Chapitre 21 - Partie 5 - Apothéose

« Je t'aime... »

Il esquissa un sourire parfait et répondit avec son charme immuable :

« Je sais, ma chérie... »

Il me relâcha, reprit son téléphone et me tendit ma petite valise verte et mon sac à dos que je finis par saisir avant de m'engouffrer dans l'aéroport...

***

Elioth observa Evyna disparaître au loin dans l'aéroport et il dut se faire violence pour ne pas la rattraper pour la forcer à rester ici. Non, elle devait rentrer chez elle, il le savait. Et lui, pour l'instant, il devait rester sur Idolaland. Mais le jour viendrait où ils seraient définitivement réunis, Elioth en était persuadé. Juste un peu de patience... Malgré lui, une larme roula le long de sa joue et il l'essuya immédiatement d'un revers de la main.

« Ça va, tu tiens le coup, Elioth ? » retentit une voix bien familière juste derrière lui.

Elioth expira brièvement et se retourna vers sa sœur, et répliqua en haussant les épaules d'une voix qu'il espérait vainement impassible :

« Oui, pourquoi en serait-il autrement ? »

Il hésita un instant, avant d'ajouter, surtout pour se convaincre lui-même :

« Ce ne sont aucunement des adieux définitifs. »

Alysea approuva silencieusement, bien que non convaincue, et Elioth lui en fut presque reconnaissant de ne pas insister davantage. Les deux célébrités restèrent alors un moment silencieuses, jusqu'à ce qu'Elioth ne reprenne :

« D'ailleurs, merci, Alysea.

— Comment ?

— Merci.

— Pour quoi ?

— À ton avis, idiote ? » soupira Elioth.

Alysea lui adressa un regard interpellé si bien qu'Elioth daigna expliquer :

« Pour t'être montrée aussi entêtée et m'avoir obligé à envoyer ce dernier message à Evyna. C'est pour cela qu'elle est revenue.

— Vraiment ?! Je croyais que... commença Alysea avant de s'interrompre : Ah oui, c'est logique, en fait. »

La diva resta coite un instant avant d'avouer :

« Je t'ai menti...

— Oui, Alysea, je m'en suis douté. Evyna ne voulait pas que tu lui envoies la chanson ; elle préférait garder la version originale uniquement en souvenir.

— Pourtant tu lui as envoyé le message, nota Alysea.

— Une part de moi voulait sûrement qu'elle comprenne que cette chanson n'était pas préméditée...

— Seulement une part de toi ? le charria Alysea.

— Arrête... soupira vainement Elioth.

— C'est tellement adorable de te voir si embarrassé et attendri, toi qui es d'habitude si impassible et taciturne ! »

Cette réplique lui valut un regard foudroyant d'Elioth qui avait retrouvé son humeur habituelle si bien qu'Alysea ronchonna :

« C'est bon, pas la peine de me faire ces yeux... D'ailleurs, puisque tu sembles disposé à me remercier et à me faire des compliments, n'oublie pas qui a organisé ce stage et qui t'a forcé à y participer.

— Je ne vois nullement l'utilité de te complimenter puisque tu le fais très bien toi-même. »

Alysea se contenta de hausser les épaules en riant gaiement, ce qui arracha à Elioth un nouveau soupir, puis elle reprit :

« D'ailleurs, je crois que j'ai compris pourquoi tu ne veux pas publier cette chanson... C'est votre vie privée... et tu veux justement qu'elle reste privée, n'est-ce-pas ? »

Sans laisser le temps à Elioth de répondre, elle enchaîna :

« Et c'est pour cela que je ne publierai pas cette magnifique photo. Et je ne l'utiliserai même pas pour faire la promotion de mon programme extraordinaire. »

Elle alluma son téléphone pour le montrer à Elioth qui eut l'agréable surprise de découvrir le nouveau fond d'écran : Evyna et lui qui s'embrassaient la veille devant la chambre de la jeune femme.

« Pourquoi ai-je toujours détesté ces fichues caméras... ? marmonna l'idole, le visage légèrement empourpré.

— Mais je ne vais rien en faire, Elioth, répliqua Alysea. Au contraire, je vais même l'effacer devant toi.

— Je t'en saurai fort gré, ma chère grande sœur. »

Alysea jeta à son frère un regard interloqué et elle s'exclama avec une joie un peu trop enfantine :

« Vraiment ?! Tu m'appelles enfin grande sœur ?! J'ai grandi selon toi ?! Je peux t'appeler petit frère ?

— Tu viens déjà de me faire regretter mes paroles : tu bats les records... » soupira Elioth en levant les yeux vers le ciel.

L'air d'Alysea se renfrogna et elle se concentra à nouveau sur son téléphone pour aller dans la galerie des images. Elle effaça la photographie et claironna :

« Voilà, c'est fait, Elioth ! Tu vois, j'ai changé depuis hier !

— Efface l'image dans la corbeille, répliqua froidement Elioth.

— Toi, tu n'as pas changé en revanche... soupira Alysea. Toujours aussi clairvoyant. »

Quelques secondes plus tard, Alysea avait effacé l'image, mais Elioth rétorqua avec un certain amusement :

« Tu n'oublieras pas non plus d'effacer la capture d'écran que tu viens de prendre, chère petite sœur. »

Alysea poussa un soupir, ce qui arracha un sourire à son frère qui fit demi-tour pour reprendre le chemin de l'agence. Alysea éteignit son portable, bien entendu peu décidée à effacer l'image, et elle s'empressa de rejoindre Elioth. Le frère et la sœur regagnèrent silencieusement l'agence et au moment où Alysea s'apprêtait à entrer dans l'ascenseur pour gagner son nouveau bureau, elle s'enquit :

« Elioth, tu seras toujours là pour me guider ? Même si légalement je deviens ta cheffe ? Même si tu as trouvé l'amour de ta vie ?

— À ton avis ? Je veille sur toi depuis que tu as treize ans. Et étant donnée ton absence de maturité, je crains fort y être obligé pour encore quelque temps.

— Merci du compliment formulé aussi sympathiquement...

— Il faudrait que tu grandisses, Alysea. Mais même si cela devait arriver un jour, sache que tu resteras toujours ma petite sœur à mes yeux. Même si je quitte Idolaland... rajouta Elioth dans un murmure.

— Jamais ta grande sœur ? souffla Alysea avec une pointe d'espoir, refusant de relever la dernière remarque d'Elioth.

— Je m'imagine mal être ton petit frère. »

Alysea fronça les sourcils, avant d'admettre :

« Tu as raison : j'aurais toujours l'air plus jeune que toi et ça ne me déplait pas !

— Jeune, insouciante et irresponsable, oui. »

Alors qu'Alysea affichait un air déconfit, Elioth lui adressa un clin d'œil, avant de faire volte-face, signe que leur discussion était close. Tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient devant elle, la diva vit son frère s'éloigner et elle sentit la mélancolie l'envahir : qu'elle voulût l'admettre ou non, Elioth avait changé au cours de ces deux dernières semaines, il ne serait plus le frère qu'il avait toujours été... Ils avaient tous changé, et elle aussi... Grâce à son programme, son initiative à elle... Et surtout grâce à une certaine ingénieure un peu trop Evynesque qui s'était révélée tout aussi talentueuse que les meilleures idoles...

Des mots, une ultime mélodie lui venaient à l'esprit et, seule dans l'ascenseur miroitant, Alysea chantait...

« Je te vois t'éloigner,
Je voudrais tellement t'accompagner...
Je sais, tu dois partir,
Je ne peux te retenir...
Si dur de m'imaginer sans toi,
Je sens que mon pauvre cœur s'apitoie...
Mais, lorsqu'ensemble je vous vois,

Je sais que c'est votre choix...
J'imagine, c'est mon problème...
J'imagine, je pleurerai...
Laisser aller ce que j'aime...
J'ignore si je le pourrai...
J'imagine, je serai brisée,
Peur et tristesse me menacent...
Ce ne sera pas aisé,
Je dois accepter, hélas,
Notre histoire foudroyée...

Je sais qu'il existe un futur,
Quelque part dissimulé, si pur...
Le temps m'échappe et encore j'erre,
Parfois, la vie est amère...

J'imagine, le temps passera...
J'imagine, les larmes sècheront...
Mais combien de temps suffira,
L'éternité qui se rompt ?
J'imagine, j'espèrerai
Trouver un jour ma voie...
Alors que tu disparais,
Toi, m'aimant autrefois...
Notre histoire foudroyée...

Le temps guérit toutes ces plaies passées, présentes... !

J'imagine, tout va changer...
J'imagine, nos vies brilleront...
Elles connaîtront l'apogée,
Qu'importe où nous irons...
J'imagine, nous serons heureux,
Même si c'est l'heure des adieux...
Nos vies toutes nouvelles
Seront encore belles...
L'aube de notre envol...

J'imagine l'apothéose
De cette histoire close...
Nos vies ne seront plus moroses...
L'aube de notre envol...

Et nous rayonnerons,
Comme avant nous le faisions
Avec nos chansons...
L'aube de notre envol... »

***

Mes chères lectrices, mes chers lecteurs,

Il s'agissait là du dernier chapitre de "Pour deux semaines... et un jour !". Mais (pas de panique ! 😉) il reste encore l'épilogue que je publierai demain, passage qui sera un peu plus long que les autres. J'espère que vous l'aimerez !

Pour la petite anecdote ; pour la dernière chanson qu'Alysea chante, je me suis inspirée de Starts With Goodbye chantée par Carrie Underwood, que vous pouvez retrouver en suivant ce lien: . Il s'agit d'une de mes chansons favorites de ce livre (avec bien entendu celle qu'Elioth chante pour Evyna en guise d'adieux ❤️) et je ne peux que vous conseiller de l'écouter (et de chanter si le cœur vous en dit ! 💓)

Je vous dis à demain pour l'ultime partie de mon livre, 🤗🥰

Agathe Aris.

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