Chapitre 24



Après une matinée chargée en travail, Meredyce ramassa les derniers documents restés sur le bureau de Tyler, le directeur des finances quand celui-ci entra dans son bureau.

- Meredyce, je voulais justement vous parler.

- Oh...murmura-t-elle gênée ; C'est à propos du dossier Carter ?

- Non, assura-t-il d'un sourire tout en refermant la porte ; C'est à propos de Klaus.

Perplexe, Meredyce porta les dossiers contre son cœur. Que voulait-il lui dire sur Klaus ?

- Je vous écoute, dit-elle en gardant un ton professionnel.

- Je connais Klaus depuis des années et je ne l'ai jamais vu comme ça, que lui avez-vous fait ?

- Moi ? S'exclama-t-elle horrifiés ; Rien du tout ! Je ne lui ai rien fait !

Tyler rit brièvement les yeux pétillants d'amusement.

- Il est différent, dit-il en se caressant le menton.

- Est-ce si mal qu'il soit différent ? Osa-t-elle demander.

Il resta silencieux comme s'il cherchait à savoir s'il pouvait lui faire confiance.

- Klaus n'a pas eu la vie facile et il n'épargne aucune femme sachez-le bien Meredyce ; Klaus déteste les femmes depuis la nuit des temps.

Elle frissonna. C'était clairement un avertissement dans lequel Tyler supposait que Klaus haïssait les femmes plus que tout. Mais pourquoi ?

- Pourquoi ? Pour quelle raison ? Demanda-t-elle d'une voix presque suppliante.

Tyler refusait de lui en dire plus mais elle ne s'avouait pas vaincue.

- Alors c'est le seul conseil que vous me donnez ? Demanda-t-elle d'une voix voilée de désespoir ; Qu'il risque de me faire du mal ?

Avec flegme, il se redressa en haussant des épaules.

- Ce n'est pas un conseil mais un fait, mademoiselle Farella, rectifia-t-il doucement, le regard baissé sur son épaule dénudée ; Vous ne le connaissez pas suffisamment pour entrer dans ce terrain miné qui vous attira que de la tristesse ; Vous prenez un gros risque et votre jeunesse n'en sera que davantage impactée.

Meredyce fut prise de nausées. Pourquoi cet homme qui était censé être son ami cherchait à l'éloigner comme si c'était elle qui craignait pour lui ? Pourquoi tentait-il de lui faire peur ?

- Mon âge n'a rien à voir avec l'attirance qu'éprouve monsieur Kreighton à mon égard, rétorqua-t-elle sèchement ; Aussi je vous serai gré d'en parler à la personne concernée.

Gagnée par la colère Meredyce lui passa devant pour quitter son bureau. Elle afficha un sourire de façade tout en traversant l'immense couloir en espérant ne pas croiser Klaus. Car il saurait tout de suite que quelque chose la tracassait. Et si Tyler avait raison ? Et si Klaus la détruisait alors qu'elle n'aspirait qu'au bonheur ?

Vacillant sur ses pieds, Meredyce quitta la tour de verre pour rentrer chez elle. À son retour dans son appartement, son téléphone vibra dans la poche de son manteau. En voyant le nom de celui qui la tourmentait, Meredyce suffoqua avant de prendre une respiration furtive.

- Allô ?

- Où es-tu ? Cingla la voix de Klaus.

- Chez-moi pourquoi ?

- Tu es partie sans rien dire !

Meredyce s'enferma dans son appartement tout en se demandant ce qu'elle avait bien pu faire pour le rendre si en colère.

- Je te l'ai dit ce matin, tu ne t'en souviens pas ? Je devais me rendre chez-moi....

- Bien-sûr que je m'en souvient ! S'emporta Klaus en marchant comme un fou devant les baies vitrées qui lui donnaient vue pleine sur central Park ; Seulement j'aurai aimé que tu viennes m'annoncer ton départ.

- Je ne savais pas qu'il me fallait une permission.

Klaus grogna.

- Tu as beaucoup de chance d'être loin, trésoro sinon...

Il ne termina pas sa phrase et l'entendit soupirer. Il devinait l'incarnat de ses joues et son petit pincement de lèvre inférieure lorsqu'elle était nerveuse. Pourquoi venait-il de d'emporter comme si elle lui appartenait ? Depuis quand se comportait-il comme un homme compulsif ? Ça y est, Klaus avait la preuve évidente qu'il devenait fou.

- Je n'ai pas pris mes vitamines ce matin, expliqua-t-elle d'une voix douce ; C'est important Klaus.

Bien-sûr quel idiot, songea-t-il en se passant une main sur le visage. Il fallait impérativement qu'il reprenne le contrôle de son corps et de son esprit. Inspirant profondément, il enfonça sa main dans sa poche de pantalon en l'écoutant soupirer chaudement à son oreille.

- Tu viens toujours ce soir ? S'informa-t-il en prenant un ton dictatorial.

Rien. Elle ne répondait pas. Elle semblait hésiter. Signe qu'elle avait peut-être changé d'avis. Cependant, Meredyce Farella ignorait à qui elle avait affaire. Il n'était pas du genre à patienter et encore moins aujourd'hui.

- Oui, dit-elle enfin.

Satisfait, Klaus se frotta pensivement la barbe.

- Parfais, alors à ce soir.

Il coupa brutalement la communication observant le crachin assombrir le paysage de Manhattan.

Meredyce posa son téléphone sur la table en fronçant des sourcils. Klaus Kreighton était comme une tempête imprévisible. Son comportement pouvait changer si brutalement qu'elle en restait sans voix.

- Ah...s'écria Betty en déboulant dans son appartement comme une folle ; Tu n'as pas dormi ici cette nuit ! Je veux tout savoir !

Meredyce rougit jusqu'à la racine de ses cheveux. Betty supposait qu'elle avait couché avec lui or ce n'était pas le cas.

- Il ne s'est rien passé Betty.

Celle-ci écarquilla les yeux comme si elle était tombée sur la tête. Meredyce ignora ce regard et quitta son manteau.

- Attend j'ai dû mal à comprendre là, commença-t-elle en secouant de la tête incrédule ; Klaus Kreighton t'emmène chez lui et tu es en train de me dire que vous n'avez rien fait ?

- C'est exactement ça Betty, murmura-t-elle avec un léger sourire ; J'ai dormi dans l'une des chambres d'amis et ce matin il m'a emmené au travail.

De plus en plus choquée Betty s'esclaffa doucement.

- Mais c'est...

Comme elle perdait ses mots, Meredyce éluda sa phrase à sa place.

- Logique ?

- Non enfin ! S'écria-t-elle en posant ses mains sur ses hanches ; Il s'intéresse à toi ça crève les yeux !

- Peut-être qu'il veut seulement m'intégrer dans sa longue liste de conquêtes, laissa-t-elle tomber en réprimant son désespoir ; Après tout je ne suis que la fille qui l'a sorti de prison.

- Tes suppositions sont ridicules et tu veux savoir pourquoi ?

Meredyce haussa des épaules pour toute réponse.

- Parce qu'un homme aussi impitoyable que l'est monsieur Kreighton ne perdrait pas son temps avec toi s'il voulait seulement mettre une femme dans son lit, expliqua-t-elle en prenant un air sérieux ; Il peut obtenir n'importe quelle femme, c'est une question de minutes pour lui.

Meredyce se pinça la lèvre inférieure. Betty avait peut-être raison. Elle s'était à plusieurs reprises montrée très réticente à son contact. Suffisant pour qu'il se lasse très vite.

- C'est si étrange pour moi, confia-t-elle en grimaçant ; Jamais personne ne s'est intéressé à moi de cette façon.

- Non Meredyce, contrat-elle doucement ; Pleins de jeunes garçons s'intéressent à toi, seulement tu ne les as jamais laissé aller plus loin avec toi. Tu les as toujours repoussé.

- La peur sans doute, argua-t-elle en haussant des épaules.

Betty consulta sa montre et soupira avec un sourire.

- Je dois partir, s'excusa-t-elle en venant déposer un baiser sur sa joue ; Tu dois te jeter à l'eau ma belle, peu importe la chute, je serais là pour te rattraper.

Meredyce ne put s'empêcher de sourire et de l'embrasser à son tour. Lorsqu'elle fut seule, c'est avec un soupir inquiet qu'elle prit ses vitamines avant de se tourner vers son petit placard à la recherche d'une tenue qui puisse convenir pour ce soir. Hélas, son placard avait depuis des années collectionné des vieilleries du style vintage qui ne correspondaient plus du tout à cette époque moderne. Cela dit, Meredyce y trouva son bonheur en espérant que sa robe préférée puisse plaire à Klaus Kreighton.

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