Chapitre 29
Mon regard s'était fixé sur l'immense porte barricadée qui menait à Marine Ford. Un frisson me parcourut. J'ai entendu dire qu'Ace allait arriver vers onze heures pour son exécution de ce midi. Il était neuf heures. Le temps que nous nous préparions, physiquement et mentalement. Honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Je voulais dire... comment tout allait se dérouler. Aura-t-il vraiment une guerre? Aokiji nous avait expliqué que nous allions nous préparer au cas où il y en aurait une, que des embuscades seraient placées un peu partout autour de l'île. Des pièges seront également installés. Par ordre de Sangoku.
Je plissai les yeux et finis par soupirer, fermant les paupières. Plus que quelques heures... et je changerai de camp. J'étais nerveuse. Est-ce qu'on m'acceptera de nouveau parmi la famille? Mes frères et soeurs me manquaient tant...! Et dire que je les détestais au début. Je ne pus m'empêcher de sourire faiblement et de rigoler. Les temps changent il faut croire...
- Pourquoi ris-tu?
Je tournai la tête sur ma gauche, apercevant Aokiji qui se tenait droit, les mains dans le dos, observant Marine Ford au loin. Par habitude, je me redressai et me plaçai comme lui, ne voulant pas attirer des regards trop curieux.
- Je pensais à ma famille, répondis-je.
- Tu seras bientôt libérée, ajouta l'homme.
- Oui.
- Tu dois avoir hâte...
- Oui.
Je tournai mon visage vers lui, rayonnante.
- J'ai hâte. Mais... Je suis nerveuse aussi.
Aokiji rigola doucement.
- Normal. Ça fait longtemps que tu les as vu. Et puis, ce sera une grande guerre... Une guerre difficile. C'est donc tout à fait normal d'être inquiet.
Je hochai doucement la tête, gardant le silence. Il croisa mon regard et me fit un bref sourire.
- Cependant, je ne suis pas inquiet à ton propos. Tu es vraiment forte, tu t'es améliorée aussi.
Je souris et détournai le visage, de la fierté montant en moi.
- C'est ça qu'il faut, répondis-je.
- Effectivement.
Le silence retomba doucement entre nous deux, comblé par les Marines qui vaquaient à leurs occupations. Aokiji inspira profondément.
- Juste comme ça, tu devrais attendre un peu durant la guerre avant de changer de camp. Sinon, on va facilement t'arrêter...
- Je sais. Je vais attendre que les combats s'enclenchent et je vais aller rejoindre Oyaji.
- Très bien.
Par chance que personne ne nous écoutait. Je jetai un regard à la ronde, aperçut Arimasu qui me fixait. Je fronçai légèrement les sourcils et détournai les yeux, agacée.
- Sur ce, je te laisse te préparer, lâcha Aokiji qui me sourit. À tout à l'heure.
- Ouais, à plus...
J'attendis quelques secondes le temps que l'Amiral ne s'éloigne avant de tenter une fuite pour ne pas que le rouquin vienne me parler. Peine perdue. Il me bloqua la route, les bras croisés sur son torse.
- J'ai à te parler, pirate... lâcha-t-il à voix basse.
- Pirate? ricanai-je. Pour qui tu me prends?
- Ann.
Je scrutai son regard, vis qu'il était sérieux. Je soupirai bruyemment.
- Je te suis juste parce que tu n'as plus cette coiffure ridicule, sinon je ne t'aurais pas suivi.
- Ghn!
Il tourna les talons avec colère, sous les regards amusés des soldats autour. Je le suivis avec un sourire moqueur. Il m'emmena à la cale où il n'y avait personne. Je me préparai au cas où il voulait faire quelque chose de louche.
- Alors tu vas retourner auprès de Barbe Blanche?
Je le dévisageai. Il nous avait écouté... Je relevai le menton.
- Tu veux essayer de m'en empêcher?
Il fronça les sourcils, soupira et détourna le visage.
- Même si je le voulais... J'en serais incapable, tu le sais.
Je gardai le silence.
- Tu vas aller avertir les autres? tentai-je. Si tu fais ça... Je serais un peu dans le merdier.
Il pinça les lèvres.
- Je sais, répondit-il. Je serais supposé le faire... C'est de mon devoir.
Je haussai un sourcil.
- Tu ne le feras pas? fis-je.
- Non. J'ai pas les couilles de le faire.
Il ricana et reporta son attention sur moi, me détaillant de haut en bas. Je serrai la mâchoire.
- Tu seras mon ennemi durant la guerre... lâcha-t-il.
- Et je serai sans pitié, ajoutai-je.
- J'en doute pas. Tu vas rejoindre ton mari?
- Oui.
- Tu as un plan en tête?
- Oui.
- Tu peux me le dire?
- Bien sûr que non.
- Je ne peux vraiment rien faire pour te faire changer d'avis...?
- Non.
Son regard devint douloureux. Je le soutins.
- Je ne comprends pas pourquoi tu t'es attachée à moi, lui dis-je avec froid. Je suis pirate, mariée, je n'ai pas la langue dans la poche, je suis... manipulatrice.
- Je sais... Je ne comprends pas non plus pourquoi je t'aime... Les pirates me dégoûtent, je n'ai jamais accepté le fait qu'il y aie des femmes dans la Marine et je déteste les gens dans ton genre...
Un lourd silence s'abattit dans la pièce. Il se passa une main dans ses cheveux ébouriffés et soupira.
- Désolé... À partir de maintenant je vais te laisser tranquille. Cependant...
Il planta un regard glacial dans le mien, déterminé, sérieux.
- Cependant, reprit-il, dès que t'auras changé de camp, je vais tout faire pour t'arrêter et te foutre en tôle. Tu devras me passer sur le corps pour ta liberté.
Étrangement, ma gorge se serra. Je fronçai les sourcils et le regardai me contourner pour sortir de la cale.
- Car je n'accepte aucune trahison.
Un sourire se dessina sur mes lèvres et il quitta le sous-sol. Il était si déterminé... Je compris que notre dernier combat se déroulera durant la guerre, et que ce sera un combat à mort. C'était triste... car il mourra. Il ne m'avait jamais battu, alors comment allait-il faire aujourd'hui? Il le savait; il allait perdre aujourd'hui aussi.
Je passai ma main sur mon tatouage. Patience, Ann.
Je fermai les paupières, repassant dans ma tête mon plan. Ça allait être un vrai carnage, j'en étais consciente... Mais j'étais prête à tout pour sauver Ace et retrouver ma liberté. Jamais je n'ai tué autant de gens que ce que je m'apprêtais à faire. J'étais prête mentalement. Enfin... Je crois.
Je remontai sur le pont, balayai la place du regard. Cette bande de crétins allait me manquer même si je ne m'entendais pas beaucoup avec eux (sauf s'il s'agissait d'Arimasu, là, on s'entendait bien); ils étaient drôlement attachant.
Plus que quelques minutes et nous allions arriver.
Je me dirigeai vers ma chambre et me préparai pour les combats. J'utiliserai le moins possible mon pouvoir pour préserver mon énergie, ça me prenait donc mes pistolets et mon sabre. Je commençai ensuite à m'étirer pour m'échauffer les muscles. Je me répétai le plan dans ma tête, fus satisfaite encore une fois. Ça devrait marcher. Ça devait marcher. Je ferai tout pour sauver Ace. Pas question que je le laisse mourir sous mes yeux. Je serrai fortement les poings, impatiente.
Les hauts-parleurs den-den s'allumèrent alors.
- Je demande à tout l'équipage de monter sur le pont. Nous sommes sur le point d'arriver. Je répète; je demande à tout l'équipage de monter sur le pont. Nous sommes sur le point d'arriver.
Je souris et obéis, montant sur le pont. Je me plaçai au garde à vous avec les autres Marines. Après quelques minutes, Aokiji se pointa, se dirigeant avec lassitude en avant de tous. Il n'avait pas besoin de piédestal pour tous nous voir, pour être imposant. Il était déjà assez grand et imposant comme ça. Nous le saluâmes tous bruyemment, en une seule voix. Aokiji nous étudia tranquillement.
- Vous connaissez tous votre poste lorsque nous serons arrivés, lâcha-t-il.
C'était plus une affirmation qu'une question. Les soldats opinèrent tous de la tête. Je rencontrai le regard de l'Amiral et il me sembla voir un petit rictus apparaître.
- Très bien. Attendez ici, le temps qu'on arrive.
Il se détourna, s'arrêta vivement, se tourna à nouveau vers nous.
- Oh, et une dernière chose.
Il planta son regard froid dans les nôtres. Je frissonnai.
- Si je vois quelqu'un fuir le combat, ou si j'entends dire que quelqu'un a fui, une sanction s'en suivra. Si vous fuyez, vous n'êtes pas digne d'être un soldat. Et je ne tolèrerai pas que l'un d'entre vous trahisse la Marine, me suis-je été bien clair?
- Oui Amiral!
Étrangement, un malaise me prit. Et si c'était vrai...? Était-ce un avertissement pour moi...? Non, ça ne se pouvait pas... Aokiji me supportait.
Je le regardai partir alors que nous devions rester sur place, silencieux, prêts à arriver. J'échappai un petit soupir d'impatience... et de nervosité. Il fallait que je tienne le coup, que j'accomplisse mon plan au grand complet. Il ne faudra pas que je m'arrête en pleins milieu, ou que je change d'avis. Il sera trop tard.
Je souris. Il sera trop tard, car je serai redevenue Portgas D Ann, la fille de Barbe Blanche.
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