« Hey girl, open the walls
Play with your dolls
We'll be a perfect family
When you walk away
Is when we really play »

Dollhouse — Melanie Martinez

          Durant le mois qui suivit, Sarah resta en observation à l'hôpital. Son traumatisme s'était aggravé après la visite du plus jeune des Lewis. J'avais appris qu'Andrew s'était suicidé et que la famille était rentrée en Angleterre. J'avais beaucoup de peine pour eux, je n'osais pas imaginer ce qu'ils devaient ressentir, mais mon rôle était de me concentrer sur ma petite princesse. Et William ne lui était d'aucun secours, bien au contraire. Alors je ne les contactai pas, il valait mieux pour elle que je coupe les ponts directement. Je ne parlai donc plus jamais des Lewis, et encore moins d'Andrew, le prononcé de son nom faisant à chaque fois un peu plus mal à mon Antoine. Toute cette histoire était une terrible tragédie. Et, pour s'en sortir, il fallait passer à autre chose, tourner la page.

          Je rendis tous les jours visite à ma nièce, tentant de discuter avec elle. Mais le lien était difficile à entretenir. Elle restait le plus souvent muette, acceptant de parler de temps en temps en présence d'Alex. C'est lui qu'elle semblait reconnaître le mieux. Elle s'apaisait en sa présence.

          Mais quand il n'était pas là, et que je la voyais passer des heures près de sa fenêtre, le regard dans le vide, ça me fendait le cœur. Je la revoyais là, dans les bras d'Antoine. Il avait été formidable avec elle, elle avait fait tellement de progrès en sa présence. Je regrettais tellement qu'il n'ait plus le droit d'aller la voir. Et il se sentait tellement mal. Tous les soirs, il venait à la maison pour me demander comment elle allait. Il était au petit soin, même à distance. Et ça me rassurait un peu, parce que je savais qu'il serait là pour elle à sa sortie, qu'elle pourrait compter sur un extérieur, quelqu'un d'autre que son frère et moi. Ce serait plus sain pour elle. Ma petite poupée, si fragile, elle avait tellement besoin d'amour.

          En attendant, je lui transmettais les messages d'Antoine, tous les jours. Je lui parlais de lui tous les jours, comme je l'avais promis. Et je la surprenais parfois à sourire, en écoutant mes histoires. Mais je ne savais pas si elle se souvenait de lui, elle ne semblait plus se rappeler, comme si les événements présents s'effaçaient de son esprit au fur et à mesure.

           Plus le temps passait, plus sa bonne humeur revenait. Elle semblait petit à petit retrouver celle qu'elle avait été. Ses souvenirs semblaient se reconstruire légèrement, au fil du temps.

          La dernière semaine de son hospitalisation, elle me parla de ses parents. Elle me raconta comment ils étaient morts, me parla de l'accident de voiture, d'un flash information. Elle avait mal, mais cette douleur semblait plus légère, normale. Elle ne semblait plus, sur la fin, se souvenir qu'elle avait, elle-même, eu un accident. Quand elle rentra enfin à la maison, elle avait tout oublié. Elle ne se rappelait que quelques souvenirs embrouillés de ses parents, de son frère, de moi et, grâce à mes nouvelles quotidiennes, d'Antoine. Les médecins nous demandèrent de ne pas la contredire, de la laisser se reconstruire, de la laisser se refaire des souvenirs mêmes s'ils étaient faussés. C'est son esprit qui tentait de la protéger de ce qui était trop dur à supporter. Ça ne servait à rien de la relancer sur son accident, son amnésie, cela risquait de faire remonter ses traumatismes à la surface. Ça aurait été comme réveiller un somnambule en pleine crise. L'esprit est quelque chose de très fragile, lui parler de ce qui s'était passé ne ferait que provoquer chez elle un choc émotionnel puissant. Le mieux était donc de la laisser reprendre sa vie doucement. Nous acceptâmes donc de corroborer ses histoires et la laissâmes, à son rythme, reprendre sa vie comme si cette journée du 28 septembre, et tous les tragiques événements qui en avaient découlé, n'avaient jamais existé. 

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Les lignes courtes peuvent vouloir dire de longues choses.

Qu'avez-vous pensé de ce passage dans l'esprit de Noémie ?

Lily <3