Préface - vieux texte collégien


 On dit que tout le monde peut le faire, qu'il suffit de prendre un crayon, surtout pas se poser de question

Comme si les mots allaient sortir tous seuls de toutes façons ...

Mais moi j'y arrive pas. C'est tout, c'est comme ça,

Et je ne peux pas n'empêcher de jalouser ceux qui font mieux que moi

J'adore les écouter, et des fois je m'imagine que c'est moi derrière leur plume

Parce que c'est plus facile, la mienne me paraissant lourde comme une enclume.



Le pire, c'est que j'aimerais vraiment écrire

Au bout de mon stylo regarder les mots fleurir ou mourir

Exprimer dans un soupir ou un cri les déplaisirs que ce monde m'inspire

De mes mots faire blêmir,

De mes phrases faire pâlir,

De mes textes faire frémir ...



Sauf que c'est pas si facile

Les brouillons s'accumulent et j'en perd le fil

Je sais que ce que je fais est imparfait,

Et mes ratures font concurrence aux feuilles arrachées

La poubelle déborde, le papier roulé en boule semble me narguer

Je me demande pourquoi je continue. Je crois que je vais abandonner.



Et je vois ceux qui déclament à toute allure

Faisant de leurs mots une armure

Esquivant les phrases blessure qu'on leur lance à la figure

Et ça me donne envie de hurler, de crier

Parce que j'en ai marre, parce que c'est pas ce j'imaginais

Moi je voulais juste ressentir, juste voir ce que ça fait, sur rien, de bâtir un empire

Moi je voulais juste bien écrire.


Bien écrire.


Qu'est-ce que ça veut dire ?
Bien écrire ...
S'embarrasser de mots compliqués ?

Aligner des paragraphes d'une incroyable complexité,

remplis d'antithèses, de catachrèses, ou de je ne sais quel autre procédé ?
Ou bien simplement prendre un stylo et coucher sur le papier

De simples mots, une mélopée née de l'impulsivité, du savoir ou de l'immaturité,

Juste écrire, juste gratter, crayonner, noter, charbonner, ponctuer, gribouiller, juste s'exprimer en fait ?

Je ne serai jamais Shakespeare, de toutes façons les autres sont déjà pris

Je peux juste être moi, avec mes capacités, et finalement ça me suffit,

Je vais m'acharner, et à partir d'aujourd'hui mon Credo,

C'est que ce que j'écris, c'est beau.






*Un vieux texte datant du collège, quand j'ai commencé à ne plus me comparer aux autres, à m'émanciper stylistiquement

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