Chapitre 32



Les heures qui suivirent la dispute qui aurait pu mettre un terme à leur liaison naissante, Meredyce ferma les yeux sous les caresses brûlantes que lui prodiguait son amant. Ses doigts fermes se refermèrent sur son bras. Son torse qui se soulevait lourdement depuis plusieurs minutes lui indiquait qu'il y avait quelque chose qui le tracassait. Elle redressa le menton pour observer son visage. Les traits tendus, il regardait le plafond l'air complètement ailleurs.

- Ça ne va pas ? S'inquiéta Meredyce en se redressant sur le coude.

- Lorsque je suis partis tout à l'heure, je suis passé voir Tara.

Meredyce en avait presque oublié Tara, la jeune fille du centre. Elle n'osait imaginer la douleur qu'il avait dû ressentir après cinq années sans la voir.

- Comment va-t-elle ?

- Mal, murmura-t-il en inspirant brutalement ; Elle reste très silencieuse et ce silence m'inquiète.

Meredyce posa timidement sa main sur son torse dans l'espoir de le réconforter un peu avec des petits cercles sur son ventre.

- Je ne sais pas comment faire pour l'aider, reprit-il l'air désespéré ; Voilà sept ans qu'elle est dans ce centre sans y bouger.

- J'ose imaginer à quel point ça doit être difficile pour elle, murmura Meredyce en se pinçant les lèvres : Après la mort de ma mère, j'avais une peur bleue de sortir dehors. J'étais terrifiée à l'idée de tomber sur un dealer de drogue que ma mère n'avait pas payé.

Elle marqua une pause dans laquelle Klaus la renversa sur l'oreiller, le regard empreint de dureté.

- Alors j'ose imaginé ce que Tara peut ressentir à l'idée de se confronter au monde.

- Cara mia, commença-t-il sérieusement ; Ces dealers...par pitié dis-moi qu'ils n'ont jamais tenté de te faire du mal ?

Son regard ravagé de colère lui provoqua des frissons incontrôlables. Il semblait réellement inquiet pour elle, comme personne auparavant.

- Non, murmura-t-elle d'une voix presque éteinte ; Pas dans mes souvenirs du moins, mais je sais qu'elle devait de l'argent à un certain Flin.

Les yeux de Klaus devinrent subitement noirs.

- Et tu comptais m'en parler quand ? Demanda-t-il d'une voix grave.

- Jamais, avoua-t-elle avec un sourire en coin ; Je n'en vois pas l'utilité.

Il grogna en pliant ses doigts contre ses cheveux pour incliner sa tête sur le côté.

- Moi si...rétorqua-t-il en traçant un sillon de baisers volcaniques sur sa mâchoire ; L'idée qu'il puisse t'arriver quelque chose de mal me rend malade.

Meredyce perdit le fil de ses pensées. Son cœur palpitait sourdement contre ses tempes. Il arrima son regard dans le sien, sa bouche frôlant la sienne. Son souffle chaud caressait son visage.

- Tu penses pouvoir aider Tara ?

Loin de s'imaginer être sollicité pour une telle situation complexe, Meredyce recula contre l'oreiller.

- Moi ? S'exclama-t-elle en le dévisageait ; Comment pourrais-je l'aider Klaus ? Elle ne me connais pas.

- Raison de plus pour essayer, insista Klaus en encerclant sa taille pour la redresser sur le lit ; C'est elle qui m'a poussé à revenir vers toi, elle m'a dit que mon destin serait tragique si je te laissais partir, expliqua-t-il sombrement.

Meredyce se pinça les lèvres. Cette demande aussi inattendue soit-elle la prit de court.

- Pourquoi moi Klaus ? Comment peux-tu être persuadé qu'elle m'écoutera si elle ne t'a pas écouté.

- Parce que...

Il s'arrêta brusquement, visiblement enchaîné dans une impuissance qui lui était insupportable.

- Parce que je suis persuadé que tu pourrais m'aider à la comprendre ; Tara est comme ma sœur, Je suis la seule personne qui lui reste.

Comment résister quand un homme beau comme un dieu, laissait sa fierté se côté pour lui demander son aide.

- C'est d'accord Klaus, accepta Meredyce au plus grand plaisir de l'homme qui captura ses lèvres avec avidité.

Klaus la plaqua sur le lit pour la dévisager silencieusement.

" Chaque fois que tu as peur, chaque fois que tu te sens vulnérable tu réponds par l'agressivité lui avait lâché Edouardo son ex-compagnon de cellule "

Au prix d'un effort surhumain, Klaus était parvenu à obtenir de l'aide auprès de sa belle amante sans passer par cette agressivité qui le rongeait de l'intérieur.

Si Edouardo le voyait, il lui dirait d'attacher Meredyce quelque part pour qu'elle ne puisse jamais se volatiliser.

Le matelas épousait leurs corps pressés l'un contre l'autre. Klaus écarta une mèche rousse de son front. Son hypersomnie venait de se réveiller. La jeune femme bafouilla quelques mots inaudibles les yeux fermés. Klaus captura sa bouche en agrippant ses poignets en l'entendit gémir dans son sommeil. Il dut s'écarter d'elle pour attraper son téléphone qui vibrait sur la table de nuit. Lorsqu'il vit le nom s'afficher, Klaus écarta les draps brusquement, poussa la baie vitrée et la fit coulisser derrière lui.

- Allô !

Robert Willis demeura silencieux.

- Que voulez-vous ? Demanda-t-il froidement.

- Meredyce n'a pas ramené les livres qu'elle m'avait emprunté, j'aimerai qu'elle me les ramène, exigea Robert d'une voix mal assurée.

Klaus crispa ses doigts sur le portable de jeune femme.

- Je tâcherai de vous les ramener dès que nous serons de retour à New-York, d'une voix volontairement traînante et menaçante.

Le silence qui s'ensuivit provoqua en lui un déferlement de rage. Robert raccrocha la seconde suivante. Le regard rivé sur la mer agitée, Klaus était maintenant persuadé que cet homme exerçait sur Meredyce une pression morale et peut-être même physique. Incapable d'attendre demain pour en avoir la confirmation, Klaus pénétra dans la chambre et tenta de réveiller la jeune femme.

- Trésoro, tu m'entends ?

Lentement elle ouvrit les yeux en acquiesçant difficilement.

- Robert Willis, est-ce qu'il ta dit quelque chose sur moi ?

À travers la brume qui l'empêchait de garder les yeux ouverts, elle ouvrit la bouche pour lui répondre ;

- Il a dit qu'il fallait que je me méfie de toi, que tu voulais juste me mettre dans ton lit.

Elle remua en ouvrant lourdement les yeux, une expression craintive sur le visage.

- Que j'allais finir comme ma mère.

Péniblement, résistant la colère qui le menaçait, Klaus planta un baiser son front.

- Rendors-toi cara mia...

- Tu crois qu'il veut me faire du mal ? Demanda-t-elle d'une voix inquiète en se retournant sur le ventre.

Cette question le glaça le sang.

Il caressa sa hanche et son bassin en la ramenant contre son torse.

- Non, répondit-il au creux de son oreille ; De toute façon je ne le laisserais pas te faire du mal.

Elle poussa un soupir rassuré et prit sa main posée sur son ventre. Sa main fine se referma sur son index. Dans la pénombre, Klaus réfléchissait déjà comment en savoir plus sur Robert Willis. Cet homme était bien plus qu'un problème. Il était dangereusement obsédé. Une sourde rage monta dans sa gorge. Submergé par une anxiété irrationnelle, Klaus décida de s'exhorter au calme avait de perdre la raison. Seulement, des images de Robert Willis en train de...

Klaus secoua imperceptiblement de la tête et la plaqua plus fermement contre son torse. La dispute qu'ils avaient plus tôt dans la journée lui avait permis de réaliser qu'il ne s'agissait pas d'une simple idylle.

Meredyce réveillait en lui quelque chose de fort, d'incontrôlable. C'est pour cette raison qu'il voulait qu'elle rencontre Tara. Débordante de sensibilité, Meredyce était peut-être la seule à pouvoir obtenir des réponses à ses questions.

Du moins, il l'espérait.

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