Chapitre 2


Marinette et Alya bavardent joyeusement dans le taxi qu'elles ont commandé pour les emmener à destination. Le chauffeur a haussé un sourcil intrigué à la vue des masques qui ornent à présent leurs visages, mais il a certainement transporté bien trop d'excentriques passagers pour s'en formaliser. Les deux jeunes femmes sont aimables et ont de quoi régler la course, c'est tout ce qui importe.

Au bout de plusieurs minutes, le véhicule ralenti enfin, puis s'arrête, avant que les jeunes femmes s'en extraient l'une après l'autre. Alya agrippe fermement Marinette par le bras et, juchées sur leurs hauts talons, les deux amies parcourent en riant les derniers mètres qui les séparent de l'établissement qui accueille leur soirée.

Elles ne sont par ailleurs pas les seules.

D'autres jeunes gens masqués convergent eux aussi vers le bâtiment, d'où une sourde musique s'échappe. Inconsciemment, les doigts de Marinette commencent à tambouriner en rythme, et le pas de l'apprentie styliste se fait presque dansant.

- « Allez, c'est parti ! », lance joyeusement Alya à l'attention de son amie, avant d'adresser un lumineux sourire au videur qui filtre attentivement les arrivées.

Après avoir dûment montré leurs cartes d'étudiantes et payé leur entrée, les deux amies s'approchent des vestiaires. Alya y abandonne immédiatement ses affaires, tandis que Marinette reste quelques pas en arrières. Alors qu'elle farfouille à l'intérieur de son sac à main pour en extraire sa carte de crédit, la styliste en herbe profite de l'occasion pour jeter un regard inquiet à Tikki, qui s'est faufilée dans son bagage avant qu'elles ne quittent son apparemment.

- « Ça va aller ? » lui murmure-t-elle aussi discrètement que possible.

Elle n'aime guère se séparer de sa minuscule amie, ne serait-ce que le temps d'aller danser, mais son kwami lui a répété à maintes reprises qu'elle n'apprécie pas les boites de nuit.

Trop de musique, trop fort.

Trop de vibrations pour son petit corps.

Hochant vigoureusement la tête, Tikki adresse à son amie le plus rassurant des sourires. Tout ira bien, semblent dire ses immenses yeux d'un profond bleu violacé. Elle n'aime pas ce genre d'endroits et Marinette adore danser, alors des compromis doivent être faits, et celui-ci lui convient très bien.

La jeune femme lui sourit en retour puis confie enfin veste et sac à l'employé des vestiaires, tout en lui jetant un regard qui signifie clairement qu'elle l'écorchera vif si quoi que ce soit arrive à ses affaires.

- « Allez, dépêche-toi », s'impatiente Alya, quelques mètres plus loin.

- « J'arrive, j'arrive », réplique machinalement Marinette, tout en s'emparant du ticket qui lui permettra de récupérer son sac une fois sa soirée finie.

De ses doigts fins, elle saisit délicatement le tissu de sa robe qui recouvre sa poitrine, le soulevant légèrement pour dissimuler son ticket et sa carte de crédit dans son corsage.

- « Quoi ? », lance-t-elle d'un ton défensif à son amie, qui la regarde faire avec un sourire narquois. « Ma robe n'a pas de poches, il faut bien que je les range quelque part ! »

- « Je ne juge pas, ma belle, je ne juge pas », rétorque Alya en riant. « J'espère juste être là pour voir la tête du barman quand tu voudras payer quelque chose ! »

- « J'imagine bien, mais je n'ai pas beaucoup d'autres options », réplique aussitôt Marinette, levant les yeux au ciel d'un air faussement exaspéré. « C'était ça ou ma culotte. »

Sa meilleure amie lui jette un bref regard interloqué, puis laisse échapper un hurlement de rire.

- « Au nom de l'hygiène et de la décence, je te remercie d'avoir choisi la première solution ! », s'exclame-t-elle en lui assenant une joyeuse claque sur l'épaule.





Les deux jeunes femmes s'enfoncent dans les entrailles du bâtiment, et à peine passent-elle les portes coupe-feu qui séparaient les vestiaires du reste des lieux que la musique les frappe de plein fouet. De lourdes vibrations s'écrasent contre Marinette, et l'apprentie styliste sent un frisson d'excitation parcourir sa colonne vertébrale.

Elle n'a pas seulement l'impression d'entendre la musique, mais de la sentir avec moindre parcelle de son corps. Les sons l'enveloppent aussi sûrement que si elle avait plongé dans une piscine de notes et de sourdes basses, glissant sur sa peau, s'insinuant dans ses oreilles, allant jusqu'à faire vibrer ses os. L'atmosphère est électrique, presque étourdissante, et la jeune femme sent son cœur s'accélérer tandis que des torrents d'adrénaline se déversent brutalement dans ses veines.

La salle est convenablement remplie, sans pour autant être pleine à craquer. Certains dansent, certains bavardent à l'écart de la piste ou près du bar, et Marinette bat de nouveau le rythme de la musique avec ses doigts.

Un large sourire accroché au visage, Alya se tourne vers la styliste en herbe.

- « Il y a de l'ambiance ! », lui lance-t-elle avec ravissement.

Alors que Marinette hoche vigoureusement la tête en signe d'approbation, sa meilleure amie la saisit par le coude et lui désigne du menton deux jeunes hommes masqués qui bavardent à quelques mètres d'elles.

Un brun et un blond, qui semblent avoir environ leur âge.

- « Viens », lui intime-t-elle d'un ton qui ne souffre d'aucune contradiction. « On va les voir. »

Le regard brillant d'excitation, la blogueuse commence à se diriger vers le duo d'une démarche assurée, entrainant son amie dans son sillage.

- « Tu les connais ? », lance Marinette emboîtant tant bien que mal les pas de son amie.

Lui jetant un regard par-dessus son épaule, Alya lui adresse un malicieux sourire.

- « Pas encore ! », réplique-t-elle dans joyeux un éclat de rire.





Quelques minutes plus tard, Alya est plongée en grande conversation avec le jeune homme brun sur lequel elle a jeté son dévolu.

Marinette connait son amie par cœur, et rien qu'à voir le langage corporel de l'apprentie journaliste, elle peut dire sans le moindre doute que ce garçon lui plaît. Le regard d'Alya pétille de joie, ses doigts s'agitent machinalement quand elle parle, et elle passe sans cesse sa main droite dans ses boucles rousses. Un léger sourire aux lèvres, Marinette se dit distraitement qu'il faudra un jour qu'elle fasse remarquer à sa meilleure amie qu'elle a la charmante habitude de glisser ses doigts dans ses cheveux dès qu'elle discute avec quelqu'un qui a capturé son attention.

En attendant, l'interlocuteur d'Alya semble lui aussi apprécier la présence de la blogueuse. Son buste est légèrement incliné vers la jeune femme, et un large sourire se dessine sur son visage tandis qu'il parait boire la moindre ses paroles.

Manifestement, entre ces deux-là, le courant passe.

Entre le garçon blond et Marinette, les choses sont loin d'être aussi évidentes.

La conversation s'enlise, s'interrompt sans cesses, ne repart que très péniblement. Manifestement, Marinette et son interlocuteur du moment n'ont pas grand-chose à se dire. Les yeux bleus du garçon masqué se voilent d'ennui alors qu'il a visiblement tout aussi peu envie que l'apprentie styliste de poursuivre cette pénible tentative d'interaction. La jeune femme soupire, et songe de plus en plus sérieusement à s'extraire de cette ennuyeuse absence de discussion pour aller profiter de la piste de danse.

Alors qu'un lourd et gênant silence s'installe de nouveau dans la conversation, Marinette laisse machinalement son regard errer sur les environs.

Et soudain, la jeune femme tressaille.

Près du bar, elle a aperçu un autre garçon blond.

Un garçon blond, masqué de noir, dont la haute silhouette lui est terriblement familière.

Ignorant le brutal bond qu'a fait son cœur dans sa poitrine, Marinette plisse instinctivement des yeux tandis qu'elle observe le jeune homme avec une vive attention. Il se tient debout, un verre à la main, et sur ses lèvres se dessine un affable sourire qu'elle ne connait que trop bien. Manifestement en pleine conversation avec un groupe de jeunes filles, il penche légèrement la tête sur le côté pour saisir quelques paroles, éclate de rire, et passe ses doigts dans ses mèches dorées dans un geste qu'elle l'a déjà vu faire des centaines de fois.

Chat Noir.

Ce garçon est clairement, indubitablement Chat Noir.

Cette réalisation frappe Marinette de plein fouet, accompagnée par un déluge de sensations et d'émotions qui fait soudain tourner la tête de la jeune femme. L'adrénaline qui avait fui son corps durant son assommante conversation déferle de nouveau dans ses veines, encourageant son cœur à battre à un affolant rythme et allumant un flamboyant brasier au creux de sa poitrine.

Marinette pose mécaniquement sa main sur son torse, comme si ce simple geste avait la moindre chance de contenir la bouffée de chaleur qui croît malgré elle sous sa peau. A son grand désespoir, elle peut sentir ses joues s'empourprer malgré elle, et se mord rageusement la langue pour intimer à son corps de reprendre son calme.

Les muscles de la jeune femme se contractent nerveusement, et elle se met à se balancer fébrilement d'un pied sur l'autre.

En temps normal, elle aurait été plus que ravie de bavarder avec son cher partenaire.

Mais là, elle est loin d'être certaine que ça soit une excellente idée. Le thème de cette soirée associé aux ambigus sentiments qu'elle ressent pour le héros forment un désastreux cocktail que la jeune femme n'est pas certaine de vouloir expérimenter, et peut-être serait-il plus sage d'ignorer son coéquipier.

Alors que Marinette hésite encore entre aller voir Chat Noir ou faire demi-tour sur ses talons et fuir, son partenaire lève la tête et croise son regard.

Le visage du jeune homme s'éclaire aussitôt d'un lumineux sourire, et sa main se lève pour lui adresser un salut amical.

Il l'a reconnue.

Poussant un gémissement intérieur, Marinette lui sourit en retour et redresse machinalement les épaules.

Trop tard pour s'enfuir.

Avec un petit geste d'excuse à l'attention du garçon avec qui elle discutait auparavant et qu'elle ignore depuis maintenant de longues minutes, Marinette se tourne vers sa meilleure amie. La saisissant par le coude pour attirer son attention, elle la fait reculer de quelques pas.

- « Alya », lui lance-t-elle précipitamment, « J'ai vu quelqu'un que je connais. Je vais le voir, ça ira pour toi ? »

- « Oh oui, ça ira parfaitement, merci », répond l'apprentie journaliste avec un large sourire. « Je pense que j'ai trouvé quelqu'un de plutôt sympathique avec qui passer le temps », poursuit-elle en désignant du menton le jeune homme brun avec qui elle n'a cessé de parler depuis qu'elles sont arrivées.

- « Je vois ça », réplique Marinette en levant dramatiquement les yeux au ciel, son expression amusée contredisant le ton désabusé avec lequel elle a prononcé ces quelques mots. « Et fait attention à toi », reprend-t-elle d'un ton plus sérieux.

- « Ne t'inquiète pas, je gère », rétorque Alya avec une telle confiance que Marinette ne peut s'empêcher de sourire.

- « Alors c'est parfait », lance-t-elle en riant. « Amuse-toi bien ! »

- « J'y compte bien », réplique son amie avec un clin d'œil complice, avant de rejoindre de nouveau celui qui semble être devenu son cavalier pour la soirée.





Abandonnant sa meilleure amie, Marinette avance en direction de son coéquipier. Le regard de ce dernier s'éclaire quand il constate qu'elle progresse vers lui, et il s'écarte du groupe de jeunes filles qui l'entourait jusque-là pour venir à sa rencontre.

Alors que Chat Noir s'approche d'elle de sa démarche féline, Marinette note avec un regard appréciateur – et une incontrôlable accélération de rythme cardiaque - que son partenaire est l'élégance même. C'est la première fois qu'elle le voit sans son traditionnel costume et manifestement, son coéquipier sait faire preuve d'un goût très sûr en matière de vêtements. Son pantalon sombre et sa chemise à la coupe impeccable le mettent merveilleusement en valeur, et il les porte comme s'ils avaient été taillés spécialement pour lui.

Si l'on ajoute à cela sa mâchoire superbement sculptée, son éclatant sourire et son masque noir qui lui confère une fascinante -non, séduisante- aura de mystère, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elle l'ai trouvé entouré d'une foule de prétendantes.

Le léger sourire qui flottait sur les lèvres de Marinette s'élargit encore alors que Chat Noir arrive à son niveau, et que ses yeux verts pétillant de bonne humeur se plongent dans les siens.

- « Bonsoir, Chat Noir ! », lui lance-t-elle joyeusement. « Je ne pensais pas que je pourrais te croiser ici. »

Le jeune homme se fige légèrement, et il semble à Marinette que l'espace d'une fraction de seconde, ses pupilles se sont dilatées de surprise.

Mais peut-être est-ce purement le fruit de son imagination, car presque aussitôt, un malicieux sourire se dessine sur les lèvres de Chat Noir.

- « Bonsoir, Princesse », réplique-t-il en inclinant théâtralement le buste vers elle. « C'est un plaisir de te voir. »

Les taquines paroles que la jeune femme s'apprêtait à prononcer meurent sur ses lèvres, et elle ravale instinctivement un hoquet de stupéfaction qui manque de s'échapper de sa gorge.

Princesse.

C'est avec une grande confusion que la jeune femme réalise brutalement que son coéquipier ne l'a pas reconnue comme étant l'héroïne de Paris, mais comme la jeune styliste en herbe qu'elle est au quotidien. Son étonnement est légitime, car la force des choses, c'est presque toujours quand elle est sous l'apparence de Ladybug que la jeune femme est amenée à interagir avec son coéquipier. Depuis qu'ils se connaissent, Marinette et Chat Noir se sont peut-être croisés une demi-douzaine de fois. Mais guère plus.

Et pourtant, alors qu'elle porte un masque recouvrant une large partie de son visage, voilà que son fantasque partenaire l'a identifiée comme étant Marinette, mais pas Ladybug ?

C'est à en pleurer de rire.





Tandis que la jeune femme digère encore cette absurde information, Chat Noir tente désespérément d'afficher le plus grand flegme.

En dépit du loup qui camoufle les traits de la jeune femme, il a immédiatement reconnu Marinette lorsqu'il l'a aperçue. Il n'y a rien de surprenant à cela, après tout, ils ont été en cours ensemble pendant des années. Et quand les grands yeux bleus de l'apprentie styliste ont croisé les siens, il a durant un instant été persuadé qu'elle savait qu'elle avait affaire à son ancien camarade de classe.

Mais elle l'a appelé Chat Noir.

Pas Adrien.

C'est légitime, songe-t-il avec une sourde culpabilité. Choisir un masque noir pour dissimuler ses traits n'était probablement la plus brillante des idées qu'il aurait pu avoir.

- « Je suis désolée de t'avoir arrachée à tes admiratrices », le taquine gentiment Marinette, ignorant le trouble du héros.

Un espiègle sourire danse sur les lèvres de la jeune femme, et Chat Noir ne peut s'empêcher de laisser échapper un joyeux petit rire.

- « Pas de soucis », réplique-t-il avec une rassurante expression. « Et que veux-tu », poursuit-il avec un malicieux clin d'œil, tout en relevant ridiculement le menton, « C'est la difficile rançon de la gloire. »

- « Effectivement, ça a l'air terriblement dur à vivre », réplique Marinette en levant machinalement les yeux au ciel.

Elle ne manque cependant pas de noter les regards assassins que lui lancent ces filles qui bavardaient auparavant avec son partenaire, et qu'il a abandonné pour venir lui parler.

Sans pouvoir s'en empêcher, Marinette sent son cœur effectuer des bonds euphoriques, tandis qu'un perfide instinct de propriétaire lui susurre que Chat Noir aurait parfaitement pu se contenter de la saluer de loin, mais qu'il a choisi d'aller la voir elle.

C'est flatteur. Et d'une certaine façon, grisant.

- « J'imagine que tu ne dois pas pouvoir faire un pas sans qu'une horde de fans se jette à tes pieds », poursuit-elle d'un ton taquin, préférant tenter se concentrer sur ce léger badinage plutôt que sur les complexes sentiments qu'éveille son partenaire en elle.

- « Tu n'imagines même pas », réplique Chat Noir avec un soupir exagérément désolé. « Cette célébrité, tous ces gens qui m'admirent... En même temps, je les comprends », reprend-il avec un sourire moqueur que Marinette ne lui connait que trop bien.

Le jeune homme bombe le torse et plie le bras pour faire gonfler son biceps gauche, dans ce qui pourrait être une héroïque pose si ses yeux verts n'étincelaient pas autant de malice.

- « Je sauve Paris tous les jours », poursuit-il sans la moindre pudeur, « Je suis fort, rapide, un véritable chevalier des temps modernes ! Et sans vouloir me vanter, capillairement, je suis ce qui se fait de mieux sur le marché », conclut-il en passant théâtralement ses doigts dans ses boucles blondes. « Que demander de plus ? »

Marinette ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

Fidèle à lui-même, Chat Noir danse sur la fine ligne qui sépare l'autodérision d'un outrageux excès de confiance en soi. Bien souvent, cet épuisant cocktail exaspère sa partenaire, mais ce soir est l'un de soirs où les facéties du jeune homme l'amusent plus qu'autre chose.

- « Attention, tu as les chevilles qui enflent », réplique-t-elle avec un affectueux sourire, tout en croisant les bras sur son torse pour tenter de lui faire comprendre qu'elle n'est nullement impressionnée.

- « C'est gentil de t'inquiéter pour mes chevilles, Princesse », réplique aussitôt son coéquipier. « Mais je dirai qu'elles sont parfaites. »

Il porte soudain tout son poids sur une jambe pour décoller son autre pied de quelques centimètres et le faire remuer malicieusement dans les airs.

- « Regarde un peu ça ! », reprend-il d'une voix rieuse. « Les plus belles chevilles de l'univers, en toute modestie. Enfin, à part les tiennes, peut-être », conclu-t-il en jetant un ostensible regard aux jambes de la jeune femme.

Le compliment a été lancé d'un ton trop taquin pour que son ancienne camarade de classe le prenne au sérieux, mais Chat Noir n'en est cependant pas moins sincère.

Marinette a, de son point de vue, des chevilles absolument ravissantes.

- « On se calme, chaton », réplique aussitôt Marinette, levant le bras pour lui donner une bourrade amicale sur l'épaule. « Si tu continues comme ça, mes jolies chevilles vont m'aider à te botter le derrière. Et sache que si ça peut te faire retrouver le sens des réalités, je n'hésiterais pas une seconde ! »

Chat Noir écarquille les yeux de surprise et la jeune femme réalise soudain son erreur.

Instinctivement, elle s'est mise à taquiner Chat Noir comme l'aurait fait Ladybug.

Mais ce soir, elle n'est pas l'héroïne de Paris. Elle n'est que Marinette, simple étudiante en stylisme, et elle devrait se montrer impressionnée et admirative plutôt que familière et effrontée.

Les sourdes vibrations de la musique et l'alcool qui court déjà dans ses veines lui font baisser la garde, et la privent clairement de son bon sens. Mais à présent, le mal est fait, se dit-elle avec une certaine résignation, et il est trop tard pour faire marche arrière.





De son côté, Chat Noir est agréablement surpris.

A quelques rares exceptions près, les gens n'interagissent jamais naturellement avec lui. Que ce soit en tant qu'illustre héritier du prestigieux Gabriel Agreste ou en tant que célèbre héros de Paris, il impressionne, et une pénible distance s'installe toujours entre ses interlocuteurs et lui.

Même ce soir, son masque n'a pas semblé être suffisant pour dissimuler la régularité de ses traits, et toutes les personnes avec qui il a jusque-là eu l'occasion de discuter lui ont clairement signifié qu'elles étaient impressionnées par son physique.

Mais là, Marinette rit, plaisante et le taquine avec un déconcertant naturel, et le jeune homme trouve ça aussi charmant que rafraichissant. A l'exception notable de sa chère Ladybug, son ancienne camarade de classe est la première personne à paraître aussi à l'aise avec le célèbre héros de Paris.

Il n'avait prévu que de la saluer avant de fuir cette soirée où l'a abandonné Nino, mais à présent, il a envie de profiter un peu plus longtemps de ce bon moment qu'il passe en sa compagnie.

Il veut passer du temps avec elle.

- « Est-ce que ça te dirait d'aller prendre un verre ? » s'entend-il soudain dire, avant de se reprendre presque immédiatement et de désigner le bar d'un bref geste du menton.

Les pupilles de Marinette lui semblaient déjà immenses dans la semi-pénombre qui règne dans la salle, mais elles s'élargissent encore sous l'effet de la surprise. Un hésitant sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme, puis, à la grande satisfaction de Chat Noir, elle hoche la tête de haut en bas.

- « C'est d'accord », répond-elle d'une voix claire.

- « Parfait », réplique Chat Noir, tandis qu'un radieux sourire illumine son visage. « Après-toi, Princesse », conclut-il avec une légère courbette, lui faisant signe d'ouvrir la marche.

Un petit rire s'échappe des lèvres de Marinette. Elle remercie son coéquipier d'un petit geste de la tête, et passe devant lui d'un pas dansant. 

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