Chapitre 3
Marinette se dirige rapidement vers le bar qui occupe l'un des côtés de la boite de nuit.
Alors qu'elle fend la foule, Chat Noir la regarde progresser avec une certaine fascination.
La jeune femme vacille quand elle marche, et c'est un spectacle hypnotisant. Perchée sur ses hauts talons, elle avance avec autant d'assurance que si elle allait conquérir le monde, tout en oscillant un pas sur deux. A chaque fois, le héros de Paris se demande avec angoisse si elle ne va pas trébucher et s'écraser par terre. Et à chaque fois, Marinette se reprend et poursuit sa route comme si de rien n'était, menton fièrement relevé.
Au grand soulagement de Chat Noir, tous deux arrivent finalement à bon port.
S'accoudant négligemment au bar, le jeune homme adresse le plus lumineux des sourires à son ancienne camarade.
- « Je t'offre un verre », lui annonce-t-il joyeusement, tout en adressant un signe au barman. « Qu'est-ce que tu prends ? »
- « Hein ? Non, non, ce n'est pas la peine ! », proteste aussitôt Marinette, secouant machinalement la tête pour mieux appuyer ses paroles. « Je peux très bien payer mes propres boissons ! »
- « Je te l'offre », répète-t-il d'un ton sans réplique. « S'il te plait », poursuit-il avec un nouveau sourire, « Laisse à l'humble chevalier que je suis le plaisir d'offrir un verre à sa princesse ».
- « 'Humble' » ? relève Marinette d'un ton goguenard, tandis que Chat Noir se fend d'une facétieuse courbette.
- « Ton chevalier pas-si-humble-que-ça, si tu préfères », réplique aussitôt le jeune homme, dont les yeux verts pétillent de malice. « Allez, choisis », poursuit-il en agitant la main d'un geste encourageant. « Sincèrement, ça me ferait vraiment plaisir. »
Un sourire amusé aux lèvres, Marinette pousse un soupir faussement exagéré. Hausse un sourcil circonspect. Lève les yeux au ciel.
Et finalement, elle hoche la tête d'un geste approbateur.
Satisfait, Chat Noir se hâte de passer leurs commandes. Marinette demande un cocktail fruité qui déborde d'alcool autant que de sucre, tandis que le jeune homme se contente quant à lui d'un simple soda. Il est venu en voiture, explique-t-il, et son amie éclate de rire à cet aveu.
- « En voiture, en plein Paris ? », s'esclaffe-t-elle. « Tu en as du courage ! »
Alors que la jeune femme frissonne théâtralement pour marquer toute l'horreur que lui inspire les légendaires aléas du trafic parisien, les yeux de son Chat Noir étincellent d'allégresse.
- « Hey, je suis un héros », réplique-t-il en faisant comiquement onduler ses sourcils. « Rien ne m'arrête ! »
- « Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas convaincue... », rétorque malicieusement la jeune femme, tout en s'emparant du verre que lui ramène obligeamment le barman.
- « D'accord, j'avoue », se rend son coéquipier en se saisissant à son tour de sa propre boisson. « Je conduis uniquement parce qu'il est suffisamment tard pour que la circulation soit tranquille. »
- « C'est bien ce que je me disais », réplique Marinette en faisant claquer sa langue de satisfaction.
Une espiègle lueur traverse le regard de Chat Noir, et il passe négligemment ses doigts dans ses blonds cheveux.
- « Oui. Sinon, en temps normal, je demande à mon chauffeur de me conduire », lance-t-il pompeusement, tout en observant ses ongles d'un air faussement détaché.
Un bruit de quinte de toux assorti d'un vif coup d'œil à son ancienne camarade de classe lui apprennent que cette dernière vient de manquer de s'étouffer avec sa boisson en entendant sa nonchalante réponse. Ses immenses yeux bleus sont écarquillés de surprise, et elle a l'air si abasourdie que Chat Noir ne peut s'empêcher d'éclater joyeusement de rire.
Accoudés au bar, Chat Noir et Marinette poursuivent gaiement leur conversation. Entre leur léger badinage, la musique et l'électrisante atmosphère qui se dégage de cette soirée, tous deux passent un excellent moment et les minutes défilent sans qu'ils ne les voient passer.
Alors qu'elle sirote doucement son cocktail, Marinette jette un regard perçant à Chat Noir. Elle se souvient avoir pensé que son partenaire portait ses vêtements comme s'ils avaient été taillés pour lui, et peut-être est-ce réellement le cas car sa tenue lui va beaucoup, beaucoup trop bien.
Trop bien pour la santé mentale de Marinette, en tout cas.
Cela fait déjà bien longtemps que la jeune femme a cessé de voiler la face, et qu'elle a admis l'attirance physique qu'elle ressentait pour son partenaire. Elle fréquente régulièrement Chat Noir depuis des années, et force est de reconnaitre que le temps a fait des merveilles sur le jeune homme. Même avec un masque recouvrant ses traits, son coéquipier semblait déjà avoir un physique avantageux lorsqu'il était adolescent.
Puis, la puberté a implacablement fait son œuvre. Son chef-d'œuvre.
En quelques mois à peine, elle a effacé les rondeurs poupines du visage du jeune garçon, sculptant sa mâchoire pour lui donner une beauté à se damner. Les traits de Chat Noir sont plus devenus marqués, plus matures, et plus séduisants que jamais. Une vertigineuse poussée de croissance a accompagné cette fascinante transformation, au point que le jeune homme fait à présent une bonne tête de plus que sa coéquipière.
Avec son héroïque aura et son sourire ravageur, Chat Noir est devenu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire la coqueluche de tous ceux qui sont un tant soit peu attirés par la gent masculine, ainsi qu'une cuisante source de distraction pour sa coéquipière.
Jusque-là, Marinette avait valeureusement réussi à passer outre.
A rester distante et professionnelle.
Mais ce soir, la proximité de Chat Noir et son inhabituelle élégance la déstabilisent.
Comme pour porter un ultime coup à la volonté vacillante de la jeune femme, le héros n'a d'ailleurs pas boutonné sa chemise jusqu'en haut. Son col entrouvert dévoile quelques centimètres de peau que Marinette n'a jamais eu l'occasion d'apercevoir jusque-là, et dont elle peine à détacher ses yeux.
Déployant de surhumains efforts de volonté, la styliste en herbe s'arrache une fois de plus à la contemplation de cette inédite surface d'épiderme. Elle relève le regard vers le visage de Chat Noir, et sourit chaleureusement à son coéquipier.
De quoi parlaient-ils, déjà ?
Marinette tente de se replonger dans la conversation. C'est Chat Noir, se répète-t-elle sans cesse. Son coéquipier, et l'un de ses meilleurs amis.
Rien de plus.
Mais le cerveau récalcitrant de Marinette n'a visiblement que faire des efforts que déploie la jeune femme pour ignorer le physique du héros. Comme mus par une volonté propre, les yeux de Marinette quittent une fois de plus ceux de son partenaire. Implacablement, ils suivent le contour net de sa mâchoire, descendent le long de sa gorge et glissent le long du tissu de sa chemise pour s'arrêter de nouveau sur cette encolure entrouverte.
Sur cette peau.
Bien malgré elle, Marinette sent l'épiderme de ses joues se réchauffer inexorablement. Soulagée que le masque qui recouvre ses pommettes lui permette de dissimuler également ses rougeurs naissantes, la jeune femme se mord la langue pour tenter de reprendre son calme.
C'est de la peau, se sermonne-t-elle. Juste de la peau.
Rien de bien extraordinaire.
Mais ses doigts la démangent.
Ils fourmillent, s'agitent sans son accord, tandis que les yeux bleus de la jeune femme restent rivés que le haut du torse de Chat Noir.
Le corps tout entier de Marinette lui hurle de tendre la main vers le buste de son coéquipier. De glisser lentement ses paumes sur le tissu soyeux de sa chemise, jusqu'à ce col qui la fascine tant. D'en saisir les boutons entre ses doigts, et de les défaire un à un pour mettre le torse du jeune homme à jour.
C'est de la peau, mais ce n'est pas assez de peau.
Marinette veut en voir plus.
Non, pas seulement, lui rappelle l'insistante démangeaison irrite ses doigts.
Elle veut toucher.
Chat Noir la regarde d'un air interrogateur, et Marinette réalise avec un embarras mêlé d'effroi que, perdue dans sa contemplation, elle prêté aucune attention à ce que disais le jeune homme. Secouant la tête d'un air gêné, elle met la main en coupe derrière sa propre oreille.
- « Tu disais ? », lance-t-elle d'une voix qu'elle espère aussi naturelle que possible. « Je n'ai rien entendu, à cause de la musique. »
A cause de toi.
Au grand soulagement de Marinette, Chat Noir ne semble rien avoir noté du trouble qui la dévore inexorablement. Il hoche la tête avec amical sourire, puis répète sa phrase.
La jeune femme se donne de vigoureuse claques mentales, avant de se replonger dans sa discussion. Elle ne sait pas par quel miracle, mais dans les minutes qui suivent, elle réussit vaillamment à garder son attention focalisée sur ce que raconte son partenaire. Elle sourit, le taquine, bavarde avec le plus parfait naturel.
Et avec un peu de chance, peut-être réussira-t-elle à finir sa soirée sans se ridiculiser complètement ou perdre la raison.
Ou les deux à la fois.
Tandis que la conversation se poursuit, Marinette sirote lentement son cocktail. La jeune femme parle à présent bien plus qu'elle ne boit, et le niveau de son verre ne descend que très progressivement. Alors qu'elle avale distraitement une autre gorgée, elle note soudain que contrairement à elle, Chat Noir a fini sa boisson.
- « Tu en prends un second ? », lui demande-t-elle en désignant son verre vide d'un geste du menton. « Cette fois-ci, c'est moi qui offre. »
- « Oh, ne t'inquiète pas pour ça, Princesse », répond aussitôt son coéquipier, levant la main en un geste défensif. « Tu n'es pas obligée de- »
- « J'insiste », réplique-t-elle d'une voix ferme. « En signe de reconnaissance pour tout ce que tu fais pour les habitants de Paris. Et pour le verre de tout à l'heure », conclut-elle avec un chaleureux sourire.
La jeune femme a prononcé ces derniers mots d'un ton léger, mais son regard franc et clair indique à Chat Noir qu'il est hors de question qu'il espère lui faire changer d'avis.
- « Très bien, je prendrai la même chose », abandonne-t-il en inclinant poliment la tête dans sa direction. « Je te remercie. »
Marinette fait signe au barman, et passe rapidement la commande pour son coéquipier.
L'employé est de retour à peine un instant plus tard, amenant avec lui la boisson de Chat Noir et le terminal de paiement qui permettra à son ancienne camarade de classe de régler son achat. Le jeune héros s'apprête à la remercier une fois de plus, mais quand il se tourne vers elle, ses paroles s'étranglent dans sa gorge avant même de pouvoir franchir ses lèvres.
Avec stupéfaction, il voit Marinette soulever aussi discrètement que possible le tissu qui dissimule son corsage, pour y plonger les doigts et en extraire habilement une carte de crédit.
Et soudain, l'esprit d'Adrien devient totalement vide.
Il n'a pas réellement voulu regarder.
(Bien qu'en toute honnêteté, il n'ait rien fait non plus pour détourner les yeux.)
Mais lorsque Marinette a sorti sa carte du très intéressant endroit où elle avait choisi de la dissimuler, il n'a pas pu s'empêcher de remarquer un petit morceau de dentelle sombre, qui tranche sur sa peau laiteuse.
Le jeune héros déglutit péniblement, et prend une profonde inspiration. Il peut sentir une incendiaire chaleur se propager implacablement dans sa poitrine, embrasant le moindre de ses organes et couvant sous sa peau, tandis que son cerveau construit bien malgré lui de fascinantes images.
Non.
Non, non, non, se fustige-t-il, maudissant son incontrôlable imagination.
Cela ne se fait décemment pas d'imaginer son ancienne – et charmante. Très, très charmante – camarade de classe vêtue de sous-vêtements de dentelle noire. Uniquement de sous-vêtements de dentelle noire.
Inconsciente des tourments dans lesquels elle a plongé son partenaire, Marinette règle sa commande, et le jeune héros se sent à deux doigts de se consumer sur place.
Alors qu'il gémit intérieurement d'embarras, Chat Noir tente de se calmer et de se consoler comme il le peut. Ce n'est pas grave. Ce sont juste ses hormones, et des divagations de son esprit un peu trop fertile. Il y a bien pire. Après tout, ce n'est pas comme s'il l'avait imaginée...
Oh, non.
L'ardent brasier qui couvait au creux de son torse prend un aller simple pour son bas-ventre, tandis que de nouvelles et explicites images s'impriment dans son cerveau.
Il vient tout juste de l'imaginer nue.
Le jeune homme se retient de se frapper violement la tête contre la surface du bar. Peut-être un brutal choc empêchera-t-il enfin ses prolifiques neurones de construire d'intéressantes mais inappropriées images dans son esprit. Cependant, un tel geste attirerait certainement la suspicion de Marinette. Et le héros n'est clairement, très clairement pas disposé à lui expliquer dans quel état vient de le plonger la simple vue d'un morceau de dentelle recouvrant sa poitrine.
Se tournant vers Chat Noir, Marinette lui tend son verre en souriant. Le jeune homme s'en empare aussitôt, et le vide d'un trait.
- « Oh, il fait vraiment chaud ici », lance-t-il avec un piètre rire d'excuse, tandis que Marinette hausse un sourcil intrigué.
- « Je vois ça », répond-elle en riant à son tour. « Tu veux en commander un autre ? »
Cette simple pensée rappelle à Chat Noir la vision plongeante qu'il a eu sur le corsage de la jeune femme quelques instants plus tôt, et il sent son cœur rater un battement.
- « N-Non, ça ira, merci », balbutie-t-il péniblement. « J-Je... Je n'ai plus soif. »
Marinette acquiesce d'un bref signe de tête, puis au grand soulagement du héros, elle s'éloigne du sujet pour reprendre la conversation là où ils l'avaient laissée quelques moments auparavant.
Alors que Marinette achève enfin de vider son verre, Chat Noir se fait songeur.
S'il compte la jeune femme parmi ses rares amis, jamais il n'a passé autant de temps à discuter avec elle. Généralement, ils se voient lors de sorties de groupe, comme des réunions entres anciens camarades de classe ou des soirées organisées par Alya ou Nino. Et encore, depuis que ces derniers se sont séparés, les occasions qu'a eu Adrien de croiser la jeune apprentie styliste ont drastiquement diminuées.
Contrairement à la croyance populaire, le célèbre modèle n'a jamais été totalement été indifférent au charme de Marinette. Bien sûr, son cœur appartient à Ladybug. Mais il a toujours trouvé sa pétillante camarade de classe particulièrement ravissante, et sans sa Lady, il l'aurait probablement regardée d'une tout autre façon.
De la même façon que ce soir, lui souffle perfidement son esprit.
Marinette est brillante, drôle et ses immenses yeux bleus sont absolument hypnotisant.
Ce qui rend le jeune héros curieux.
- « Au fait, Princesse », lui demande-t-il en se penchant vers elle d'un air conspirateur. « Quelque chose m'intrigue. Comment t'es-tu retrouvée à cette soirée ? »
Les pupilles de Marinette se dilatent légèrement de surprise, avant qu'un sourire amusé ne se dessine sur ses lèvres.
- « Je ne te cache pas que ce n'était pas mon idée », réplique-t-elle malicieusement. « J 'y ai été trainée par ma meilleure amie. Je pense que tu la connais, d'ailleurs. Alya, la fille qui tient le Ladyblog. »
- « Effectivement, je vois qui c'est », approuve Chat Noir tout en hochant machinalement la tête. « Et je lui dois des remerciements, grâce à elle je passe une délicieuse soirée en ta compagnie », poursuit-il en lançant un espiègle clin d'œil à Marinette.
Cette dernière sent ses joues s'empourprer, et hausse théâtralement les yeux au ciel pour tenter de dissimuler son trouble.
Elle réalise avec une certaine résignation qu'il lui est de plus en plus difficile de feindre l'indifférence face aux enjôleuses paroles de son partenaire, surtout quand son visage s'éclaire d'un aussi lumineux sourire que celui qui se dessine à présent sur ses lèvres.
Sur ses très charmantes et très attirantes lèvres.
- « Mais ce n'est pas ce que je voulais dire », reprend Chat Noir, la sortant brutalement de sa rêverie.
Le jeune homme plonge ses yeux verts dans les siens, et se gratte nerveusement la nuque.
- « Je ne pensais pas... Enfin, je ne m'attendais pas à ce que tu sois un cœur à prendre », lâche-t-il d'une voix presque timide. « Tu es jolie, tu es brillante, j'aurais sincèrement cru que tu croulais sous les prétendants. »
Cet inattendu compliment fait pirouetter le cœur de Marinette, et la jeune fille sent ses pommettes s'embraser de plus belle.
A ce rythme, ce garçon la fera mourir d'une crise cardiaque ou de combustion spontanée avant la fin de la soirée.
- « Et pourtant si », réplique-t-elle avec un éclat de rire qui résonne étrangement à ses oreilles.
Chat Noir reste un instant silencieux, semblant méditer cette réponse, et la jeune femme ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il en est pour lui. C'est un sensible sujet que Ladybug et lui n'abordent jamais, et elle ignore totalement s'il a quelqu'un dans sa vie.
Bien sûr, il passe son temps à clamer son inconditionnel amour pour son héroïque alter-ego, mais cela fait tellement longtemps qu'elle esquive la moindre de ses avances qu'il est loin d'être impossible qu'il ait choisi d'aller de l'avant.
Marinette veut savoir.
Tout comme elle n'est pas certaine d'être prête à entendre sa réponse.
- « Et toi ? », s'entend-elle soudain dire, sa langue décidant manifestement de passer outre les hésitations de son cerveau.
- « Tragiquement célibataire », déclame théâtralement Chat Noir, tout en portant dramatiquement sa main à son front.
Le cœur soudain étrangement léger, Marinette éclate d'un sincère rire.
- « 'Tragiquement' ? » répète-t-elle en s'esclaffant de plus belle. « Est-ce que ce n'est pas un peu excessif ? »
- « 'Excessif' est mon deuxième prénom », réplique son coéquipier avec un malicieux clin d'œil.
- « Oh, et moi qui croyait que c'était 'Fanfaron' », rétorque aussitôt Marinette, ses yeux bleus étincelant d'une lueur espiègle.
- « Miaouch ! », s'exclame immédiatement Chat Noir en posant sa main sur son cœur.
Geste qui, à la grande satisfaction du jeune homme, est instantanément récompensé par un cristallin éclat de rire qui s'échappe des lèvres de son amie.
Un long silence s'installe suite à ce bref mais instructif échange.
L'atmosphère a subtilement changé, sans que Chat Noir ou Marinette puissent dire exactement comment.
Mais une chose est sûre, tous deux sont désormais extrêmement - presque douloureusement - conscients de la présence de l'autre.
Marinette se noie dans les yeux d'un vert étonnamment clair de Chat Noir, et il lui semble même qu'elle se noie tout court. Son souffle s'est fait plus court, sa respiration plus laborieuse, et sa poitrine la serre comme jamais.
Sa cage thoracique est probablement bien trop petite pour contenir ses violents battements de cœur.
Complètement hypnotisée par le regard de Chat Noir, Marinette met un instant à réaliser que les yeux de son partenaire ont quitté les siens, et qu'ils fixent à présent ses lèvres. Lorsqu'elle s'en rend enfin compte, elle tressaille, et il lui semble soudain que sa température corporelle vient d'augmenter de quelques degrés de plus. Cette hausse est par ailleurs loin d'être douce et progressive. Au contraire, c'est plutôt comme si des torrents de lave déferlaient brutalement dans veines, incendiant tout sur son passage.
Instinctivement, Marinette imite le geste du jeune homme, et ses yeux descendent sur les lèvres à présent entrouvertes de son coéquipier.
Elle a envie de l'embrasser, réalise-t-elle avec une vive sensation de creux dans l'estomac.
L'alcool et l'adrénaline se mêlent dans les veines de Marinette, et c'est un dangereux mélange. L'un de ceux qui font baisser les gardes, et qui désinhibent parfois bien plus que de raison. Le fragile statu quo qu'à jusque-là péniblement maintenu la jeune femme vacille, et elle sent qu'il ne lui faudrait que bien peu de choses pour que son cœur penche en faveur de Chat Noir à défaut d'Adrien.
Parce qu'il est d'ordinaire quelqu'un d'extrêmement réservé, les gens croient volontiers qu'Adrien n'est pas du genre à prendre des décisions hâtives.
Ce n'est pas tout à fait exact.
S'il sait faire preuve de retenue quand cela s'avère vraiment nécessaire, le jeune homme n'en reste pas moins un grand impulsif. Il écoute bien souvent son cœur avant toute chose, et pour l'instant, ce dernier ne bat que pour les éclats de rires et les jolis yeux de Marinette.
Le son de sa voix résonne comme une douce musique à ses oreilles, et discuter ainsi avec elle a certainement été l'un des plus agréables moments qu'il ait passé depuis bien trop longtemps.
Mais pour aussi plaisante que soit cette conversation, Adrien en veut plus.
La peau d'albâtre et les lèvres roses de Marinette l'hypnotisent. L'appellent. Il dévore la jeune femme du regard, mais cela ne suffit pas à tempérer l'ardent brasier qui s'est allumé au creux de ses entrailles. Au contraire, sa fertile imagination ne fait qu'alimenter ce violent incendie, et tout son être lui hurle de faire ne serait-ce que lui tenir la main.
A la notable exception de Ladybug, jamais personne n'a éveillé de pareils émois dans le cœur du jeune homme.
Il veut sentir la douceur de la peau de Marinette sous ses doigts. Respirer la délicate odeur de son parfum, et l'embrasser, peut-être. Si elle le veut bien.
Au vu des vifs sentiments et sensations que lui inspirent la jeune femme, il serait certainement plus sage pour Chat Noir de maintenir une prudente distance.
Mais son cœur est le plus fort.
C'est ainsi que, faisant fi des conséquences possibles, le jeune héros incline le buste en direction de Marinette, avant de tendre théâtralement le bras vers elle.
- « Princesse, voudrais-tu m'accorder une danse ? »
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