Chapitre 41



Au plus grand déplaisir de Meredyce, Klaus ouvrit les portes de la salle et dut s'efforcer à garder son calme quand quelques invités tournèrent leurs regards sur eux. Klaus l'avait pourtant prévenu sur la suite des événements et Meredyce avait crû pouvoir tenir le choc d'une telle entrée. Les femmes...que dire sur ces femmes qui la dévisageait comme une intruse n'ayant aucun droit d'être ici. Pendant un moment, Meredyce songea à d'étaler comme un lapin. Hélas, à peine eut-elle posé son regard sur Klaus qu'elle fut immédiatement hypnotisé par son regard magnétique.

- N'ai aucune crainte, ignore ces regards, lui conseilla-t-il avec un sourire rassurant aux bords des lèvres.

- Facile à dire, marmonna-t-elle en reportant son regard sur la foule d'invités.

La curiosité qui animait leurs yeux était sans retenue, sans vergogne.

À croire que c'était la première fois qu'ils voyaient Klaus Kreighton avec une femme. Tel un fauve, il se fondit dans la foule en la tenant fermement par la taille. Avec aisance, il prit une coupe de champagne au vol et lui tendit la sienne.

- Il vaut mieux que tu gardes les idées clairs, conseilla-t-il en lui offrant une coupe de jus de fruits.

Incrédule, Meredyce la prit sans comprendre avant qu'il reprenne ;

- Lequel des deux doit craindre d'après toi ? Lança-t-il froidement.

- Quoi ?

Son beau regard bleu se fendait comme un ciel d'orage à mesure qu'il balayait la foule du regard.

- Beaucoup d'hommes te jettent des regards affamés, dit-il avec humeur.

Meredyce s'empourpra lorsqu'il posa son regard sur elle. Il était possessif, ardent, protecteur.

- C'est avec toi que je suis, murmura-t-elle avec un sourire en coin.

Cette soirée lui rappelait étrangement celle dans laquelle sa mère avait réussi à séduire cet homme marié. Terriblement angoissée à l'idée qu'on la compare à sa mère, Meredyce se rapprocha de lui, les lèvres tremblantes.

- En effet, tu es avec moi, affirma-t-il en déposant un baiser sur son front.

Une voix suraiguë s'approcha alors d'eux. Klaus glissa sa main dans son dos délicat tout en regardant Daniela s'approchait d'eux, les joues rouges de colère.

- Daniela c'est ça ? Chuchota-t-elle nerveusement.

- En chair et en os...

Meredyce accueillit l'ancienne maitresse de son amant du mieux qu'elle le put. C'est-à-dire avec la tête haute. La féline à la crinière blonde s'arrêta à leur hauteur main sur la hanche. Inutile de nier, Daniela était une belle femme avec beaucoup d'atouts. Seuls les doigts de Klaus qui enserraient son bassin suffirent à la rassurer.

- Klaus, salua-t-elle suavement.

- Daniela, que fais-tu ici ? Demanda-t-il sans aménité.

Coulant un regard sur elle avec hostilité, celle-ci rejeta sa chevelure en arrière comme pour se donner un instant de réflexion.

- Tu sais très bien que je viens tous les ans à ce dîner.

- Oh pardon, je pensais que les choses avaient changé ces cinq dernières années, lâcha-t-il gravement.

Ignorant cette pique, Daniela s'approcha de lui en...mais oui ! Elle lui faisait du charme !

Serrant son poing contre sa hanche, Meredyce reposa sa coupe en se raclant la gorge.

- Tu captures tes maîtresses au berceau maintenant ? Lança-t-elle d'une voix doucereuse.

- Oui, répondit Meredyce avec un sourire éclatant ; Je tiens mieux la cadence au lit.

Klaus se retint de rire. Agréablement surpris par cette intervention, il lui prit la main sous le regard rageur de Daniela. Cela lui rappelait ses crises d'hystérie incessantes. Capricieuse et dépensière, cette femme courrait à sa propre faillite et celle de ses parents. Avec Meredyce, tout chez elle l'attirait irrésistiblement. Son beau visage d'ange inspirait l'innocence d'une jeune femme rêveuse et fragile mais résistante. Elle savait sortir ses griffes lorsqu'il le fallait. Il n'y avait ni mépris ni faux semblant dans ce petit bout de femme.

- Tu me déçois Klaus, nous aurions pu avoir un avenir merveilleux ensemble, lâcha Daniela les joues enflammées.

Klaus haussa des épaules avec flegme.

- Tu veux faire une scène ici ? Devant tes parents ? Souhaites-tu que je les informes de tes galipettes ?

D'un pas furibond, elle se retourna en feignant une attitude exemplaire.

- Je suis navré que tu aies dû assister à ça, s'excusa-t-il en buvant une gorgée de champagne.

- Ça va ne t'en fait pas, dit-elle en esquissa un sourire qui lui parut triste ; Je m'y suis préparée.

Au fond de son regard il la sentit extrêmement blessée. Que dire ? En l'amenant à cette soirée Klaus savait qu'elle devrait subir le mépris de Daniela. Ses yeux verts se posèrent sur la foule d'invités, emplis de questions auxquelles bientôt, Klaus y répondrait.

- Monsieur Kreighton, c'est un immense plaisir de vous revoir.

Quittant brutalement ses songes, Klaus fit face au directeur financier de la banque centrale européenne.

- Monsieur Sanchez, comment allez-vous ? Laissez-moi vous présenter ma compagne, Meredyce Farella.

Chaleureusement, Sanchez lui offrit une poignée de main.

- Enchantez mademoiselle Farella.

- Madame Sanchez comment se porte votre petit garçon ? Demanda-t-il poliment.

Tout sourire, celle-ci portant sa main à son cœur.

- C'est une merveille !

Déviant son regard dans la foule d'invités, Klaus aperçut son rendez-vous de dernière minutes se fondre dans la masse en le cherchant des yeux.

- Puis-je vous la confier quelques minutes je reviens tout de suite.

Il planta un baiser sur le sommet de sa tête et se dirigea vers son notaire.

- Monsieur Kreighton, le salua-t-il en inclinant sa tête.

- Allons nous asseoir plus loin, proposa Klaus sans s'attarder.

- Je suis étonné de la teneur de ce rendez-vous, lança son notaire en sortant ses documents.

- Il se trouve que ma vie a changé, expliqua Klaus en jetant un coup d'œil vers Meredyce qui parlait chaleureusement avec la femme de Sanchez.

Son notaire acquiesça silencieusement.

- Si mes souvenirs sont bon, le bénéficiaire que j'ai choisi à l'époque demeure toujours Tyler Aven ?

- C'est exact monsieur Kreighton, affirma-t-il en ouvrant les dossiers.

Croisant les mains sur la table, Klaus examina le dossier qu'il tourna vers lui. À l'époque, il réfléchissait avec l'esprit vif et parfois impétueux. Maintenant, après les longues épreuves qu'il avait supporté et le nombre de trahisons qu'on lui avait faites, Klaus réfléchissait avec recul et détermination. Si Tyler se comportait de la sorte avec lui c'est que derrière, il y avait un intérêt de taille. En effet selon son premier testament rédigé il y a longtemps par sécurité, l'unique bénéficiaire de sa société n'était autre que Tyler. Un goût amer lui monta dans la gorge. Trahi, Klaus tapota ses doigts sur la table et posa son regard sur Meredyce. À présent seule, à l'écart des invités, elle se tenait près du buffet en retrait. Ses boucles rousses tombaient contre son visage et son regard n'avait jamais été aussi inquiet. Silencieux depuis plusieurs jours, Klaus s'était omis de lui avouer qu'il connaissait ses secrets.

Cela renforçait encore plus la décision qu'il s'apprêtait à prendre.

- Je veux changer mon testament.

Surpris, son notaire remonta ses lunettes.

- En êtes-vous sûr monsieur Kreighton.

Un regard suffit pour confirmer sa décision. Meredyce croisa son regard et lui sourit radieusement pour dissimuler le flot de sentiments qui la traversaient.

- Absolument certain.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top