sa voiture et une fois à l'intérieur, Edouardo lança ;
- Klaus, tu m'expliques ?
- Parfois les personnes que l'ont croient connaître te poignardent dans le dos et c'est exactement ce que je suis en train de vivre.
- Je suis navré Klaus et je suppose que c'est là que j'interviens ?
- Oui, j'ai besoin de toi Edouardo, confia-t-il sur un ton franc ; La jeune femme qui est venue m'interviewé tu t'en souviens ?
Edouardo acquiesça.
- Il se trouve que c'est elle qui m'a fait sortir de prison et je l'aime.
La réaction de son ami ne se fit pas attendre. Il pointa le ciel du doigt avec un sourire goguenard.
- C'est pour ça qu'il fait si gris dehors, se moqua-t-il gentiment.
Klaus fit mine d'être mécontent puis reprit.
- J'ai besoin de l'éloigner le temps de régler mes comptes, poursuivit Klaus l'air très sérieux ; À l'heure où nous parlons elle se trouve à bord de mon jet privé prêt à décoller pour Palerme. J'ai besoin que tu sois son garde du corps.
Edouardo leva un sourcil étonné.
- Je suis très flatté Klaus.
- Ce n'est pas tout mon ami, reprit-il en sortant des enveloppes de sa poche intérieure ; Voici ton billet.
Edouardo le prit avec hésitation.
- Tu m'as appris à me construire Edouardo, tu m'as appris à me contenir à me protéger et tu m'as soutenu.
- C'est normal Klaus tu n'as pas à me remercier. Tu me dois rien.
- Au contraire, contrat-il avec un sourire en coin.
Les deux hommes se regardèrent en silence. L'émotion irrationnelle qui flottait dans l'habitacle en devenait presque gênant. Klaus y mit un terme immédiatement.
- À Palerme, une voiture t'attendra voici les clés. Elle sera à toi ainsi que ce compte en banque et cette carte de crédit.
- Ok doucement Klaus, intervint Edouardo en mettant ses mains devant lui ; Bon sang ! Tu es tombé sur la tête !
Ignorant les plaintes de son ami, Klaus poursuivit en jetant un coup d'œil à sa montre.
- Il y a trois millions d'euros sur ce compte, ce qui d'après mes calcules est largement suffisant pour reconstruire sa vie.
- Klaus je ne peux pas accepter !
La seconde suivante, Klaus tenait son col de chemise pour le confronter.
- Je ne suis pas du genre à reprendre ce que je donne Edouardo, déclara-t-il fermement ; Pense à ta femme et ton fils.
Edouardo ferma subitement les yeux en secouant de la tête tristement.
- Mais c'est beaucoup trop !
- Garde Meredyce en un seul morceau c'est tout ce que je te demande Edouardo.
La voix de Klaus n'avait été qu'un murmure exigeant. Tout ce qui comptait pour lui c'était de tenir Meredyce à l'écart. De la mettre en sécurité. Edouardo était le seul ami qui puisse tenir promesse.
- Tu peux compter sur moi Klaus, articula-t-il difficilement.
Satisfait, Klaus se remit droit sur son siège et démarra sans plus attendre. Meredyce devait très certainement se demander où il était passé. Il n'y avait plus de temps à perdre.
- Combien de temps ? Demanda Edouardo en attachant sa ceinture.
- Le temps d'un jour ou deux, peut-être même une journée cela dépend.
- J'espère que tu as prévenu ta tendre et belle qui j'étais ? Railla-t-il en souriant lentement.
Klaus bougonna dans sa barbe. Non, hélas. Il s'était contenté de la mettre à bord du jet sans plus de précision. C'était un nouveau départ qu'il désirait depuis si longtemps. Son cœur battait si fort à l'idée de recommencer sa vie loin de New-York qu'il se sentait égoïste de lui avoir caché ses plans.
En arrivant sur le tarmac, Klaus descendit de la voiture en claquant la portière bruyamment. Désireux de la retrouver assez vite, Klaus en oubliait presque son ex-compagnon de cellule qui marchait lentement derrière lui. Il s'attendait à de fracassant commentaires sur son jet mais l'homme gardait le silence, l'air ailleurs, le regard embarrassé.
- Je crois en toi et à ton avenir, lui avait-il dit avant de monter à bord de l'avion.
Immédiatement, les grands yeux verts de la jeune femme se posèrent sur les siens. Irradié par une chaleur intense, il s'approcha d'elle tandis qu'elle se levait le regard empli de soupçons.
- Tu en as mis du temps, commença-t-elle d'une voix hésitante.
- Je devais passé chercher un ami qui va prendre soin de toi le temps pour moi de régler un affaire ici.
Bien évidemment, le sourire qu'elle affichait retomba aussitôt.
- Et toi ? Pourquoi...attends je ne comprends pas Klaus.
Il lui prit la main pour la porter à ses lèvres. Avec ce geste il espérait pouvoir faire passer la pilule mais les grands yeux de Meredyce n'était plus qu'un océan de panique.
- Tu vas partir avec Edouardo et je te rejoins après.
- Non ! Refusa-t-elle immédiatement.
Klaus tiqua, gagné par l'impatience.
- Tu as dis que tu me faisais confiance Meredyce, lui rappela-t-il d'une voix grave.
- Je peux déceler dans tes yeux que tu me caches quelque chose de grave Klaus, dit-elle d'une voix mécontente.
Irrité qu'elle se refuse à obéir Klaus inspira bruyamment en la plaquant sur le siège.
- J'ai deux ou trois choses à conclure avant de partir ensuite...
- Mais je peux très bien t'attendre, coupa-t-elle en se refusant farouchement qu'il lui attache sa ceinture.
- Non, grogna-t-il en lui prenant le visage ; Pour une fois tu vas obéir Meredyce.
Ses yeux se mirent à briller de larmes. Cette vision lui déchira le cœur.
- Fais-moi confiance mon amour je vais faire en sorte de te rejoindre très vite, lui promit-il en plantant un baiser sur ses lèvres tremblantes.
- Je te déteste Klaus, murmura-t-elle d'une voix enrouée.
- Et moi je t'aime...rétorqua-t-il en s'efforçant de ne pas lui montrer ses émotions.
Sans plus attendre, Klaus se retourna pour quitter l'avion et ordonna au pilote de décoller sur-le-champ.
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