Épilogue
« À quelle heure ils arrivent, Tati Evy ?
— Dans trente minutes, Anissa.
— J'ai tellement hâte de les rencontrer ! s'exclama ma nièce, avant de se tourner vers Sophy et demander en désignant ses deux couettes attachées par des élastiques turquoise – Allan était parvenu de justesse ce matin à éviter que sa fille se renverse le pot entier de confiture de myrtilles sur les cheveux pour qu'ils deviennent bleus : Tu crois que Veronica va aimer ma coiffure, Sophy ? »
Ma meilleure amie s'agenouilla devant la petite fille et lui souffla quelque chose à l'oreille. Mon frère poussa un léger soupir à mon intention :
« Je crains vraiment que Sophy ait une mauvaise influence sur Anissa... Rêver d'être une idole aussi jeune peut être très préjudiciable si on n'a pas une bonne étoile comme Sophy ou toi...
— Je ne suis pas une idole et je n'ai jamais voulu l'être, protestai-je.
— Ah bon, Evy ? Rappelle-moi qui a chanté Illusion, en studio ET en concert : j'ai l'impression en regardant les deux vidéos que l'idole te ressemble beaucoup. Sans oublier une étrange prestation sur Éclair, chanson tout à fait méconnue...
— Je ne compte pas me lancer dans une carrière d'idole, Allan, soupirai-je. Illusion n'était qu'une simple chanson que j'ai entonnée pour moi-même : Elioth, Alysea et Veronica ont tout mis en scène. Et je l'ai seulement rechantée en guise de projet final pour le stage... Quant à Éclair, Elioth a tout le mérite.
— Bien sûr, je te crois, Evy, ironisa mon frère, avant d'ajouter à mon grand désarroi : Alors, pourrais-tu me dire pourquoi tu as posé ta démission pour la fin du mois de juin ?
— C'est totalement différent, protestai-je, malgré l'embarras qui me gagnait. Tu me l'as toi-même fait remarquer, mon ancien chef m'exploitait. Je veux simplement une ambiance de travail plus saine.
— Et qu'attends-tu pour postuler auprès d'autres entreprises ?
— Elle attend l'arrivée de son très cher Elioth bien entendu ! s'exclama alors cet instant Sophy.
— Sophy !
— J'ai tellement envie de crier sur tous les toits : "Je te l'avais bien dit !" ! Tu allais adorer ce monde, je te l'avais bien dit !
— Ne t'inquiète pas, tu ne te prives pas de le faire... soupirai-je, avant de reprendre plus sérieusement : Non, Allan, j'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir à ce que je veux faire de ma vie : mais une chose est sûre, j'aimais beaucoup mon ancien travail, malgré quelques problèmes, et je ne compte pas arrêter mon métier d'ingénieure. »
« Ou du moins, si je dois arrêter... ce ne sera que momentané... » complétai-je silencieusement, tandis qu'Allan esquissait un sourire avant de déclarer solennellement :
« C'est toujours aussi adorable de te voir en train de justifier chacune de tes actions. Mais quoi que tu fasses, ma chère petite sœur, je serai toujours très fier de toi.
— Tu as tellement de chance d'avoir un grand frère comme lui ! s'extasia Sophy. Moi aussi j'aimerais avoir quelqu'un qui me dise tous les jours qu'il est très fier de moi et de mes accomplissements !
— Tu te le dis pas déjà toi-même ? » remarqua innocemment Anissa.
Allan laissa échapper un petit rire face à la répartie de sa fille et j'ajoutai devant l'air déconfit de Sophy :
« Tu as de nombreux fans pour te soutenir maintenant. Et que tu le veuilles ou non, Allan et moi serons toujours là pour t'aider aussi.
— Et moi aussi ! » s'exclama Anissa, tandis que Sophy m'adressait un sourire sincère.
Nous patientâmes quelques minutes dans un silence bien agréable et les portes de l'aéroport finirent par s'ouvrir, laissant sortir une foule de personnes.
« Ils sont où ? Ils sont où ? s'extasia Anissa en plissant ses yeux bleu saphir.
— Patience... » souffla Sophy, malgré sa voix vacillante qui trahissait sa propre excitation.
La vague de passagers finit par se tarir, les visages de Sophy et Anissa se décomposèrent et toutes deux se lamentèrent :
« Ils sont pas là... ? »
Légèrement soucieuse, j'allumai mon téléphone avant d'envoyer un message d'Elioth qui me répondit dix secondes plus tard :
« N'inquiète pas, Evyna, nous arrivons bientôt... C'est juste qu'Alysea et Veronica s'extasient, littéralement, devant chaque boutique de souvenirs et même, pire, devant chaque distributeur de boissons. »
Je souris face à ce message, imaginant sans peine l'air blasé d'Elioth face à ce comportement frénétique : à croire que Sophy et son exubérance n'étaient pas une exception dans le monde des idoles... Au bout d'une vingtaine de minutes supplémentaires, nous finîmes par voir émerger de l'aéroport trois personnes au premier abord méconnaissables, tant leur apparence avait changé depuis la dernière fois, à savoir un mois plus tôt : sûrement pour ne pas se faire remarquer dans la foule, ils avaient revêtu tous les trois des élégants costumes noirs et blancs ainsi que des lunettes de soleil qui dissimulaient leurs prunelles de couleurs un peu trop exotiques. Je sentis Anissa se serrer contre moi comme effrayée par l'allure quelque peu surprenante des trois idoles, et à cet instant, Veronica retira ses lunettes de soleil, enlevant au passage sa perruque, qui lui conférait une chevelure brune, révélant alors ses deux habituelles couettes bleues.
« Ma stagiaire préférée ! s'exclama la chanteuse frénétique en se précipitant vers Sophy pour se jeter à son cou.
— Mon idole préférée ! s'écria en écho ma meilleure amie.
— Tu as vu ?! enchaîna la première tout en tournoyant avec Sophy. Le nombre de vues de Reflet explose tous les records ces derniers jours !
— Oui, je suis trop contente ! »
Reflet... la chanson que Sophy et Veronica avaient écrite toutes les deux par messages et qu'elles avaient chantée séparément, avant d'en faire le montage vidéo. S'inscrivant exactement dans le style frivole et dynamique des deux idoles, elle connaissait un grand succès en ce moment, ce qui ne manquait pas d'encourager Sophy dans sa carrière artistique.
Anissa ne cessait de jeter aux deux idoles des regards envieux et Sophy finit par s'en rendre compte car elle tendit la main pour l'inviter à les rejoindre. Délaissant les trois filles immatures, je me retournai vers Elioth et Alysea qui venaient de retirer à leur tour leurs lunettes de soleil – avec un peu moins de frénésie que Veronica, certes –. Elioth et moi échangeâmes un regard empli de bonheur, tandis qu'Alysea nous saluait gaiement avec son accent caractéristique :
« Coucou Evyna ! Et vous, enchaîna la diva en se tournant vers mon frère : Vous devez être Allan ?
— Effectivement, Mademoiselle. C'est un grand honneur pour moi de faire votre connaissance à tous les trois. »
Mon frère s'inclina respectueusement et Alysea reprit gentiment :
« Allons, pas autant de formalités entre nous ! Evyna nous a beaucoup parlé de vous et nous sommes tout aussi enchantés de faire votre connaissance... »
Allan m'adressa un regard surpris auquel je me contentai de hausser les épaules. Anissa choisit cet instant pour revenir vers Allan, elle s'accrocha à sa jambe et Alysea déclara avec sympathie :
« Et toi, tu es la petite Anissa, n'est-ce-pas ? »
Ma nièce écarquilla ses yeux bleu saphir et elle souffla à Allan, sans la moindre discrétion :
« J'y crois pas, Alysea connaît mon nom, Papa !
— Evyna nous a également parlé de toi, Anissa.
— Tu es la meilleure, Tati Evy ! » s'exclama ma nièce en m'adressant un sourire ravi.
Alysea esquissa également un sourire amusé, avant de sortir une petite boîte orangée de son sac et s'agenouiller en face de l'enfant.
« Tiens, avec seulement un mois de retard, bon anniversaire !
— Un cadeau... pour mon anniversaire... » murmura Anissa les yeux chargés de joie.
Elle attrapa le coffret et sans s'y intéresser davantage, elle le confia à Allan, avant de passer ses petits bras autour du cou d'Alysea. La diva eut un léger mouvement de recul, tant elle était surprise par ce geste, avant de tout de même accepter l'étreinte de la petite fille.
« Anissa... marmonna Allan, particulièrement embarrassé. Laisse Alysea s'il-te-plaît... »
La petite fille finit par obéir et elle souffla un merci à Alysea, qui était tout aussi mal-à-l'aise, avant de retourner à côté d'Allan pour ouvrir son cadeau.
« Je vous prie de m'excuser, Mlle... Alysea... se reprit Allan, encore plus gêné.
— Pas de soucis... »
La diva se releva, toujours incertaine, et je me tournai vers Elioth qui, légèrement situé en retrait, observait la situation avec amusement. Je me dirigeai alors vers lui, il m'adressa un sourire magnifique avant de m'enlacer et m'embrasser doucement.
« Tu m'as manqué, ma princesse...
— Toi aussi... Je suis contente que vous soyez venus...
— Comment vas-tu depuis la dernière fois, Evyna ?
— Tout va bien, répondis-je simplement, choisissant de ne pas lui parler dès maintenant du sujet qui me tracassait. Et toi ?
— De même.
— Ton épaule va mieux ?
— Oui, je n'ai plus mal et il n'y a plus qu'une toute petite trace qui disparaîtra bientôt.
— Tant mieux. »
Nous restâmes un instant silencieux et je repris avec un certain amusement, malgré ma propre nervosité :
« Nous sommes toujours aussi loquaces...
— Pourquoi se parler alors que nous savons déjà ce que l'autre pense ? répliqua Elioth en me rendant mon sourire. D'ailleurs, avant que je n'oublie, je t'ai ramené quelque chose. »
Un certain soulagement s'empara de moi face à ces paroles même si cela ne faisait que repousser le moment où je devrais lui annoncer ce que j'appréhendais tant, et Elioth se sépara de moi avant de sortir de son sac à dos une boîte en métal. Malgré une petite idée du contenu de la boîte, je restai silencieuse et lorsque je l'ouvris, je découvris une dizaine de Rubik's Cube tous défaits, la plupart tous neufs. Je laissai échapper un rire et Elioth reprit :
« Il faudra que tu m'expliques comment les faire, Evyna.
— Tu es donc venu pour participer au programme exclusif et gratuit "Sur la route du Rubik's Cube" organisé par une modeste ingénieure ? le charriai-je.
— Talentueuse ingénieure ET idole naissante, » corrigea Elioth en m'adressant un clin d'œil.
Je lui rendis son sourire amusé et je saisis le seul Rubik's Cube qui n'apparaissait pas flambant neuf – ses autocollants étant légèrement jaunis –.
« C'était le nôtre à Alysea et moi, que nous avions reçu après avoir publié Blizzard & Flamme. Va savoir pourquoi l'un de nos fans voulait que nous nous entraînions au Rubik's Cube... Peut-être était-ce un message caché que nous n'avons pas su déchiffrer cependant... Quoi qu'il en soit, Alysea l'a mélangé dès le premier jour et nous ne sommes jamais parvenus à le refaire... »
J'écoutais d'une oreille assez distante son explication ; je venais d'observer chacune des six faces et il y avait un problème... Je ne savais pas comment le résoudre... ou plutôt, il ne pouvait pas être résolu. Je relevai les yeux vers Elioth et m'enquis :
« Vous avez décollé des étiquettes ?
— Comment ? » s'étonna-t-il, avant de se tourner vers Alysea et l'appeler.
La diva se retourna vers nous et s'avança en compagnie d'Allan et Anissa.
« Oui ? s'enquit Alysea avec un sourire.
— Vous avez décollé et recollé ces quatre étiquettes-là, n'est-ce-pas ? déclamai-je en désignant quatre autocollants.
— Oh, blasphème ! » s'exclama Allan en se retenant difficilement de sourire – qu'y avait-il de drôle pourtant ? –.
Alysea écarquilla ses yeux noirs en apercevant le Rubik's Cube :
« Oh, je l'avais totalement oublié, celui-là... ! Oui, j'ai dû échanger quelques étiquettes en voulant le refaire, mais c'était il y a longtemps !
— Et... ? répliquai-je, ne comprenant pas ce que cela changeait qu'elle l'eût fait étant petite ou la veille. Le temps ne les a pas remises à leur place tout seul. »
Alysea m'adressa un regard interdit, Allan éclata de rire et je me tournai vers Elioth pour voir qu'il se mordait les lèvres pour ne pas rire également. Pourtant, je ne voyais pas vraiment ce qu'il y avait d'amusant...
« Vous n'avez qu'à juste les recoller à la bonne place, fit Alysea en haussant les épaules.
— Comment ?! m'indignai-je. Ce n'est pas une façon de résoudre un Rubik's Cube !
— Cela reste un blasphème dans tous les cas, expliqua Allan à Alysea qui me dévisageait sans comprendre. Même si c'est pour la bonne cause. »
Alysea haussa les épaules, ne saisissant visiblement pas l'importance de la conversation, et elle se tourna vers Sophy et Veronica toujours en pleine discussion animée pour les appeler. Les deux jeunes femmes nous rejoignirent et Sophy déclara avec joie en voyant les Rubik's Cube :
« Oh, il y en a plein, tu devrais être contente, Evy ! Attends... à en juger ton expression... c'est qu'il y a un Rubik's Cube faux ! Youpi ! »
Sophy m'arracha le vieux jouet des mains et elle s'exclama avec euphorie :
« Lesquels je dois décoller ? »
Je fus incapable de lui répondre tant cet acte m'horripilait et Allan lui désigna les quatre étiquettes ; Sophy les enleva méticuleusement, sous mes yeux effarés, et elle s'enquit, après les avoir toutes les quatre ôtées ;
« Je dois les remettre où ? »
Allan, Alysea et Veronica examinèrent le Rubik's Cube, et la dernière marmonna :
« Le bleu là, je dirais...
— Pourquoi pas là pour le jaune ? Il y a du jaune à côté... » proposa Alysea.
ARGH ! Heureusement, Elioth leur arracha des mains le Rubik's Cube, mettant momentanément fin à cette atroce souffrance, et il me le tendit, comme pour m'inciter à le refaire. Je finis par le saisir et, m'efforçant de faire abstraction du fait qu'il manquait quatre étiquettes ce qui le rendait particulièrement collant – et déséquilibré –, je le remis en place. Je le rendis à Sophy, et Veronica s'exclama à cet instant :
« Je sais où remettre les étiquettes, donne-le-moi Sophy !
— Bah moi aussi je sais, répliqua Sophy. Il est tout fait.
— Non, il manque quatre étiquettes et c'est à moi de le finir ! protesta Alysea en se précipitant sur Sophy. C'était mon jeu au départ !
— Moi aussi je veux jouer ! s'écria Anissa à cet instant en sautant juste devant Sophy.
— Et pourquoi pas une chacune, les enfants ? fit mon frère, en prenant un air faussement pédagogue.
— Oui, Papa, tu es le meilleur ! C'est moi qui colle la première, donne-le-moi, Sophy !
— Non, je sais ! coupa Alysea. On fait un concours de chant et celle d'entre nous quatre qui l'emporte a le droit de finir le Rubik's Cube !
— Ce n'est pas juste ! protesta Sophy. J'ai les mains occupées avec ce truc collant.
— Et puis je suis trop petite ! pleurnicha Anissa.
— Mais non, Sophy, on ne danse pas ; tu n'as pas besoin de tes mains pour chanter. Et puis, Anissa, ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'Elioth, Evyna et Allan tiendront en compte le fait que tu es plus petite, n'est-ce-pas ? »
Dans quoi venions-nous de nous faire embarquer ?
« Oui, Papa, tu es obligé de me choisir moi sinon je boude !
— Ah non, protesta Veronica, il faut être un minimum impartial.
— Mais oui, ils le seront, » interrompit de nouveau Alysea en sortant son téléphone, sûrement pour trouver une musique.
Mais quelle était donc cette manie de nous faire promettre des trucs sans même nous consulter ?
« Attends, Allie, c'est de la triche, tu connais déjà la musique !
— Toi aussi, Vero, coupa la diva, avant de rajouter : Sophy et Anissa également. Tout le monde la connaît, ce n'est pas possible autrement. Nous n'avons qu'à rajouter les paroles. Bon, vous êtes prêtes ?
— Oui ! » s'exclamèrent les trois filles à l'unisson.
Mais pourquoi diantre fallait-il toujours qu'elles inventent un prétexte stupide pour chanter – qui,oh comble du désespoir, impliquait un pauvre Rubik's Cube mutilé – ? Une musique rythmée, qui d'ailleurs m'était inconnue – le contraire aurait été surprenant –, retentit depuis le téléphone d'Alysea qui commença à chanter au bout de quelques instants :
« Certes, j'étais trop timide
Pour franchir le miroir,
Pour m'ouvrir sans renfort.
Mais je vous promets,
J'ai changé désormais. »
Alors qu'Alysea enchaînait sur la suite de son couplet, en dansant à moitié, je vis Sophy confier à Anissa le Rubik's Cube et les quatre étiquettes, sûrement pour avoir les mains libres.
« La vie était incolore,
J'espérais vous revoir,
Vous voilà, splendides ! »
Commença alors cet instant le refrain, chanté avec dynamisme par les trois idoles en même temps :
« Parce que pour toujours nous sommes un tout,
À jamais réunies, qu'importe le coût,
Dans nos cœurs, j'avoue,
Que sincèrement, ma vie, ma vie, n'est plus, n'est plus, rien sans vous ! »
Veronica enchaîna sur le couplet suivant, dans la même veine qu'Alysea :
« Peut-être étais-je stupide
De vous dire au revoir.
Peut-être étais-je en tort,
Je sais désormais.
Des dangers, je l'admets...
J'aurais dû faire un effort,
Car j'ai su, dans le noir,
Que sans vous, tout est vide ! »
Les trois idoles enchaînèrent à nouveau sur le refrain, dansant en même temps, malgré les résolutions initiales d'Alysea, comme si elles étaient emportées par leur chanson. Puis ce fut au tour de Sophy qui entonna d'une voix si différente de d'habitude, légèrement rauque et nostalgique, mais qui s'accordait à merveille avec la musique :
« Être sans vous, c'est trop insipide...
Avec vous, comment choir ?
Vous êtes mes supports,
Vous partiez à jamais...
Mais voilà, en mai,
Brillant tel un trésor,
Renaît alors l'espoir... »
Elles reprirent de nouveau toutes les trois le refrain, avant de le recommencer une dernière fois encore plus frénétiquement...
« Car pour l'éternité, nous sommes... déclamèrent Sophy et Veronica.
— À jamais un tout ! s'exclama Alysea d'une voix extraordinairement claire.
— À jamais réunies, enchaînèrent les trois idoles.
— Qu'importe ! s'écria la diva, forçant encore plus sur sa voix.
— Le coût, complétèrent Sophy et Veronica.
— Dans nos cœurs, j'avoue,
Que sincèrement... poursuivirent les trois jeunes femmes.
— Ma vie, clamèrent Sophy et Veronica.
— Ma vie ! renchérit Alysea seule.
— N'est plus !
— N'est plus !
— Rien sans vous ! »
Les trois idoles s'interrompirent en même temps que la musique, prolongeant à la perfection la dernière note ; leurs bras étaient tendus devant elles et leurs mains se rejoignaient, faisant alors d'elles un trio inséparable.
« Alors ? » firent-elles à l'unisson en se tournant vers Elioth, Allan et moi.
Nous échangeâmes un regard consterné et la voix d'Anissa claironna :
« J'ai fini !
— QUOI ?! »
Anissa brandit le Rubik's Cube achevé, les visages de Sophy, Alysea et Veronica se décomposèrent, leurs mains se relâchèrent et Allan éclata de rire.
« Sophy ! s'indignèrent en même temps Alysea et Veronica, tandis que la première poursuivait d'un ton accusateur : Je croyais que c'était toi qui gardais le Rubik's Cube.
— Bah non, je l'ai confié à Anissa parce que ce n'était pas juste : vous n'aviez pas les mains prises. Mais je lui faisais confiance, moi !
— Bah, tant pis, fit Veronica en haussant les épaules. On s'est bien amusées quand même ! Il faudra qu'on se refasse ça un jour toutes les trois ! »
Sophy et Alysea approuvèrent en même temps et, le visage soudainement soucieux, Allan s'enquit à l'intention d'Elioth :
« Combien de temps comptez-vous rester ici ?
— Nous avons réservé l'hôtel pour deux semaines. »
Allan poussa un soupir – oui, deux semaines, cela pouvait paraître long au premier abord, j'étais la mieux placée pour le savoir – et je me tournai vers Elioth qui esquissa un sourire parfait avant de rajouter dans un murmure :
« Et un jour. »
Elioth me tendit sa main et nous nous éloignâmes un peu. Un court silence s'installa entre nous, et au moment même où je commençais une phrase particulièrement hasardeuse, il déclara sans grande assurance :
« Elioth...
— Evyna... »
Nous nous interrompîmes simultanément avant d'ajouter :
« Non, pardon, vas-y. »
La communication n'était pas notre point fort... Mais Elioth semblait tout aussi embarrassé que moi, ce qui était plutôt inhabituel chez lui.
« Evyna, je t'en prie.
— Non, non, vas-y-toi.
— Non, à toi. Parle. »
Je n'avais pas trop le choix... Je sentais mon cœur qui battait plus fort que jamais, je craignais sa réaction... Mais surtout, j'étais honteuse de ma propre appréhension, honteuse de ne pas encore réussir à lui faire pleinement confiance. Non, je n'avais pas le droit de douter, j'expirai brièvement avant de déclarer :
« Je... je suis enceinte... »
Ses yeux vairons si magnifiques rivés sur moi, Elioth demeura un très bref instant silencieux sans la moindre expression sur son visage, puis il esquissa un sourire sincère et souffla :
« Nous avons toujours tendance à précipiter un peu les choses, n'est-ce-pas ?
— En effet... Nous ne faisons pas tout dans l'ordre... murmurai-je, osant à peine respirer.
— Qu'importent les conventions sociales... elles ne sont qu'un guide, rien de plus... C'est merveilleux... »
Je sentis un immense soulagement m'envahir, il posa doucement ses lèvres sur les miennes et lorsqu'il se retira, je demandai :
« Qu'allons-nous faire à présent ?
— C'est simple, Evyna... Nous allons vivre ensemble pour toujours... »
Il demeura un court instant silencieux, je ne savais pas quoi ajouter et il proposa avec un grand sourire :
« Que dirais-tu de devenir propriétaire d'une île déserte ?
— Sur une île... rien que nous deux et notre enfant... ?
— C'est la définition que j'ai de déserte.
— Ce serait avec joie ! m'exclamai-je, particulièrement enthousiasmée par cette proposition. Mais... toi... Tu ne vivrais plus sur Idolaland... ?
— Non, effectivement. J'ai déjà fait tous mes bagages ; je ne veux plus vivre là-bas. Je veux vivre avec toi et notre future petite famille.
— Et pour Alysea ?
— Elle l'a compris, je pense. Ce n'est pas grave, elle pourra toujours m'envoyer des messages... que je ne recevrai pas parce qu'il n'y aura pas encore de réseau sur notre île. »
Il souriait, l'air légèrement rêveur, et je repris, insistant un peu plus sur l'aspect pratique du projet :
« Notre île sera un minimum moderne... connectée avec le reste du monde, n'est-ce-pas ? »
Elioth esquissa un sourire amusé avant de soupirer :
« Bien sûr que oui, Evyna... Je ne suis pas en train de proposer de revenir au temps de la préhistoire ! Ce serait une île tout aussi moderne qu'Idolaland, mais qui nous plairait à tous les deux. »
Je me sentis rougir, ce qui ne fit qu'amuser davantage Elioth, qui enchaîna :
« D'ailleurs, quitte à faire dans l'insolite, que dirais-tu d'un contrat de mariage de 400 ans ?
— 400 ans ? m'étonnai-je.
— Nous serions les premiers, pour sûr. Et puis, on ne sait jamais... Avec les progrès de la médecine et les prodigieuses conditions de vie sur notre île paradisiaque, nous pourrions vivre plus longtemps que prévu...
— Pourquoi pas 480 ? renchéris-je alors. Nos enfants seront là pour prendre soin de nous et nous chouchouter...
— Oui, tu as raison, ce serait plus prudent. »
Nous sourîmes tous les deux, demeurâmes silencieux quelques instants, puis Elioth redevint sérieux et il sortit de son sac une petite boîte émeraude. Mon cœur s'accéléra alors qu'il l'ouvrait lentement pour me la présenter : à l'intérieur se trouvait une bague en or blanc ornée d'une gemme cubique colorée... Une promesse d'éternité...
***
This is The End ! 🎉💓
Mes chères lectrices, mes chers lecteurs,
Je tiens à vous remercier chaleureusement pour votre soutien infaillible ! Publier mon livre était une expérience fantastique et c'est grâce à vous, à tous vos commentaires encourageants et adorables, ainsi qu'à toutes les petites étoiles jaunes que vous cochiez ! ❤️🥰
Donc, vraiment, merci du fond du cœur, pour m'avoir permis de franchir cette étape dans l'écriture de mes livres !
Agathe Aris.
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