Chapitre 3



Meredyce quitta la prison le cœur battant. La respiration coupé elle se passa une main dans les cheveux alors que son corps refusait toujours de bouger. La pluie commençait à s'abattre sur la ville et ce fut les gouttes de pluies qui l'obligèrent à avancer. Au-delà de cette certitude sur son innocence, Meredyce était complètement bouleversée par cette rencontre. Klaus Kreighton n'était pas l'homme qu'elle s'était souvent imaginé...non...on aurait dit un loup. Une puissance animal se dégageait de lui, et une fureur muette qui lui avait glacé le sang. Son poignet...sa paume...Meredyce avait la sensation d'être marqué au fer. Elle se frotta le poignet en grimaçant. Son sang était chaud, elle pouvait le sentir couler dans ses veines si vite que les pulsations de son cœur devenaient douloureuse. C'est seulement après avoir récupéré son vélo dans le sud de central Park qu'elle se sentit loin de lui et en sécurité. Elle pédala à tout allure entre le trafic, comme si elle était sans cesse poursuivit par cet homme au regard diabolique et mystérieux. Un courant d'air froid lui rappela celui qui l'avait caressé dans cette pièce obscure. Elle déboucha sur le trottoir sans jamais cessé de repenser à sa dernière phrase. Devait-elle y retourner pour récupérer son questionnaire ? Aurait-elle suffisamment de courage pour lui faire face une seconde fois ?

Meredyce n'eut pas le temps de répondre à ses questions qu'elle fut projetée sur le côté fesse contre terre. Son vélo passa sous les roues d'un camion.

Meredyce s'empêcha de crier en portant sa paume de main égratignée sur sa bouche. Son cœur manqua de s'arrêter alors qu'un troupeau de passants s'était rué vers elle.

- Mon dieu mademoiselle ! S'écria le vendeur de sandwichs.

Un grand black aux épaules carrées, vêtu de noir s'empressa de lui venir en secours.

- Je suis navré je ne vous ai pas vu, s'excusa-t-il en l'aidant à se relever.

Meredyce dévisagea l'homme à l'origine de son accident. Il semblait inquiet et affreusement embarrassé.

- Je v...ais bien ! S'exclama-t-elle en examinant ses collants troués.

Quelle honte !

C'était officiellement la pire journée de sa vie !

- Vous êtes sûre ? S'enquit l'homme d'un regard porté sur son vélo qui reposait le long de la chaussée.

Elle boita jusqu'à ce dernier pour le ramasser...du moins ramasser le guidon et la roue arrière.

- Absolument ! Affirma-t-elle en souriant dans l'énergie du désespoir ; Je suis maladroite, c'est de ma faute, je n'ai pas regardé où j'allais.

Pour se débarrasser de lui, Meredyce esquissa un sourire rassurant et reprit son chemin.

À pieds et les genoux en sang.

Qui était responsable de cet accident ? Se demanda-t-elle en esquissant une moue. Si Klaus Kreighton n'avait pas envahi toutes ses pensées elle serait sans doute encore en train de pédaler. Son derrière lui faisait affreusement mal. Ses fesses étaient en feu comme si quelqu'un avait cherché à la punir d'être entrée dans les ténèbres.

Betty bondit du canapé en la voyant perdre son équilibre à l'entrée de l'appartement.

- Avant d'émettre le moindre son, sache que je suis tombée de mon vélo.

Betty affichait tout de même un regard inquiet. Traînant sa roue jusqu'au mur, Meredyce souffla en regardant sa paume de main éraflée...la même paume dans laquelle Klaus Kreighton avait posé son pouce. C'était sans doute un signe du destin.

- Viens t'asseoir je vais soigner ton genou.

Meredyce retira son manteau déchiré. Dans les yeux de son amie, une lueur d'impatience la fit parler.

- Je l'ai vu Betty...c'était lui.

Elle en frissonnait encore. Sa paire d'yeux bleus vif et emplie de fureur.

- Raconte ! Comment est-il ? Demanda-t-elle vivement en soignant son genou.

- Intimidant me semble la bonne définition, murmura-t-elle encore égarée ; C'est l'homme le plus beau et terrifiant qu'il m'a été donné de voir.

Betty plissa des yeux dans l'attente d'un peu plus de détails.

- Maintenant je n'ai plus de doute sur ces détails qui me paraissaient troubles encore hier, reprit-elle en secouant de la tête ; Ce n'est pas l'homme qui j'ai vu tirer.

- Alors que vas-tu faire ? S'enquit Betty d'une voix alarmée ; Est-ce qu'il ta dit quelque chose au moins ?

- Il s'est moqué de moi et a gardé mon cahier.

Betty écarquilla les yeux stupéfaite et intriguée.

- Il veut que je revienne demain pour le récupérer.

- Et tu vas y aller ! S'écria-t-elle partagée entre inquiétude et incrédulité.

Meredyce se racla la gorge avant de répondre.

- Je l'ignore, dit-elle franchement ; Peut-être devrais-je passer au poste de police avant.

- Et si ton témoignage n'est pas entendu comment feras-tu ? Meredyce si tu veux vraiment que je sois franche tu devrais t'abstenir de faire ça.

- Il faut que je le fasse ! Articula-t-elle en serrant les poings.

- Et je ne dis pas ça seulement parce que tu risquerais de passer pour une folle, continua Betty en ignorant délibérément ce qu'elle venait de dire ; Mais pour ta sécurité. Tu ne sais pas à qui tu as affaire Meredyce.

- Je n'ai pas l'intention de révéler mon identité, contrat-elle en se levant ; Je me suis déjà renseignée, j'ai le droit de paraître anonyme.

Betty soupira bruyamment.

Ce soupir elle le connaissait par cœur.

- J'ai besoin d'en finir avec tout ça pour retrouver une vie normale, insista-t-elle en arpentant la pièce nerveusement.

- Ma mère n'aurait jamais du m'emmener là-bas, murmura-t-elle avec dégoût et rancœur dans la voix.

- Si tu penses que ça peut te libérer alors vas-y Meredyce mais ne retourne pas le voir.

- Tu as raison, abdiqua Meredyce en récupérant son manteau ; Je dois tirer un trait sur cette insupportable histoire et ne pas y retourner.

Avant même que Betty ne puisse émettre un son, Meredyce quitta son appartement pour rejoindre le sien. Elle ferma la porte pour si adosser. Elle ferma les yeux se pinça la lèvre quand elle sentit un léger picotement se réveiller sur son genou. Mais par-dessus la douleur de sa chute, Meredyce avait la sensation qu'une force mystérieuse la poussait à y retourner demain. Pourtant elle avait toutes les raisons de ne pas y retourner. Klaus Kreighton lui-même lui avait fait remarquer. D'ailleurs elle s'étonnait qu'il lui ait demandé de revenir. Se passant une main dans ses cheveux, Meredyce alla se poster devant sa fenêtre, ignorant encore si elle devait y retourner.

Klaus passa la fin de sa journée à répondre à ce questionnaire tordu. Il soupçonnait cette jeune femme de l'avoir écrit ivre morte. Il n'y avait pas d'autre exploitation plausible. Il esquissa un sourire froid et cynique en refermant le cahier.

Eduardo sifflait depuis plus d'une heure. Abasourdi il se leva d'un bond pour imposer le silence. Un an de plus ici et il allait sans doute tomber fou.

- Alors ? Lança-t-il en se levant à son tour ; Raconte-nous ta matinée avec cette petite femme.

Le ton d'Eduardo avait pris des intonations sensuels, chargé d'appétit...de soif...

Pendant une seconde il songea à garder le silence.

- Tête en l'air, commenta-t-il sans s'étendre plus longtemps.

Eduardo rit lentement.

- Et c'est tout ? S'étonna-t-il en haussant un sourcil ; Tu me surprends mon ami ! Toi qui répond à son questionnaire avec tant de concentration...

Klaus grogna silencieusement. S'il y a bien une chose qu'il détestait c'était de perdre le contrôle des choses. Il s'était laissé surprendre par cette petite étourdie à la chevelure flamboyante.

- Tâche d'oublier cette visite Eduardo.

- C'est une menace ? Le défia-t-il en souriant lentement.

- Oui, c'est une menace Eduardo.

Klaus quitta l'entrée de sa cellule pour se rasseoir sur le lit et observa le cahier bleu en plissant des yeux, réfléchissant à la tenue des questions auxquels il venait de répondre. Il finit par serrer les dents en foudroyant le cahier des yeux.

Car à présent, il suspectait la jeune femme de mentir.

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