Le départ

[- Vous êtes de la même famille ? Finit par lancer Athénaïs.

- Non, pourquoi ?

Je me tourne vers le garde, intriguée, mais il a déjà disparu. Mes sourcils se haussent tous seuls : c'est décidément un étrange personnage.]

- En tout cas, il était temps que tu sois sur pied, déclare Maye-Lie en trottant vers moi. J'en ai marre d'être la barrière entre Zack et Nana.

La manche gauche de sa doudoune est coincée dans sa poche, afin qu'elle ne ballotte pas dans tous les sens : son bras est toujours en écharpe, mais Maye a l'air plus radieuse que jamais.

- Nana ? Je relève, surprise. C'est comme ça que tu appelle Athénaïs ?

- Oui, tu sais, elle est drôlement sympa quand on apprend à la connaître ! chuchote mon amie. Tu verras, toi aussi tu l'appréciera.

Amusée, je repense au mot qu'elle m'avait donné avant de partir de l'infirmerie, deux jours plus tôt. Je réponds donc à Maye-Lie :

- Je n'en doute pas, mais pourquoi elle est aussi désagréable avec Zack ?

Maye hausse les épaules.

- Elle n'aime peut-être pas les garçons ? Hasarde-t-elle.

Je fais une moue septique en descendant les escaliers de la cour, pressée de sortir des murs du château. Le soleil hivernal peine à me réchauffer mais les sourires de mes compagnons m'aident à me tenir chaud au cœur.

- Aube !! Tu remarche !!! s'écrie Zack en m'attrapant brusquement.

- Oui mais, tu m'écrase là, je marmonne, la tête enfoncée dans son grand manteau rouge.

Je me dégage de son accolade et défroisse ma tunique en lui lançant un regard faussement sévère.

- C'est pour le principe, se justifie-t-il en souriant.

Le regard victorieux qu'il lance à Athénaïs ne m'échappe pourtant pas.

- Contente de te revoir sur pied, la crevette, déclare-t-elle en venant me donner une bonne tape dans le dos.

- Aïe, mais vous vous êtes donné le mot, ce n'est pas possible ! Et pourquoi tu m'appelle «la crevette» ?

- Parce que tu es fragile et toute maigre.

Elle retourne vers la reine et sa fille sans me laisser répondre.

- C'est affectueux, me rassure Maye-Lie en s'apprêtant à laisser tomber sa main sur mon épaule.

Je m'écarte afin d'éviter une nouvelle décharge de douleur. Elle s'en rend compte, commence à ouvrir la bouche pour parler, mais se fait couper par Fleur Lhor qui revient vers nous. Elle semble flotter au-dessus du sol, avec sa longue cape et sa robe d'hiver.

- Bien, Aurore, vous sentez-vous capable de marcher sur une longue distance ? Me demande-t-elle.

- Oui, il n'y a pas de raison...

- Dans ce cas, élus, en route !

Sans plus attendre, elle sort du palais à la suite de Selena. Ah...d'accord...

- Où allons-nous ? Je m'enquiers timidement.

- Chez Sire D'Armenture, je crois, me réponds Maye-Lie en suivant la reine à l'extérieur.

Je la suis donc, surprise que Sa Majesté nous emmène en personne auprès de notre entraîneur. En plus, l'extérieur ne paraît pas très praticable, avec toute cette neige, malgré nos après-ski.

- Dites, Majesté, je m'enquiers en enjambant un tas de neige à l'entrée du palais. La route risque d'être compliquée avec toute cette poudreuse, non ?

Comme pour illustrer mes propos, un énorme « brouf ! » retentit derrière nous.

C'est une Maye-Lie agacée et étalée dans la neige que je découvre en me retournant. On ne voit plus guère d'elle que sa doudoune verte.

- Y avait un trou...se justifie la jeune fille pendant que Zack l'aide à se relever.

- On te croit, pouffe Athénaïs derrière elle.

Deux boules de poils à l'arrière du groupe ronronnent, visiblement amusées. Le Messager ! Je réalise silencieusement sans tenir compte de l'agacement de Maye-Lie et des rires de la cantonade. Le rongeur a dû sentir mon regard, car ses yeux noirs se hissent vers les miens avec un calme olympien. Ce n'est pas le moment, paraît-il me dire. Je me renfrogne mais ne proteste pas ; pendant notre échange, son apprenti s'est avancé vers nous.

- Ne vous en faites pas, couine Le Disciple à l'attention de Maye-Lie. La princesse va dégager le passage.

Je hausse un sourcil, étonnée par cette déclaration. Pourquoi elle le ferait toute seule ? Vu l'épaisseur de la poudreuse, il vaudrait mieux qu'on s'y mette tous...

La fée rousse répond à ma question silencieuse par un phénomène qui surpasse tous les trucs anormaux qu'on a pu voir jusqu'alors.

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