Chapitre 2: N'oublie pas que je suis toujours là
Paisiblement installée sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, je regarde fixement le ciel. Un ciel d'un bleu clair, dont on peut apercevoir le soleil qui brille de mille lumières et les oiseaux qui virevoltent de joie et gazouillent d'amour. Je tends ma main sur l'un des rayons qui traversent la vitre de la fenêtre et me replonge dans mes souvenirs
C'était un jour de printemps, un beau matin ensoleillé. Entre Marie et moi, encore toutes jeunes, une amitié était née, un lien particulièrement fort. Nous avions à l'époque l'habitude de nous asseoir sur « le rocher du bonheur », comme nous le nommions. En face de ce rocher, un champ fleuri dans lequel nous aimions imaginer de magnifiques chevaux galopant à la lueur du jour...
Reprenant mes esprits, je me lève et m'allonge sur mon lit, une photo à la main. Je m'endors paisiblement dans les bras de Morphée. Les yeux fermés, le sommeil agité, les heures passent lorsqu'un bruit lointain me réveille. J'ouvre alors mes yeux, aux coins desquels des larmes s'écoulent, puis observe attentivement cette photo que je tiens toujours dans la main. Je me mets alors à chercher dans toute la pièce un objet qui me tient à cœur, un objet spécial.
Il s'agit d'une boîte à souvenirs que m'avait offerte ma meilleure amie il y a quelques années de cela, durant notre enfance. À l'intérieur, quelques photos souvenirs de moi en famille, mais aussi avec Marie ; puis, j'aperçois une petite boîte dans laquelle je trouve un pendentif en forme de clef, que je mets de suite autour de mon cou. Je regarde de nouveau cette photo que je tiens dans la main lorsque je comprends qu'elle est liée au rêve que je viens de faire.
Assise au bord de mon lit, je regarde attentivement à nouveau la photo, puis je m'installe à mon bureau, prends une feuille de papier et commence à écrire le déroulement de mon rêve.
Dans un pré verdoyant, parsemé d'une multitude de fleurs colorées, je marche, me frayant un chemin parmi elles. Je regarde le ciel bleu, le soleil brillant lorsque je vois au loin des ombres de chevaux. Plus je m'approche, plus les ombres deviennent claires à mes yeux. Je continue de marcher vers ces ombres et là, quelle surprise ! Je m'aperçois qu'il s'agit en réalité de Blacky et Flash. Tous deux me regardent, je leur rends leur regard. Je les observe, des blessures sur leurs membres ; des larmes m'envahissent lorsqu'une voix sortie de nulle part me dit : « N'oublie pas que je suis toujours là. »
Je pose mon stylo, relis ce que je viens d'écrire, compare avec la photo, puis je me dis :
« Mais que je suis bête ! Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? »
Je me lève, retourne m'asseoir sur mon lit, fouille dans ma boîte et trouve ce que je cherchais. Une enveloppe avec écrit : Pour Lucie, ma sœur de cœur. Je rouvre l'enveloppe que j'avais déjà ouverte auparavant, sans toutefois oser en lire le contenu, puis je saisis la lettre et commence à la lire. Ce n'est qu'en terminant sa lecture que je comprends le triste secret qui m'a été caché pendant toutes ces années.
Les mots couchés sur le papier révèlent une histoire de courage et de douleur, un récit qui a été gardé précieusement loin de mes yeux jusqu'à présent. Les souvenirs remontent à la surface, les émotions se bousculent en moi. Malgré la tristesse qui m'envahit, je suis reconnaissante d'avoir enfin pris connaissance de la vérité. Marie, ma sœur de cœur, mon âme sœur, a porté ce fardeau en silence, protégeant mon innocence et ma joie de vivre. Aujourd'hui, je lui envoie tout mon amour et ma gratitude, car notre lien indéfectible restera pour toujours en moi.
Je descends rejoindre mes parents installés paisiblement devant la télévision afin d'avoir leur version. Je me pose tout près de ma mère.
- Ça va, ma fille ? me dit-elle inquiète.
Pensive, je ne lui réponds pas. Je sors de ma poche cette fameuse lettre que m'avait écrite Marie. Je la regarde attentivement, puis me lève, la dépose sur la table basse, regarde mes parents à tour de rôle et leur dis :
- Où est Blacky ?
Ne sachant pas quoi me dire, ma mère regarde attentivement mon père dans les yeux. Ce dernier me lance :
- Écoute, Lucie, ta mère et moi t'avons déjà expliqué ce qui est arrivé à Blacky, s'exprime-t-il sans remords.
Perturbée par les propos de mon père, je regarde ma mère, puis à nouveau mon père. Tout en montrant la lettre, je leur exprime ma douleur.
- Je sais très bien ce que vous m'avez raconté il y a longtemps, à l'époque je ne me doutais pas de ce qui se tramait. Aujourd'hui j'aimerais savoir la vérité, celle que Marie m'explique dans cette lettre qu'elle m'avait écrite la veille de son décès.
- De quoi parles-tu ? me demande mon père, un peu sur la défensive.
- Vous n'avez qu'à lire cette lettre et vous comprendrez pourquoi, à présent, j'ai des doutes sur vos propos concernant la disparition de Blacky, leur dis-je sèchement.
- Pourquoi nous dis-tu cela ?
-Tu me demandes, papa, pourquoi ? Eh bien, lis la lettre et tu comprendras.
Tout en me regardant, je vois ma mère inquiète. Ont-ils quelque chose à me dire ? Arriveront-ils à me dire la vérité ? J'ai tout de même peur.
- D'où vient cette lettre, Lucie ?
- Pourquoi avoir dissimulé la vérité ? Les secrets que Marie a emportés avec elle me laissent un sentiment de perte immense. Si seulement j'avais su plus tôt, j'aurais pu partager des moments précieux avec Blacky. Maintenant, je comprends que son amitié est toujours présente et qu'il attend patiemment quelque part, prêt à me retrouver.
- Peut-être que la vie nous réserve parfois des mystères afin de nous apprendre à apprécier davantage les moments que nous passons avec nos proches. Même si Blacky n'est plus physiquement à tes côtés, son esprit demeure en toi, te guidant et te soutenant dans les moments de doute. Les liens d'amitié sincères ne se brisent jamais, ils transcendent même les frontières de la vie et de la mort. Garde ton cœur ouvert, car qui sait, peut-être que dans le doux murmure du vent ou le scintillement des étoiles, tu trouveras la présence réconfortante de ton fidèle compagnon à quatre pattes.
- Tu ne peux pas me dire tout ça sans avoir lu cette lettre.
Un silence s'installe entre nous, les larmes coulent le long de mes joues quand mon père se décide enfin à prendre cette lettre.
F.P
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