Esclave du temps


Mon ennemi est invisible, ma peur n'a pas de visage,
pourtant elle suit l'humanité depuis le début des âges
coincé dans son mutisme, mais martelant ma tête comme un tambour
une entité sans jambe, mais on dit de lui qu'il court
La hantise de ma vie, qui me suivra jusqu'à ce que je trépasse
C'est l'immuable temps qui passe

Peur contractée enfant, le soir dans ma chambre
sur la table de nuit un réveil, aiguilles phosphorescentes
Mon cœur sur la fréquence de la trotteuse, annonce d'une longue nuit
Avec pour seule compagnie l'Insomnie
Parce que chaque tic est un instant envolé
parce que chaque tac est un moment mort-né
Je revoyais sans cesse les instants passés de ma vie enfantine,
Me sentant à chaque seconde plus proche de la fin de la comptine

Et quand le sommeil vient enfin, il n'est pas de tout repos
l'attente cède place aux cauchemars, sueurs froides dans le dos
Ta mère à qui tu ne dis pas assez que tu l'aimes, tu la vois s'envoler
Toutes les horloges ont un problème : ta vie défile en accéléré
Coincée dans la partie inférieure du sablier, le temps que tu peux enfin toucher :
Des millions de petits grains de sable qui tombent, attendant de t'étouffer


On dit souvent de prendre le temps, mais comment l'attraper ?
Sinon bien sûr que j'en aurais des sacs et des caisses plein le grenier
lièvre de la Fontaine, je prends mon temps tant et tant qu'il n'en reste qu'un fragment
mon précieux, que je ne saurais maintenant utiliser à bon escient
Et si le temps c'est de l'argent, je donnerais bien tout cet argent pour du temps
Pour ralentir l'aiguille si pressée dans sa course autour du cadran,
Pour que ma vie ne se résume pas à un compte à rebours morbide,
Pouvant m'être enlevée vieille ou au même jeune âge qu'Arachnide


On a tellement de machines pour le mesurer, alors qu'on a rien pour le définir
On veut juste à se convaincre qu'on a une prise sur lui, on compte les heures à s'en abrutir.
Le passé c'est passé, le futur c'est devant, mais qu'est-ce que le présent ?
I heure, 1 minute, 1 seconde, moins pour rendre le temps encore plus compressible ?
Mais si on divise et retranche toutes ces unités pour arriver à la plus petite possible,
La question est : peut-on exister dans un si petit laps de temps ?
Dans un instant si court qu'il en est imperceptible, un moment déjà mort en naissant
Et si la vie va si vite, si elle court encore alors qu'on l'attend
Est-ce que je saurai la vivre pleinement ?
Ou suis-je définitivement l'esclave du temps ?

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