Les pensées c'est privé

Après leur départ, le silence s'installe, pesant. Comment on peut être responsable de la sécurité d'un royaume tout entier et être aussi immature ? Je me demande en avisant l'air satisfait de notre hôte suite au départ de la reine.

- Bon, déclare-t-il en regardant son jouet. Maintenant qu'on en a finit avec les futilités de la mondanité, je vais pouvoir vous remettre les pendules à l'heure.

- Attendez, l'interrompt Zack qui fixait toujours l'endroit où les fées se tenaient un instant plus tôt. Elles se sont téléportées, là ?

- Absolument, déclare négligemment Sire D'Armenture.

- Ça veut dire qu'au lieu de marcher pendant deux jours, on aurait pu être téléportés ? Insiste le garçon, agacé.

C'est vrai ça! Je songe brusquement. Ils ne se moqueraient pas un peu de nous?

- Ça vous fait les mollets, rétorque Sire D'Armenture en nous tournant le dos. Nous sommes ici pour faire de vous des guerriers, pas des fainéants.

Mon ami fusille le professeur du regard, apparemment vexé. Je me retiens de rire devant son nez froncé et ses lèvres crispées. Franchement Zack, ce n'est pas la peine de s'énerver pour ça... il y a pire. Se faire enlever en pleine nuit par un cochon-d'inde qui parle, par exemple. Le Disciple se perche justement sur une souche, non loin de nous, vainement tiré en arrière par le Messager qui n'a pas l'air d'aimer que son apprenti se donne en spectacle.

- N'ayez crainte, chers élus! Vous êtes dans le domaine de l'elfe le plus puissant d'Oniris, déclare-t-il, enthousiaste. Avec lui, vous apprendrez à vaincre Akumu et à sauver notre monde !

- Rien que ça ? s'amuse Athénaïs.

- Assez de bavardage inutile ! Gronde Sire D'Armenture en retournant dans le repère. Suivez-moi et fermez vos abajours !

- Ça veut dire qu'il faut qu'on se taise, croit bon de préciser le Disciple en passant devant nous.

Nous suivons donc notre professeur et les rongeurs dans l'abri de terre, jusqu'à la vaste pièce centrale dans laquelle l'elfe et la reine se sont disputés hier soir. Le premier nous invite à nous asseoir autour de la table, dressé face à un immense tableau noir couvert de schémas, tandis que j'aperçois dans un coin de mur un portrait de la deuxième, perforée de déchirures. Je déglutis, peu rassurée, en regardant Sire D'Armenture se planter devant nous d'un air presque menaçant.

- Bien le bonjour, jeunes gens, déclare-t-il soudain, une fois que nous sommes assis. Vous êtes à présent sous ma responsabilité et vous ne sortirez pas d'ici avant d'être devenus des guerriers aguerris.

- On ne sortira jamais de ce trou... Marmonne Athénaïs près de Maye.

Notre hôte la dévisage, fermé.

- Je vous demande pardon? Ce langage m'est inconnu.

- Laissez tomber...

La blondinette baisse la tête et se tait. Athénaïs qui se soumet à quelqu'un...on a du souci à se faire.

- Mais encore? Demande l'elfe.

- Bon! Je déclare, impatiente de changer de sujet. On le commence, cet entraînement?

D'Armenture braque son regard vers moi, me faisant reculer sur ma chaise. Il se fige, se détend, puis penche la tête en avant.

- Ne soyez pas si hâtive, gente dame, dit-il finalement. Aujourd'hui est un jour de familiarisation. Vous me posez des questions, j'y répond. Ensuite, poursuit-il plus gravement, c'est moi qui les poserais.

Je cligne des yeux, surprise. Je suis restée coincée sur le mot « hâtive ». Et vue la tête de mes amis, je ne suis pas la seule à ne pas avoir compris.

- Je crois qu'il veut qu'on aille moins vite, s'enquiert finalement Maye-Lie.

Un《aaah..!》collectif retentit après son explication.

- Il faudra vous enseigner la patience, déclare Sire D'Armenture en nous évaluant du regard. Mais nous nous en sortirons. J'ai entraîné des centaines et des centaines de personnes et jamais, au grand jamais, je n'ai échoué.

Son regard se perd dans un rêve que nous ne pouvons pas atteindre.

- Et foi de roi des elfes, ça ne commencera pas aujourd'hui, déclare-t-il en bombant le torse.

On le regarde un moment, un peu gêné. Il est roi !?

Je me hasarde à étudier plus méticuleusement la pièce dans laquelle on se trouve.

Des plans et des cartes recouvrent les murs, couverts d'une écriture illisible et de symboles étranges. Des étagères, dans un coin de l'endroit, supportent des grimoires et des rouleaux de parchemins. Sire D'Armenture a l'air d'une personne lettrée et organisée: rien ne dépasse des rangements. Rien, sauf une cape poussiéreuse roulée en boule dans un coin, juste sous un portrait déchiré. Des motifs ornent le tissu bleu: des fleurs de lys, à peine visibles sous des taches sombres de la cape. C'est donc bel et bien un roi...mais de quel royaume?

- On est tombé sur un taré, marmonne soudain Athénaïs, m'arrachant à ma contemplation.

- Un seul, tu es sûre? Réponds Zack à voix basse. Les gens qu'on a croisé sur la route ne sont pas tristes non plus.

Ils ricanent ensemble, et je souris face à leur complicité. Ça fait du bien de voir que finalement, ils sont capables de bien s'entendre. Face à eux, Sire D'Armenture descend de son nuage, l'air furieux.

- Hem, mais vous êtes super jeune, s'enquiert soudain Maye-Lie. Et pour un roi...

- Ah, ne me rappelez pas cette malédiction! S'insurge l'intéressé. Je peux aller partout dans les autres mondes, mais celui-ci me donne une forme presque infantile!

Je l'observe plus attentivement, curieuse, pour essayer de déterminer son âge. D'après son physique, il a à peine vingt ans. D'après son langage, il vient clairement d'une autre époque. Ça va, il y a pire que d'être éternellement jeune...je songe en levant les yeux au ciel.

- Autres questions? Demande l'elfe abruptement.

- Si vous, vous êtes le roi des elfes, reprend Maye-Lie, votre femme, c'est la reine Fleur Lhor?

- HAHEM! S'exclame Sire D'Armenture brusquement, nous faisant tous sursauter. Il y a cinq races d'elfes, dont la mienne, les elfes immortels, ne pouvant mourir que sous le fil de l'épée, très forts en magie, presque parfaits...voilà le mot: parfait.

Quelle modestie...

- Fleur, elle, est une fée, poursuit Sire D'Armenture d'un air dédaigneux. Elle a des ailes et une aptitude au combat très faible... Qu'est-ce que vous imaginez, franchement ? S'énerve-t-il brusquement. Que je suis le père de cette pimbêche de princesse ?

On recule tous, effrayé par les élans de colère soudain de notre maître d'arme.

- Je me disais, aussi...je marmonne en détournant les yeux.

Qu'est-ce qu'une personne aussi douce que Fleur Lhor pourrait faire avec un type aussi violent que Sire D'Armenture..?

Soudain, l'elfe se tourne vers Zack et lui donne un grand coup de Jô sur la tête. Je l'avais oublié, son bâton...

- Surveillez votre langage, jeune homme! S'exclame Sire D'Armenture, visiblement très vexé.

- Mais je n'ai rien dit...gémit sa victime en se frottant la tête.

Je lui lance un regard compatissant : entre les coups de colère de Maye-Lie, les bagarres avec Athénaïs et le bâton de notre professeur, Zack devait être couvert de bleus...L'air en pleine réflexion, il se redresse soudain avec une étincelle dans le regard.

- Vous lisez dans les pensées!! s'exclame subitement mon ami.

Ma mâchoire tombe toute seule sous l'effet de la surprise. C'est donc comme ça qu'il a su que j'écoutais la conversation, hier soir !

- Bien observé... raille Sire D'Armenture en pointant de nouveau le Jô dans sa direction. Je vous prierais donc de surveillez vos pensées.

Mon ami recule : un seul coup lui a suffit.

- Mais c'est personnel, les pensées! Proteste soudain Maye-Lie.

- Rassurez-vous, les vôtres ne sont guère intéressantes.

La brunette se renfrogne, vexée.

- Je ne lis que celles qui peuvent me donner des informations utiles, poursuit Sire D'Armenture. Les vôtres, par exemple, dit-il en tapant encore sur la tête de Zack avec son bâton.

- Aïe! Proteste-t-il en se frottant la tête. Arrêtez, avec ça !

- Monsieur...commence soudain Maye-Lie.

- Non, pas monsieur, la coupe l'elfe. Maître.

- Maître, rectifie alors la petite métisse. Est-ce qu'on reverra la reine et la princesse ?

- Non.

La tristesse se peint sur le visage de Maye, et je la partage. Elles étaient nos seuls repères stables dans ce monde. Pourvu qu'on les revoit tout de même... Elles ont beau nous en avoir fait voir de toutes les couleurs, au moins, elles, elles ne nous tapaient pas sur la tête avec un bout de bois.

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Oui j'ai oublié de publier mercredi, pardon!

Bon, la coupure est encore nulle, mais comme c'est un chapitre long qui est difficile à diviser en plusieurs parties...je fais de mon mieux!

Bon, on apprend un peu à connaître Sire D'Armenture: un roi sans royaume et un guerrier sans armée...yes.

Ce chapitre est un peu brouillon puisque pour réécrire le livre il faut que je le finisse. Du coup, les idées et les conseils sont les bienvenus!

Prenez soin de vous,

Starsstorm /°\\\.

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