Leçon n°1 : Attirer dans les filets


J'entre dans le club aussi facilement que chez moi. Les portes s'ouvrent généralement sur mon passage et ma beauté m'alloue toutes les attentions des hommes. Mais je n'en ai pas besoin. Une règle dans ma famille : se suffire à soi-même, ne jamais dépendre de quelqu'un pour subsister. Mon train de vie, j'en bénéficie uniquement grâce à moi et à mes placements judicieux qui me permettent de vivre sans me soucier du lendemain.

Je suis dans ce club londonien dans un but bien précis et rien ce soir ne pourra me distraire de ce que j'ai en tête.

Le propriétaire de cet endroit a une réputation. Celle d'être un homme puissant, riche, influent, particulièrement séduisant et sulfureux.

Aujourd'hui, Connor Evans est ma proie, et bien que cela puisse me faire passer pour une femme suffisante, je vais planter la petite graine du désir dans son esprit puis le rendre fou de moi sans qu'il ne s'en rende compte.

Dans ma robe rouge et mes talons aiguilles noirs de grande marque, je traverse le club aussi dignement que la reine et me dirige droit vers le carré VIP. Le videur me laisse passer, moi et ma cour, sans poser de questions. On me laisse toujours passer. Pas d'interrogatoire, pas de carton d'invitation. Mon assurance et surtout mon nom, inspirent la crainte et le respect. Peu de personnes influentes à Londres ignorent qui est ma famille et beaucoup me vénèrent.

Je m'installe à une table, suivie de près par ceux qui m'accompagnent. Pas des amis, juste des gens qui se plient en quatre pour attirer mes faveurs. Je n'ai pas d'amis. C'est une faiblesse que je ne m'autorise pas. Hors de question de m'attacher à qui que ce soit. Comme pour le côté financier, je ne dois dépendre que de moi. Cela m'évite de souffrir inutilement, de perdre mon temps avec des personnes qui n'en ont qu'après mon argent et de pouvoir agir sans scrupules.

Je commande plusieurs bouteilles de champagne, parce que c'est l'alcool le plus cher ici et lorsque vous souhaitez intriguer et faire baisser les voix sur votre passage, l'image que vous montrez aux autres est quelque chose que vous devez contrôler parfaitement.

Jason, mon bras droit, plus amoureux de moi qu'un chien de son maître, me donne un léger coup de coude pour attirer mon attention. D'un signe de tête, il m'indique l'endroit où se trouve Connor Evans, lui aussi entouré de sa cour. Enfin de son poulailler, devrais-je dire... Je remercie Jason en saisissant son menton entre mes doigts aux ongles parfaitement manucurés et lui caresse les lèvres du bout de la langue. Il essaye d'aller plus loin en tentant de m'embrasser, mais je le force à détourner le visage.

― Pas ce soir, grondé-je contre sa joue.

Il opine du chef et dévie pour ne plus être dans la zone délimitée de mon intimité.

Connor a une jeune femme très dévêtue sur les genoux. Elle ondule d'une façon qui manque cruellement de classe. Elle est jolie, sexy et en d'autres circonstances, je me serais certainement amusée à la rendre fébrile et suppliante sous mes caresses, mais pas ce soir. Connor n'a pas encore remarqué ma présence. Ceci dit, ce n'est qu'une question de temps. Je suis patiente et surtout très sûre de moi.

Comme s'il avait senti mon regard sur lui, ses yeux s'ancrent aux miens, happés par l'attraction que je lui inspire. Il plisse légèrement les paupières, essayant de se remémorer qui je suis. Il ne m'a jamais vue, ça, je le sais. Mais j'ai déjà gagné, j'ai titillé sa curiosité.

Il a une carrure impressionnante. Sa chemise met en valeur son torse sculpté. Ses manches relevées dévoilent les tatouages de ses bras qui vont jusqu'à ses mains. Ses cheveux coiffés en arrière nous laissent libre loisir de contempler son visage anguleux. Un nez droit, des lèvres pleines et charnues dans lesquelles il semble plaisant d'y planter ses dents, des yeux gris clair, froids et profonds. Un regard calculateur et hypnotique. Il est trop superbe pour être innocent. Un briseur de cœurs en série avec lequel je vais m'amuser, bien plus que je ne l'aurais cru, car je mentirais en disant qu'il n'allume pas une certaine chaleur en moi. Seulement cela attise encore plus la folie de mon esprit tordu. Il va falloir que je fasse preuve de prudence pour ne pas me perdre dans les méandres de sa beauté. Il est aussi dangereux pour moi que je le suis pour lui. L'avantage que j'ai, c'est que lui ne le sait pas.

Je lui souris puis retourne mon attention sur mon groupe.

Jason, qui n'a manqué aucune miette de mon bref échange avec l'adonis, maître de ces lieux, se lève en entraînant avec lui Melinda, une de mes précieuses brebis, qui se languit de lui depuis des mois. Elle me jette un coup d'œil pour me demander l'autorisation de le suivre. Je hoche légèrement le menton avec un sourire en coin, scrutant le moindre de leurs mouvements. Si Jason croit une seule seconde me rendre jalouse, il perd son temps. L'unique chose qu'il peut éventuellement réussir à faire, c'est me distraire. J'aime contempler Melinda quand elle prend du plaisir. Elle est si expressive qu'elle peut m'exciter rien qu'en la voyant entrouvrir les lèvres pour soupirer de satisfaction. Jason va sûrement se rendre compte à quel point il a été stupide de refuser les avances de la jolie blonde, si douce et si gentille.

Ils se dirigent vers la piste de danse et entament une chorégraphie très lascive. Ils sont sexy et je pense que je vais sans doute les observer ce soir pendant que Jason lui fera l'amour. J'adore regarder. Cela satisfait mon penchant pour le pouvoir. J'aime avoir le droit de m'asseoir dans le canapé qui fait face au lit dans lequel j'accueille mes convives et me délecter de leur plaisir.

Le reste du groupe finit par les rejoindre et je me retrouve seule sur la banquette, veillant sur mon petit univers, et surtout offrant une porte ouverte pour Connor Evans d'obtenir un premier contact avec moi. Je fais particulièrement attention à ne pas me tourner vers lui. Je sais qu'il va venir.

Cela ne manque pas.

Connor s'installe à côté de moi en déposant son verre de scotch sur la table. Sa cuisse frôle la mienne, sa voix suave me salue. J'ai affaire à quelqu'un de ma trempe et cela me plaît.

― Bonsoir.

― Bonsoir, Monsieur Evans, réponds-je.

Le flatter en lui montrant que je suis au fait de qui il est. L'intriguer encore plus en insinuant le doute en lui sur la probabilité que nous nous connaissions ou pas.

― On s'est déjà rencontré ? me demande-t-il.

― Pas à ma connaissance.

― Votre visage m'est familier pourtant.

Ça, je veux bien le croire.

― Megan Anderson, la fille de Gerald Anderson, me présenté-je en lui tendant la main.

Un arc électrique traverse ses iris.

― Et la sœur de Charlie, ajoute-t-il en se saisissant de ma paume.

― Si vous connaissez mon frère, c'est que vous trempez dans des affaires pas très nettes, raillé-je.

Il porte ma main à sa bouche pour y déposer un baiser. Ses lèvres sont douces et chaudes et en quelques secondes, j'ai très envie qu'elles soient sur une autre partie de mon anatomie. Cet homme maîtrise à la perfection son effet sur les femmes. Je suis sous le charme, mais pas seulement de sa beauté. Son contrôle et sa conscience de lui-même me rendent fébrile.

― Je suis le propriétaire de ce lieu très prisé. Je connais beaucoup de monde. Que venez-vous faire dans mon club, Megan ?

― Me distraire avec mes amis. Cet endroit a une excellente réputation dans le domaine du divertissement nocturne londonien.

― Alors, pourquoi ne pas être venue avant ?

― Pour le suspens.

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. Il prend une mèche de mes cheveux entre ses doigts et la place derrière mon oreille. Il se penche vers moi, glissant sa main sur ma cuisse par la même occasion.

― J'aimerais que nous fassions plus ample connaissance. J'ai une pièce privée derrière. C'est plus... intime.

Je passe mes bras autour de son cou et m'incline à mon tour vers lui, frôlant sa peau jusqu'à son lobe de mes lèvres. Ses doigts s'engagent plus haut vers mon entrejambe.

― Sachez, Monsieur Evans que je ne suis pas une de ces prostituées que vous avez pour habitude de pencher sur le divan de cette fameuse pièce où vous m'invitez.

Sa main se crispe sur ma cuisse.

― J'ai d'autres projets pour ce soir, soufflé-je.

Connor se recule pour me scruter, un rictus sur le visage.

― J'espère que le chanceux qui vous déshabillera cette nuit saura profiter de votre beauté.

Je me lève, laissant à mon adonis le loisir d'admirer mes jambes à peine couvertes par ma robe courte.

― Qui vous dit qu'il sera seul ? rétorqué-je en lui faisant un clin d'œil.

La surprise prend possession de ses traits pendant une fraction de seconde, avant de se transformer en une lueur incandescente. Je ris en m'éloignant.

― Bonne soirée, Monsieur Evans.

***

La sonnette de la porte d'entrée retentit, me sortant de mon sommeil. Je jette un œil au réveil et me rends compte qu'il est encore tôt, trop tôt.

La seule personne capable de me réveiller de si bonne heure un dimanche matin est ma mère. Je me délivre des bras et des jambes de Jason et Melinda que j'ai rejoints hier soir afin de soulager la frustration sexuelle qu'a générée Connor. J'enfile un déshabillé en satin et descends l'escalier tranquillement.

― Madame Anderson, supplie Judith mon employée de maison, votre fille dort encore. Elle est sortie hier et est rentrée très tard. Je pense que vous devriez revenir cet après-midi.

― Mais qui êtes-vous pour me dire ce que je dois faire ? s'offusque ma mère. Vous feriez mieux de surveiller la façon dont vous me parlez si vous ne voulez pas que je vous fasse virer.

Ahhh, ma mère et sa fausse autorité. Il serait préférable pour elle de tenir mon père de cette façon, plutôt que de se venger sur les personnes qui ne peuvent pas se défendre.

― Maman, interviens-je. Tu menaceras mon personnel quand tu le paieras.

Je pose une main sur l'épaule de Judith.

― Ça ira, Judith. Merci d'avoir essayé de contrôler la bête.

Ma mère écarquille les yeux, choquée que je puisse parler d'elle de cette manière. Ma salariée se presse de débarrasser le plancher en baissant la tête.

― Qu'est-ce que tu veux ? demandé-je à ma génitrice.

― J'aimerais que tu viennes dîner à la maison ce soir. Tu es revenue il y a deux semaines et tu ne nous as toujours pas rendu visite à ton père et moi.

En fait, j'ai rendu visite à mon père déjà trois fois, mais ça, elle l'ignore.

― De plus, je suis sûre que si tu viens, Charlie pointera le bout de son nez. Il esquive tous les repas que j'organise.

― Peut-être parce qu'il ne veut pas y aller.

Mon ton est tranchant, mon regard sévère. Ma mère est une personne faible qui devrait demander le divorce pour aller faire sa vie ailleurs. Mais elle préfère vivre l'enfer de peur de ne plus voir ses si précieux enfants qui ressemblent trop à leur père. Elle a conscience que si elle quitte papa, elle nous quitte également. Elle ne sait pas que si elle le faisait, elle obtiendrait toute mon admiration.

― Oh, je t'en prie, Megan ! Viens, s'il te plaît.

― Un autre jour. J'ai du sommeil en retard. On m'a réveillée ce matin.

― Megan !

― Un autre jour, j'ai dit !

Mon ton est ferme et catégorique. Je remonte les marches et arrête mon ascension pour lui notifier :

― La prochaine fois, envoie-moi un message ou appelle-moi. Je ne suis pas seule et je n'ai pas envie que mes invités tombent sur toi.

Je la laisse, blanche comme un linge, digérer le venin que je viens de lui jeter à la figure.

Si je suis cruelle avec elle c'est parce qu'elle n'a jamais fait preuve d'amour maternel envers Charlie et moi. Elle a toujours préféré Alyssa à nous. Cette dernière était la fille qu'elle avait eue d'un précédent mariage et n'est aujourd'hui plus de ce monde. Ma mère n'en a jamais fait le deuil, ce que je peux concevoir, mais n'a pas pour autant réfléchi au fait qu'elle avait été une mère ignoble avec nous. Alors notre père nous a façonnés à son image, et tant pis si elle le regrette maintenant. Lui a été là pour nous, à sa manière.

Je traverse la chambre pour me rendre directement dans ma salle de bains. Mon échange avec ma mère m'a donné mal à la tête, je me fais donc couler un bain pour me détendre. Une fois dans l'eau mousseuse, je commence à me relaxer. Je concentre mon attention sur la soirée d'hier, préférant me remémorer la main de Connor sur ma cuisse plutôt que les piaillements de ma mère.

Je pense qu'il ne va pas tarder à prendre contact avec moi. C'est une histoire de quelques jours. Je pourrai alors m'amuser et mettre à exécution mon plan.

― Je peux me joindre à toi ? me demande Jason qui se tient dans l'embrasure de la porte.

J'ouvre un œil et le détaille. Il est nu, parfaitement désirable. Son corps musclé a la tendancieuse manie de vous donner envie de le lécher de la tête aux pieds. Je lui fais signe de venir et il se glisse derrière moi.

― Tu as l'air crispé.

― Une mauvaise visite qui m'a fortement contrariée.

― Tu veux que je te détende, bébé ?

― Je ne suis pas ton bébé, Jason.

― Oui, enfin on couche ensemble quand même.

― Oui, on couche ensemble parce que je t'utilise pour mon plaisir. Tu as un corps parfait, tu sais baiser, ça je ne peux pas le nier, mais ne t'attends sûrement pas à autre chose de ma part sur le plan intime. C'est à prendre ou à laisser. Si tu n'es pas content, tu peux partir, ce n'est pas l'embarras du choix qui manque pour te remplacer.

Je peux entendre dans son souffle que je l'ai blessé, mais il n'ajoute rien. Ses doigts commencent à masser mes trapèzes trop contractés et je me détends contre lui. Son érection gonfle contre mes fesses, et susciter autant de désir chez lui réveille le mien. Ses mains glissent le long de mes bras avant de rejoindre ma poitrine. Alors qu'il joue avec mes pointes dressées, je lui dis :

― Ce que j'adore chez toi, Jason, c'est que même quand je te piétine comme un vermisseau, tu reviens vers moi, la queue au garde-à-vous.

Je me retourne contre lui afin de me redresser pour tendre la main vers le tiroir à proximité et y dénicher un sachet argenté de forme carrée. J'en profite allègrement pour me frotter contre lui et taquiner son désir. Je déchire l'étui avec les dents tout en le regardant droit dans les yeux et le donne à Jason qui soulève les hanches hors de l'eau pour l'enfiler le long de sa verge. C'est lui qui le fait, à chaque fois. Jamais moi. Je ne m'abaisse pas à cela. Une fois en place, je lui tourne de nouveau le dos, puis soulève les hanches et le fais entrer en moi d'un mouvement de hanche. Je m'empale sur lui et me délecte de sa dureté. J'ai envie de jouir, je vais donc l'utiliser pour y arriver. Je saisis une de ses mains pour l'emmener à mon clitoris. Jason comprend immédiatement où je veux en venir et m'offre ses caresses expertes. L'orgasme m'emporte avant lui à qui je ne laisse pas prendre son plaisir.

C'est ma façon de le punir et je sais pertinemment qu'il va aller se finir avec Melinda. Mais je n'en ai rien à faire, j'ai eu ce que je désirais.

Je sors de la baignoire, me dirige vers ma coiffeuse, une serviette moelleuse entourant ma poitrine, afin de commencer à me préparer pour la journée.

Melinda entre, mon téléphone portable à la main. Elle me l'apporte et je la remercie en lui caressant ses délicates fesses. Elle rejoint ensuite Jason dans la baignoire. Je regarde mon écran et m'aperçois que j'ai quelques appels manqués ainsi que des messages. L'un d'entre eux vient d'un numéro que je ne connais pas. Je l'ouvre.

[INCONNU : Faire plus ample connaissance autour d'un déjeuner demain, c'est assez convenable ? Connor]

Un sourire victorieux se dessine sur mes lèvres. Maproie s'est prise dans mes filets.

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