Le jardin

Je réalise soudain qu'effectivement, nous n'avons pas encore déjeuné. En jetant un coup d'œil à Zack et Maye-Lie, je me rends compte qu'eux non plus n'ont pas oubliés qu'ils ont le ventre vide, à en juger par leurs yeux pétillants.

Les arabesques nous poussent alors vers la porte tandis que les petits oiseaux colorés s'envolent en paillant vers la sortie. Les deux cochons-d'inde suivent le mouvement en trottinant, soucieux de ne pas se laisser distancer.

La reine nous entraîne alors à travers le château jusqu'à un magnifique jardin enneigé. Qui est cette personne.. ? Je me demande soudain, les yeux posés sur la jeune fille qui l'accompagne. Elle ne nous a pas adressé la parole depuis qu'on est arrivé...on verra bien. 

Dans le jardin, les arbres et les buissons rivalisent de beauté. Des bouleaux aux branches de cristal côtoient des lilas mauves et des arbres auxquels sont suspendues naturellement des myriades de petites clochettes. Ici, il n'a pas de fées, seulement des petits espaces fermés par des portes coincées entre deux haies, d'où s'échappent des chansons et de joyeux bavardages.

Soudain, je découvre, émerveillée, que le jardin est un labyrinthe de verdure : tous les chemins s'y perdent et s'entremêlent. En entrant dedans, pourtant, un détail me chiffonne. L'air semble s'être alourdi et plus on avance, moins il y a de portes... Je décide de ne pas y prêter attention et de faire confiance à la reine.

- Aube, me chuchote Zack sur le chemin. Elle a dit que certains d'entre nous n'étaient jamais venu ici. Tu es déjà venue, toi ?

- C'est possible...je murmure en observant notre environnement. En rêve.

Nous nous avançons silencieusement entre diverse haies et arbustes multicolores, jusqu'à arriver à une petite porte calée entre deux haies. En la poussant, nous nous retrouvons sous un gigantesque chêne aux racines tordues, qui me rappelle ma maison. Il est tellement grand et large que je serai incapable d'en voir la cime...en revanche, les diverses fenêtres dissimulées dans l'écorce ne m'échappent pas : des gens vivent dans cet arbre ?

Une table, aussi étonnant que cela puisse paraître, est dressée juste en dessous. Et, encore plus étonnant, attablés et devisant joyeusement, des lapins des neiges s'activent à se servir des tasses, des bols, des tartines, des fruits, des céréales et des confiseries sous les branches de l'arbre. Pas des gens...des rongeurs, je me corrige donc. La reine s'assoie en les saluant, accompagnée de la jeune fille ailée et des deux cochons-d'inde. On hésite à les imiter.

- Asseyez-vous, je vous en prie, nous intime Sa Majesté, et aussitôt quatre chaises se reculent pour nous inviter à nous asseoir dessus.

- Oui, asseyez-vous, asseyez-vous ! Répètent en cœur les lapins.

Intriguée, je m'exécute la première, suivie de mes compagnons. Les bols et les tasses tournent en ronde sur la table, viennent se présenter à la reine, et attendent qu'elle choisisse l'un d'entre eux.

Elle finit par prendre une tasse, et les lapins nous en amènent en répétant « Bonjour ! Bonjour ! » gaiement. Leur manège m'amuse, mais ça n'a pas l'air d'être le cas de la jeune fille qui accompagne Maye-Lie. Elle fronce les sourcils en regardant les rongeurs.

- Allez-y, dit la reine après avoir bu une gorgée de thé. Posez-nous vos questions.

- C'est quoi Oniris, qui êtes-vous ? On est dans un rêve ? Pourquoi nous avoir amené ici ? Enchaîne aussitôt Maye-Lie en caressant la tête d'un des lapins.

- Et est-ce qu'on pourrait avoir des explications rationnelles ? ajoute sa sauveuse, visiblement très mal à l'aise.

La reine rit de bon cœur, pendant que la jeune fille assise à côtéd'elle prend enfin la parole :

- Mon nom est Selena Lhor, héritière du trône d'Oniris, et voici ma mère, Fleur Lhor, la reine actuelle. Oniris est un monde parallèle au monde Réel (celui d'où vous venez), c'est-à-dire qu'on ne peut y accéder que via des portails. Vous êtes ici car vous êtes les élus d'une prophétie qui annonce la guerre entre le royaume d'Akumu et le nôtre. En clair, bande de veinards, vous allez sauver notre monde.

- Sauver notre monde ! Affirme les lapins en hochant la tête.

Ils nous regardent tous en souriant : la reine, la princesse,les deux cochons d'inde, et les lapins.

- J'avais dit des explications rationnelles ! s'énerve soudain l'amie de Maye-Lie en faisant un ample mouvement du bras, manquant d'assommer un lapin qui passait par là.

- Ce sont les seules que l'on puisse vous donner, Athénaïs, s'excuse la reine.

La sauveuse de Maye s'appelle donc Athénaïs... 

- Ça a un rapport avec le fait qu'on soit suivi ? Demande la petite brune à la fée.

Zack lance un regard inquiet à sa sœur et se penche imperceptiblement vers elle. Puis Athénaïs, dont les cheveux se sont hérissés tant elle est agacée, frappe violemment le sol avec son pied, faisant sursauter les pauvres lapins.

- Stop ! S'écrie-t-elle en écartant les bras. C'est n'importe quoi. Vous ne voyez pas qu'on est juste en train de pioncer ? Dans quelques heures, on se réveillera chacun de notre côté, et on se sentira bien bêtes ! Allez, ciao !

À ces mots, elle se lève et part, visiblement furieuse, sans que personne ne tente de la retenir. Sa colère se propage aux arbres du labyrinthe, qui se mettent à agiter leurs clochettes nerveusement. Mais alors que la blondinette arrive à la porte, celle-ci s'ouvre brusquement et un énorme courant d'air s'engouffre entre les racines du chêne : Athénaïs recule, surprise, et le vent arrive jusqu'à nous avec force. Il est tellement violent que nous fermons les paupières pour ne pas recevoir de clochettes ou de feuilles dans les yeux.

- Aurore... murmure Maye-Lie près de moi, une fois le coup de vent passé. C'est quoi...ça ?

J'ouvre les paupières pour lui répondre que je n'en sais rien, maisen voyant que ses yeux écarquillés ne fixent non pas le portillon,mais mon visage, je réalise, trop tard, que ma capuche s'estenvolée.

- C'est le rêve qui te déforme ? Continue la sixième d'un air intrigué.

Je baisse les yeux, mais renonce à cacher mon visage. C'est Maye-Lie, quoi ! Pourquoi son frère aurait le droit de savoir ce que je suis et pas elle ? En fait, ce qui m'embête le plus, c'est le regard dégoûté que me lance Athénaïs.

- Non, je...

- C'est une elfe.

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Petit bout de chapitre pour rendre l'attente moins frustrante. Pas sûre de continuer, vous redirai.

Bises
Starsstorm

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