Chapitre 37
- De quoi veux-tu me parler, dit-il impatient d'en finir pour se replonger dans ses songes.
Tyler ferma la porte derrière lui et s'avança jusqu'à lui.
- Qu'est-ce qui te prends ? Lâcha-t-il sans plus attendre ; Tu pars en Italie sur un coup de tête, tu laisses l'entreprise...
- Allons, pas de ça avec moi Tyler, coupa-t-il froidement en se levant pour aller jusqu'au bout le pièce ; J'ai tout supervisé depuis Palerme, poursuivit-il sur le même ton, je viens d'avoir Karson au téléphone est il est prêt à signer le contrat dès demain.
Sous le silence incrédule de Tyler, Klaus se servit un verre de bourbon et se posta devant la baie vitrée.
- Parfois je me demande si tu réalises ce qu'a été ma vie en prison.
Tyler déglutit en dévoilant un sourire qui lui parut étrangement faux.
- Bien-sûr que si...
- Non, rétorqua-t-il avec une moue amère ; Tu fais comme si je revenais d'un séjour à Bali, j'aurais pensé que tu aurais plus de compassion pour moi Tyler.
Craintif quant à sa réponse, Tyler commença d'abord par se confondre en excuses. Klaus lâcha un rire amer et confronta son ami.
- C'est juste que je ne te reconnais pas, se défendit-il en le toisant avec regret.
- Depuis qu'il y a cette femme dans ta vie, tu es diffèrent.
- Cette femme comme tu dis, commença Klaus par-dessus son verre ; A passé plus de temps à essayer de me comprendre que moi-même en trente-trois ans d'existence.
- Mais tu es conscient que ça ne durera pas, lâcha Tyler comme une évidence.
La vision de Klaus devint subitement noir. Il toisa son ami avec mépris.
- Ah oui ? Demanda-t-il d'une voix grave et nonchalante ; Et si ce n'était pas le cas ?
Tyler pouffa.
- Je t'en prie Klaus, je te connais mieux que quiconque. Dans quelques semaines Meredyce ne sera plus qu'un souvenir sur une longue liste de conquêtes. Tu n'es pas programmé pour être en couple ou songer au mariage.
Serrant son verre d'une main tremblante, Klaus réprima l'envie de frapper son ami. De quel droit le jugeait-il de la sorte ? Viscéralement, Klaus crut ne pas posséder assez de sang froid pour ne pas céder à la colère qui le faisait avancer dangereusement vers lui.
- Tu parles comme si j'étais un robot, or je suis différent maintenant.
- Meredyce n'est pas une femme...
- Vénale ? Impudique ? Qui manque de pudeur ? Qui aspire à l'argent ?
Klaus inclina silencieusement de la tête après avoir dressé son profil.
- On est bien d'accord là-dessus.
Tyler serra les lèvres.
- Tu l'auras quittée d'ici la fin du mois, prédit-il en souriant lentement ; Tu es avec elle uniquement parce qu'elle t'a sorti de prison et que tu te sens redevable.
- As-tu la moindre idée à qui tu t'adresses ! Rugit-il en fermant le poings les yeux noirs.
Tyler recula visiblement décontenancé que sa réaction soit aussi improbable.
- Tu parles d'elle comme si c'était un déchet.
- Et les autres ? Rétorqua Tyler.
- Les autres femmes qui ont partagées une infime partie de ma vie, se portent bien. La preuve évidente que ce n'était pas tant l'amour qui les poussaient à se battre pour moi, cracha-t-il d'une voix menaçante.
Tyler lâcha son regard pour battre en retraite au plus grand ravissement de Klaus qui posa son verre sur son bureau.
- De plus, ma vie ne te regarde en rien, ajouta Klaus sèchement ; Tu n'as aucun conseil à me donner au vue des circonstances dans lesquelles tu as trompé ta femme.
Piqué au vif, Tyler rétorqua ;
- Tu pourras me dire ce que tu veux Klaus, mais je suis certain qu'il vaut mieux tout arrêter avec cette jeune femme avant qu'elle souffre.
Klaus ignora cette prédiction très malvenue et plissa des yeux pour fouiller dans ses pensées.
- Si tu n'étais pas mon ami, je jurais que tu ne supportes pas l'idée qu'une femme m'intéresse vraiment.
Feignant la sidération, Tyler pouffa nerveusement.
- Je ne veux que ton bonheur enfin ! Seulement il faut être honnête et réaliste, Meredyce n'aspire pas aux mêmes rêves que toi, et nous savons que toutes ces choses tu ne les veux pas Klaus ; Ni mariage ni bébé tu te rappelles ?
Assez de cette discussion, Klaus enfonça ses mains dans ses poches et considéra son ami avec un sourire faussement désabusé.
- Tu as sans doute raison, laisse-t-il entendre en haussant des épaules ; maintenant si tu veux bien me laisser, j'aimerais me concentrer.
D'un mouvement de tête, Klaus désigna la porte froidement puis se retourna vers la baie vitrée. Une fois seul, Klaus ne parvenait pas à recouvrer son calme. Les propos de Tyler étaient probablement vrai il y a six ou sept ans. Mais plus maintenant. D'ailleurs il commençait à le soupçonner de vouloir faillir à sa relation avec Meredyce. Se promettant de garder un œil sur lui, Klaus se remit au travail. Il termina de boucler le dernier dossier et referma son ordinateur. La journée avait été affreusement longue. Épuisé et songeur il attrapa ses affaires puis quitta le bureau. Les paroles de Tyler résonnaient encore dans son esprit jusqu'à lui filer la migraine. Depuis qu'il avait quitté la prison, les personnes qu'il côtoyait se comportaient comme si cette épreuve n'avait laissée aucune trace. Comme si tout était normal. Depuis tout petit, on lui avait appris à ne rien laisser paraître. Ni émotion ni sentiment. Seulement de temps en temps Klaus aurait voulu que quelqu'un aperçoive la douleur qui le poursuivait sans cesse. Déjà adolescent, il se souvenait très bien de ses accès de colère avant qu'il ne parvienne à trouver un équilibre, une force intérieur qui lui permettait d'étouffer cette colère qui sommeillait au profond de son être. Et parmi tout ce cafouillage qui l'empêchait de voir le monde avec moins de méfiance, il y avait Meredyce.
Et dire qu'elle lui manquait terriblement. L'idée de devoir attendre demain matin pour la revoir était une torture incommensurable. La preuve évidente qu'il n'avait ni l'intention de la faire souffrir ni de la quitter dans quelques semaines. Il lui arrivait même à se projeter plus loin dans l'avenir. Si loin...que quelques fois il s'était fait peur à lui-même. Désespérément, il se gara dans son parking privé et s'apprêtait à passer sa soirée seul. Que faisait-elle ? Serait-elle en train de dormir ? Pour le savoir, il prit son téléphone dans sa poche.
- Allô !
Loin d'être enchanté qu'elle réponde alors qu'il la pensait déjà dans les bras de Morphée, Klaus bougonna dans sa barbe.
- Tu fais quoi ? Tu es chez toi ? J'étais persuadé que tu dormais.
Klaus composa le code de son ascenseur en attendant une réponse.
- Je suis en train de cuisiner, murmura-t-elle d'une voix teintée de mystères.
- Seule ?
- Oui seule...du moins pour l'instant.
Klaus jura intérieurement en pénétrant dans l'ascenseur. L'espace d'un instant il voulut quitter l'ascenseur pour foncer chez elle mais les portes l'en empêchèrent.
- Betty te tient compagnie, en avait-il déduit les doigts crispés sur le téléphone.
- J'ai fait des pâtes maison et une sauce bolognaise à se damné !
Klaus demeura silencieux. Son cœur se serra. Il éprouvait de la contrariété de ne pas pouvoir profiter des talents de cuisinières de la jeune femme. Une boule lui noua la gorge.
- Ça m'a l'air délicieux, je ne savais pas que tu savais cuisiner cara mia.
- J'adore cuisiner, expliqua-t-elle de sa voix douce ; Avec des petits moyens on peut faire de bon petits plats.
Toujours si modeste, Meredyce était d'une simplicité déconcertante. Dans ses lointains souvenirs, Klaus n'avait pas le souvenir d'avoir entendu l'une de ses maîtresses se vanter de savoir cuisiner. Chassant ses réminiscences, Klaus inspira imperceptiblement.
- Puis-je savoir avec qui tu vas partager ce dîner ? S'informa-t-il en prenant soin de garder un ton neutre.
- Avec toi...l'entendit-elle répondre à la fois dans son oreille et derrière lui.
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