Chapitre 4

Lorsque Chat Noir se penche vers elle, Marinette tressaille involontairement.

Elle sent son cœur se mettre à bondir furieusement dans sa cage thoracique, tandis qu'une véritable déferlante d'émotions contradictoires s'écrase sur elle. Dans le cerveau de la jeune femme se mêlent inextricablement de la joie, de la surprise, de l'excitation.

Et quelque part, une petite pointe de déception aussi.

Car quand son coéquipier s'est penchée vers elle, pendant l'espace une fraction de seconde, elle a cru qu'il allait l'embrasser. Et pendant ce même instant, elle a su qu'elle l'aurait laissé faire.





Marinette secoue machinalement la tête pour essayer de reprendre ses esprits, puis du coin de l'œil, elle aperçoit Chat Noir effectuer un léger mouvement de recul. Voyant une expression peinée se peindre sur les traits de son coéquipier, elle comprend avec horreur que son geste a été mal interprété.

- « Attends ! », s'exclame-t-elle aussitôt. « Je suis désolée, j'étais juste perdue dans mes pensées. J'adorerai danser avec toi ! »

Ces derniers mots ont été prononcés sur l'impulsion du moment, sans qu'elle prenne le temps de réfléchir aux conséquences que peuvent entrainer le fait d'accepter la proposition de Chat Noir. Qui dit danse dit probable proximité physique, et une part de la jeune femme – la part raisonnable - se demande si sa santé mentale survivra à un tel rapprochement avec le séduisant héros.

Mais Marinette a parlé avec son cœur.

Tant pis pour le bon sens, tant pis pour ses stupides résolutions. L'éclatant sourire de son partenaire emporte avec lui les dernières hésitations de la jeune femme, lui faisant immédiatement oublier toutes ses piètres tentatives de maîtrise de ses sentiments.

- « Alors allons-y, Princesse », répond joyeusement Chat Noir.

Galamment, le héros de Paris se penche de nouveau pour inviter son amie à glisser son bras sous le sien.

Au lieu de ça, la jeune femme décide impulsivement de le saisir par la main.

Chat Noir sursaute légèrement quand les doigts de Marinette se referment sur les siens, et au même instant, la styliste en herbe sent son cœur rater un battement.

Par la force des choses, son partenaire et elle ont toujours formé un duo très physique. Au cours de leurs héroïques activités, ils ont rapidement compris qu'il allait être nécessaire pour eux de ne pas hésiter à s'attraper par le coude, la taille, les épaules, n'importe quoi qui puisse leur permettre de mettre leur coéquipier hors de portée d'un mauvais coup si le besoin s'en faisait sentir.

Mais ça a toujours été dans le feu du champ de bataille et jamais sans que leurs mains ne soient gantées.

A présent, Marinette réalise que la peau de Chat Noir est étrangement douce, et chaude, chaude, bien plus chaude qu'elle ne l'aurait cru. C'est une sensation bien innocente en apparence, mais elle est suffisante pour envoyer un brutal frisson d'excitation dans la colonne vertébrale de l'apprentie styliste. La jeune femme tremble presque imperceptiblement, mais refusant fièrement de laisser transparaitre son trouble, elle pivote hâtivement sur ses talons pour tenter de conserver un semblant de contenance.

- « Ok, suis-moi », lance-t-elle d'une voix qu'elle espère naturelle, tout en se dirigeant rapidement vers la piste de danse.





Entrainant son partenaire à sa suite, Marinette se fraye un chemin à travers la foule.

Jamais elle n'a été aussi consciente de ses doigts, toujours enroulés autour de ceux de Chat Noir. Chaque centimètre d'épiderme en contact avec celui de son coéquipier la brûle aussi sûrement que si sa peau était en feu, et il lui semple que son propre cœur bat désormais dans sa paume. Elle ignore si ce sentiment est partagé par le jeune homme, mais elle espère vivement ne pas être la seule à avoir la fiévreuse sensation de se liquéfier de l'intérieur.

Marinette n'ose pas se retourner pour guetter l'expression de son partenaire, mais par malice et par orgueil, elle accentue légèrement le roulement de ses hanches tandis qu'elle se dirige vers le centre de la piste.

Et derrière elle, Chat Noir doit soudain se rappeler comment respirer.

Avec les années, les courbes de Marinette se sont subtilement accentuées. Elles sont se creusées à certains endroits, se sont bombées à d'autres, formant peu à peu un harmonieux ensemble qui fait à présent le délice des yeux du jeune héros.

Le cerveau de Chat Noir choisi vicieusement cet instant pour rappeler à son propriétaire le furtif aperçu qu'il a eu de la dentelle sombre qui recouvre la poitrine de la styliste en herbe, et pour lui suggérer qu'une autre pièce de lingerie assortie se dissimule probablement sous la fine robe de Marinette.

Le héros se mord aussitôt l'intérieur de la joue pour tenter de maîtriser ses vagabondes pensées, tandis que de nouvelles images s'impriment malgré lui dans son esprit.

C'est une amie, se répète-t-il en boucle. Une simple amie. Une ancienne camarade de classe.

Avec une très, très fascinante chute de reins, qui ne cesse d'attirer son regard.

Et qu'il imagine parfaitement être sublimée par des dessous de dentelle noire.

Il semble au jeune homme que la température de la pièce vient d'augmenter de quelques degrés supplémentaires, et que sa gorge s'assèche à chaque seconde qui passe. Il manque plus d'une fois de trébucher tant son regard reste accroché aux fascinantes hanches de Marinette, suivant leur doux balancement qui rythme la démarche de la jeune femme.

Finalement, bien trop tôt au goût du héros, Marinette ralenti puis s'arrête. Chat Noir se hâte de faire remonter son regard de quelques prudentes dizaines de centimètres, juste avant que son amie ne tourne sur elle-même pour lui faire face.

- « Ici, ça te va ? », lance-t-elle d'une voix un peu plus rauque que d'ordinaire.

Car dès qu'elle s'est retrouvée de nouveau face à son coéquipier, Marinette a senti son rythme cardiaque s'affoler un peu plus encore, et ses cordes vocales se nouer malgré elle.

Chat Noir est un jeune homme séduisant, elle ne le sait que trop bien, mais la lumière des projecteurs qui illuminent la piste de danse ne fait qu'exacerber cette évidence. Alors qu'ils percent la semi-pénombre, les spots multicolores accentuent le dessin précis de la mâchoire du héros, magnifient le contour de ses pommettes, et font étinceler son hypnotisant regard.

Ce n'est que quand elle voit Chat Noir hausser un sourcil interrogateur que la jeune styliste réalise enfin qu'elle est restée un peu trop longtemps immobile, que ses yeux se sont trop longuement attardés sur les traits de son coéquipier, et qu'elle a complètement oublié la question qu'elle lui a posé quelques secondes auparavant.

- « P-Pardon, tu disais ? », balbutie-t-elle en rougissant de confusion.

- « Je disais que ça me va », répète son partenaire, ses lèvres s'incurvant en un encourageant sourire.

Marinette laisse échapper un petit rire embarrassé, puis laisse doucement glisser les doigts de Chat Noir entre les siens. A peine a-t-elle libéré la main du jeune homme qu'elle ressent une urgente envie de la saisir de nouveau. De sentir sa peau contre la sienne, juste un peu, juste pour quelques secondes de plus.

Jamais elle n'a eu tant envie d'un contact physique, si infime soit-il.

Jamais elle n'en a eu tant besoin.

Ce garçon est en train de lui faire perdre l'esprit, sans le moindre doute.

L'instinct de Marinette lui hurle de se rapprocher du héros, d'enrouler ses bras autour de sa nuque, de poser ses lèvres sur les quelques centimètres de clavicule que dévoilent l'encolure de sa chemise. Puis de l'embrasser, encore et encore, jusqu'à ce que ses dernières bribes de raison ne se consument.

Bataillant au milieu de cet ouragan de brûlantes impulsions, son cerveau tente au même instant de lui rappeler que cela fait des années qu'elle tente désespérément de maintenir une distance professionnelle avec son coéquipier, et que ses bouillantes hormones risquent de réduire à néant ses douloureux efforts.

Tiraillées entre ces deux sentiments contradictoires, Marinette ignore combien de temps elle pourra encore résister avant que sa raison ne vacille définitivement.

Il faut qu'elle fasse quelque chose.

Qu'elle se focalise sur le lourd son que crachent les enceintes. Qu'elle bouge. N'importe quoi qui pourrait lui permettre de brider ses incontrôlables pensées.

Mettant immédiatement cette optimiste résolution à exécution, l'apprentie styliste commence à remuer en rythme avec la musique. Chat Noir lui décoche un lumineux sourire, avant de se mettre à l'imiter aussitôt.

Il ne faut alors pas plus d'une fraction de seconde et un semi-arrêt cardiaque à Marinette pour qu'elle ne réalise que les gracieux gestes de son coéquipier vont inévitablement ébranler sa farouche détermination. Chat Noir fait sans le moindre doute honneur à l'animal dont il emprunte le nom, et la jeune femme peine à détacher son regard des mouvements presque félins du héros.

Son partenaire la fascine.

Et il est proche, très proche, trop proche.

Parfois, les mains des deux jeunes gens s'effleurent sans qu'ils l'aient cherché, embrasant leurs épidermes comme s'ils avaient été touchés par la plus brûlante des flammes et mettant leurs nerfs à vifs.

Au bout de plusieurs haletantes minutes, Marinette ne sait plus si ce sont les sourdes vibrations de la musique ou les lourds battements de son cœur, mais son corps tout entier pulse. Chaque note résonne jusqu'au plus profond de ses os, chaque sourire de Chat Noir lui fait tourner la tête, chacun des involontaires contacts qu'elle a avec le jeune homme la fait frémir de tout son être. Propulsées par des contractions cardiaques de plus en plus violentes, de fulgurantes décharges d'adrénaline déferlent dans les veines de la jeune femme, emportant avec elles ses ultimes lambeaux de raison.

Peu importe ce qu'il adviendra de cette soirée, son cerveau ne se focalise à présent que sur une chose, que sur un seul être.

Chat Noir.





Soudain, quelqu'un passe derrière Marinette et la bouscule légèrement.

Juchée sur ses hauts talons, la jeune femme vacille dangereusement, puis effectue un involontaire pas en avant. Chat Noir pose instinctivement sa main sur la taille de la styliste en herbe, qui se raccroche immédiatement à son coude.

- « Merci », lance-t-elle en levant la tête vers son coéquipier, tandis que son visage se trouve à présent plus proche que jamais de celui du héros.

Le contraste entre le sombre pourtour du masque de Marinette et la clarté lumineuse de ses pupilles est tel que Chat Noir en a presque le souffle coupé.

Est-ce qu'elle a toujours eu les yeux aussi bleus ?

Hypnotisé par le regard limpide de Marinette, Chat Noir met un instant à se rappeler que ses doigts reposent toujours quelques centimètres en dessous des côtes de son amie, là où sa fine taille se creuse. En temps normal, il aurait immédiatement retiré sa main avant de se confondre en excuses, mais là, il reste immobile, incapable de prendre la moindre décision.

Incapable de s'éloigner de cette femme qui l'envoûte comme personne ne l'avait jamais fait avant Ladybug.

Puis soudain, sans qu'elle ne recule d'un pas ni ne retire ses doigts de l'avant-bras de son coéquipier, Marinette recommence à bouger doucement ses hanches au rythme de la musique.

Chat Noir se fige aussitôt, restant un instant paralysé de stupeur. Seule sa pomme d'Adam tressaute alors que héros déglutit péniblement.

Le geste ne passe pas inaperçu pour sa cavalière, qui sent aussitôt ses entrailles se nouer d'embarras. Peut-être est-elle allée trop loin. Peut-être s'est-elle méprise sur les intentions de son partenaire. La jeune femme s'empourpre immédiatement de gêne, mais à l'instant où elle s'apprête à reculer, Chat Noir raffermit enfin sa prise autour de sa taille et se remet à danser à son tour.





Les commissures des lèvres du héros s'incurvent en un séduisant sourire, faisant déferler de nouveaux flots d'adrénaline dans le corps de Marinette.

La jeune femme sent ses dernières réserves l'abandonner, tandis qu'elle réalise soudainement que son masque – ou plutôt l'absence de son masque d'héroïne – lui donne une liberté qu'elle est loin de s'autoriser d'ordinaire.

Là où Ladybug n'aurait pas tenté le moindre geste de peur de compromettre sa relation avec son coéquipier, Marinette n'a quant à elle rien à perdre.

S'enhardissant, la jeune femme décide brusquement de lâcher le coude de Chat Noir. Elle ne retire pas sa main pour autant, au contraire. Elle la dirige vers le haut, suivant les contours du bras du héros, tandis que sa paume ouverte effleure le doux tissu de sa chemise.

Les pupilles de chat Noir se dilatent, assombrissant son regard et lui donnant une intensité presque irréelle.

A travers l'étoffe, le toucher de Marinette est aussi léger qu'une plume, mais le héros sent ses muscles se raidir sous sa peau et ses nerfs se contracter presque douloureusement. Ce n'est que quand les doigts son amie interrompent leur course sur son épaule que le jeune homme réalise soudainement qu'il retenait sa respiration et que ses poumons le brûlent.

Il laisse échapper un long et profond soupir, tandis qu'un sourire satisfait se dessine malgré lui sur ses traits.

Lorsque Marinette lui jette un coup d'œil interrogateur afin de s'assurer qu'elle peut poursuivre son geste, Chat Noir hoche la tête de haut en bas. En cet instant, le héros est tellement envoûté par la jeune styliste qu'elle pourrait lui proposer n'importe quoi, il ne ferait qu'acquiescer.

- « Ok », murmure Marinette d'une voix à peine audible, tout en gardant ses yeux incroyablement bleus rivés à ceux de son coéquipier.

Un battement de cœur plus tard, la seconde main de la jeune femme vient elle aussi se poser à la base du cou du héros, qui resserre machinalement ses bras autour du dos de sa cavalière.

A présent enlacés, les deux jeunes gens échangent un sourire presque timide. Chat Noir est presque persuadé d'avoir oublié comment respirer, tandis que Marinette n'entend plus la musique tant son pouls martèle ses tempes.

Finalement, au bout de ce qui semble être une éternité, ils bougent chacun un pied, puis l'autre, avant de se remettre à danser doucement.






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Hello ! Désolée pour le délai de parution, cette fic me prend beaucoup de temps à écrire. Je suis assez nettement en dehors de mon domaine, j'ai bien plus de facilités à écrire des scènes de combat que des interactions romantiques ^^' ... 

Du coup, je ne peux pas vraiment vous dire quand je posterai la suite, j'essayerai de faire au mieux mais ça risque de ne pas être rapide. 

Sur ce, j'espère que ce chapitre vous a plu et à la prochaine ! 

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