Chapitre 1
La forêt était calme. Trop calme aux yeux de Godric qui ne cessait de tourner la tête dans tous les sens. Le jeune homme à la chevelure or gardait constamment la main sur le manche de son épée, prêt à dégainer. Une branche craqua non loin de lui. Son sang se glaça et le jeune homme se figea, tendu comme un arc, à l'affût du moindre bruit.
-Taisez-vous ! Ordonna-t-il alors que les rires de ses trois comparses lui vrillaient les tympans.
Godric savait qu'il les avait certainement agacé avec son ton autoritaire, mais peu lui importait. La forêt était de nouveau calme. Seuls le vent et le chant des oiseaux venaient perturber le silence environnant. Avait-il rêvé ? Non. Impossible. Son ouïe ne le trahissait jamais. Il y avait quelque chose dans cet forêt. Quelque chose, ou quelqu'un, qui ne souhaitait pas être vu. Son instinct ne le trompait jamais.
-Qu'est ce qui t'arrive God' ? Souffla Salazar avec mauvaise humeur, ne me dis pas que tu entends des voix ? Non parce que si c'est le cas, on ne pourra rien faire pour toi l'ami. Tu sais bien que...
-Tais toi Saly ! Gronda le jeune homme en plissant les yeux, j'ai entendu quelque chose.
-On est dans une forêt Godric, commença Rowena avec sagesse, il y a forcément des animaux qui vagabondent, des branches qui craquent...Si on s'arrête à chaque brindille se faisant chatouiller par le vent, on n'arrivera jamais aux ruines.
-Rowy a raison, enchaîna Helga en lançant un regard à son amie, gardons un œil vigilent, mais continuons notre route.
Se furent certainement les paroles plus sages et les plus censées qu'elle leur ait donné jusqu'à présent, et Godric ne pouvait la contredire. Ils reprirent leur route dans un silence de plomb. Chacun essayant de déceler un bruit anormal à travers les sons que leur offrait la forêt.
Ils arrivèrent rapidement devant les ruines. Ce qui semblait être un grand château auparavant n'était plus qu'un champ de bataille abandonné. Quelques squelettes gisaient contre des pierres fracassées, des morceaux d'épées carbonisés jonchaient l'herbe qui reprenait doucement ses droits. Quand est-ce que cette bataille avait eu lieu ? Les quatre sorciers l'ignoraient, mais de toute évidence, les vainqueurs n'avaient pas jugés l'endroit assez acceptable pour se l'approprier.
-Des moldus ? Ou des sorciers ? Murmura Rowena en prenant entre ses doigts une roche calcinée.
-Qui que se soit, ils ont été assez fou pour essayer de se confronter aux dragons, lui répondit Salazar en haussant les épaules.
-Des dra..dragons ? Couina Helga en observant machinalement le ciel.
-Bien sûr, continua le jeune homme, quoi d'autre pourrait ravager ainsi un tel lieu ?
-Qui que se soit,on peut lui dire merci, lança Godric avec un large sourire avant de continuer devant l'air choqué des deux jeunes femmes, désormais nous avons un lieu pour mener à bien notre...mission.
Les trois autres regardèrent autour d'eux, l'idée faisant doucement son chemin dans leurs esprits. Oui, ils avaient désormais un lieu. Mais leur projet allait mettre un temps énorme avant de voir le jour. Il leur fallait partir de rien. Et même encore moins que de rien. Tout était à refaire. Mais par où commencer ? Tandis que les filles imaginaient déjà des fêtes somptueuses pleines de magie, Salazar s'éloigna du groupe afin de mesurer l'étendu du travail à accomplir. Face à lui, un petit serpent à sonnette se dandinait, le fixant de son regard perçant.
-Que veux-tu, toi ? Siffla Salazar, agacé par l'insistance de ces créatures à toujours vouloir le suivre.
-Juste donner un coup de main, mon seigneur, siffla l'animal en ondulant doucement vers lui.
-Mon seigneur, ricanna le jeune homme, cesse donc tes flatteries. Comment comptes-tu nous aider à reconstruire ce lieu ?
-Je ne le puis, votre seigneurie, minauda l'animal en se redressant face à Salazar, mais je peux vous guider dans votre exploration. Je connais des passages. Je peux vous les montrer.
Salazar fronça les sourcils, se demandant si il pouvait avoir confiance en lui. Jusqu'à aujourd'hui, les animaux lui avaient toujours voués une grande fidélité, surtout les serpents avec qui il partageait le même langage, mais jamais aucun n'avait été si entreprenant avec lui. Malgré tout, sa curiosité le poussa à accepter sa proposition. Lui ordonnant de rester là, Salazar se redressa et alla chercher ses compagnons d'un pas rapide.
-Un serpent t'a proposé d'être notre guide ? Demanda Godric pour la troisième fois, d'un air dubitatif.
-Tu comptes me le demander encore combien de fois ? Cesse donc tes questions stupides et accélère le pas, lui répondit son ami avec agacement.
Salazar et Godric avançaient d'un pas rapide tandis que les filles, moins enthousiastes à l'idée de se balader à travers des sous-terrains humides et certainement dangereux, traînaient des pieds derrière eux, préférant gazouiller au-dessus de la tête d'Héléna afin de lui arracher sourires et éclats de rire.
-Suivez-moi, siffla le serpent dont seul Salazar compris les paroles.
En entendant le sifflement menaçant de la créature, Helga se recula d'un pas tandis que Rowena resserra ses bras sur sa fille. Godric, quand à lui, regardait l'animal d'un air absent, se demandant une nouvelle fois si cette idée n'était pas complètement folle. Toutefois, Salazar semblait sûr de lui, et alors qu'il s'engouffrait le premier à la suite du serpent, Godric poussa un soupire de résignation. Advienne que pourra ! De toute manière, il leur aurait fallu y entrer à un moment ou à un autre. Et avec le serpent, ils avaient cinquante pour cent de chance de ne pas se perdre et d'en ressortir vivant...C'était toujours cinquante pour cent de plus que si ils avaient été seuls.
Le chemin était long et étroit, si bien que les quatre amis avançaient difficilement, serrés les uns contre les autres. Le serpent, quand à lui, ouvrait la marche, glissant rapidement contre les pierres. Parfois, il se stoppait et regardait en arrière, attendant patiemment que ses visiteurs le rejoignent. Depuis leur entrée dans le souterrain, il n'avait plus adressé un mot à Salazar, préférant écouter d'une oreille attentive leur conversation. D'après ce qu'il comprenait du langage des hommes, les quatre sorciers souhaitaient s'établir ici et y créer une école. Qu'est-ce donc qu'une école? Bien que le serpent n'en sache rien, il était assez intelligent pour comprendre que bientôt, beaucoup de personnes parcourraient ces ruines où il venait chasser pour nourrir ses petits. Il allait devoir trouver un nouveau terrain de chasse. Tel était la loi de la nature.
Durant un instant, il songea à les perdre dans le labyrinthe qu'était ces souterrains. Ainsi, il n'aurait pas à quitter son domaine. Ainsi, il pourrait reprendre sa vie comme il l'avait commencé. Mais quelque chose l'en empêchait. Pour la première fois, l'animal au sang froid senti un frisson lui parcourir le corps. Il se retourna et leva les yeux vers l'humain capable de comprendre sa langue. Ce dernier le regardait avec insistance, un léger sourire s'étirant à la commissure de ses lèvres. Et si ce dernier pouvait paraître amical, cette idée quitta bien vite les pensées du reptile quand il croisa son regard. Ses yeux étaient tout sauf amical. Il pouvait y voir un mélange de défis et de...cruauté? Avait-il la faculté de lire dans ses pensées? Impossible! Rien que le fait qu'il puisse le comprendre relevait du miracle. Le reptile se retourna, se hâtant de reprendre sa route. Ce n'était peut-être pas si impossible que cela après tout. Durant le reste du trajet, il se concentra alors sur le chemin à prendre, évitant de songer de nouveau à les trahir.
-Je nous y vois déjà, s'exclama Helga détournant momentanément l'attention de Salazar, tu imagines un peu ! Tous ces enfants qui pourront développer leurs aptitudes sans craintes !
-Mais serons-nous capable de garantir l'éducation de toutes ces personnes ? s'inquiéta Godric en fronçant les sourcils, comment ferons-nous pour faire venir les jeunes sorciers du monde entier ? Je ne me fais pas trop de soucis pour ceux ayant déjà des parents maîtrisant la magie, mais pour les autres ? Pour ceux qui naissent dans les autres familles ?
-Tu veux parler des familles moldus ? Oui, c'est délicat, acquiesce Helga dont le sourire se dissipa au profit d'une mine songeuse, il faudrait aller les chercher nous-mêmes, ou recruter quelqu'un qui se chargera de cela. On ne peut décemment pas les laisser sans protection. Peut-être devrions-nous...
La jeune femme fût coupé par un ricanement et tourna la tête vers Salazar. Le jeune homme les regardait avec un certain dégoût, comme si les paroles d'Helga étaient une abomination. Ce qui était le cas, du moins dans l'esprit du jeune homme. Comment pouvait-elle songer à offrir protection et savoir aux enfants de ceux mêmes qui essayaient de les tuer ? Que Godric ait ce genre de pensées, Salazar y était habitué. Son meilleur ami était idéologiste et un brin inconscient. Mais comment Helga pouvait cautionner de telles fantaisies ? C'était d'un ridicule. Quelque part, le jeune homme se sentait blessé. Il aurait aimé que sa compagne partage ses idées plutôt que celles de Godric. Il avait déjà eu plusieurs fois l'occasion de voir qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes, et même si par moment la jalousie lui tiraillait le coeur, jamais il ne s'était senti aussi menacé. Que se passerait-il si Godric continuait de mettre de stupides idées dans la tête d'Helga ? Elle qui était si douce, si influençable. Non, Salazar ne pouvait permettre qu'une telle chose arrive.
-Un problème ? Lui demanda Helga, rompant ainsi l'opaque silence qui venait de s'établir entre eux.
-Avant de penser à faire venir n'importe qui dans notre école, expliqua Salazar avec une froideur inhabituelle à l'égard d'Helga, il faut déjà penser à construire le lieu où nous les ferons venir. Et je doute que se soit en tergiversant sur les progénitures de ces...moldus, que nous y arriverons. Et puis, reprend-il avec une pointe de mépris et d'ironie dans la voix, quitte à faire venir leurs enfants, pourquoi ne pas accepter les troll tant qu'on y est ! Je suis sûr qu'avec un peu de volonté ils seraient capable de faire voler eux-même leur massue au-dessus de nos têtes.
-Saly ! Ne commence pas...lui demanda calmement Godric, empêchant Helga de dire quoi que se soit.
Salazar renifla avec dédain, défiant son ami du regard. Durant plusieurs minutes, les deux jeunes hommes se toisèrent ainsi, attendant que l'autre baisse le regard en signe de soumission. Helga se dandinait entre eux, mal à l'aise, leur demandant doucement de cesser leurs enfantillages, tirant le bras de l'un, puis de l'autre. Mais aucun des deux ne lui prêta attention, bien trop concentré dans ce duel de coq qu'ils s'étaient lancé.
-Je veux...non j'exige une grande bibliothèque que nous rempliront de grimoires au fil des siècles !
La voix de Rowena les fit tous les trois sursauter, faisant retomber l'atmosphère électrique qui régnait. Les deux hommes se jetèrent un dernier regard avant de se tourner ostensiblement le dos. Helga, soulagée de pouvoir changer de sujet, acquiesça vivement à toutes les propositions de son amie.
-Il faut préparer les futures générations, et leur offrir un savoir illimité ! Continua-t-elle avec passion, plus nos élèves en sauront sur la magie et le monde, mieux ils pourront se défendre. Je pense que seuls ceux qui seront assez motivés pour apprendre devraient être acceptés.
-Tu as raison Rowy, acquiesça Godric en oubliant momentanément sa querelle, mais il faut aussi que nos élèves soient courageux. Il ne faut pas prendre le risque de dévoiler notre position à un pleurnichard qui révélera notre secret au premier moldu qui agiterait une épée sous son nez !
-Pour une fois, je suis d'accord avec God' soupira Salazar, les bras croisés, le dos appuyé nonchalamment contre la pierre, il faut aussi que cela serve à quelque chose. A mon avis, seuls ceux qui sont prêts à tout pour arriver à leurs fins ont leur place dans notre école.
-Mais vous vous entendez parler tous les trois, gronda Helga les mains sur les hanches, nous parlons d'enfants ! Des enfants qui se font persécutés, tués à cause de leurs pouvoirs ! Je ne suis pas surprise par Godric et Saly, mais toi Rowena je m'attendais à mieux de ta part ! Tu as une fille ! Tu sais ce que cela fait de se dire qu'à chaque instant elle peut disparaître, t'être arrachée ! Et tu...tu serais prête à refuser la protection à tous ceux qui n'arriveraient pas à travailler ?
La jeune femme ouvrit la bouche mais la referma instantanément, honteuse. Ce n'est évidemment pas ce que Rowena voulait dire, mais si elle devait enseigner, la jeune femme ne voulait pas que se soit une perte de temps.
-C'est à nous de leur faire prendre conscience de l'importance de l'enseignement qu'on leur donnera, reprit Helga en les regardant tour à tour. L'important devrait être de leur faire comprendre qu'il leur ait vital de travailler rigoureusement, de prendre au sérieux leur éducation magique. Nous devons ouvrir l'école à toute personne ayant envie de s'améliorer, ayant envie d'être en sécurité et de savoir comment se protéger. Et c'est à nous de leur faire prendre conscience de cela, pas à eux de nous prouver qu'ils sont dignes de notre école ! Ce ne sont que des enfants, je vous le rappelle !
Salazar, ayant quelques points à objecter, ouvrit la bouche. Godric, le voyant faire, posa sa main sur son bras avant d'hocher la tête de gauche à droite. Le jeune Gryffondor savait qu'il ne servait à rien de débattre avec Helga. Elle avait raison, il en avant conscience, même si il n'était pas d'accord sur tout. Et si Salazar commençait à essayer de lui faire changer d'avis, cela mènerait à la catastrophe assurée. Ce dernier se renfrogna et laissa échapper un sifflement. Aussitôt, une dizaine de serpents se faufilèrent entre les pierres afin de se poster face à leur maître.
-Allez vous-en ! Cria le jeune homme, excédé, je ne vous ai pas sifflé !
Il donna alors des coups de pieds dans l'air, espérant faire fuir les créatures au sang-froid, devant le regard étonné d'Helga et celui dépité de Rowena. De son côté, Godric se mordit le poing afin d'étouffer le fou rire qui menaçait d'éclater avant de lancer, à moitié hilare :
-Au moins, grâce à ton don, on aura régulièrement de quoi manger.
Salazar foudroya son ami du regard tandis qu'il tenta de rassurer un bébé serpent le suppliant de ne pas les manger lui et sa maman. Après l'avoir rassuré et s'être enfin débarrassé des parasites, le jeune homme passa une main dans ses cheveux, l'air agacé.
-Comment pourrai-je le manger si il me supplie comme ça aussi, grommela-t-il tandis que son estomac grogna bruyamment.
Le mélange des deux eut un effet immédiat sur Godric, qui, à peine calmé, reparti dans un fou rire incontrôlable, et bien plus bruyant qu'auparavant. Laissant les hommes se chamailler, Helga et Rowena s'éloignèrent en soupirant afin de trouver quelque chose de suffisamment consistant pour leur permettre de tenir plusieurs heures sans éprouver à nouveau la sensation de faim.
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