Chapitre 16
À bout de souffle, Meredyce sentit ses doigts se resserrer autour des siens. Son regard était pénétrant. Pourquoi n'arrivait-elle pas à résister à cette force qui la poussait à garder sa main dans la sienne ? Et même si elle aurait voulu s'en détacher, elle n'aurait pas pu tant ses doigts étaient serrés autour des siens. Cette nuit-là, jamais Meredyce ne pourrait oublier son regard face au sien dans la pénombre.
- Cette question me hante depuis cinq ans, reprit-il tout bas ; Qu'aurais-je bien pu faire de vous Meredyce....vos yeux....dio ! Vos yeux étaient si terrifiés et à la fois captivant.
Il tira sur sa main ce qui la fit sursauter. Derrière sa frange de cils noir, son regard était devenu dur.
- Je devrais pas m'approcher de vous Meredyce, chuchota-t-il d'une voix rauque ; Je ne suis pas fréquentable.
Son cœur martelait ses tempes. Pourtant elle tint bon, même si son poignet la brûlait. Elle se mordilla la lèvre, tête baissée.
- Dieu seul sait ce que j'aurais pu faire de vous il y a cinq ans, avoua-t-il d'une voix sombre ; Cet paire d'yeux, je réalise soudain que c'est elle qui m'a tenu compagnie dans cette cage au début de ma détention.
Meredyce ne pouvait plus bouger. Une chaleur se répandit entre ses cuisses pour la première fois de sa vie. Cette réaction était malvenue au vue de ses confidences dangereuses et qui avaient pour but de l'effrayer.
- C'est peut-être la raison qui me pousse à vous aider Meredyce, je l'ignore, avoua-t-il en la relâchent ; Mais bientôt je le saurais, se promit-il à lui-même en observant l'horizon.
Anxieuse elle ferma ses cuisses et mit ses mains sur ses genoux.
- Je n'ai pas l'intention de me jeter sur vous monsieur Kreighton, se sentit-elle obligée de dire pour mettre un terme à cette situation ; Je sais très bien que vous faites ça uniquement pour m'aider et je sais qu'il n'y aura rien entre nous, c'est d'ailleurs malvenu d'y penser vous ne pensez pas ?
Il riva son regard animal dans le sien, lèvres durement serrées.
- Si, lâcha-t-il l'air mécontent ; Vous avez raison trésoro...
Pile au bon moment, son petit-déjeuner arriva. L'atmosphère se détendit alors. Klaus se frottait pensivement la barbe, les yeux dans le vide. Meredyce n'était s'était jamais sentie aussi vulnérable qu'aujourd'hui.
- Mangez, Meredyce...
Inutile de lui ordonner ! Songea-t-elle le feu aux joues. Elle coupa sa crêpe au chocolat et les dégusta sous le regard profond de l'homme. Il buvait son café tout en l'observant avec des yeux moqueurs. La regarder manger avec entrain avait suffit à Klaus pour apaiser sa frustration. Elle lui avait fait très clairement comprendre qu'elle ne désirait pas devenir sa proie et il ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait raison de se méfier. Elle ne se faisait aucune illusion. Elle était tout simplement parfaite. Son cœur de pierre se resserra subitement. Moustache de lait, chocolat au coin des lèvres, elle ne souciait guère de son apparence. Tiraillé entre la raison et le désir qui le tenaillait depuis trois jours, Klaus serra les poings.
- C'était délicieux ! S'exclama-t-elle en essuyant sa bouche.
Toute son assiette était vide. Sa tasse de chocolat vidée.
- Que faites-vous pour le reste de la journée ? Demanda-t-il curieux de savoir ce qu'elle allait faire au moment de la laisser partir.
- Je vais probablement dormir et je devais aller au cinéma mais je pense que je vais annuler.
Klaus lut dans l'incertitude dans son regard. Une certaine crainte aussi. Signe évident qu'elle le voyait déjà comme son patron.
- Vous n'êtes pas obligée d'annuler votre séance de cinéma, lui dit-il alors en finissant son café d'un trait.
- Jason est persistant, je n'avais pas trop envie d'y aller de toute manière.
Un cinéma ? Avec Jason Kahan ? Le petit étudiant insistant ?
- L'étudiant qui vous forcez la main ? Questionna Klaus en prenant un ton rude.
- Oui....
Bien-sûr, songea-t-il avec amertume. Ce jeune homme était dans les âges de Meredyce. Il pouvait tenter n'importe quelle folie pour songer à l'avoir. Aiguillonné par la jalousie, Klaus se leva et lui tendit sa main. Elle la prit sans la moindre hésitation. Avait-elle pu sentir son mécontentement ? Hélas non, elle lui offrit un sourire détendu et une fois dehors, relâcha complètement sa main pour l'enfoncer dans la poche de son manteau.
- Merci pour le petit-déjeuner.
- C'était un plaisir Meredyce, dit-il d'une voix méconnaissable.
Ses joues rosirent adorablement.
- Alors à lundi ? Enfin je veux dire à demain.
- Soyez là pour neuf heures et tâchez de vous reposer, je ne tolèrerais pas un retard.
Meredyce remarqua dans le ton de sa voix une petite pointe menaçante. Alors elle lui offrit un sourire entendu et récupéra son vélo. Elle pouvait le sentir juste derrière elle...attendant son départ. Pourquoi semblait-il subitement en colère ? Meredyce tenta d'ignorer cette question et s'en alla sans se retourner. Car tout était clair à présent. Klaus Kreighton lui avait bien fait comprendre qu'il n'était pas intéressé. Son seul but était de rattraper ses erreurs du passé. Son cœur se serra à cette simple constatation...
Ignorant les coups déraisonnables de son cœur, Meredyce rejoignit son appartement après trente minutes à pédaler. Peut-être parviendrait-elle à s'offrir une voiture avec son nouveau salaire, songea-t-elle avec un sourire d'excitation aux lèvres.
Comme promis, elle dormit toute la journée. Elle se réveilla au moment où le soleil se couchait. Posté devant sa petite fenêtre elle observa les passants, le paysage et un nom lui revenait sans cesse en tête.
Klaus Kreighton.
Son visage n'arrêtait pas de s'imposait dans son esprit même quand elle ne le voulait. Pour dire vrai, elle était troublée par cet homme. Il semblait cacher des secrets. De nature curieuse, Meredyce voulait les connaître malgré les interdits qui se dressaient devant elle.
Lorsqu'on frappa à sa porte, Meredyce regarda prudemment qui était son visiteur avant d'ouvrir.
- Jason ? Lança-t-elle surprise.
- Alors c'est vrai ce que Betty m'a dit ? Demanda-t-il les traits fermés.
Meredyce réprima un soupir d'agacement et le laissa entrer.
- Oui et alors ? Avoua-t-elle en croisant les bras.
- Tu es folle ! S'écria-t-il les yeux noirs ; Tu sais qui est cet homme au moins ? As-tu la moindre idée de ce qu'on raconte sur lui ?
- Je ne lis pas les rumeurs Jason.
- Ce ne sont pas des rumeurs Mery ! C'est la vérité ! Rétorqua-t-il sèchement ; Tu n'aurais pas dû accepter cette proposition !
Meredyce se retint d'exploser.
- Je ne suis plus une enfant ! Je suis capable de prendre des décisions toute seule.
Jason lâcha un juron et se mit à arpenter son petit salon.
- Il est violent, instable, il passe de femme à femme, il a tué et...
- Il n'a pas tué Jason ! Gronda-t-elle les yeux étincelants de colère ; Comment peux-tu dire une chose pareille !
- Je ne parle pas du banquier je parle de cet américain à Rome, il y a sept ans, il la frappait tellement fort qu'il est mort sur le coup.
Meredyce écarquilla les yeux.
- Mais de quoi est-ce que tu parles Jason ?
Sourire satisfait aux lèvres, Jason s'approcha d'elle jusqu'à ce que son souffle se propage sur son visage.
- Il y a sept ans, Klaus Kreighton a tué un homme en Italie, cette affaire a été étouffée par les autorités italiennes.
- Tu dis ça pour me faire peur ! S'écria-t-elle en le repoussant violemment.
- Demande lui par toi-même et nous verrons qui des deux a raison Mery.
- Ne m'appelle pas comme ça ! Je ne suis pas à toi Jason, je te reconnais plus !
La fermée, Jason s'approcha d'elle en essayant de toucher son visage.
- Ne me touche pas ! Prévint-elle en pointant la porte d'entrée ; Sors d'ici maintenant ! Je veux être seule.
- Tu te trompes d'ennemis Meredyce, lâcha-t-il froidement et claquant la porte.
Elle sanglota en verrouillant la porte et se laissa glisser lentement contre cette dernière, refusant de croire ce qu'il venait de lui dire.
- Non...impossibles, murmura-t-elle fermant les yeux.
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