Chapitre 30
Meredyce ouvrit les yeux au levé du soleil. Elle reposait sur l'oreiller et son cœur se serra douloureusement de ne pas trouver son premier amant à ses côtés. Immobile, le poing devant sa bouche elle avait l'impression que sa vie n'était plus la même. Elle se sentait différente, plus libre, désirable. Alors pourquoi elle avait la sensation que son cœur allait bondir hors de sa poitrine à la seule pensée qu'il puisse l'écarter de sa vie à tout moment ? Expirant avec l'énergie du désespoir, Meredyce se redressa avant qu'une voix chaude ne la stoppe...
- Ne bouge pas...reste allongée.
Avec une fièvre qui la choqua, Meredyce dévia lentement son regard vers lui. Il était assis sur une chaise, vêtu d'un bas de pyjama noir, une toile sur les genoux, fusain à la main.
- Klaus...ne me dis pas que tu es en train de me dessiner nue ?
Il releva son regard concentré sur elle.
- Alors je ne le te dis pas...
Il rabaissa son regard sur la toile. Ses yeux se déportèrent sur elle comme un professionnel. Son cœur se gonfla d'une émotion indicible. Il y avait de la passion dans son regard. C'était comme s'il revivait enfin...
- Rallonge-toi cara et regarde-moi, grogna-t-il doucement.
Meredyce se fondit sur les oreiller sans le quitter des yeux. Il renversa la toile sur le côté et vint doucement vers elle.
- Tu as souffert ? Demanda-t-il en balayant ses cheveux sur le côté.
Sans comprendre elle porta son regard sur la cicatrice qui lui rappelait ce que sa propre mère lui avait fait endurer. Les larmes aux yeux acquiesça en silence sans jamais oublier ces images d'elle en train de se débattre.
- Seulement sur le coup, dit-elle précipitamment.
Elle aussi avait des secrets et ne désirait aucunement les étaler sur l'oreiller.
- Est-ce que je t'ai fait mal ? Demanda-t-il sérieusement.
- Non, dit-elle franchement ; Tu ne m'as pas fait mal Klaus...
Et c'était la vérité. Meredyce n'avait pas souffert. Il s'était montré très doux contrairement à ce qu'elle s'était imaginée.
Son regard se creusa subitement. Il avait l'air inquiet.
- Je n'ai pas pris de précautions, lâcha-t-il l'air embarrassé ; Est-ce que...tu prends la pilule ?
Meredyce réprima le raz-de-marée de douleur qui menaçait de s'abattre sur elle. Prise de vertige, affreusement gênée et déstabilisée elle répondit alors ;
- Oui.
La suite lui brisa le cœur.
- Tant mieux alors, je suis soulagé.
Il déposa un furtif baiser sur ses lèvres et se leva pour reprendre son œuvre.
Les yeux dans le vague, Meredyce sentit une douleur lancinante élancer son cœur.
- Pourquoi cette question ? Tu ne veux pas d'enfant ? Enfin...un jour...
Impassible il demeura silencieux, la bouche tordue.
- Au risque de devenir aussi monstrueux que mon père ? Non...les enfants ce n'est pas pour moi.
Ses forces l'abandonnèrent. Son cœur se figea de douleur. Klaus avait lâché ça sur un ton catégorique. Meredyce retomba sur terre si brutalement qu'elle décida de se rallonger.
Klaus n'était pas l'homme qu'elle attendait. Il venait de lui confirmer qu'aucun avenir ne pourrait être possible ensemble. Leurs envies, leurs rêves étaient différents.
- Et puis tu es trop jeune pour te poser la question, reprit-il durement.
- Ça c'est une chose qui me regarde, lâcha-t-elle subitement.
Elle le sentit se redresser sur sa chaise, étrangement silencieux.
- Meredyce, commença-t-il impavide ; Tu as vingt-trois ans, tu ne peux pas aspirer à des choses si importantes ; À ton âge, je me demandais quelle équipe de foot allait gagner.
- Et bien moi je rêve de ça, rétorqua-t-elle en s'emparant du peignoir qui traînait au bord du lit.
- C'est impossible, dit-il brutalement.
Sidérée, Meredyce étouffa un rire.
- Et pourquoi ça ? Pourquoi c'est impossible ?
- Parce que tu es trop jeune pour songer à avoir un bébé !
- Et toi trop entêté pour comprendre que tu n'as pas le droit de m'empêcher de rêver à ma vie. Ce sont mes envies pas les tiennes.
Elle marqua une pause pour affronter son regard rembruni.
- Les tiennes sont plutôt catégorique Klaus.
- Oui elles le sont, affirma-t-il en se levant.
- Donc tu comptes faire ça toute ta vie ? Tu ne veux pas de femme ? Te marier ?
Elle s'attendait à ce qu'il éclate de rire mais au lieu de ça, un lueur avide passa dans son regard.
- Pour l'instant c'est toi ma femme, lâcha-t-il les narines frémissantes de colère.
- Mais pour combien de temps ? Riposta Meredyce le cœur battant à tout rompre ; Nous savons l'un comme l'autre que dans quelques semaines, je ne serais plus qu'un souvenir pour toi.
Elle secoua de la tête.
- Je ne suis pas stupide tu sais, murmura-t-elle sur un ton précipité ; Tu ne m'as rien promis et je n'attends rien de plus que...
- Assez ! Siffla-t-il entre ses dents serrées ; J'en ai assez entendu comme ça !
- C'est toi qui à ouvert les hostilités Klaus, lui rappela-t-elle en se levant du lit interdite ; Je n'ai fait que te répondre.
- Et tes réponses ne me plaisent pas.
- Les tiennes non plus.
Les pupilles dilatées, Klaus avait l'impression que sa colère allait exploser en éclat.
- Je ne m'attendais pas à un tel réveil de ta part ! S'écria Klaus pour seule réponse.
- Moi non plus, murmura-t-elle les larmes aux yeux ; Mais rassure-toi Klaus, je ne suis ni enceinte ni une femme cupide.
Elle redressa les épaules et s'éloigna vers la salle de bains. Comme une épave dans les abîmes, ayant subitement l'impression qu'elle allait disparaître, Klaus lui saisit le bras pour l'obliger à le confronter. Ses yeux horrifiés l'obligèrent à desserrer sa prise. Il avait l'impression d'être un monstre.
- Tu m'appartiens, laissa-t-il tomber en dissimulant son désespoir.
Les yeux brillants, elle soutint son regard.
- Je tâcherai de m'en souvenir lorsque tu me quitteras...
Elle dégagea son bras et s'enferma dans la salle de bains avant qu'il n'ait eu le temps de réagir. Pour la première fois de sa vie, Klaus avait le sentiment d'être faible et désemparé. Pourquoi avait-il fallu qu'il se mette en colère ?
Sans doute parce que l'idée qu'elle veuille toutes ses choses qu'il ne voulait pas creuse un faussé entres eux. Et c'est exactement ce qui était en train de se passer ! Jurant copieusement, il se passa une main rageuse dans ses cheveux. Puis il arpenta la chambre comme un lion en cage. Des flashs désagréables passaient en boucle dans sa tête.
Meredyce, en train de marcher dans une allée, en robe blanche...s'approchant d'un homme qui pouvait lui offrir cette vie qu'elle venait de lui exposer...
Cette image lui souleva le cœur. Il avait tout gâché...Meredyce savait à présent que la vie qui l'attendait avec lui était sinistre sans aucun projet d'avenir. Lui ? Avoir un enfant ? Se marier ? Jamais !
Il avait trop peur de devenir comme son père. Trop peur que sa femme soit aussi frivole que sa mère. Il s'arrêta brusquement priant que l'enfer lui ouvre ses portes après avoir osé comparer Meredyce à sa mère...
Meredyce se releva sans trop savoir depuis combien de temps elle était prostrée contre cette porte à réprimer ses larmes. Elle entendit la porte claquer et un moteur vrombir à l'extérieure. Une part d'elle-même s'en voulait d'avoir agi de façon si brutal comme si elle avait voulu lui passer la corde au cou. Une autre part d'elle-même avait réalisé qu'elle était tombée amoureuse de lui....Quelques jours avaient suffis pour qu'elle tombe en amour pour un homme inaccessible à tout point de vue.
- Quelle idiote ! Murmura-t-elle contre elle-même.
Elle avait une énorme part de responsabilité dans cette situation. Elle en avait bien conscience. Mais ne valait-il pas mieux pour elle de savoir à présent que Klaus était si brisé de l'intérieur qu'il ne voulait pas construire une histoire solide avec une femme ?
Si...elle valsait mieux pour elle de retomber sur terre toute suite avant que la chute soit plus brutale. Klaus Kreighton souffrait, mais refusait de l'admettre. Meredyce ne se sentait pas suffisamment forte pour l'aider. Mais elle l'aimait suffisamment pour attendre son retour.
En espérant au plus profond de son cœur, qu'il lui revienne.
En vie...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top