Le labyrinthe

Je vois soudain Zack et Maye-Lie se crisper, tandis que le visage d'Athénaïs se ferme instantanément aux paroles du cochon-d'inde. Une terreur sans nom s'empare de mon corps.

- Quoi ??! s'écrie Zack en prenant vivement Le Messager dans ses mains. C'est quoi cette histoire ??

- Il faut qu'on sache si vous êtes capables de tenir tête au SouffleVent, explique Le Disciple en se blottissant contre le cou de Maye. Alors, nous vous mènerons à Sire D'Armenture pour vous entraîner à devenir les guerriers et guerrières les plus puissants d'Oniris.

Un silence suit ses paroles. Pourquoi nous ? Ils pourraient nous demander notre avis, quand même ! Je songe avec angoisse. Athénaïs finit par reprendre la parole :

- En somme, on n'a pas le choix ? conclue-t-elle, comme en écho à mes pensées.

Le Disciple et Le Messager secouent négativement la tête. Zack hisse le dernier sur son épaule gauche.

- Le SouffleVent... ? J'entends Maye-Lie relever.

Ce nom ne m'est pas inconnu... Je l'ai déjà entendu, certainement dans les histoires que Grand-mère me raconte au sujet d'Oniris. Je crois que c'est... Une sorte de monstre...

- Bon, eh ben je propose de ne pas s'éterniser ici, lâche la sauveuse de Maye, coupant court à ma réflexion et me tirant par le bras. Allez, viens, heu...

- Au...Aurore, je bafouille, toujours paniquée.

Je sais ce qu'est le SouffleVent, mais pas mes compagnons, visiblement. Un peu honteuse, je réalise soudain que c'est moi qu'ils attendent pour partir. Heureusement, en voyant la chaleur dans les yeux de Zack et Maye-Lie, je parviens à me reprendre et à sortir de ma torpeur.

Le frère s'avance pour me prendre la main tandis que la sœur ouvre la petite porte incrustée dans la haie pour partir. Je me renfrogne, tout de même un peu vexée que mon ami me traite comme un bébé. Athénaïs me lâche le bras et part prendre la main de Maye-Lie avant de lancer :

- On avance deux par deux. Si on se perd, comme ça, on ne sera pas seuls.

- Ça me va, acquiesce Zack, qui, pour une fois, ne foudroie pas notre nouvelle camarade du regard. Disciple, Maître, c'est quoi le « SouffleVent » ?

- Nous n'avons pas le droit de vous le dire, s'excuse Le Disciple en s'accrochant à l'épaule de Maye-Lie tandis qu'elle s'élance dans le labyrinthe enneigé.

Nous courrons le long des haies, au milieu des clochettes et des lilas, et c'est la jeune sixième qui ouvre la marche. Surprise, je remarque qu'elle a l'air de savoir exactement où elle va.

- Aube, commence Zack, qui ne me lâche pas. Toi qui es née ici, tu sais peut-être ce qu'est le « SouffleVent » ?

Je frissonne, et ce n'est pas seulement à cause du froid.

- Ma grand-mère m'a raconté des histoires à son sujet...c'est un monstre que personne n'a jamais vu, ou plus exactement, que personne n'a pu décrire après l'avoir rencontré.

Mes frissons me font trébucher sur une racine et je sens le bras de Zack s'enrouler autour de moi. J'ai tellement peur que je tiens à peine debout.

- « Beaucoup on essayé de l'affronter, aucun ne s'en est sorti », d'après ma grand-mère, je continue en ne quittant pas Maye-Lie et Athénaïs des yeux. Lorsque quelqu'un perd la vie, à Oniris, il la retrouve sous une autre forme. Alors on raconte que ce sont les corps de tous les guerriers vaincus par le SouffleVent qui forment les haies et les arbres du labyrinthe.

Suite à mon récit, Zack frisonne et je m'écarte de lui pour courir plus facilement. Pas question d'être un poids pour le groupe !

Personne ne relève ce que j'ai raconté. On continue notre route en silence.

- Dis moi, Maye-Lie, tu sais où tu vas ? Je questionne soudain en la voyant lever de temps en temps la tête pour renifler. Mais...tu as un rhume ?

- Pas du tout, je suis notre trace, explique-t-elle en ralentissant. Vous ne sentez pas l'odeur qu'on a laissé à l'aller ?

Je regarde la jeune fille de onze ans avec un air surpris.

- Vaguement, lui répond Zack avant de me jeter un regard interrogateur.

- Pas nous, déclare Athénaïs à ma place, après m'avoir consulté du regard. Comment ça se fait ?

- Peu importe, déclare Le Messager avec un léger sourire. Cela va nous permettre de sortir plus rapidement.

Je note le rictus de l'animal mais ne dis rien. À mon avis, il a sa petite idée sur l'étrange pouvoir de Maye-Lie et Zack.

Soudainement, le vent se lève comme tout à l'heure, mettant fin à mes pensées et faisant trembler les feuilles et les clochettes des haies, suivi d'une longue plainte à glacer le sang du plus courageux des guerriers. Des tas de neige tombent même des buissons.

Le groupe se fige, attendant que le vent retombe. Je vois vaguement les cheveux d'Athénaïs se hérisser, mais je n'y prête pas attention tant la peur me paralyse.

- Il n'est pas très loin, je murmure dès que le souffle disparaît.

- Dépêchons-nous, alors, clame Zack, le premier à sortir de sa torpeur. Maye-Lie, c'est par où maintenant ? Je ne sens plus rien.

Sa sœur ne répond rien, les yeux écarquillés. Je sors à mon tour de la torpeur et fais un pas vers elle, remarquant que son nez bouge frénétiquement.
Si la situation n'était pas aussi grave, je rigolerai devant cet étrange spectacle.

- P...par là...articule Maye-Lie, montrant un chemin sinueux entre deux haies. Mais c'est de là...

- ...que vient le vent, complète Athénaïs.

[...]

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