Chapitre 40



Dépassée par le tas de dossiers posés les uns sur les autres, Meredyce crut ne jamais en finir. Voilà quatre bonnes heures qu'elle triait chaque dossier pour les remettre à leur place et n'en voyait pas le bout. Bizarrement, Meredyce voyait dans ce fouillis une sorte de punition. Stella lui avait bien fait comprendre en passant devant les archives en l'observant avec hostilité qu'elle n'allait pas lui donner la tâche facile. De toute évidence, elle savait pour sa liaison avec Klaus et voulait lui faire payer. Gardant le menton bien levé, Meredyce ne laissa rien transparaître de ses émotions. La jalousie qui tenaillait ces femmes ne l'atteindrait pas. Hier, pour la première fois depuis qu'elle fréquentait Klaus, celui-ci avait franchi une étape importante. L'entendre lui dire 《 Mon amour 》 n'avait pas été sans conséquence. Un peu plus chaque jour, Meredyce tombait amoureuse de lui. Son cœur et son esprit lui appartenaient entièrement. Savoir qu'elle avait peut-être gagné le cœur de Klaus fit battre le sien plus fort.

- Madame Delma m'a rapporté qu'on ne t'avais pas épargné ce matin, lâcha une voix masculine qu'elle aurait reconnue entre mille.

Klaus resta d'abord devant la porte, dardant sur Meredyce un regard possessif. Dans son tailleur bleu marine, elle resplendissait de promesses. Ses courbes voluptueuses qu'il avait déjà parcourut lui rappelèrent ce moment où nu l'un contre l'autre, deux mots, et pas des moindres lui avaient permis de se fondre dans les profondeurs de ses pensées. Meredyce était amoureuse de lui. Ses sentiments pour lui n'étaient pas superficiels ni un moyen comme un autre d'approcher sa fortune. Dans son regard, il distinguait une peur farouche de lui avouer. À qui la faute, songea-t-il mâchoires serrées.

- Si c'est le prix à payer pour être avec toi, alors je suis prête à ranger ses dossiers jusqu'à épuisement.

Sa réponse eut l'effet d'une lave en éruption, glissant dans ses veines qui palpitaient dangereusement. Elle se retourna, dossier plaqué contre sa poitrine. Elle rougit instantanément, comme si elle se rappelait de leur étreinte passionnelle de la veille.

- Je suis navré, tu veux que j'intervienne ?

- Surtout pas ! S'y opposa la jeune femme.

Cette réaction le fit sourire.

Il referma la porte sans la quitter des yeux.

- Mais qu'est-ce que tu fais ! S'alarma-t-elle lorsqu'il s'approcha lentement.

Il l'enlaça par la taille avant qu'elle ne puisse protester.

- Je réconforte mon amante, ma...

Klaus s'interrompit en remarquant une trace sur sa joue. Comme si elle avait cédé à un gros chagrin.

- Tu as pleuré ?

- Non pourquoi ?

Sombrement, Klaus étudia son visage et comprit qu'elle mentait. Pourquoi était-ce si difficile pour elle de lui parler ? De lui exprimer ses sentiments. Il pouvait entendre son cœur battre. Sa poitrine se soulevait dangereusement. Craignant qu'elle se braque Klaus décida de ne pas insister plus longtemps. De ses phalanges, Klaus caressa sa joue en admirant son teint diaphane rosir aussitôt. Meredyce ne cessait de le surprendre et il adorait ça.

- Tu viens toujours avec moi ce soir ? Demanda-t-il en la lâchant après l'avoir embrasser.

- Bien-sûr, affirma-t-elle en tirant sur son tailleur ; Seulement j'aimerai en savoir un peu plus sur cette fameuse soirée.

- Un dîner caritatif, il y aura...

- Tout ce que je ne suis pas, termina-t-elle à sa place.

Klaus se rembrunit si vite que la jeune femme se retourna pour éviter son regard.

- En effet, affirma-t-il à son plus grand étonnement.

Lorsqu'elle flambait de colère, les yeux de la jeune femme devenaient ambrés. Comme une créature à la fois sauvage et farouche.

- C'est censé me rassurer ? Dit-elle sèchement ; Regarde ce qu'il se passe aujourd'hui, tout le monde me déteste, les femmes me regarde avec des fusils à la place des yeux.

- Elles te jalousent, lui fit-il remarquer en gardant la distance qui le séparait d'elle ; Et si tu veux rester avec moi, il va falloir t'y faire Meredyce.

Elle demeura muette, puis ses yeux se mirent à ruisseler de panique.

- Tu n'as jamais songer à disparaître ? Changer de vie ?

- Si, avoua-t-il d'une voix sombre et dégagée, comme si ce n'était plus dans ces projets ; Lorsque j'étais en prison j'ai songé à beaucoup de choses.

- Lesquelles ?

Klaus déglutit, impassible.

- Je voulais déménager en Italie, et prendre une retraite paisible et bien méritée.

Peu à peu, le visage de la jeune femme s'adoucit lentement. Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres.

- Tu serais peut-être le retraité le plus jeune de l'histoire, nota-t-elle en se pinça la lèvre.

Klaus ébaucha un triste sourire.

- Seulement j'ai pensé aux employés, reprit-il avec un soupir bruyant ; Je ne peux pas les licencier du jour au lendemain parce que j'ai décidé de tout arrêter.

- Comment ont-ils fait pendant cinq ans ? Demanda-t-elle d'une voix plus douce.

Meredyce inspira une bouffée de son parfum viril sans le quitter des yeux. Une myriade d'émotions passaient sur son visage fermé sans qu'il ne s'en aperçoive.

- J'ai gelé l'entreprise, ce qui me permettaient avec mes fonds de les payer.

Derrière son impitoyable regard, ce cachait un homme généreux et humain. Oui, Klaus était un humain comme les autres.

- C'est vraiment très gentil de ta part, je comprends maintenant pourquoi ils sont tous revenus sans préambule.

Sans arrogance, il haussa des épaules.

- Quoi qu'il en soit, si je venais à partir couler des jours heureux sur une île déserte, je ne devrais négliger aucun détail et...

Il s'arrêta le regard empli de questions. Sourcils froncés, il releva son regard sur elle sans un mot.

- Quoi que se passe-t-il ? Demanda-t-elle inquiète.

Il secoua de la tête pour reprendre ses esprits et posa sa main sur sa joue.

- Je dois te laisser, s'excusa Klaus en embrassant son front, nous nous verrons ce soir dans mon bureau tu te changeras dans la salle de bains.

- Est-ce que ça t'arrive d'oublier de réfléchir aux détails ? Demanda-t-elle en haussant un sourcil amusé.

- Parfois oui, répondit-il l'air ailleurs.

Comme il partait en direction de la porte visiblement tracassé, Meredyce le laissa partir mais n'en demeurait pas moins curieuse et inquiète. Pourquoi s'était-il arrêté brutalement ?

Ramenant ses cheveux en arrière, Meredyce décida de faire abstraction sur ce qu'il venait de se passer et reprit son travail. Lorsqu'un filet de rose d'or noya le ciel, Meredyce éteignit la lumière des archives et parcourut les quelques mètres qui la séparaient de son bureau pour se préparer. Par précaution elle frappa à la porte et pénétra à l'intérieur.

Une nuée de désirs coula au creux de ses reins lorsqu'il déboucha de sa salle de bains vêtu d'un beau smoking noir soulignant sa carrure impressionnante. Klaus se figea, interdit en découvrant Meredyce au seuil de son bureau, ses grands yeux verts exposés à la lumière rougeoyant du soleil le capturèrent instantanément. Un étau mystérieux se resserra autour de son cœur lorsqu'elle s'approche vers lui et entreprit de faire son nœud de cravate.

- Ta robe est dans la salle de bains, parvint-il d'une voix rauque.

- Je vais me dépêcher.

- Non...murmura-t-il en emprisonnant son poignet ; J'attends un coup de fil important, je veux que tu prennes ton temps cara mia.

Ses grands yeux s'arrêtèrent sur les siens. Il ne lasserait jamais de les regarder, songea-t-il en embrassant l'intérieur de son poignet.

Sans plus attendre, elle s'éloigna vers la salle de bains et referma doucement la porte.

Le coup de fil qu'il attendait tomba à point nommé. En effet, après sa conversation avec Meredyce sur les éventualités d'un départ précoce, Klaus avait subitement compris pourquoi Tyler désirait tant qu'il passe sa vie seul et demeure à jamais un éternel play-boy sans aucune perspective d'avenir.

Mâchoires serrées, blessé par cet homme qu'il pensait être son ami, Klaus décrocha le combiné avec la ferme intention de le punir et de venger son honneur.

Imperturbable alors qu'il savait que derrière cette porte, Meredyce était nue, Klaus répondit à son appel. Une heure plus tard, Meredyce ouvrit la porte et Klaus eut toute la peine du monde à calmer les battements de son cœur.

Ce soir, sa vie changerait. Inspirant une bouffe d'air, dos appuyé sur le dossier de son fauteuil, Klaus se passa son pouce sur ses lèvres en savourant l'entrée de la jeune femme dans son bureau. La robe qu'il avait mis des heures à choisir épousait ses formes voluptueuses. La couleur écarlate du tissu faisait ressortir ses cheveux roux. Quant à ses yeux....Klaus aurait voulu se noyer dedans.

- Comment je suis ? Demanda-t-elle en faisant un tour complet sur elle-même.

Klaus se leva tout en desserrant sa cravate. À peine avait-il comblé l'espace qui les séparait qu'il plaqua sa bouche contre la sienne pour lui montrer à quel point elle était désirable et sublime dans cette robe.

- Tu es absolument magnifique, murmura Klaus d'une voix qu'il eut peine à reconnaître.

Avec un sourire éclatant, elle posa ses mains sur ses bras et plaqua sa tête contre son torse.

- Je suis désolé pour tout à l'heure, s'excusa-t-il contre sa chevelure.

- Rien de grave j'espère ? Demanda-t-elle comme si elle avait deviné la raison qui le poussait à s'excuser.

Il prit son menton dans ses mains pour qu'elle le regarde.

- Non, avait-il menti en posant sa bouche furtivement sur la sienne.

Il s'écarta alors pour lui offrir son bras.

- Allons-y il est temps d'entrer dans l'arène, déclara-t-il en dissimulant la colère qui ruisselait dans ses veines...

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