Chapitre 2
Plus ils s'engouffraient à travers ces souterrains, plus la température se faisait basse. Rowena et Helga avançaient à pas rapide, mettant de plus en plus de distance entre elles et les garçons. Toutefois, l'écho de leurs voix continuant de se disputer leur parvenait encore aux oreilles.
-Non mais franchement, pesta Helga en secouant la tête, ils ne s'arrêtent jamais ?
-Si...si...il leur arrive de ne plus se disputer, relativisa Rowena en berçant doucement sa fille, quand ils dorment ils sont calmes.
-Cela se voit que tu n'as jamais dormi avec Saly, soupira son amie, ses ronflements sont pires que des lutins de Cornouailles dopés à la poudre de mandragore.
Rowena regarda son amie avec douceur. Elle n'avait jamais compris son attirance pour Salazar. Ils étaient si différents l'un de l'autre. Quand ils s'étaient rencontrés, Rowena avait d'ailleurs eu peur que le jeune homme ne persécute son amie. Elle qui était une personne si discrète faisait une cible idéale. Pourtant, contre toute attente, il l'avait prise sous son aile. Il l'avait protégé et l'avait aidé à s'affirmer. Rowena avait été témoin de l'évolution de leurs sentiments, de leur histoire qu'elle avait d'abord désapprouvé avant de changer d'avis. Et même si elle ne comprenait toujours pas ce qui les avait poussé l'un vers l'autre, il était évident à ses yeux qu'ils se complétaient parfaitement.
Les pleurs d'Helena mirent fin aux pensées des deux jeunes femmes. Continuant leur route en essayant de calmer le nourrisson, elles ne se rendirent pas compte que les garçons ne les suivaient plus. Elles arrivèrent dans ce qui semblait être un cul de sac et tournèrent sur elles-mêmes.
-Où sont les garçons ? Demanda soudainement Helga, sentant la panique la gagner.
-Certainement encore en train de se chamailler. Ne t'inquiètes pas. Ils nous retrouveront, la rassura brièvement son amie bien trop pressée de découvrir tous les secrets que pouvaient renfermer ces ruines.
Tandis qu'Helga regardait nerveusement derrière elle dans l'espoir de voir apparaître Salazar et Godric, Rowena passa sa main contre les murs, à la recherche d'une potentielle plaque coulissante. D'après ce qu'elle pouvait constater, la pierre sonnait creux. Cela signifiait donc qu'il devait y avoir une pièce de cacher là-derrière, et Rowena, toujours en quête de nouvelles énigmes à résoudre, ne comptait pas laisser celle-ci lui filer entre les doigts. Après plusieurs tentatives, la jeune mère découvrit une pierre bancale et appuya dessus de toutes ces forces.
Helga poussa un cri de surprise en voyant le mur se fissurer sur toute la hauteur avant de s'écarter, laissant une ouverture béante face à elles. Trépignante d'impatience, Rowena s'y engouffra sans attendre, ignorant royalement les protestations d'Helga qui finit malgré tout par la suivre. La jeune Poufsouffle n'en menait d'ailleurs pas large. A chaque bruit, la jeune femme sursautait, et elle tournait la tête dans tous les sens à s'en broyer les cervicales.
-Calme toi Helga, tu me stresses à t'agiter ainsi, soupira son amie agacée.
-Et toi tu devrais être un peu plus sur tes gardes, lui répondit la jeune rousse, vexée avant de se coller à son amie, agrippant de ses mains les pans de sa robe.
Elles avancèrent ainsi durant de longues et interminables minutes. Il leur semblait entendre de l'eau goutter à rythme régulier, mais l'écho qui répondait à chacune d'entre elles les empêchait d'identifier son lieu d'origine. Elles tournèrent à gauche, puis à droite, puis de nouveau à gauche avant de déboucher sur un long corridor rempli de pièces plus lugubres les unes que les autres. Au fur et à mesure de leur progression, Helga ressentit de plus en plus irrépressible envie de s'enfuir de ce lieu tandis que Rowena voulait aller toujours plus loin afin d'en découvrir davantage. Non qu'elle ne soit pas elle-même complètement terrifiée, loin de là, mais sa soif de savoir annihilait momentanément la peur qui lui broyait les intestins.
Rowena s'arrêta soudainement et détourna le regard, réprimant un haut-le-coeur. A ses côtés, Helga poussa un petit cri, parcourant du regard l'immense salle. Malgré la quasi-obscurité du lieu, les deux jeunes femmes distinguaient nettement le carnage qui y régnait. Sur le plafond, dont plusieurs morceaux manquaient, étaient suspendues de lourdes chaînes en acier rongées par la rouille et le sang, certaines d'entre elles maintenant encore fermement les squelettes d'anciens prisonniers. Sur le sol, d'autres ossements étaient éparpillés, comme si ils avaient été négligemment lancés du toit. Une odeur putréfiante leur firent tourner la tête, et Rowena enveloppa le nez de sa fille dans son lange, tout en s'assurant qu'elle ne s'étouffe pas avec. La fille Serdaigle continua sa route. Maintenant qu'elles étaient ici, et malgré la répugnance qu'elle pouvait avoir pour le lieu, il était hors de question de faire machine arrière. Peut-être découvriraient-elles des trésors cachés? Des livres anciens remplies de la richesse d'un peuple aujourd'hui éteint? Non, Rowena ne pouvait décemment pas abandonner maintenant.
Helga, quand à elle, ne pensait plus qu'à fuir ce lieu maudit. Tout ici la révulsait, et elle dut faire un effort colossal pour ne pas laisser couler ses larmes. Partout où elle posait les yeux, elle ne voyait que ruines et désolation. Des barreaux en fer étaient pliés devant certaines cellules, tandis que pour d'autres, ils avaient tout bonnement disparus. De la moisissure envahissait les murs, et Helga pouvait distinguer sur certains squelettes leur crâne brisés en plusieurs morceaux. Est-ce que des dragons pouvaient faire une chose pareille ? N'étaient-ils pas censés se contenter de tout brûler sur leurs passages ? Et si les dragons n'étaient pas les seuls à être passés par ici ? Et si d'autres créatures, plus puissantes, plus grandes, plus cruelles, étaient à l'origine de ce massacre si...barbare ? Doucement, l'idée faisait son chemin dans le crâne de la jeune femme. Et à force d'éluder les possibilités, une seule lui resta en tête. Évidente. Terrifiante.
-Des géants, murmura Rowena faisant écho aux pensées d'Helga.
Les deux jeunes femmes se regardèrent, interdites. Leurs pensées se rejoignant, se connectant. Des géants. Ce carnage avait été fait par les géants. Mais pourquoi? Et surtout, où étaient-ils désormais? Elles n'avaient croisées aucun squelette de ces créatures. Et puisque les géants n'étaient pas du genre à s'occuper de leurs morts, cela signifiait qu'ils avaient remportés la bataille sans subir aucunes pertes. Les géants pouvaient aujourd'hui être n'importe où. Mais une chose était sûre. Ils avaient bel et bien quitter ce lieu et ses environs. Ces créatures mesurant parfois jusqu'à huit mètres...Il était difficile de ne pas les remarquer. Hors, Rowena n'avait vu aucune forme ressemblant de près ou de loin à un géant, elle en était convaincue. Sur cette pensée réconfortante, la jeune mère adressa un sourire rassurant à son amie avant de passer son bras autour de ses épaules. Helga posa sa tête contre elle et posa son regard sur la petite qui dormait paisiblement, fermement maintenue par le bras de sa mère. Les deux jeunes femmes reprirent leur exploration d'un pas lent, sans échanger un seul mot. Elles n'en avaient pas besoin. A ce moment-là, elles se comprenaient juste en échangeant des regards.
-Tout ça, c'est entièrement ta faute ! s'égosilla Salazar en tournant comme un dragon en cage, si tu ne réfléchissais pas toujours avec ton estomac...
-Ma faute ? Le coupa Godric avec un calme olympique, ma faute ? Voyez-vous ça ! Si tu n'étais pas toujours à dire des choses complètement absurdes ou à te vexer pour un rien, on n'en serait pas là. Quoi qu'il en soit, maintenant, il va falloir les retrouver. En espérant qu'elles ne soient pas trop loin, et surtout, qu'elles soient restées ensemble.
Salazar ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma aussi sec. Si imaginer Helena et Rowena seules dans ce lieu inconnu le stressait légèrement, imaginer Helga seule lui était intolérable. Ho bien sur, il savait que la jeune femme saurait se défendre en cas de problème. Elle était une excellente mage et maîtrisait son don à la perfection. Il lui était même déjà arrivé de se faire battre par la jeune femme lorsqu'ils s'amusaient à se provoquer en duel, mais ne pas savoir ce qui se passait, ne pas pouvoir garder un œil sur elle et surtout ne pas pouvoir intervenir en cas de problème lui mettaient les nerfs à vif.
Ils avancèrent en silence. Godric jetait de temps à autre des regards inquiets à son ami, comme si il s'attendait à le voir exploser à tout instant. Il n'était pas dupe, et il comprenait parfaitement l'angoisse qui lui tiraillait l'estomac, mais Godric avait la tête sur les épaules. Et même si lui aussi commençait à vraiment s'inquiéter, il savait aussi qu'il devait garder son sang froid si il voulait avoir une chance de retrouver les jeunes femmes rapidement.
Les couloirs qu'ils parcoururent étaient atrocement vides et silencieux. Les pièces qu'ils croisèrent étaient toutes plus lamentables les unes que les autres. Des literies étaient renversées, lacérées ou tâchées de sang, parfois même les trois en même temps. Des restes de squelettes étaient éparpillés ici et là et Godric reconnu même l'os d'un doigt à côté de celui d'une jambe.
La luminosité diminuait de plus en plus, si bien qu'au bout d'un moment, plisser les yeux ne servaient plus à rien. Salazar soupira avant rapprocher ses doigts, les entrecroisant, les décroisant, et les claquants dans une multitude de signes effectuées à une vitesse quasi hors-norme, tout en marmonnant des paroles dans un dialecte des temps anciens. Au bout de plusieurs minutes, une flamme d'un bleu étincelant apparu au creux de ses mains. Doucement, Salazar écarta ses mains, fronçant les sourcils dans un ultime effort de concentration. La flamme resta en place, crépitant tranquillement, redessinant les murs autour des deux garçons.
-Si seulement ma baguette n'avait pas été brisé...maugréa le fils Serpentard en regardant danser le feu face à lui.
Depuis que Daxwell, le fabricant de baguettes, s'est fait décapité, le quatuor avait cherché avec désespoir un autre fabriquant, mais sans succès. Bien sûr, l'utilisation d'une baguette n'était pas indispensable pour utiliser la magie, mais elle avait l'avantage de canaliser la puissance de son utilisateur en elle, et grâce à sa composition, les sortilèges lancés étaient nettement plus puissants et plus précis. Malgré tout, Salazar se débrouillait très bien en magie corporelle, et avec un peu d'entraînement, il pourrait devenir le meilleur de toute sa génération.
-Estime-toi surtout heureux d'avoir un talent inné, lui répondit Godric avec agacement, j'ai essayé l'autre jour de faire apparaître de l'eau et tout ce que j'ai réussi à faire fut une goutte au bout de mon doigt...
Du moins, c'est ce que le jeune Gryffondor croyait jusqu'à ce qu'une pluie torrentielle s'abatte sur lui, lui faisant réalisé du même coup qu'il n'y était pour rien dans l'apparition de cette goutte d'eau. Mais par fierté, le jeune homme préférait s'en tenir à la version de sa première impression. C'était bien plus encourageant que la vérité. Et puis, ce petit mensonge ne faisait de mal à personne et lui permettait ainsi d'avoir la paix. Si Salazar savait qu'il avait lamentablement échoué, il ne le lâcherait plus avec ça. Alors qu'en lui faisant croire qu'avec un peu d'entraînement il pourrait vite arriver à sa hauteur ou le dépasser, Saly gardait ses railleries pour lui, et tout le monde était content.
Les deux garçons s'arrêtèrent devant une large porte au bout du couloir. Cette dernière semblait intact, comme si les dommages du temps ou de l'attaque n'avaient eu aucun effet sur elle. Godric et Salazar échangèrent un regard méfiant, et tandis que l'un d'eux levait sa baguette bien haut, l'autre se préparait déjà mentalement à un enchaînement complexe pour lancer un sortilège de protection.
-Alohomora !
A peine la formule prononcée par Godric que la porte s'ouvrit dans un grincement sonore. Le jeune homme entra prudemment, suivi de près par son ami. A peine eurent-ils fait deux pas que Salazar se senti happé vers le sol. Heureusement pour lui, Godric, dont les réflexes n'étaient plus à prouver, lui attrapa fermement le bras et l'aida à se hisser à ses côtés. Salazar le remercia d'un signe de tête, déglutissant et prenant de longues inspirations afin de calmer la cacophonie qui régnait en maître dans son thorax. Lançant des sortilèges afin de vérifier si ils rebondissaient, Godric avança pas à pas sur ce sol incertain, suivi de près par Salazar qui tentait de mettre ses pieds à l'endroit exact où ceux de son ami étaient auparavant. Ils avancèrent ainsi durant de longues minutes, et, après ce qui leur parurent une éternité, Salazar se retourna afin d'évaluer la distance qu'ils avaient parcouru.
-Ho non mais c'est pas vrai ! s'exclama-t-il dans un gémissement.
Ils avaient à peine parcourut dix mètres, alors qu'il leur semblait marcher depuis des heures. Perdant patience, Godric accéléra l'allure. Peu lui importait les pièges. Il voulait découvrir ce que cachait cette salle, et il le fera quoi qu'il en coûte. Le jeune homme se senti soudainement tirer en arrière, tandis qu'une hache s'abattait à l'endroit exact où il se trouvait une seconde auparavant. Face à lui, à la lueur de la flamme, se dessina alors une vieille armure ensorcelée. Cette dernière s'avança de nouveau vers lui, relevant dangereusement sa hache au-dessus de sa tête. Godric réfléchissait à un moyen de s'en sortir. Si seulement il savait où mettre les pieds sans danger. Mais Salazar était plus réactif. Le jeune homme relâcha le col de son ami et lui arracha sa baguette des mains avec l'intention de pétrifier la créature. Malheureusement, la baguette n'obéit qu'à celui qu'elle choisit, et plutôt que de lancer le sortilège de pétrification, un immense jet de flamme en sorti, touchant l'armure de plein fouet et la projetant en l'air. Cette dernière retomba lourdement vers le sol, mais, au lieu de se fracasser dans un capharnaüm de tous les diables, elle continua sa chute à travers le sol. De longues minutes s'écoulèrent avant qu'un faible écho, signe d'un impact imminent, ne parvienne à leurs oreilles. Réprimant un frisson, Godric récupéra sa baguette.
-Merci, murmura-t-il à son ami qui le regarda avec froideur.
-La prochaine fois, regarde où tu marches imbéciles, lui répondit Salazar, plus énervé que jamais.
Sans attendre sa réponse, le jeune homme reprit son avancement, pas à pas, avec une patience dont lui-même ne se serait jamais cru capable d'avoir. Il lui devenait urgent de quitter cet endroit au plus vite, mais sans les filles, ce n'était même pas envisageable. Il pensa un instant à transplaner à l'extérieur des ruines, mais oublia bien rapidement cette idée. Si les filles étaient séparées et que l'une d'elle avait perdu sa baguette, jamais il ne pourrait la retrouver si il devait refaire toute la route...Et puis, Salazar devait bien se l'avouer, il serait bien incapable de retrouver le chemin qu'ils avaient pris. Non. Ils n'avaient pas le choix de continuer. Continuer d'avancer en priant Merlin pour tomber rapidement sur elles.
Une vive douleur le sorti de ses pensées. Grimaçant, Salazar se pencha sur l'énorme caillou responsable de son malheur. Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'il aperçut un crapaud couvant un petit œuf brun, bien cachés sous son agresseur rocailleux. Le crapaud croassa en le regardant avec défi avant de lui sauter dessus. Le jeune Serpentard eut un mouvement de recul et regarda l'animal disparaître dans l'immensité noire en-dessous de lui.
-Un basilic...
Salazar sursauta en entendant la voix de son ami. Godric se tenait au-dessus de l'oeuf et le regardait d'un air grave. Doucement, il l'attrapa entre ses doigts et l'observa avec un mélange de fascination et de crainte. Le jeune serpentard, le voyant faire, ressenti un fort déferlement de violence dirigée contre son ami de toujours. En quelques pas, il réduisit la distance les séparant et récupéra l'oeuf d'un mouvement brusque.
Godric, surpris par la violence de son geste, le regarda faire. Quelque chose dans le visage de son ami ne lui inspirait pas confiance. Pour la première fois, Godric ressenti de la crainte. Oui, Salazar lui inspirait la peur. Ces yeux terriblement sombre, protecteur envers cette chose capable de tuer d'un seul regard...
-Tu ne comptes pas le garder, n'est-ce pas ? Lui demanda-t-il à demi-mot, espérant que son ami le rassure.
Salazar, fasciné par la créature grandissant dans cet œuf, imprégné des sentiments et des pensées qu'elle lui envoyait, mis quelques instants avant de daigner accorder son attention à Godric. Lentement, il tourna la tête vers lui et lui lança un regard innocent et tellement enfantin que Godric senti son estomac se contracter douloureusement, ne pouvant s'empêcher d'imaginer le pire. Cet œuf était-il une bénédiction ? Ou signait-il le début de la fin ?
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