Chapitre 25

Le silence se fit.

Ils s'analysèrent du regard, feuilletèrent les documents. J'apperçus quelques petits sourires et je compris que j'avais réussi. Je restai bien droite, le menton relevé, mains croisées dans le bas de mon dos. Je venais de tout leur rapporter, de tout leur expliquer de A à Z avec le plus de détails possible. Ils m'avaient écouté du début à la fin, sans m'interrompre une seule fois.

- Ton nom? me demanda l'un d'eux.
- Portgas D Ann.
- Ah, oui, évidemment.
- Je me disais bien aussi que ton visage m'était familier, grogna un autre.

Je me sentis un peu mal à l'aise. Vergo ne leur avait pas dit mon nom? Je croisai le regard scrutateur d'un grand blond. Je devais avouer que je ne les connaissais pas non plus...

- Depuis quand es-tu rentrée dans la Marine? me demanda-t-il.
- Depuis exactement trois mois et huit jours, monsieur.

Je répondais sur un ton neutre, fort, assuré. Ils s'échangèrent à nouveau un regard.

- Vergo a du cran, nous envoyer un bleu, râla un gros.

Je me retins de froncer les sourcils.

- Une ancienne pirate qui plus est.
- J'ai prêté serment et je suis déterminée à rester dans la Marine, assurai-je. J'ai fait une croix sur ma vie de pirate.

Ils m'observèrent un instant. J'osai soutenir leur regard, chacun leur tour. Je devais les rassurer, leur prouver que je serai une excellente Agente du Gouvernement. Même s'il y avait une part de mensonge. Je ne devais pas leur laisser suspecter cela.

- Puis-je donner mon avis, messieurs?

Notre attention se porta sur le nouveau venu. Je ne l'avais pas senti venir... Et c'était encore ce mec de tout à l'heure. Je me mis sur les gardes.

- Vas-y, Klein, l'autorisa le blond.

Klein? L'homme masqué s'approcha doucement, un léger sourire aux lèvres. Je tiquai. Ces hommes le connaissaient... Cela ne voulait dire qu'une chose; c'était un Agent du Gouvernement. Je le regardai se poster à mes côtés.

- Je l'ai testée et elle est plutôt douée, pour une nouvelle, commença-t-il. Elle m'a surpris, pour tout vous dire. Et puis, vous devez bien la connaître... Son pouvoir est extraordinaire. Elle pourrait nous être très utile. Je propose même de l'aider moi-même à perfectionner quelques trucs.

Je me retins de grimacer.

- Je n'ai pas besoin de votre aide, merci, répliquai-je sèchement en lui jetant un regard de côté.
- Dans ce cas, je suis d'accord, fit alors le blond. Faites en sorte qu'elle se perfectionne d'ici un mois.
- Tu es d'accord!? s'exclama le gros à moustache. N'oublie pas que c'est Ann! Elle pourrait utiliser nos informations et les vendre aux pirates!

Qu'il parle de moi comme si j'étais un monstre, et en face de moi en plus, me donnait envie de lui foutre mon poing dans sa gueule. Celui qui portait un petit chapeau approuva ces dires d'un hochement de tête. Je restai de marbre. Et puis, je ne voulais pas que ce type "m'aide" à perfectionner mes techniques!? J'aurais pu facilement le battre tout à l'heure, s'il n'avait pas mis fin au combat!

- Moi, je suis d'accord avec Klein, fit le chauve-sabreur. C'est vrai qu'elle nous serait très utile.

Les regards se tournèrent vers le dernier membre du Conseil qui n'avait émit le moindre mot depuis le début de la séance. Non, s'il-vous-plaît, dites non! Je préférai être renvoyée au G5 que d'être sous la tutelle de ce mec. Le grand moustachu se gratta pensivement le menton. J'avalai difficilement ma salive.

- C'est embarassant, soupira-t-il.

Son regard se posa sur moi et un frisson me parcourut l'échine. Je pouvais ressentir sa puissance. Ce vieux était vraiment fort... Un duel contre lui serait passionnant!

- Très bien. Tu as un mois pour te perfectionner, lâcha-t-il.

Je ne laissai rien paraître, mais tout au fond de moi, je bouillonnais de rage.

- Klein te prendra sous sa tutelle. Qu'on lui montre les dortoirs! Vous pouvez disposer.

Je m'inclinai respectueusement, les remerciai, puis je me retournai pour quitter la pièce en même temps que Klein. Lorsque les portes se refermèrent derrière nous, je fis volteface pour le fusiller du regard.

- Toi... grognai-je en faisant un pas vers lui.
- Oui?

J'allais lui faire avaler son sourire en coin!

- Je n'avais pas besoin de ton aide!
- Si. Ils ne t'auraient pas accepté sinon.
- Je m'en contre fiche! J'aurais préféré retourner au G5 au lieu d'être sous ta tutelle!
- Tu sais, ce n'est pas très professionnel, ta réaction...

Je levai mon poing pour le frapper, lorsqu'un soldat m'interpella.

- Je vais vous montrer les dortoirs, fit-il en me jetant un regard suspicieux.

Je pestai à voix basse et me retournai pour le suivre. J'étais vraiment outrée. Je l'entendis nous suivre.

- Vous allez dormir avec les autres femmes, déclara le soldat. Vous ne devez en aucun cas laisser supposer que vous êtes Agente.
- Vous êtes soldat, lui fis-je alors remarquer. Comment pouvez-vous être au courant de nos présences?
- J'ai prêté serment. Je suis le seul, ici, à connaître tous les Agents.

Il jeta alors un coup d'oeil à Klein avant de reporter son attention en face de lui.

- Enfin... Presque tous.

Presque tous? Je regardai Klein qui avait toujours son sourire aux lèvres. Il baîlla et je rencontrai ses yeux gris à travers son masque. Je reniflai dédaigneusement et me retournai. Je n'avais vraiment pas envie d'être sous sa tutelle... C'était un mois de perte de temps.

Nous arrivâmes aux dortoirs qui étaient à moitié pleins.

- Vous avez dû remarquer qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes... Elles ne correspondent qu'à un quart des soldats au total, m'informa l'homme.
- Ah bon? Je n'étais pas au courant, ironisai-je.

Je vis une veine apparaître sur son front. Je me retins de sourire. Il se tourna vers moi, le dos droit.

- L'horaire est; réveil à six heures, entraînement à six heures quinze, petit-déjeuner à sept heures quarante-cinq, travaux jusqu'à midi et qui reprennent à une heure pour laisser le temps de déjeuner. Ensuite, dîner à dix-huit heures, temps libre. Il n'y a pas d'heure de coucher, c'est à vous de voir.

Il prit une brève pause pour me laisser le temps d'assimiler les informations. Mais je les connaissais déjà tous par coeur puisque c'était les mêmes qu'à la base du G5...

- Nous allons transférer vos objets personnels d'ici demain soir. Vos uniformes se trouvent dans vitre commode à côté de votre lit. Vous dormirez dans le lit 231. À tous les matins, avant l'entraînement, le lit doit être bien fait...
- Oui, je sais, comme au G5, soupirai-je. Je connais déjà les règles et tout par coeur, alors pas besoin de radoter, merci.
- Vous avez un caractère vraiment déplaisant, lâcha le soldat, à bout. Vous devriez mieux tenir votre langue...
- Je sais quand la tenir.

Je soutins facilement son regard sans ciller. L'homme grimaça légèrement.

- Soit. Sur ce, je vous laisse, Portgas.

Je le regardai se retourner et partir, le menton relevé. Je levai les yeux au ciel. Imbécile...

- Vous m'intriguez, avoua alors Klein qui se tenait à mes côtés.

Je ne dégnai pas le regarder, rentrant dans le dortoir. Je jetai un regard à la ronde. Curieusement, c'était complètement vide.

- Où sont les soldats? demandai-je, sachant pertinemment qu'il me suivait.
- En vacances.
- Tous en même temps? J'ai remarqué qu'il n'y avait vraiment personne... Nul part.
- Oui. En fait, ils se trouvent partout dans la ville. Ils ne peuvent pas la quitter, même s'ils sont en vacances. Alors même s'il y a une attaque, Marie Joie ne craint rien. Ils la protégeront.

Je trouvai le lit 231 et je fouillai dans la commode pour y trouver les uniformes soigneusement pliés.

- Quand est-ce qu'ils reviendront? l'interrogeai-je.
- Dans trois jours.

Je constatai qu'ils étaient déjà à ma taille. Vergo avait dû leur donner des informations... Je me retournai pour faire face au grand homme. Il avait les mains dans les poches, l'air nonchalant.

- Puisque le soir, c'est temps libre, vous viendrez me rejoindre dans la salle d'entraînement secret, fit-il. Je vous donnerai des instructions demain. Pour le moment, reposez-vous bien, car je compte bien utiliser les trois jours pour commencer la formation.
- C'est ça, marmonnai-je.

Klein hocha la tête, me sourit, puis tourna les talons pour partir. Quelque chose clochait chez lui... Ça m'énervait.

- Pourquoi n'enlevez-vous pas le masque? le questionnai-je.

Il s'arrêta brièvement.

- Personne ne sait qui je suis réellement, répondit-il.

Et il quitta le dortoir sur ces mots. Ah bon...? Personne ne savait qui il était...? Un sourire se logea sur mon visage. Intriguant. Je découvrirai son identité, je me le jurais.

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