Chapitre 38



Lorsque les portes achevèrent de s'ouvrir, Klaus pivota sur lui-même pour être certain d'avoir bien entendu cette voix qu'il pensait si loin de lui. Meredyce, en chair et en os ce tenait au milieu de son gigantesque salon comme une minuscule statuette de cire, téléphone dans la main, traînant la pointe de son pieds sur le sol. Abaissant son téléphone complètement émerveillé de la voir dans cette robe rouge portant sur la tête un chapeau de cuisine italien. La vision qu'elle lui offrit à ce moment-là le rendit muet. Une émotion particulière noua sa gorge déjà nouée depuis cinq minutes. Cloué au sol il dut commander ses jambes pour qu'elles avancent enfin.

- Buongiorno signore ! S'exclama-t-elle les yeux pétillants.

- Puis-je savoir ce que vous faites ici mademoiselle Farella, demanda-t-il en parvenant enfin à parler.

Sans se départir de son sourire timide, elle mit ses mains derrière son dos.

- Il se trouve que j'ai retenu le code de l'ascenseur l'autre jour, expliqua-t-elle l'air faussement innocent ; Je voulais te faire une surprise, tu avais l'air déçu tout à l'heure.

Meredyce était complètement affolée et s'efforçait de juguler au mieux cette panique naissante. Betty lui avait conseillé de prendre des initiatives et c'est exactement ce qu'elle venait de faire. De plus, elle avait eu une peur atroce qu'il ne rentre jamais...qu'il soit peut-être avec une autre femme. Encore une fois, Meredyce s'était trompée. Klaus demeurait le même qu'à son départ de son appartement. Strié de colère, énigmatique et en pleine guerre intérieur avec lui-même. Devant son silence qui durait depuis plusieurs minutes, Meredyce se sentit sotte et indésirable. Lissant son tablier pour se donner contenance elle déclara ;

- Peut-être que...tu voulais rester seul, je...

Meredyce n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà sa bouche venait de s'écraser contre la sienne. Son chapeau quitta le sommet de sa tête sous la violence du baiser. Ses pouces se pressèrent contre ses pommettes. Meredyce aurait pu se fondre contre lui tellement elle l'aimait...

Mon dieu ! Oui, elle l'aimait. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Un feu incandescent palpitait dans son ventre.

- Tu as fais tout ça pour moi, demanda-t-il d'une voix qui lui parut ému.

Meredyce le dévisagea, incapable de prononcer un mot. Son visage ciselé semblait partagé entre la joie et l'émotion. Depuis quand Klaus Kreighton arrivait à s'émouvoir ?

- Pour qui d'autre ? Dit-elle enfin avec un léger sourire.

Sans plus attendre, il captura ses lèvres avec avidité, comme s'il ne l'avait pas vu depuis des mois.

- Tu.. es content...parvint-elle entre deux baisers.

Sa barbe agaça son épiderme lorsqu'il remonta son visage contre son cou. Klaus plaqua sa main contre ses cheveux, enlaça la jeune femme et secrètement, observait la table qu'elle avait dressée. Il crispa ses mâchoires, parcourut d'une flambée de désir...foudroyé par l'attention qu'elle lui portait.

- Je suis agréablement surpris, c'est une belle surprise Meredyce, murmura-t-il en fermant son poing dans ses cheveux roux.

- Kl..aus je n'arrive pas à respirer.

Il la relâcha avec un sourire en coin.

- Viens...

Sa main délicate prit la sienne pour l'entraîner vers la table en verre.

- Tu as emporté des affaires pour la nuit, s'informa-t-il à s'arrêtant à mi-chemin.

- Oui...mais juste le nécessaire.

Satisfait de sa réponse, il se laissa guider vers la chaise qu'elle tira pour lui. Aussi improbable qu'embarrassant, Klaus s'installa non sans la saisir par la taille pour qu'elle s'abandonne sur ses genoux.

- Tu as peur ? Osa-t-il demander.

Perturbé par les paroles de Tyler, Klaus espérait pénétrer dans ses pensées les plus secrètes.

- De quoi aurais-je peur ?

- De moi, du mal que je pourrais te faire.

- As-tu l'intention de me faire du mal ? Demanda-t-elle d'une blanche.

Klaus resserra ses bras autours de sa taille.

- Non...mais mon mauvais caractère pourrais t'éloigner de moi.

Comme un mauvais pressentiment, Klaus attendit patiemment sa réponse. Elle le regardait avec les yeux brillants. Il pouvait deviner aisément les battements erratiques de son cœur.

- La question est plutôt, arriveras-tu à me laisser partir ? Lança la jeune femme avec un sourire malicieux.

- Jamais, assura-t-il avec force.

Si fort qu'il la sentit frémir contre lui.

- Alors tout va bien, murmura-t-elle en se levant pour aller surveiller la sauce.

Un incendie lui embrasa le ventre. Il but une gorgée de vin sans la quitter des yeux. Si les cieux pouvaient lui donner un nom, Meredyce serait qualifiée de porteuse d'espoirs. Elle vouait une confiance en lui qui le sidéré. Soudain une image d'elle en train d'avancer dans cette pièce insalubre se superposa à celle qu'elle lui renvoyait aujourd'hui. Celle d'une jeune femme souriante, heureuse. Et savoir qu'il était responsable de cet éclat de bonheur lui noua le ventre. Il la désirait si fort qu'il ne pourrait jamais se rassasier d'elle. Ses boucles rousses tombèrent sur son visage qu'elle ramassa d'une main farineuse.

- Quoi ? Demanda-t-elle en riant ; J'ai quelque chose sur le visage ?

Il se leva lentement sans la quitter des yeux. Une lueur ardente s'éveilla dans ses yeux clairsemés de bleus.

- Tu es magnifique Meredyce.

Il l'enlaça par la taille tandis qu'elle pétrissait la pâte énergiquement. Soudain elle s'arrêta et se retourna pour le confronter.

- Que se passe-t-il Klaus, tu m'as l'air étrangement contrarié.

Klaus demeura fermé. Il n'avait pas la moindre envie de gâcher le moment. Mais d'un regard appuyé, la jeune femme attendait patiemment qu'il se livre à elle.

- Je me suis écorché avec Tyler, explique-t-il en s'appuyant sur le plan de travail.

- Oh...

La jeune femme lui tourna subitement le dos pour plonger les pâtes dans l'eau.

- Que s'est-il passé ? Demanda-t-elle d'une voix inquiète en se retournant pour le confronter.

Il plissa les yeux en la fixant. Des années d'expériences avaient suffi pour qu'il détecte quand quelqu'un lui cachait quelque chose. Et c'était le cas. Meredyce était passé du rouge au teint blanchâtre.

- Pourquoi j'ai l'impression qu'il y a quelque chose que je devrais savoir mais que je ne sais pas encore ?

Elle soupira.

- Arrête Klaus, dit-elle d'une voix suppliante ; Pourquoi faut-il que tu veuilles...

- Parce que je connais chaque parcelle de ton visage chérie, et je sais quand ça ne va pas, coupa-t-il en l'obligeant à lâcher la cuillère ; Tyler est venu te voir c'est ça ?

Prise au piège, Meredyce songea d'abord à mentir. Seulement, Klaus était déterminé à connaître la vérité. Rien ne pourrait le tromper. Une lueur inquiétante dansait dans son regard bleu...ses mains se glissèrent sur sa peau pour remonter jusqu'à ses épaules.

- L'autre jour, au bureau, il m'a dit que tu allais me quitter et qu'il valait mieux pour moi d'arrêter avant que...

- Ça suffit, murmura-t-il en posant sa main sur sa gorge ; Tu aurais dû me le dire plus tôt.

- Sais-tu à quel point c'est difficile d'entendre que tu es impitoyable avec les femmes avant même de songer à me donner à toi ?

Il se figea.

- Tyler ne sait pas ce qu'il dit, j'ai changé, murmura-t-il posément en plaquant ses mains sur le rebord du plan de travail ; Je voulais punir les femmes dans le passé.

Cette fois-ci c'est Meredyce qui se figea.

- La plupart d'entres elles étaient comme ma mère et pendant tout ce temps je cherchais quelqu'un de différent, expliqua-t-il sans la quitter des yeux ; Chaque fois que je rencontrais une nouvelle femme, je m'efforçais à essayer d'en tirer le meilleur.

Il marqua une pause pour dégager une mèche derrière son oreille.

- Ma dernière conquête m'a trompée pendant que j'étais en prison, confia-t-il sans la moindre émotion dans la voix.

Meredyce posa sa main sur son torse, touchée par cette confidence.

- Je suis navrée Klaus.

- Oh ne le sois pas, dit-il avec lenteur ; Cette tromperie m'a permis d'y voir plus clair quant aux réels intérêts qu'elle me portait.

Il pouffa sèchement en dodelinant sa tête.

- Elle sauvegardais un éventuel mariage après ma sortie et prenait du bon temps pendant ce temps-là, quelle ironie du sort tu ne trouve pas.

Meredyce cilla.

- Un...un mariage ? Répéta-t-elle en se tournant vers la marmite qui débordait.

Elle égoutta les pâtes nerveusement.

- Son père possède une industrie pétrolière, sa famille voulait que je l'épouse pour lier mon entreprise à la sienne, faute de quoi, il lui couperait les vivres.

Meredyce écarquilla les yeux.

- Ce genre de choses se font-elles réellement ? Demanda-t-elle sous le choc.

- Plus que tu ne le penses, avoua-t-il d'une voix sombre.

Meredyce avait l'impression que le sol venait de s'ouvrir sous ses pieds.

- De riches familles s'emploient à faire des mariages de convenances, l'un et l'autre y trouvent un intérêt.

- Un mariage sans amour ce n'est pas possible.

Klaus resta impassible.

- Quel intérêt aurais-tu eu à l'épouser ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante.

- Rien d'autre qu'un statut d'homme casé ce qui amène des clients minutieux à faire affaires avec toi.

Elle cilla.

- Un célibataire n'inspire pas souvent confiance, ajouta-t-il en inclinant sa tête.

Meredyce sentit sa tête lui tourner. Elle dut se retenir au bord de l'évier pour poser sa question.

- Si tu n'avais pas été en prison, l'aurais-tu épousé ?

- Non, répondit-il fermement.

Un soulagement explosa en elle jusqu'à lâcher un soupir éloquent. Il s'approcha à nouveau pour enlacer sa taille.

- Je ne veux pas d'une femme comme Daniela, dit-il d'une voix rauque en coupant le gaz ; Je te veux toi...Meredyce.

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