Chapitre 26


Bonsoir,

J'espère que vous allez bien ?

Je suis navrée pour mon absence ces derniers jours, j'ai de nombreux soucis en ce moment.

Merci pour vos messages et vos commentaires je ne cesserai jamais de le dire, vous m'êtes d'un grand réconfort.

Gros bisous à vous.


Les mains solidement accrochées à la table, Meredyce déglutit péniblement. Klaus la dominait de toute sa hauteur. La bouche soudain sèche, Meredyce ne savait plus quoi penser et encore moins comment interpréter cette révélation.

- Tu m'as l'air bien silencieuse tout à coup mi corazón, lui fit-il remarquer avec un sourire en coin.

- Oui, silencieuse...confirma-t-elle éperdue ; À vrai dire je ne sais pas quoi dire.

- Alors ne dis rien, suggéra Klaus en se rasseyant.

Il porta son verre à ses lèvres sans la quitter des yeux. Cet homme était une énigme et parfois tentait de s'en jouer pour dissimuler autre chose. Quelque chose de plus profond et de douloureux. Il n'avait pas révéler tous ses secrets ce soir elle en était persuadée. Mais maintenant qu'elle en savait un peu plus sur ses parents Meredyce comprenait d'où venait cette vision très catégorique qu'il avait des femmes. " Il n'y a rien de pire pour un homme que de se sentir différent "

Cette phrase tournoyait dans son esprit comme un feuille d'automne virevoltant dans les airs. Elle le rendrait différent mais en quoi ? Sa présence elle seule suffisait-elle à le rendre moins impitoyable ? Lui qui avait passé cinq ans derrière les barreaux sans jamais éprouver le besoin d'en parler.

- Mon dieu...je viens de me rendre compte que je...la prison est-ce que tout va bien ?

- Tu veux savoir si j'ai souffert ? Éluda Klaus en réprimant un sourire sinistre à la hauteur que l'avait été sa vie en prison.

- Oui...

Klaus se passa une main sur son menton en se rappelant la gorge serrée de sa vie en prison. Les premiers mois avaient été difficile et il avait dû accuser certains coups de la part des autres prisonniers. Enfermé dans le noir, Klaus avait fini par éteindre l'infime partie de son âme pour être aussi impitoyable que ces hommes. Et ils les avaient retrouvé. Les uns après les autres...

Ils avaient fini par le craindre et Klaus s'était nourri de cette crainte pour tenir chaque seconde de chaque jour.

Pendant cinq ans.

Meredyce avait-elle besoin de connaître cette partie de lui ?

Non, en avait-il conclu en dévisageant son beau regard émeraude.

- Tu n'as pas besoin de savoir ça Meredyce, trancha-t-il en plongeant son regard dans le sien ; Parle-moi plutôt de toi, je veux en connaître plus sur toi querida...

Après une longue hésitation Meredyce se lança ;

- Mon père, voilà ce qu'il y a savoir sur ma vie, dit-elle d'une voix enrouée par l'émotion ; Mon père me manque énormément.

- Je suis désolé trésoro...

- Il travaillait dans la finance, il me couvait de cadeaux et aussi bizarre que cela puisse paraître il me faisait rêver avec des histoires de princesse.

Un triste sourire releva ses lèvres.

- Mais il m'a toujours appris à me méfier des hommes, rajouta-t-elle en le regardant ; Même si j'étais trop petite pour comprendre le sens de ses mises en gardes, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Klaus restait attentif à son histoire et son cœur se serra douloureusement en pouvant lire sur son visage une immense tristesse ravager ses traits si délicats.

- Le jour de sa mort, j'étais enfermée dans mon coffre à jouets, poursuivit-elle le cœur meurtri à ce souvenir ; Ma mère était en train de le tromper pour la énième fois. Il m'a sorti du coffre il est partit dans la chambre, a trouvé ma mère avec cet homme et ensuite...

Meredyce avait l'impression qu'on lui enserrait la gorge.

- J'ai tapé à la fenêtre pour le supplier de m'emmener avec lui, reprit-elle les larmes aux yeux ; Le dernier souvenir que j'ai de lui c'est celui d'un homme triste quittant la maison comme un fou. Et une heure plus tard, des hommes en uniformes sont venus annoncer à mère qu'il avait eu un accident et qu'il était mort sur le coup.

Klaus repoussa sa chaise bruyamment pour venir lui prendre le visage entre ses mains. Difficilement, elle réprima quelques sanglots alors qu'il essuyait ses larmes avec ses pouces.

- Je suis vraiment désolé Meredyce, je n'aurais pas dû...

- Non...en fait, ça me fait du bien d'en parler.

- Ton père avait l'air d'être un homme formidable.

- Il l'était, confirma-t-elle en souriant.

Klaus embrassa son front, les yeux fermés. C'était pour ainsi dire la première fois qu'il posait ses lèvres sur le front d'une femme pour la réconforter.

- As-tu des rêves Meredyce ?

Il s'agenouilla près d'elle, désireux cette fois-ci de connaître les secrets de cette jeune femme qui semblait vouloir sauver le monde avant d'être sauvée.

Elle se mit à réfléchir les sourcils froncés.

- Oh...je sais pas...je n'y ai jamais réfléchi.

Alors c'est Klaus qui se mit à réfléchir. Impassible, il porta sa main à ses lèvres en retenant un sourire. Il lui ordonna de manger pendant qu'il continuait à songer comment la faire rêver. Et ce ne fut qu'au moment où elle se mit à bailler qu'il trouva comment la rendre heureuse.

- Tu sembles épuisée, lui fit-il remarquer.

- Non ! Pas du tout !

Elle battit énergiquement des cils et prit son verre de vin.

- En fait, je n'ai pas commencer mon traitement correctement, avoua-t-elle en grimaçant, il ne faut surtout pas que je m'endorme !

- Et moi je pense qu'il vaudrait mieux que tu dormes.

- Certainement pas ! Pas encore ! S'écria-t-elle désespérément.

Oh que si...songea Klaus en retenant un sourire. Car derrière ce refus catégorique Meredyce soulevait bien des choses. Mais c'était mal le connaître. Klaus avait d'autres projets pour elle.

- Et pourtant tes yeux papillonnes trésoro, nota-t-il en faisant le tour de la table pour lui tendre ses mains ; Viens Meredyce.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle perplexe, tu ne veux tout de même pas que je dorme ! S'indigna la jeune femme alors qu'il l'avait déjà calée dans ses bras.

Klaus était déterminée à ce qu'elle s'endorme afin qu'il puisse se mettre en action. Seulement la peine qu'il lut dans son regard le retarda dans ses plans. Elle semblait désemparée à l'idée de s'endormir. Mais cette fois-ci Klaus lui promettait un réveil à la hauteur de cette lueur qui brillait au fond de son regard. Déjà, alors qu'elle se blottissait mort dans l'âme contre son torse, Klaus ressentit tout son être se resserrer comme un étau. Il resserra son emprise et grimpa l'étage doucement. Une fois la belle au bois dormant allongée sur son lit, Klaus sourit faiblement en la découvrant déjà endormie.

- Dors querida, murmura-t-il en traçant la ligne de son menton.

Il embrassa la commissure de ses lèvres incapable de quitter la chambre. Que lui arrivait-il ?

S'efforçant de se redresser, Klaus quitta la chambre sans faire de bruit et dégaina son téléphone. Il passa plusieurs coups de fil tout en préparant son sac. Minutieusement, il tira ses tiroirs pour prendre des chemises et des vestes tout en exigeant que son jet soit prêt à l'heure.

- Veillez à joindre la boutique à Palerme, il me faut une garde robe complète pour une femme.

- Bien monsieur, quel taille dois-je indiquer ? S'enquit Paolo qui s'occupait essentiellement de ses voyages.

- Trente-huit, pantalons, robes, jupes, maillot de bain, énuméra Klaus en refermant la porte de son dressing.

- Tout sera prêt monsieur, affirma Paolo en rapprochant.

Klaus enfila sa veste et prit son sac pour le déposer au pied de l'ascenseur. Déjà, son personnel privé s'en empara ainsi que le sac à main de Meredyce. Avec cette folie et ce défi qu'il venait de se lancer, Klaus espérait voir sur le visage de la jeune femme un large et grand sourire ébloui. Il la porta précautionneusement, misant tout sur son sommeil lourd pour traverser le globe terrestre sans qu'elle ne se réveille. Un pari risqué et qu'il s'apprêtait à relever...

Alors que d'autres restaient impassibles devant cette situation improbable, d'autres avaient bien dû mal à dissimuler leur sidération. En effet, Klaus était parvenu à la monter dans la voiture puis dans son jet sans qu'elle se réveille.

- Monsieur est-ce qu'elle est morte ? Demanda l'hôtesse.

Klaus la foudroya du regard avant de répondre sur le ton de l'ironie.

- Oui, bien-sûr Penny elle morte, je l'ai tué et vous êtes dorénavant tous complices de la suite.... lorsque je vais jeter dans la méditerranée en plein vol.

Penny devint écarlate et se redressa sous les ricanements de Paolo.

- Elle n'est pas morte Penny ! Elle est juste...fatiguée.

Rembrunit, Klaus boucla sa ceinture puis prit sa main pour vérifier qu'elle n'avait pas froid.

- Je profite seulement de son hypersomnie pour la faire passer de New-York à la Sicile...reprit-il en leur jetant un regard menaçant ; Et je compte sur votre discrétion pour ne pas la réveiller avant que l'on soit arrivé.

Klaus consulta sa montre.

- C'est à dire dans sept-heures et vingt minutes.

Penny acquiesça en observant Meredyce avec inquiétude, ce qui agaça fortement Klaus.

- Je ne l'ai pas non plus kidnappée ! Maintenant Penny je vous serai gré de retourner à votre poste.

Prenant peur elle s'éloigna vers l'arrière de l'avion. Klaus grogna en rivant son regard sur Meredyce endormie, la tête tournée vers lui. L'ourlé de ses lèvres ressemblait à des pétales de roses rouges, sa peau diaphane...dio qu'il rêvait de la toucher...

- Pourquoi suis-je perçu comme un monstre ? Demanda-t-il en se tournant vers Paolo.

- Je pense que c'est sa présence qui les perturbes, déduisit Paolo en désignant Meredyce du menton ; Ils n'ont pas l'habitude de vous voir si bienveillant avec une femme.

Klaus aurait presque pu rire si cette réponse ne lui avait pas donné des frissons. Lui ? Bienveillant ?

Sa gorge se serra, parce qu'il savait que ce n'était pas de la bienveillance qu'il ressentait pour elle mais plutôt une envie folle de la protéger farouchement. De l'avoir rien que pour lui. Et ce comportement le dépassait totalement. Muet, Klaus se détourna vers le hublot et se retrancha dans ses pensées.

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