Chapitre 8 - Partie 1 - Confrontation
« Très bien, Elioth, si tu es heureux comme tu es... Cependant, je t'en prie, fais un effort avec Evyna, juste pour les quelques jours qu'il reste... Fais-le pour moi. »
Seul le silence lui répondit, Elioth s'étant replongé dans sa lecture sans lui accorder le moindre regard. Les épaules d'Alysea s'affaissèrent mais elle se résigna à quitter les appartements du jeune homme... elle avait tout essayé... Elle n'avait pas de regrets à avoir... mais ce n'était qu'une maigre consolation face à son échec...
***
JOUR 5
Je fus réveillée tôt ce matin par quelqu'un qui frappait à ma porte. Je sautai immédiatement hors du lit et j'entendis quelques instants après une voix bien familière :
« Evy, tu me laisses entrer ? »
Sophy... Depuis quand était-elle aussi matinale ? Il n'était même pas six heures du matin... Je déverrouillai la porte de ma chambre et ma meilleure amie se hâta d'entrer en me saluant joyeusement :
« Coucou Evy ! J'espère que tu es bien réveillée !
— Je crois que tu ne m'as pas laissé le choix. Que veux-tu ?
— Allan m'a envoyé un message hier soir en me disant qu'il fallait que je te convainque d'acheter un bracelet ! Et comme je ne voulais pas manquer les séances de chant avec Vero, me voici ! Qu'attends-tu pour aller t'habiller ? Parce que là, on dirait vraiment que tu viens tout juste de sortir du lit ! »
Inutile de préciser que je peinais à maîtriser ma colère.
« Sophy, je ne veux pas acheter ce bracelet. Surtout pas à six heures du matin.
— Ne t'inquiète pas, les magasins sont déjà ouverts : ils ne ferment quasiment pas la nuit. »
Elle n'avait de toute évidence pas compris le message.
« Sophy, je ne veux pas de ce bracelet.
— Mais Allan m'a demandé de te le faire acheter. Il a dit que ce serait bien pour ta bonne humeur. »
J'avais été sotte de croire qu'Allan se laisserait berner par une réponse positive : mon idiot de grand frère commençait à bien me connaître, malheureusement.
« Bon, qu'est-ce que tu attends pour aller dans la salle de bain ? Il faut que nous soyons de retour ici à neuf heures.
— Sophy, tu perds ton temps, je n'ai pas envie de bracelet. S'il-te-plaît, laisse-moi tranquille.
— Mais, Evy... » commença Sophy avant de m'adresser son regard apitoyé super adorable.
Je poussai un soupir et me retournai, refusant de regarder Sophy plus longtemps, pressentant qu'elle allait parvenir à me faire abdiquer, et ma meilleure amie reprit de sa voix enfantine :
« Evy, je veux que tu sois heureuse pendant ce voyage... et Allan pense que ce bracelet t'aidera... Ça vaut la peine d'essayer, non ? »
De toute façon, si je ne répondais pas oui, Sophy ne me laisserait pas tranquille pendant les trois prochaines heures.
« Très bien. Je reviens dans un quart d'heure. »
Sophy poussa un cri de joie, je maudis ma propre faiblesse, avant de me diriger vers ma valise pour prendre les premiers vêtements de la pile. Une demi-heure plus tard, nous étions devant la façade d'une bijouterie et Sophy me força à rentrer dans la boutique. À peine avions-nous pénétré dans le magasin fastueux qu'une vendeuse nous sauta – presque littéralement – dessus et je parvins à lui faire comprendre, quoique difficilement, que je n'avais pas besoin de ses conseils – de toute façon, Sophy était déjà amplement suffisante pour commenter tous les bijoux –. Effectivement, ma meilleure amie ne cessait de parler, sur tous les bracelets, mais je ne l'écoutais même plus : j'avais l'impression d'être seule face à un immense rayon de bracelets et je ne savais pas lequel choisir. Non pas que je n'arrivais pas à me décider tant ils me plaisaient tous ; au contraire, je les trouvais tous moches. Je n'aimais pas les bracelets, les bijoux et tout ce genre de futilités. Ils étaient chers, encombrants et la plupart du temps moches : pourquoi les filles affectionnaient-elles tant en porter ?
« Mesdemoiselles, en quoi puis-je vous aider ? » retentit à cet instant une voix mielleuse.
Je me retournai pour découvrir une autre vendeuse et je soupirai : n'était-il pas possible d'avoir un moment de tranquillité dans ce monde ?! J'expirai profondément pour refouler mon début de colère – j'étais tout de même venue ici pour acheter un bracelet qui m'aiderait à avoir des pensées positives... – et, Sophy s'étant tue, la jeune femme reprit :
« Je sais, vous cherchez un bracelet mais vous ne parvenez pas à vous décider devant l'étendue des choix proposés. »
Elle n'y était pas du tout ; mais elle ne me laissa pas le temps de le remarquer.
« Si vous permettez, je peux vous donner quelques conseils. »
Je crus que j'allais pouvoir répondre, mais non : elle reprit immédiatement :
« Je vois que vous avez des lunettes et une montre vertes, un bracelet de cette couleur s'accorderait très bien avec votre style. »
Mon style ? J'avais un style selon elle... grande nouvelle !
« Voyons voir... Détrompez-moi, mais vous ne semblez pas vraiment du genre paillettes, mais davantage sobre ; simple mais efficace, c'est tout aussi bien. Quel usage comptez-vous faire de ce bracelet, Mademoiselle ? Nouveau porte-bonheur ? Ou bien cherchez-vous à vous faire remarquer par quelqu'un en particulier ? Si oui, décrivez-moi cette personne, il serait plus judicieux de choisir quelque chose qui le touche, le séduise. »
Comment ?! Mais de quoi me parlait-elle ? En tout cas, il devenait urgent de l'interrompre :
« Attendez... Vous avez raison, le vert serait très bien. Quelque chose de normal, sans artifice, ce sera très bien. Et c'est juste pour moi.
— Ah d'accord. »
Elle semblait déçue ; décidément, ce monde ne cesserait de me surprendre et me dégoûter...
« C'est parce que son frère lui a demandé d'en acheter un, » ajouta Sophy.
Ne pouvait-elle pas se taire de temps en temps... ?
« Votre frère, ah, intéressant, fit la vendeuse – oh non, dans quelle discussion allais-je encore me faire embarquer ? –. Quelle couleur aime-t-il ?
— Ce bracelet est pour moi, uniquement, » répliquai-je implacablement en adressant un regard lourd de sens à Sophy.
Ma meilleure amie eut la gentillesse de ne pas en ajouter davantage, si bien que la vendeuse demanda :
« Que pensez-vous de celui-ci ? »
Elle me désigna un bracelet métallique vert émeraude au fond de la vitrine dont la fermeture était discrète et toute simple ; il n'était pas cher et il faisait parfaitement l'affaire. Pourquoi ne l'avais-je pas remarqué plus tôt ? Cela m'aurait épargné ces discussions futiles avec Sophy et la vendeuse.
« Oui, il est très bien, je vous remercie.
— Fort bien !
— Il est un peu terne, » commença Sophy, avant que je ne la foudroie du regard.
La vendeuse m'adressa un air un peu perdu, je confirmai mon choix avec fermeté, si bien qu'elle me fit signe de la suivre et, après une dizaine de minutes d'argumentation avec l'une de ses collègues qui voulait absolument que j'achète autre chose, je parvins à m'extirper de la bijouterie avec mon bracelet. Plus jamais je n'irais faire les boutiques... et surtout en compagnie de Sophy...
Me rappelant les bonnes résolutions liées au bracelet, je me forçai à expirer profondément. Penser positivement, Evy... Vois le bon côté des choses... Et ce bon côté existe forcément : il suffit de le déceler...
« Tu vois, c'était facile, finalement ! s'exclama joyeusement Sophy. Même si tu aurais pu en choisir un meilleur. Mais bon, au moins, nous ne serons pas en retard pour le petit-déjeuner, merci ! »
Une sensation de vide s'installa en moi alors que Sophy s'éloignait déjà... Ma meilleure amie m'apparaissait soudainement si étrangère, si distante... c'était à peine si je la reconnaissais, pourtant elle semblait être restée la même... Je secouai la tête pour chasser ces sombres pensées et je m'empressai d'emboîter le pas à Sophy et la rejoindre. Elle commença à parler de Veronica et de ses chansons, et je déconnectai très rapidement le cerveau de ce qu'elle me racontait. Je réfléchissais à mon nouveau bracelet : serait-il vraiment utile pour m'empêcher de formuler des mauvaises pensées... ? J'en doutais sincèrement, mais cela valait peut-être la peine d'essayer ; de toute façon, je n'avais rien de mieux à faire pendant ce voyage... Je me sentais presque détendue lorsque nous regagnâmes Horizon & Paradise, l'air frais matinal participant sûrement à ma bonne humeur... Mais j'ignorais encore à cet instant la nouvelle dont allait nous faire part Alysea et qui allait réduire à néant tous mes efforts...
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