Chapitre 30

J'observai attentivement les effectifs, les soldats courant partout pour se préparer pour la probable guerre imminente. J'avais un étrange pressentiment, comme si, malgré mon plan bien structuré, quelque chose ne tournera pas rond... Quelque chose se préparait, et je n'aimais pas ça.

Je me tournai légèrement vers Aokiji qui se trouvait assez loin sur ma gauche, l'observant attentivement. Étrangement, il ne semblait pas vraiment calme lui non plus, malgré son air las. Je croisai son regard. Je le soutins un bref moment, puis regardai ailleurs. Lui aussi ressentait ce même pressentiment. Je scrutai le visage des soldats; joyeux, nerveux, calme, énervé...

Je vis alors Koby qui discutait avec Hermep. Je décidai d'aller les voir.

- Salut les gars, souris-je.

Koby sourit en me reconnaissant.

- Ann! Ça fait un baille! Comment vas-tu?
- Assez bien, merci.
- Nerveuse...?
- Un peu.
- Oh, ouais, moi aussi...!
- C'est un peu normal d'être nerveux, fit remarquer Hermep. Il va peut-être y avoir une guerre contre Barbe Blanche... Ce n'est pas n'importe qui!

Le rose me scruta alors, semblant être songeur.

- Tu trouves ça comment, devoir te battre contre un de tes proches...? osa-t-il me demander.

Je fronçai légèrement les sourcils et m'efforçai de grimacer.

- Rien du tout. Je n'ai plus rien à voir avec ces pirates, mentis-je.
- Tu... ne trouves pas ça... triste?
- Pas vraiment.

En fait, j'avais juste hâte de revoir Oyaji. Je souris à Koby.

- Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas du genre à m'attacher facilement aux gens.
- Ouais, peut-être... Et que penses-tu de l'exécution de ton frère?

Je perdis un peu mon sourire, sentis mon estomac se nouer. Je détournai la tête, sentant la colère monter en moi.

- Je... C'est mon frère... murmurai-je. Je crois que tu connais la réponse...

Le Marine se sentit mal à l'aise. Il déglutit et s'excusa. Je le regardai de nouveau et lui souris tristement.

- Je ne peux rien faire pour lui, lâchai-je. C'est un pirate, un criminel... Il aurait dû faire comme moi; devenir un Marine.

Je détestais mentir. Koby fit une moue.

- T'es dure...
- Je te l'ai dit; je ne m'attache pas facilement aux gens.

Ça aussi, c'était un mensonge. Et je n'aimais pas mentir à Koby... C'était un jeune homme bien, brillant, avec je crois, un très bel avenir qui l'attendait. Je suis convaincue que cet homme changera la face de la Marine. Il hocha faiblement la tête.

- Bon... J'espère que tout ça ne t'affectera pas trop. Tu es une bonne personne Ann.

Je lui souris sincèrement. Il me fit de même. Hermep s'étira en laissant échapper une plainte.

- J'ai déjà hâte que tout ça finisse! Je stress au max'! C'est pas croyable...! Vous avez vu tous ces soldats!? Et ces navires là-bas! Et ces canons! Regardez, y'a même les géants Vice-amiraux! Presque tout le monde sera là!
- Mhm...
- Vous croyez qu'il va vraiment y avoir une guerre?

Je me retins de justesse de dire: J'espère. Je l'espérais fortement en fait, car ça faisait partie de mon plan. Je n'avais aucune idée ce qui allait se passer s'il y en avait pas... Je serai seule contre une armée entière. Seule jusqu'à ce que je libère Ace...

- Je ne le sais pas, répondis-je en croisant mes bras contre ma poitrine. On verra en temps et lieux.
- Soldats! Reprenez vos places! s'exclama alors une voix dans un esgargot-phone. Le navire escortant le prisonnier vient d'arriver!

Mon estomac se noua. Je saluai les deux Marines avant de retourner à ma place. Aokiji voulait que je reste près de lui avant qu'il aille à sa place d'Amiral.

- Tu es prête...? me demanda-t-il à voix basse.
- Oui.
- Très bien. J'espère que tu sais ce que tu fais, Ann...

Je lui jetai un regard de côté, souriant d'amusement.

- Oui, et non.

Il me regarda, un sourcil arqué, puis sourit d'amusement à son tour avant de reporter son attention à l'horizon.

- Je veux juste que tu te souviennes que, peu importe ce qui se passera, je ne pourrai pas t'aider. Et si tu te mets en travers de mon chemin, je me devrai te combattre.
- J'en suis consciente.

Un petit silence s'installa, dérangé par le brouhaha des soldats fébriles.

- Merci, Aokiji.

Il ne répondit pas, souriant.

Toute la place s'agita, et un long couloir d'hommes se fit pour laisser passer Ace et d'autres soldats l'escortant. J'étais sur le bord avec Aokiji. Mon coeur battait fort dans ma cage thoracique, je tremblais d'énervement.

Un silence lourd tomba. Des bruits de chaînes se firent entendre au loin. Je me tendis. Allait-il me voir? Probablement, j'étais sur le bord. Allait-il réagir? Ça, je ne le savais pas.

J'osai tourner légèrement la tête pour voir où il était. Je ne le voyais pas, il était derrière les soldats.

- Ne dévie pas le regard Ann, murmura Aokiji. Tu as l'air suspecte. Où se trouve l'Agente?
- Désolée, répondis-je sur le même ton.

Je repris ma position initiale. Concentre toi Ann, ne fais pas tout foirer!

Les minutes passèrent, des murmures s'élevèrent près de moi. Comme une vague. Ace en était le déclencheur. Je m'humectai les lèvres, me retins de regarder, gardant le menton bien droit. Je surpris tout de même des regards intrigués vers moi. Ils se demandaient très sûrement comment j'allais réagir. Ou ils devaient me comparer physiquement à lui. On se ressemblait beaucoup après tout. Je me retins de sourire.

Puis, le premier soldat entra dans mon champ de vision. Je gardai un air neutre. Une tête noire familière apparut ensuite. Je tiquai, serrai fortement mes mains derrière mon dos. Les murmures étaient rendus dans mon coin.

Ace. Il était là, marchant au rythme lent des soldats, la tête basse, le visage sombre, le regard éteint. Mon souffle se coinça dans ma gorge et je me retins de déglutir. Il était tellement mal en point...! Il avait des ecchymoses, des égratignures, des éraflures et des coupures un peu partout sur le corps. Je serrai fortement la mâchoire, une rage montant en moi. Ne te laisse pas voir aussi faible Ace!

Les mots sortirent tout seuls. Assez bas et assez forts.

- La tête haute, Ace.

Je le vis froncer légèrement les sourcils et il tourna un regard dans ma direction. Son regard changea, devint choqué. Je le soutins, sentant des larmes me monter aux yeux. Je lui souris faiblement. La lueur s'éteignit brusquement dans ses yeux, une once de dégoût les traversant.

- T'as rien à m'ordonner, soldat, cracha-t-il à voix basse.

Quoi...? Il disparut de mon champ de vision. J'eus l'impression qu'un couteau se ficha dans mon coeur. Je retins mes larmes. Il croyait vraiment... que je faisais partie de la Marine!?

- Pourquoi tu n'es pas restée silencieuse?

Je ne répondis pas, les murmures s'éteignant peu à peu après le passage du pirate. Nous reprîmes tranquillement nos places.

- Il croit que tu es de la Marine, lâcha Aokiji. Comment croyais-tu qu'il allait réagir?
- Je sais... murmurai-je. Ça a sorti tout seul...

Nous gardâmes le silence. Le grand homme soupira et commença à s'éloigner.

- Vas prendre ta place du plan.
- Oui, Amiral...

"- Ne m'appelle plus jamais comme ça..."

Je partis m'installer près de l'échafaud. Je me répétai encore le plan dans ma tête. Parfait. Tout allait bien se passer. Ace ne sera pas exécuté. Ace... Ses mots m'avaient fait mal... J'espère qu'il ne prenait pas ça comme une trahison...! Il me connaissait bien pourtant; jamais je ne trahirais les miens!

Je fermai brièvement les yeux et soupirai. Je devais me concentrer. Je plongeai ma main dans ma poche, frôlant les minis bombes. Durant mon apprentissage, j'avais appris à en confectionner. Je les avais emporté avec moi pour le plan.

Je me mis à arpenter les lieux sur ma droite, cachant les minis-bombes à des endroits stratégiques, usant de mon pouvoir pour plus de discrétion. Elles faisaient beaucoup de dommages lorsqu'elles explosaient.

Ça me prit exactement une demie heure. Je retournai à ma place. Avec mon pouvoir, je serai apte à tous les enclencher. Et donc, lorsqu'elles exploseront, au moins milles soldats seront hors de combat. Il y aura une grosse surprise générale, et j'en profiterai pour libérer Ace. Je volerai les clefs avec mon pouvoir lorsqu'ils seront sur l'échafaud et je le libérerai. J'étais capable de contrôler précisément mon pouvoir de loin. Avec mes trois mois dans la Marine à m'emmerder entre les entraînements, j'ai amélioré la précision de mon pouvoir en agaçant les soldats de loin. Je souris légèrement à ce souvenir. C'était vraiment drôle de les voir se mettre en colère les uns contre les autres et se battre à cause de ça.

Je repris mon sérieux. Lorsque Ace sera libéré, je briserai l'échafaud, également avec les quelques bombes qui me restaient pour qu'il tombe dans le vide. Je le rattraperai pour ne pas qu'il s'écrase au sol, avec mon pouvoir. Et nous nous battrons ensemble pour rejoindre Oyaji.

Les seuls problèmes... les Amiraux et Sangoku. Ils étaient vraiment forts, et ils ne nous laisseront pas tranquilles. C'était surtout Kizaru qui m'inquiétait, avec son pouvoir de la lumière. Je ne pouvais pas contrôler son pouvoir contrairement à Aokiji et Akaïnu. Sangoku, son pouvoir était juste vraiment puissant et intimidant. Je pouvais néanmoins le contrôler un peu. Je pouvais contrôler tout ce qui était molécules, et la lumière était une onde, donc je ne pouvais pas contrôler la lumière. Oyaji en serait capable, j'en étais certaine, puisqu'il pouvait créer des ondes.

J'inspirai profondément. Mon plan était prêt, le reste sera de l'improvisation. Pourtant, je n'étais plus vraiment sûre si mon plan était bien. Je commençais à être nerveuse. Étrange, car avant que je "devienne soldat", j'étais toujours sûre de moi, et je n'avais peur de rien...

"Tout ira bien Ann." tentai-je de me convaincre.

Mais le sentiment étrange de nervosité ne me quitta pas. Je soupirai. Nous verrons bien tout à l'heure.

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