La mort du Dieu : confrontation
Le vent soufflait sur cette petite falaise qui surplombait l'océan, témoignant du tumulte d'un esprit endeuillé.
Assise en face des flots, se tenait une jeune fille, recroquevillée sur elle-même, les bras encerclant ses genoux dans une vaine quête de réconfort. Elle ne portait, malgré la tempête et la fraîcheur ambiante, qu'une longue robe, entièrement noire.
Une robe de deuil.
Ses yeux vides étaient braqués en face d'elle, perdus dans les méandres du vide, tandis que de longues mèches de cheveux châtains virevoltaient près de son visage.
Le ciel était sombre, gris et froid. Quelques nuages dissimulaient les rayons du Soleil qui tentaient de pénétrer les forteresses puissantes de la mélancolie. Ces cieux donnaient au paysage une ambiance infiniment triste et lasse.
Brisant le silence de cette atmosphère lourde et franchement dépressive, un bruit de *rakakakaï !* strident retentit, et une petite zone apparement vide dans l'herbe et l'air au dessus trembla, se flouta, pour finalement laisser apparaître, en une seconde et au milieu de nulle part, une figure connue de tous : Éloïse.
Cette dernière referma la porte et regarda la personne assise par terre, à quelques mètres d'elle, La personne la regarda également, surprise de la voir.
Elle cilla plusieurs fois. Éloïse aussi. Puis re-elle. Et encore Éloïse.
Enfin, terminant cette joute visuelle de clignage d'yeux, elle prit la parole :
- Mais t'es encore là Emma ?!
- Bah évidemment, répondit-elle, où voulais-tu que je sois ??
- On en a déjà parlé un millier de fois Emmette, soupira Éloïse. Tu vas bien devoir tourner la page un jour !
Emma bondit sur ses pieds et brandit un index tremblant vers l'instigatrice de ses malheurs.
- Tu es sérieuse ?? Et bien je me répéterais un millier de fois s'il le faut, JE NE PEUX PAS ! Comment tu peux me demander de me remettre de la disparition d'un Dieu, et de l'amour de ma vie ??
Éloïse soupira fortement, lassée par son comportement, et lui tend un énième mouchoir.
- C'est un personnage de fiction Emma, il n'est pas réel ! Il n'existe p...
Elle fut coupée dans son affirmation odieuse par un délicat bruit de vidange nasale intense. Elle eut une moue mi-dégoutée, mi-compatissante.
- Je ne me doutais pas que ce serait aussi dur pour quelqu'un Emma (en même temps ça frôle l'aspect psychopathe là...).
Mais tu ne peux pas rester comme ça indéfiniment, dans ce.... Je ne sais même pas où on est !
- Retranchés au fond de ma concience, voilà où nous sommes !
Perdues dans les abîmes du désespoir, cachées derrière la tristesse, dévorées par le manque, enfermées dans la...
- C'est bon, c'est bon, coupa Éloïse dans cette tirade pseudo-dramatique, je crois que j'ai saisi l'idée.
En la cherchant, l'auteure ne s'attendait pas à débarquer ici. Dans un Mac Do, une bibliothèque ou même pire, dans des toilettes, soit les endroits qu'elle savait favoris à la jeune veuve. Mais pas... sur une falaise et sous un ciel menaçant !
- Bon, reprit-elle, j'aurais essayé, mais je ne peux pas effacer tes perceptions...
- MES ÉMOTIONS ! MES PUISSANTES ET DÉVASTATRICES ÉMOTIONS DÉSESPÉRÉES !
- Oui, bon, si tu veux. Bref je ne peux pas les effacer alors je.... je ne sais pas quoi faire là.
- HA ! Comme si tu en avais quelque chose à faire ! Dois- je rappeller qui est l'auteure ? persifla Emma.
- Eh, je t'interdis de dire ça, en plus on en a déjà parlé, c'est pas ma faute, c'est Mélodie ! se défendit Éloïse.
- Mouais, c'est toi qui as écris l'histoire quand même ! Tu es dans le déni mais bon, je crois que t'as pris assez cher dans Le procès d'Éloïse, de _H_is_for_hugo, avec Mayyri, Nakijo et lorineJSP ...
- Ne me rappelle pas cet attroce souvenir s'il te plait, grimaça Éloïse, j'en ai encore mal.
- Tant mieux ! réplique la veuve, un air légèrement démoniaque sur le visage.
- Bon Emma, on est pas là pour parler de moi ! esquiva la fourbe.
Mais bon voilà, Zéphyr est mort, c'est un fait : ça ne le fera pas revenir de te lamenter à ce point.
Emma sembla alors retrouver sa vitalité et commença alors à partir en steak.
Le début de la fin.
- C'est là où tu te trompes ma chère ! Zézé est peut-être mort dans son enveloppe charnelle, mais c'est un dieu, et son esprit est bien présent !
- Nan mais Emma on en a déjà parlé de ce surnom, il est ignoble, grimaça Éloïse, et puis un dieu, tout de suite les grands mots !
- Excuse moi, lança Emma, les yeux exorbités, mais tout en lui est à caractère divin, jusqu'à son nom !
Il est beaucoup trop parfait pour être un "simple" Surnaturel ! Il est magnifique, intelligent, brillant, loyal, gentil, adorable, stratège, déterminé, drôle, amical, altruiste, apaisant, captivant, diplomate, humble...
PARFAIT !
Éloïse avait reculé sous cette avalanche de qualités. Elle observait, légèrement stressée, la jeune fille qui brandissait les bras pendant son discours, les yeux grands ouverts et le visage exalté.
Merde, pensa-t-elle, elle n'a pas pris ses cachets aujourd'hui !
OK, il fallait y aller doucement, elle pouvait péter une durite d'un coup, si ce n'est déjà fait.
- Mais il est mort, MORT ! Enveloppe charnelle ou pas il est parti, définitivement, envolé, pouf !
- Un dieu ne meurt jamais, répliqua Emma. Son esprit, son âme est perpétuellement parmi nous ! Il laisserait jamais sa femme seule, tu vois cette bague imaginaire ??
Sa femme... Elle était pas redescendue de son délire encore ?
- Tu ne me crois pas... Je vais te le prouver ! *tan tan taaaaaan*
Sur ces mots elle écarta les bras et pointa ses mains vers le ciel. Elle avait les yeux exorbités, les jours rougies et des mèches de cheveux fouettaient son visage. Elle était... Effrayante.
Un cris guttural sortit de sa gorge.
- ZÉPHYR ! J'en appelle à ton immence pouvoir, montre nous ta présence, envoi nous un signe, n'importe quoi, pour montrer à cette hérétique que tu es bel et bien présent parmi nous !!! ( Steu plaît bébé )
Silence.
Une botte de paille vole et traverse le décor. On entend une mouche voler.
Alors, un léger coup de vent prend forme et fait voler un paquet de chips vide qui s'écrase gracieusement sur la face d'Emma.
Malaise.
- AHA !!! hurla la fille en jetant le paquet par terre, TU VOIS ?!
- Nan mais tu déconnes là ? C'est un coup de vent, pas un quelquonque signe céleste !
- Pffff, je ne peux plus rien pour toi jeune incroyante, persiffla Emma.
Ce n'est pas grave que veux tu. Lors de sa réincarnation, Zéphyroi n'aura pas pitié de toi, même si tu es sa créatrice !
- Réincarnation ? s'exclama Éloïse, stupéfaite. Non mais Emma tu vas trop loin là. Je mettais ça sur le compte de la tristesse mais là t'es juste tarée.
- Tarée ? Tu te rappelle des réactions qu'avait Mélodie quand on lui disait ça ? Bah calme toi car moi je ne vais sûrement pas le rester.
Et puis rappelle toi : Je ne suis pas folle. Ma réalité est juste différente de la tienne.
- Nan mais ça va pas hein... commença à reculer Éloïse, qui avait l'impression de se répéter.
Pourquoi pas une secte aussi ?
- Ah mais ça c'est déjà fait tu sais ! sourie Emma.
Tu n'as jamais entendu parler des Illumizéphyrs ? Ça me désole. On nous appelle les Zéphyriens aussi des fois. Et tu as devant toi sa grande prêtresse.
Sur ce, Emma fit un large mouvement du bras devant elle, et comme par magie sa robe noire se transforma instantanément en toge blanche à capuche pointue.
OK, là Éloïse s'inquiétait sérieusement. Une secte, vraiment ?
- Je vois bien ce que tu penses de moi, mais honnêtement j'en ai rien à faire ; nous avons pour mentalité de ne pas prêter attention aux non-croyants.
Nous avons pour seul objectif le retour du dieu. Et comme il est indiqué dans son surnom, sa conquête du monde.
Elle plissa soudainement les yeux et pencha la tête sur le côté, et accentua son sourire fourbe vers la pauvre Éloïse qui se sentait de plus en plus malaisée.
- Qui sait ? Peut être même qu'à son réveil Zéphyr appréciera de savoir que sa créatrice à participé à sa renaissance...
Éloïse se tendit, méfiante. Elle n'aimait pas du tout ce ton.
- Oui, reprit Emma, je pense que pour ramener Zézé (nan mais moi j'aime ce surnom) il serait nécessaire de....
Te sacrifier.
- PARDON ? HEIN ? COMMENT, POURQUOI ? paniqua aussitôt Éloïse, Mais ça va pas la tête !! Tu vas pas me sacrifier ! Mais t'es malade !
-Pourquoi, t'aimes pas les barbecues ? C'est joli un bûcher face à l'océan, répondit innocement la "malade".
- Nan mais t'es pas bien ?? Pour ressusciter quelqu'un, mais tu t'entends ? Et si tu me tues t'auras pas la suite de Surnaturels, et puis chuis ton amie (enfin là je suis plus très sûre...), et, et, et....
Elle fut coupée dans sa tirade par son opposante qui éclata d'un rire.... Franc et chaleureux, aux antipodes du rire psychopathe qu'on attendait.
- Relax Elette, je déconne ! Te sacrifier, hahaha, t'aurais vu ta tête !!!
Elle continua de se bidonner devant Éloïse qui la regardait, consternée, le cœur encore battant. Une blague ? Une blague ?
Cependant, au lieu de se mettre en colère et de l'insulter d'étron comme elle aurait dû normalement le faire, un petit sourire éclaira son visage auparavant paniqué, et elle dit doucement :
- Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas entendu rire...
Emma redressa la tête et émis un petit sourire surpris. Éloïse resta quelques secondes à la fixer ainsi avant de se décider à la laisser.
Elle croyait dur comme fer à la présence de Zéphyr, soit. Chacun ses délires. Mais elle avait passé un très, très long moment triste, et là elle venait tout juste de faire une blague en suggérant sa mort (et elle avait flippé bordel).
Elle retrouvait son humour nul d'avant.
Elle allait mieux.
Alors, elle lui adressa un petit signe de tête, un signe d'au revoir et de promesse de mots d'amour et de délires futurs en commentaires, et fit demi-tour. Elle passa le seuil de la porte et la referma derrière elle ; elle disparut aussitôt. Comme si elle n'avait jamais existé.
Emma expira brusquement et se laissa tomber (en toute souplesse évidemment) à terre, sur le dos, ses cheveux formant une auréole autour de sa tête. Elle avait beaucoup crié durant cet entretien, pourtant elle se sentait comme libérée d'un poids. Elle se remémora leur échange et sourit.
Elle y avait peut être été un peut fort, mais c'était beaucoup trop tentant.
Par contre il faudrait qu'elle pense à lui dire qu'elle ne plaisantait pas pour la secte...
Elle repassa ses paroles dans sa tête. Si le barbecue était une plaisanterie, le fait que Zéphyr continuait à vivre tant qu'il y avait quelqu'un pour croire en lui était une vérité à laquelle elle croyait à 200 % ! (Le paquet de chips le prouvait ! Un coup de vent, et puis quoi encore ?! Comment être aussi aveugle face à tant d'évidence...)
Emma soupira. Cet Interlude l'avait soulagé, mais la douleur et la manque étaient toujours présents.
Et où se réfugiait-elle ? Dans sa tête
Pa-thé-tique.
C'est sûr que ce n'était pas aussi reluisant que la réalité mais ell...
Elle se redressa d'un coup, les yeux équarquillés. Elle venait de penser à quelque chose. Quelque chose d'incroyable, de magique, surprenant. Serait-il possible que...
On était dans sa tête. Et Zézé était toujours présent tant qu'il restait quelqu'un pour l'honorer. Donc...
Emma se releva, un sourire éblouissant sur le visage. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ?!
Le Soleil perça soudain les nuages gris qui disparurent pour laisser place à un splendide ciel bleu tandis que d'un mouvement d'Emma, sa toge se transforma en une magnifique combinaison de licorne à paillette.
L'habit par excellence.
On était dans sa tête. Tout était possible. Alors au diable les hérétiques, les incroyante, les gens qui se moquent ou qui te disent d'abandonner tes rêves, ceux qui disent chocolatine, qui écoutent Jul ou encore qui disent "Bonsoir !" et non pas " BONZOIR ! ".
Peut importe tous ces gens qui ne croyaient en rien, n'avaient pas la foi, ne s'accrochaient à rien et ne vivaient pas vraiment.
Elle, elle y croyait. Et elle l'aimait.
Et elle s'en foutait totalement de l'avis des autres.
Car dans sa tête, c'est elle qui décide.
Elle voit et pense ce qu'elle veut.
Elle créé ce qu'elle veux.
Alors elle balaya ses doutes et avança vers le divin jeune homme brun qui venait d'apparaître, fabuleux, devant elle. En souriant de son inimitable sourire qui faisait ressortir ses fossettes.
Il était là.
Parce qu'elle le voulait. Plus que tout au monde.
Et là, elle retrouva enfin le bonheur.
Un bonheur si pur, si intense qu'il en était presque insoutenable.
Si profond que l'on avait le vertige.
Si éblouissant que l'on détournait le regard.
Si beau que l'on développait des complexes.
Un bonheur rare, un bonheur.... Surnaturel.
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