Chapitre 18



Meredyce fouilla dans les archives à la lettre W. Mais la tâche fut plus complexe que prévue quand elle découvrit non pas un mais neuf dossiers comportant le nom Warner. Bien décidée à lui montrer qu'elle était compétente, Meredyce prit la pile de dossiers et traversa le long et splendide couloir moderne en direction de son antre. Cette fois-ci elle frappa à la porte.

- Entrez !

Les ténèbres allaient de nouveau s'ouvrirent sur elle. Prête à affronter la bête, Meredyce entra dans le bureau et le trouva assis majestueusement sur son fauteuil noir. Des parois en verre séparaient certains espace de la vaste pièce. Elle n'avait jamais vu des baies vitrées aussi impressionnantes. Le cœur battant à tout rompre elle porta son regard sur lui. Carré dans son fauteuil, jambes croisées, son regard n'avait jamais été si pénétrant qu'en ce moment. Contrôlant sa respiration affolée, elle s'avança vers lui d'une démarche qu'elle voulait déterminée.

- Il y'en avait neuf, dit-elle en les déposants sur son bureau avec précaution.

Impassible, il posa brièvement un regard sur les dossiers qu'elle prenait soin de poser sur son bureau et arrima son regard au sien.

- Merci Meredyce...dit-il après avoir consulté sa montre.

Elle se redressa, mains derrière le dos. C'était le peut-être le moment de lui présenter de vraies excuses.

- Je suis vraiment désolé pour tout à l'heure monsieur Kreighton.

Il se contenta d'incliner la tête avec un vague sourire aux lèvres. Si seulement elle pouvait savoir ce qu'il se passait dans sa tête ! Cela lui aurait été utile pour le reste de la journée. Il était si énigmatique. Sa colère pouvait surgir à n'importe quel moment.

- Votre ami semble vouloir plus qu'un cinéma Meredyce, déclara-t-il enfin en se levant pour faire le tour de son bureau.

- Il est tenace mais il n'est pas méchant.

Il se rembrunit.

- Donc il vous a déjà fait des avances ?

- En quoi cela peut vous intéresser ? Ne put s'empêcher de demander Meredyce en secouant imperceptiblement de la tête.

Il s'appuya sur un coin de son bureau bras croisés.

- Je m'intéresse à votre vie.

- Elle n'a rien d'attrayante, et j'ai l'impression que vous allez me gronder chaque fois que je vais vous fournir un fragment de ma triste vie.

Klaus nota qu'elle s'emportait. Et c'était adorable. Elle y mettait l'effort et les formes ainsi qu'un petit froncement de sourcils.

- Vous êtes trop curieux, finit-elle par conclure.

Klaus éclata de rire en renversant sa tête en arrière. Mais ce rire...cachait bien des choses. D'abord l'amertume de ne pas pouvoir la toucher comme il le voulait. Puis une colère méconnue qui l'empêchait de réfléchir convenablement. De plus il nota qu'elle retenait son souffle, qu'elle avait peur.

- Pourquoi vous avez si peur de moi ?

- Je n'ai pas peur, mentit-elle d'un murmure.

- Si vous avez peur, insista-t-il en se redressa pour s'approcher lentement.

- Vous êtes énigmatique, j'ai l'impression de marcher sur des œufs avec vous, confia-t-elle enfin.

Elle se recula mais braqua ses yeux dans les siens. La peur qu'il lut dans ses yeux suffit à faire disparaître le désir qu'il éprouvait pour elle. Pour envenimer un peu plus la situation. Une silhouette gracile pénétra dans son bureau.

- Quelle charmante surprise Daniela, Grinça-t-il en plantant un regard assassin dans le sien.

Meredyce se raidit et s'inclina légèrement.

- Je retourne à mon travail, dit-elle précipitamment.

La belle femme qui venait de faire irruption dans son bureau la détailla de la tête aux pieds avant de se diriger vers Klaus. Envahie d'une jalousie soudaine, Meredyce referma la porte derrière elle sans pouvoir masquer ce sentiment étrange qui venait de lui serrer le cœur. En fait, elle s'emmêlait les pinceaux. Un tumulte d'émotions s'emparait d'elle chaque fois qu'elle se trouvait dans la même pièce que lui. Elle secoua de la tête pour reprendre un semblant d'esprit et se dirigea vers la salle d'archive.

Klaus fixa la porte qui s'était refermée sur la jeune femme.

- Je pensais avoir été clair l'autre soir, dit-il en se réinstallant dans son fauteuil en reprenant son travail.

- Tu étais énervé, et ça se comprend mais...il faut que je t'explique Klaus.

Elle s'installa près de son fauteuil, puis posa une main sur son épaule.

- Il n'y a rien à expliquer Daniela, trancha-t-il froidement ; Tu es frivole comme l'était ma mère, j'aurais dû m'en douter.

La bouche déformée par un rictus éloquent, Klaus retira sa main de son épaule.

- Tu ne peux pas oublier six mois de relation Klaus ! Protesta-t-elle en se redressant.

- Nous n'étions pas un couple Daniela, riposta Klaus avec calme tout en se levant pour se diriger vers la table de réunion pour se servir un verre d'eau ; Vois-tu une relation c'est se faire confiance l'un l'autre, c'est aussi soutenir l'autre dans des moments difficiles.

Il marqua une pause pour la foudroyer du regard.

- C'est se lever chaque matin dans les bras de sa moitié, incapable de se lever, désirant faire durer ce moment toute la vie.

Il secoua négativement de la tête avec une moue sardonique aux lèvres.

- Non, Daniela ce n'est pas une relation que nous avions ; Tu étais seulement celle qui se pavanait à mon bras en charmant les hommes afin qu'ils me jalousent.

Rouge de colère elle s'approcha de lui, ne s'avouant pas vaincue.

- Et au lit ? Je savais te satisfaire au lit, ose dire le contraire ! Le défia-t-elle en attrapant sa cravate.

Impassible, Klaus lui prit la main et se pencha lentement vers elle.

- Je dirais que c'était plutôt moi, qui savait te satisfaire au lit, chuchota-t-il d'un sourire diabolique.

- Espèce de...

- Mesure tes paroles Daniela tu pourrais les regretter amèrement, coupa-t-il d'un sourire caustique ; Je sors de prison ne l'oublie pas.

Klaus consulta sa montre. Sa réunion allait débuter.

- J'ai du travail maintenant.

- Tu me supplieras de revenir Klaus Kreighton ! S'écria-t-elle dents serrées.

Il haussa un sourcil moqueur.

- Jusqu'à présent, c'est toi qui me supplie, nota-t-il avec un sourire cruel aux lèvres suffisant pour la faire déguerpir de son bureau.

Quand la porte se referma brutalement, Klaus perdit son sourire machiavélique. Car derrière cette flegme, il y avait un homme blessé qui songeait réellement à se lever chaque matin au côté d'une femme qui saurait l'aimer avec ses défauts et ses qualités. Il avait trente-trois ans, le temps commençait à se ternir. Il n'avait plus les mêmes ambitions qu'autrefois. Il avait tout et il ne désirait pas avoir davantage. La prison lui avait permis de réaliser que ce monde avait un arrière goût amer. Il s'était retrouvé seul. Tyler avait été le seul à se montrer loyal. Le reste...était éphémère. Klaus aspirait à autre chose à présent. Une douleur lui comprima le cœur. Il n'était plus le même homme. Klaus se sentait différent depuis sa sortie de prison. Oui, il n'y avait plus de doute....Klaus aspirait à une autre vie.

- Klaus ? La réunion peut commencer ? S'informa Tyler en coupant le cours de ses pensées.

Il se frotta les yeux et acquiesça silencieusement. Un groupe d'hommes entra dans son bureau pour s'installer autour de la table en verre. Tous attendaient qu'il prenne place en premier pour en faire de même.

- Nous allons pouvoir commencer, déclare Klaus en les invitant à s'asseoir.

Meredyce ferma le dernier tiroir après l'avoir rangé et attrapa son sac au vol. Elle se dirigea vers la secrétaire de l'accueil pour lui annoncer son départ.

- Mais vous ne pouvez pas partir comme ça ! S'exclama celle-ci avec indignation.

- Je le dois, j'ai un rendez-vous important.

La blonde se leva de son siège un lueur incandescente dans le regard.

- Vous êtes chez K&W entreprise, dit-elle froidement ; Vous n'êtes pas en mesure de choisir quand vous devez partir.

- Je prend le risque...

- Monsieur Kreighton a renvoyé pour moins que ça !

Meredyce continua de marcher en ignorant délibérément la menace. Elle ne pouvait pas manquer ce rendez-vous et elle était prête à prendre le risque de subir les foudres de Klaus Kreighton peu importe les conséquences.

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