Chapitre 14
L'estomac noué, après avoir passé une nuit chargée de rêves dans lesquelles monsieur Kreighton apparaissaient comme un démon sorti des ténèbres, Meredyce se tenait devant l'antre gigantesque qui appartenait à cet homme redoutable. Pourquoi diable avait-elle accepté de le rejoindre ici ? Se demanda-t-elle en secouant de la tête. Quelle idiote !
Une Ferrari noire s'arrêta à sa hauteur. Elle ne pouvait plus faire marche-arrière. C'était trop tard. Vêtu d'un jean bleu et d'un tee-shirt noir, Klaus Kreighton quitta son véhicule avec un sourire satisfait aux lèvres. Son cœur manqua de s'arrêter devant cette armoire à glace tout en muscles. Ses biceps étaient incroyablement larges, son tee-shirt épousait sa carrure impeccable et sans défaut. Son tatouage....oh mon dieu...
Meredyce se retourna pour lui échapper. Quelle absurde tentative désespérée !
- Trésoro...il est trop tard pour fuir....lança-t-il en la rattrapant par le bras pour l'obliger à se retourner.
- Je...ne sais pas ce qui m'a pris de venir ! S'exclama-t-elle en dévisageant son torse à quelques centimètres de ses yeux.
- Je dirais que c'est le goût du risque, déduit Klaus avec gravité en lui saisissant le menton pour qu'elle le regard.
- Donc...vous admettez être dangereux ?
- Je n'ai jamais dit que je ne l'étais pas Meredyce, répliqua-t-il en dévisageant ses yeux.
- Raison de plus pour partir pendant qu'il est encore temps, rétorqua-t-elle en relevant les yeux.
Le contact de leurs yeux dura de longues secondes avant qu'il lui réponde ;
- Trop tard Meredyce, et puis si vous êtes ici c'est qu'au plus profond de vous, vous aviez envie de venir.
Pas faux. Meredyce avait suivi cette petite voix dangereuse qui lui soufflait l'inverse de sa raison. Mais qui des deux personnalités de l'homme l'attirait dangereusement ?
La bête qui ne demandait qu'à sortir ou l'homme qui parfois, sans le vouloir, se révélait doux et souffrant d'un mal intérieur qui semblait être à l'origine de son comportement casanier.
- Venez Meredyce, ordonna-t-il en lui prenant le coude, vous n'avez rien à craindre de moi.
Justement si ! Elle avait tout à craindre de lui ! Et pourtant elle le suivit.
- Il n'y a personne ! S'étonna-t-elle en remarquant le hall immense et vide.
- On est dimanche, lui rappela-t-il en marchant jusqu'au ascenseur ; J'ai peut-être l'air d'un tyran, je donne quand même les week-end à mes employés.
Meredyce s'arrêta alors de le suivre. Ce qui suffit à l'irriter.
- Alors pourquoi me faire venir ici ?
- Si vous acceptez mon offre, vous commencerez demain, expliqua-t-il en retenant les portes de ascenseur.
Curieuse jusqu'à s'en mordre la langue, Meredyce le suivit alors dans l'ascenseur en remontant la lanière de son sac. Si son père la voyait il lui donnerait la correction du siècle. Son esprit fermé sur les hommes lui manquait terriblement. Déjà petite, alors qu'elle tenait sa première poupée dans sa main, son père n'avait pas manqué de lui rappeler qu'elle devait toujours garder les pieds sur terre au risque que la chute soit douloureuse. Klaus Kreighton était l'homme le plus impitoyable qui soit. Le profil idéal pour confirmer les mises en gardes répétées de son père jusqu'à ce triste soir. Elle avait l'impression d'y être encore. Avec sa poupée dans sa main, son père avançait jusqu'à elle, les yeux écarquillés en la découvrant caché dans coffre à jouets pour atténuer ses bruits provenant de la chambre à coucher. Et son père qui s'avance dans cette chambre pour y trouver sa femme au-dessus d'un homme. Une larme roula sur sa joue en se souvenant encore frapper contre la fenêtre en criant papa alors que celui-ci, en colère, avait prit le volant sans se douter un instant qu'il ne reviendrait plus jamais la border le soir. Depuis ce jour, Meredyce avait détesté sa mère. Elle était responsable de son accident de voiture autant qu'elle était responsable de sa crainte des hommes. Déjà à l'époque, une bouteille de vin puis deux accompagnaient ses journées. Meredyce avait six ans quand les déboires de sa mère avaient commencé. Au fond d'elle, avec le recul, elle remerciait le ciel que son père adoré soit parti sans savoir le nombre exacte d'hommes qui avaient souillé son lit.
Les portes en acier s'ouvrirent, l'obligeant à reprendre le contrôle de ses émotions. Et en risquant un regard sur l'homme qui se tenait à côté d'elle, Meredyce eut de la peine pour lui. Elle était peut-être la seule personne à ne pas vouloir juger ces hommes riches trop vite. Son père était un homme avec des moyens, son travail acharné lui avait permis d'ouvrir sa propre entreprise. Cela ne l'avait pas empêcher de mourir le cœur brisé.
- Meredyce ?
- Oui ! Dit-elle précipitamment.
- Vous allez bien ? S'inquiéta l'homme en pressant ses doigts sur son coude pour la guider.
- Oui, juste un peu fatiguée.
- Vous avez mangée ce matin ?
Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ?
- Non...
Son regard se durcit mais il n'émit aucun commentaire.
- L'une de mes assistantes est en congé maternité, expliqua-t-il enfin pour mettre un terme à tout ces mystères.
L'étage était sombre et moderne, absolument hypnotique. Il traversa le couloir et ouvrit une large porte noir. D'une main, il l'invita à le suivre dans une salle remplie de livres, d'étagères et de meubles à tiroirs.
- Ma proposition est la suivante ; Travaillez pour moi.
Meredyce éclata de rire sous le regard impassible de Klaus Kreighton. Il n'était pas sérieux ?
- Vous êtes sérieux ?
- Plus que sérieux, affirma-t-il sèchement ; Cette salle sert aux employés et collaborateurs ; Cela ne vous changera pas de la bibliothèque. C'est vous qui tiendrez les archives.
- Mais je ne comprend rien à la finance, protesta Meredyce en battant des cils à toute vitesse.
- Et personne ne vous demande d'en connaître plus, répliqua-t-il vivement ; Tout ce que vous avez à faire c'est guider ceux qui vous demanderons des livres concernant tout ce qui constitue mon univers.
Meredyce se retint de rire une seconde fois. Elle se contenta de le dévisager comme s'il était fou.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle alors incrédule ; Pourquoi faites-vous cela pour moi ? De la pitié ?
Il s'approcha sourcils crispés, barrant son regard froid.
- Je n'éprouve jamais de pitié, mademoiselle Farella ; S'agaça Klaus en serrant les poings ; Seulement je refuse de continuer à faire semblant que votre cas ne m'intéresse pas. Je refuse catégoriquement que vous retourniez travailler dans cette bibliothèque.
- Pourquoi mon cas vous intéresse-t-il monsieur Kreighton, rétorqua-t-elle en croisant les bras comme parcourue d'un froid glacial ; Je n'ai fait ce que me semblait juste. Si je vous ai fait sortir de prison ce...
- Acceptez cette offre Meredyce, chuchota-t-il menaçant ; Cette offre ne se représentera pas de si tôt.
La bouche asséchée, Meredyce se passa une main dans les cheveux le cœur battant.
- Mille quatre cent dollars par mois.
Elle redressa la tête en cillant.
- Mille...
- Est-ce trop pour vous ? Coupa-t-il un flamme de joie dans ses yeux bleus.
- Non ! C'est...mon dieu je ne sais pas !
Elle était tentée d'accepter. Quel risque prenait-elle à dire oui ? Sans doute devoir côtoyer cet homme au regard perçant chaque jour.
- Pour Willis l'affaire est déjà réglée.
- Quoi ? Souffla-t-elle tandis qu'il s'était redressé de toute sa hauteur. Comme s'il était fier...
- J'ai engagé trois femmes pour qu'elles se plaignent de votre travail, exigeant votre renvoie immédiat.
Il marqua une pause pour grimacer.
- Il n'a pas longuement hésité à vous renvoyer pour une coquette sommes, ce qui règle ce problème, ainsi vous n'avez plus rien à devoir à ce pervers. Vous travaillez pour moi, à présent.
Stupéfaite, Meredyce rit nerveusement. Une vive colère destiné à elle s'empara d'elle. Toutes ses bonnes résolutions prises il y a deux jours prenaient l'eau. Quelque chose d'étrange la poussait à accepter cette folie. De plus, Klaus l'observait avec une telle intensité qu'elle ne parvenait plus à bouger. Mais elle devait se rendre à la raison. Elle agissait comme une gamine devant cet homme qui émanait de sa personne une puissance viril capable d'hypnotiser n'importe quelle idiote. Il fallait qu'elle arrête de rougir en sa présence. C'était ridicule et cela ne lui ressemblait guère. Il lui donnait un travail et elle accepterait. Mais il fallait à tout prix qu'elle l'évite.
- J'accepte votre offre...
C'est avec ravissement, que l'homme au regard hypnotique, esquissa un sourire dans lequel, Meredyce y découvrit une autre facette chez lui qui l'empêcha de respirer un bref instant.
Celle d'un homme généreux au grand cœur.
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