.06.

__ je vous présente monsieur Robert koyaga . Vous devriez le connaître vu que c'est le commandant de brigade de notre village et le père à une de vos collègues. Nous ne sommes pas là aujourd'hui par plaisir ; le monsieur présent m'a rapporté il y a quelques minutes quelque chose de vraiment fâcheux pour cet établissement.

Il se tourne vers moi et me dévisage pendant quelques secondes.  Je respire à peine et de grosses sueurs froides me traversent l'échine.  S'il s'avère être ce à quoi je pense alors ...

Tu es vraiment dans la merde et cette fois jusqu'au cou .

La fermes !

Mon cerveau semble s'être arrêté de fonctionner et mon cœur bat tellement fort dans ma cage thoracique que ça en devient presque douloureux.  J'essaie d'expirer et inspirer profondément mais lentement histoire de garder un peu de mon sang froid mais nada ; les battements de mon cœur s'accélèrent à chaque tiers qui s'écoule.

__  veuillez vous levez un instant mademoiselle kitté , poursuit le censeur

Mes jambes flageolent sous moi juste à l'entente de mon nom . Je prends quelques secondes avant d'exécuter l'ordre donné , tout en tenant mon banc comme support.  Ma gorge est devenue sèche tout d'un coup et mes mains , moites de plus en plus. 

Vivement que tout ça ne soit qu'un cauchemar.  Qu'on soit toujours en congé.  Mais non , ce que je ressens est bien trop réel et perçant pour être une illusion. 

__ J'ai ouï dire par le monsieur ici présent que hier , vous vous en êtes prise à sa fille dans la cour! Est ce vrai mademoiselle ?

Ma langue peine à se délier, mon regard se balade un peu partout dans l'espoir de trouver une issue.  Et quand j'arrive à ouvrir la bouche, juste un petit sifflement s'en échappe.  Je suis tétanisée à l'idée d'être renvoyée maintenant, alors qu'on s'est donné tellement de peine pour cette punition, alors que l'envie d'obtenir mon brevet est devenu plus fort que jamais .

La voix du censeur me tire de mes réflexions en me faisant sursauter.

__ Elle et ses amis se sont alliés pour me martyriser hier.  Ils m'ont encerclé et Kitté m'a jeté par terre avant de me traîner par les cheveux . Elle m'a par la suite roulée de coup et les autres l'ont acclamée; se permet de dire Zurie sur un ton dramatique.

Des soulèvements se font entendre dans la salle mais le prof donne un coup sec sur son bureau , intimant ainsi le calme.
Je ferme les yeux quelques secondes mais la voix du censeur me tire à nouveau de mes pensées.

__ Avez-vous oui ou non touché à mademoiselle Koyaga? Me demande le censeur sur un ton intimidant

__ Elle est venue me dire que j'all...

__ Vous ne répondez pas à ma question

__ Oui mais c'est elle qui ...

__ Assez ! Vous savez pertinemment que la violence est interdite dans cet établissement. Je me vois dans l'obligation de vous renvoyer et cela sans compromis.  Prenez vos affaires et suivez moi.

Renvoyer , renvoyer, renvoyer, renvoyer, renvoyer, renvoyer,
Ce mot raisonne dans ma tête comme une incantation vodou.
Les larmes menaces de couler à flot sur mes joues d'une minute à l'autre . Je me mords l'intérieur des joues pour les retenir mais c'est peine perdue . Des flots de liquides salés se mettent à couler à foison malgré mon envie de les contenir .

Y a pas à être aussi rancunière.  Elle aurait pu passer l'éponge et oublier ce petit différend mais non. C'est pas comme si je l'avais fait exprès et en plus de ça c'est elle qui est venue me provoquer mais le censeur ne comprendra jamais cela .

Je baisse la tête pour récupérer mon cahier sur la table, faisant au passage couler quelques larmes sur ce dernier.  Mon brevet est en train de me filer entre les doigts et cela me serre le coeur. 

__ Monsieur s'il vous plaît, dit Johann en levant la main

__ Oui Ngueto

__ Kitté ne l'a pas poussé expressément monsieur, c'était juste un incident et je tiens à préciser que c'est Koyaga qui a porté le premier coup en l'insultant. 

__ C'est vrai ( des autres dans la salle)

__ Silence ! Je ne veux plus rien entendre.

__ S'il vous plaît monsieur, tout le monde fait des erreurs , donnez lui une deuxième chance je vous en supplie.  Ajoute Brunelle .

__ Oh une deuxième chance je lui en ai donné mais hélas elle l'a laissée passer. 

__ Si vous faites allusion au cahier, sachez monsieur qu'il était à moi.  Le cahier ainsi que les dessins étaient à moi et elle a été punie injustement

__ C'est gentil de votre part de vouloir aider votre collègue mais je suis désolé. Ma décision est déjà prise .

Je sens les yeux de Johann se poser sur moi mais, je n'ai aucunement la force ni l'envie de croiser son regard. Cela ne ferait qu'accentuer ma peine .

Je finis mon rangement et me dirige vers la porte la tête baissée. Une fois cette porte passée, rien ne sera plus jamais pareil dans ma vie . Je verrai mes rêves partir en fumée, moi et les études on prendra des routes différentes. Je m'apprête à passer la porte , lorsqu'une voix me stoppe net .

__ On dit que l'erreur est humaine pas vrai mon oncle ? Tu nous a toujours appris à pardonner aux autres . Diya a fait une erreur mais elle n'est pas la seule à blâmer dans cette histoire . J'étais là hier et j'ai tout vu . C'est Zurie qui lui a fait perdre son sang froid et Diya l'a à peine toucher . Je trouve que c'est injuste qu'elle soit renvoyée pour si peu.  Tu as pensé à son avenir mon oncle ? Nous passons le brevet cette année, s'il te plaît ne laisse pas le censeur la renvoyer , explique Loriane la cousine de Zurie .

__ S'il vous plaît monsieur , disent en choeur les autres .

__ Mademoiselle Kitté, dit le père de Zurie

Je lève mes yeux déjà bien gonflés vers lui en reniflant doucement au passage.

__ Regrettez vous ce que vous avez fait à ma fille ?

__ Oui monsieur. J'ai laissé mes émotions prendre le dessus et j'en suis désolée.

__ Très bien retournez à votre place maintenant

__ mais papaaaa, lance Zurie

__ Elle a reconnu son tort . Une faute avouée est à moitié pardonner et on n'a pas besoin de prendre des mesures aussi drastiques pour si peu , une punition fera l'affaire .

__ Ça ne veut rien dire , dit amèrement Zurie .

Le père de Zurie fait signe au censeur de le suivre dehors.  En me redirigeant vers ma place le coeur aussi battant, un " je n'en ai pas encore fini avec toi " , me parviens à l'oreille . Pas besoin de chercher qui a dit cela, c'est évident. 

****
En cet après-midi, c'est le retour des cours et les adolescents pullulent les bords de routes .

Les filles peules blanches comme de la neige , les filles gbaya noires comme de l'ébène et les filles yakomas au teint caramélisé tel du caramel, sont tellement bien faites qu'en les voyant marcher , on se croirait à une foire organisée pour un concours de beauté.

D'un côté de la route , nous marchons à sept. D'habitude nous sommes à quatre mais comme Brunelle et Matteo sont désormais en couple, sa bande nous a rejoint et ce n'est pas pour me déplaire vu que Johann fait parti du groupe. Christ est le premier à nous laisser en virant à la première ruelle.  La marche se poursuit dans le silence jusqu'au moment où une camionnette râlant de peine en vomissant des fumées épaisses, vient à passer à côté de nous , ce qui nous fait tousser tels des malades et active au même moment la causette.

Suzanne se met à lancer des injures en se basant sur la pollution occasionnée par ce genre de camion.  Johann et Stéphane devant , parle également de camion et les deux tourtereaux derrière nous, ne cesse de rigoler comme des débiles.

Je suis tellement fatiguée que les jérémiades de suzanne ne me parviennent plus que comme des bourdonnements. Je ne fais que fixer le dos de Johann devant moi sans m'en rendre compte et il semble ressentir mon regard perçant sur lui vu qu'il s'est arrêté brusquement.  Perdue dans mes pensées je ne cesse d'avancer et le percute .

__ Regardes où tu mets les pieds, reine des punitions , dit Johann

__ désolée , dis-je sans tenir vraiment compte de sa remarque

__ je sais que j'ai un dos super craquant mais arrêtes un peu de le mater , c'est vraiment stressant tu comprends ?

__ tchur de quoi parles tu ? Je ne te regardais même pas . Et comment tu sais que je te regardais hein ? Tu as des yeux derrière la tête maintenant ?

__ j'ai le don de ressentir ce genre de chose . Mais bon je te donne l'autorisation de me mater , ne te retiens plus, dit Johann sur un ton moqueur

Je ne sais pas ce qui m'a pris mais je lui fait un croche pieds , ce qui le fait tomber par terre . Je me met à rigoler à gorge déployée, suivie par mes amis qui n'ont tien raté de la scène

__ tu t'es fait mettre à terre par une fille mec, oulaaa , rit Stéphane

__ je ne l'ai pas vu venir , se justifie Johann toujours par terre .

Je suis petite de taille , environ 1m58 , des lèvres bien pulpeuses, un peu rosées . J'ai de longs  cheveux tombants sur les épaules et des yeux au couleur noisette, ainsi qu'une belle peau caramélisée et une mini-breche .
Cerise sur le gâteau, deux focettes percent mes joues à chaque sourire . La nature m'a bien gâtée sinon à mon jeune âge je n'aurai pas déjà une dizaine de prétendants tous recalés.
Ce n'est pas parce que Johann est super méga hyper beau avec ses 1m85 et son corps d'athlète bien bâti , qu'il peut se permettre de me parler sur ce ton .  Même pas pour ses beaux yeux , ni pour ses lèvres pulpeuses qui semblent m'appeler à  chaque fois . Même pas pour son teint immaculé, ou son sourire charmeur.  Non même pas pour tout ça ! Enfin peut-être un peu quand même.

__ je vais dire au censeur que tu m'as agressé, une punition de plus te fera le plus grand bien n'est ce pas ?

__ ah ah ah très drôle, je suis morte de rire . C'est bon lèves toi . J'ai hâte de rentrer chez-moi dormir

__ tu m'aides ? Dit il en me tendant la main

Une joie m'envahit sans aucune raison . Je peux être bizarre des fois .

Je lui tends la main et sans m'en rendre compte, je me retrouve sur son torse en un laps de temps.  Il me renverse par terre et se met au dessus de moi . Des frisons parcourent tout mon corps et je ressens des papillons s'envoler dans le bas de mon ventre ;aucun mot n'est assez fort pour décrire le flot d'émotions que je ressens sur le moment.

__ Alors on fait moins la maligne maintenant n'est ce pas ? Me dit il en me regardant droit dans les yeux .

Il se fige un moment avant de poursuivre.

__ sans rancune hein ?

Il se lève et veut m'aider à me relever à mon tour mais je décline son offre. J'ai eu ma dose d'émotion forte pour cette journée.

Nous continuons notre chemin et là maintenant je me sens moins fatiguée.  On dirait que cette montée d'adrénaline m'a redonnée de l'énergie.

___________^_^

Les choses sérieuses vont enfin commencer (hihihi)

Bisous bisous de toutes les couleurs 😘











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