Chapitre 20

- Voici le G-5.

Je restai de marbre, observant la base de la Marine. En fait, c'était une île habitée par des villageois, oui, mais surtout par des soldats. Ces derniers s'entraînaient et se comportaient... bizarrement. Ils ressemblaient à des sauvages pour dire vrai. Garp soupira à mes côtés.

- Je ne voulais tellement pas que tu te retrouves là... grimaça-t-il. C'est la pire base au monde...
- Je sais, vous me l'avez tous dit.

On venait tout juste d'arriver. Ça faisait à présent trois jours que j'étais soldat de la Marine. J'ai dû travailler; faire la lessive, nettoyer le pont, cuisiner... En parlant de cuisine, je m'étais vite faite virer à cause que j'étais tombée dans la réserve de nourritures. Le temps qu'ils me retrouvent, il ne restait pratiquement plus rien. Je souris d'amusement à cette pensée. Puis je repris un air las. J'avais écris encore une fois à Marco, toujours pas de réponse... Ça m'inquiétait, ça m'énervait, ça me rendait coupable... Plus que le temps passe, plus je me dis que je n'aurais pas dû accepter.

"Je pourrais fuir."

Mais pour aller où? Je n'aimais pas fuir à tout bout de champs, me cacher, voyager clandestinement... Je soupirai. Ace me manquait terriblement aussi. Et Thatch... Je fermai les yeux et serrai fortement les poings.

- Viens Ann, je dois te présenter à ton supérieur.

Je rouvris les yeux et regardai mon grand-père se diriger vers le bâtiment principal. J'inspirai à fond avant de le suivre, ignorant les regards curieux, dédaigneux, furieux, et j'en passe, des soldats autour. Certes, je regrettais d'avoir choisi cette voie, mais je souhaitais beaucoup changer la face de la Marine. Après tout, les gens de ce monde croyaient en eux et je voulais que les Marines restent des héros à leurs yeux.

Nous arrivâmes finalement devant une grande porte où Garp frappa. Une voix d'homme répondit et on entra.

- Vergo, salua mon grand-père.

Le vice-amiral se tourna vers nous, un morceau de steak collé à sa joue. Je me retins de me moquer de lui.

- Garp. Ça fait un bail...
- Oui. Tu as mangé du steak pour déjeuner?
- Oui...? J'ai un morceau de collé, c'est ça?
- Ouais.

Garp sortit un sac de donuts qu'il commença à manger alors que Vergo enlevait son morceau de viande qu'il avala.

- Alors voici ma petite-fille, Portgas D Ann, me présenta le vieux.
- Oui, je l'ai reconnue. Alors, gamine, t'as changé d'avis sur ton orientation?
- Je me suis dite que la piraterie, c'était une erreur de jeunesse, lâchai-je avec un goût amer à la bouche.

Je n'aimais pas mentir.

- Oui, ça peut arriver...

Vergo eut un drôle de sourire. Je me gardai de froncer les sourcils. Il ne fallait pas que je montre mes émotions.

- Très bien. Je vais te mettre sous les ordres du commandant Garnius et te garder à l'oeil durant un mois. Ensuite, seulement si tu es une bonne soldate, tu reviendras me voir et on discutera de ton poste. Garnius te fera essayer plusieurs postes et il t'évaluera lui même, voir si tu mérites de faire partie de la Marine.

Mon regard s'assombrit. Je l'avais prévu. Il faudra donc que je me tienne sage pendant un mois. Un long foutu mois. Je me retins de soupirer. Il fallait s'y attendre... J'étais une redoutable pirate, c'était sûr qu'ils n'allaient pas me laisser entrer aussi facilement. Vergo hocha la tête.

- Tu peux disposer à présent. Garnius t'attends dans la salle d'entraînement.
- Oui, vice-amiral... À plus, vice-amiral Garp.

Je m'apprêtai à sortir, quand mon grand-père se racle la gorge. Ah mince! Je me retournai et m'inclinai, avant de sortir pour de vrai. Lorsque je refermai la porte, un long soupir de découragement s'échappa de moi. Merde... Il fallait que je me reprenne, que je me tienne profil bas. Je portai ma main à mon cou, mais trouvai encore une fois rien. Marco... Je baissai les yeux sur mon tatouage. Je pris une grande inspiration et me redressai le dos avant de me diriger vers la salle d'entraînement.

Enfin, c'était ce que j'avais en tête, mais je me perdis facilement dans ce grand bâtiment. J'échappai un juron.

- Où est-ce que je suis maintenant!? m'exclamai-je.
- Tu arrives bientôt aux salles de bains thermiques.

Je me retournai et tombai sur un soldat qui avait une serviette sur son épaule. Il me toisa.

- Portgas D Ann... Quelle surprise. J'ai entendu dire que tu avais rejoins nos rangs, mais je n'y croyais pas. C'est donc vrai...
- Et je fais face à qui?

Le soldat abora un sourire froid. Il était une tête plus grand que moi, le regard gris, les cheveux rouges sang et la peau pâle.

- Arimasu. Je suis un des commandants du G-5.

Je l'observai en silence.

- Alors vous devriez savoir où est la salle d'entraînement, je me trompe?
- J'ai l'impression que tu me sous-estime...
- Et avec raison.

J'écarquillai les yeux. Merde! Garde ta langue Ann! Arimasu ricana et plissa les yeux.

- La salle d'entraînement est juste à côté des salles de bains thermiques.

Il passa à côté de moi, un sourire glacial aux lèvres. Je pouvais sentir une énorme tension entre nous deux.

- Fais attention à toi, Ann. Il y a des gens ici... qui détestent les pirates.

Je ne pus m'empêcher de tressaillir. Je me retournai et le regardai disparaître derrière la porte menant aux sources thermiques. Je soupirai longuement et continuai mon chemin. Juste à côté... En tout cas, je ne sentais pas du tout ce mec. Pas qu'il me faisait peur, mais je n'ai pas aimé sa "mise en garde", ni son air supérieur. Je devrai me méfier de lui.

J'atteignis finalement la salle d'entraînement qui était vide. Je me demandais pourquoi... Je balayai la pièce du regard et vis un homme qui dormait sur une chaise, ronflant bruyemment. Je tiquai. Ce n'était pas lui, Garnius!? Je m'approchai et me raclai la gorge pour le réveiller.

- Euh... Monsieur?

L'homme grogna et se réveilla péniblement. Il se redressa et me regarda un long moment en silence. Je souris et évitai son regard, étrangement mal à l'aise. Il était vieux...

- Tu es Ann? me demanda alors l'homme.
- Ouais...
- Je t'attendais! Je m'appelle Garnius, je suis le commandant en chef du G-5!

Il se leva. Ses cheveux longs ramassés en tresse retombaient mollement dans son dos. Il était peut-être vieux, mais il était assez grand et costaud. Je souris brièvement.

- Alors, le vice-amiral Vergo m'a dit que tu étais pirate il n'y a pas longtemps...

Une sueur de découragement coula le long de mon front.

- Oui... Je m'appelle Portgas D Ann...
- PORTGAS D ANN!?

Je sursautai et fis un pas en arrière. Putain... Garnius se racla la gorge et se reprit.

- Je le savais...
- VOUS ÊTES SÉRIEUX LÀ!? m'exclamai-je avec agacement.

Non mais il se prenait ma tête ou quoi!? Le vieillard sourit.

- Alors, c'est moi qui va te superviser. J'espère que tu es prête...?
- Ouais.
- Parfait. Le matin, je veux que tu sois prête et présente ici, à six heures.
- À SIX HEURES!?
- Cesses de crier. On commencera par les entraînements, puis on petit-déjeunera. Ensuite, on fera l'étude...
- L'étude!?
- Bien sûr! L'école, les études sur l'histoire! Tu dois connaître l'histoire de la Marine et du Gouvernement Mondial. Tu dois aussi connaître la politique, la navigation, la géographie...

Mon visage se décomposa. Les entraînements, ça allait, il allait voir de quoi j'étais capable, mais l'école!? Je n'ai jamais fait ça...

- L'après-midi, on se concentrera sur les entraînements et les stratégies de combat, continua Garnius. Le soir, je te laisserai quartier libre.
- Après le diner? demandai-je.
- Bien sûr! Du lundi au vendredi, ce sera ça. Le samedi et dimanche, ce sera les jours de repos. Pour commencer. Ça te va?
- Je ne peux pas vraiment refuser si je veux rentrer...
- Parfait! C'est ce que je voulais entendre!

Je levai les yeux au ciel. Garnius le remarqua et il me donna un coup derrière la tête. Je poussai un cri de surprise.

- Oi!?
- Je vais devoir t'apprendre la politesse... Fais moi dix tours de la salle.
- Mais pourquoi!?
- Quinze, pour ton impolitesse.

J'aggrandis les yeux d'ébahissement. Il se foutait carrément de ma gueule là! Pour impolitesse, mon cul ouais! Je me soupirai bruyemment et me mis à jogger.

- Vingt! me lança-t-il.

QUOI!?

- Plus tu seras impolie, plus de tours tu feras!

Je levai le visage vers le plafond, le découragement m'envahissant. Merde... Je survivrai pas. Je demande pardon à tous les dieux qui puissent exister, je ne suis qu'une pauvre abrutie qui ne savait pas ce qu'elle faisait en acceptant de rejoindre ce bordel!

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